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Articles de algermiliana

  • LES CAFÉS AUX BOLS D'AIR

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    À toutes et A tous et a la bonne étoile de l'artiste SI FERHAOUI
    JE DÉDIE CE PASSAGE

    LES CAFÉS AUX BOLS D'AIR


    Vendredi soir a l'heure où les lueurs du crépuscule embrasaient les cimes des montagnes, les tentes et les khaimas, sous la lumière des quinquets et des kerbiles calmes et silencieuses avaient l’allure d’un campement de guerre, qui l’as d’un long siège, se préparait à un ultime assaut. Les feux de bois crépitant ça et là dégageaient dans l’espace les parfums de la forêt, tandis que les premières étoiles chantaient la sérénade de la nuit trézélienne.

    À l’intérieur de ces œuvres dressées à la belle étoile, de larges nattes, pour la plupart usées par le temps, étendues de bout en bout, couvraient un parterre débordant de fraicheur, sans avoir à en rougir face à ce que pourrait offrir la moquette en luxe et en confort, pour les habitués de la vie citadine.

    De vieux bancs aux éléments serrés par des clous encore plus vieux baignant dans les arômes de la chadoulia et la romance du thé étoilé de la vieille et lointaine Chine procuraient aux burnous et aux gandouras de grands moments de sérénité de goût et de paix et au « kahwadji » de se confondre dans le meilleur accueil. Tôt le matin alors que l’aube se mettait à rosir, le marché de tous les samedis que Dieu fait est déjà prêt pour recevoir son monde habituel.

    Au fil des heures, les cafés, qui la veille avaient conquis le temps et l’espace ne sont plus que de petits points baignant dans le décors de la pure tradition et les bruits indéfinis. Le marché dans son ampleur était pris en otage par l’homme et la bête. Les discussions et les pourparlers dans une atmosphère chaude mais détendue se rapportant en valeur absolue sur les prix en conformité avec les besoins exprimés. La vieille règle de l’offre et de la demande se traduisait matériellement sur le terrain de façon claire, nette et sans ambiguïté.

    À l’entrée des khaimas et les tentes, de grands tonneaux en bois, alimentaient en eau claire et limpide la prouesse de la main locale qui a conçu et fabriqué la cafetière et la théière. Un morceau de tissu, jadis blanc, servant de filtre, avait depuis longtemps pris la couleur de son jus. À l’aide d’une tasse de la contenance d’un litre le sucre blanc tiré d’un gros sac est versé en entier dans un récipient rempli d’eau bouillie à haute température .Eau et sucre barbouillés à outrance sont versés dans la cafetière et la théière. Une dose unique, un goût unique et une pleine saveur pour les candidats aux bols d’air « Hé Kahwadji …wahed kahwa ….wahed tey rani jey ».

    Les tasses et les verres se remplissaient et se vidaient au rythme d’un feu qui se réanimait et se réduisait au rythme des voix en vogue. De temps à autre un verre servi à la hâte ne tardait pas à rejoindre ses compères baignant dans une bassine consignée au repos d’office.

    Au fil des heures qui s'envolent le calme doucement reprenait sa place au profit d une température qui balançait depuis l’aube blanchissante entre un haut et un bas.
    Douze heures tapantes les tentes et les khaimas sont repliées. Les nattes, les vieux bancs, les tonneaux et le reste des ustensiles rangés, le départ vers d’autres cieux est imminent.

    Des cafés aux bols d’air il ne restait qu’un bout de terre humide absorbant lentement les restes d’une lessive simple et peu exigeante et des trous qui avaient servi à renforcer les piquets et les poteaux en bois.

    Un matériel des âges premiers tant indispensable, pour relever bien haut la tête à ces édifices mobiles, libres et fantaisistes. En leur état, ils voyagent encore dans le temps et dans l’espace.

    La cafetière et la théière n’ont guère changé d’aspect. Le quinquet rangé dans la mémoire des contes autour des grands feux ressourcé au gaz butane souffle à ce jour la lumière en brillant dans tous ses éclats.

    Reprenant les sentiers jadis battus dans la nébuleuse des rêves et la fureur de vivre, je contemple ému toutes ces années qui se sont évaporées témoignant sans recul que les tentes et les khaimas continuent encore à embrasser les étoiles dans leur chant d'il était une fois la sérénade des nuits trezeliennes.

  • SOLITUDE

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    Me référant aux pages d'or d'un excellent ouvrage, conçu pour les élèves de la classe de terminale, édité en 1971 réalisé par les auteurs MAURICE MOREL et DENIS HUISMAN successivement agrège des lettres et directeur de l’école française des attaches de presse.

    Je propose une approche autour de la solitude que beaucoup d’écrivains inspires dans leurs méditations ont trouvé en elle un refuge des plus sécuritaires et une évasion à faire éclater aussi bien la prose que les vers poétiques animés de beauté de rêverie et de réalisme. Cependant, d’autres chevaliers de la plume avaient opté pour une limite de la solitude, car prolongée, elle provoque l’ennui pour MOLIERE elle effraie une âme de vingt ans.

    VAUVENARGUES, différemment de Lamartine dans ses méditations, de Rousseau dans les rêveries d’un promeneur solitaire, de Victor Hugo dans ses contemplations avait soutenu que la solitude est à l'esprit ce que la diète est au corps ; cependant longue elle est mortelle que nécessaire. En d'autres termes, un solitaire est-il par définition quelqu'un qui vit en marge de la société ou bien au contraire c’est en marge de la société qu'il découvre les profondeurs de l'âme humaine et sentir réellement la douleur des autres.

    Dans une récente contribution j'ai reproduit un poème de Théophile Gautier au sujet de l'aveugle, pour cette fois-ci nous allons d'ici peu avoir le plaisir de boire le nectar de la poésie du père du romantisme Victor Hugo et l'élévation de l'homme a un degré que seul Hugo sait faire et cet homme c’est le mendiant.

    Le poète compte parmi ceux qui ont chanté les mérites de la solitude perçant à la fois les signes de la pauvreté et la grandeur des pauvres ; nous déduisons donc qu'être seul c'est s'intégrer corps et âme dans la nébuleuse d'aller au-delà de l’expression humaine. Suivant les sentiers battus des chevaliers de la plume, voyons de près ce que pense saint Exupéry dans son ouvrage Terre des hommes qui affirme qu'être un homme c'est être fier d'une victoire que les camarades ont remportée, c'est sentir en posant une pierre que l’on contribue à bâtir le monde.

    De ce qui précède, il semble clairement qu'il y a deux visions qui s'alternent autour de la solitude. Elle est pour certains à un certain degré une diète mais limitée dans le temps. Pour d’autres, c’est une source d'inspiration qui dynamite les sentiments au point de communier l'âme et l’esprit afin de prendre conscience des souffrances d’autrui. Théophile Gautier et son aveugle et Hugo et son mendiant illustrent magistralement cette percée humaine que l'évasion et la solitude constituent en fait un pont réel avec la réalité.

    Au-delà de l'expression humaine HUGO nous livre son âme solitaire issue de la grandeur des miserables.dans ce contexte notre prophète que la bénédiction soit sur lui a prié DIEU de lui préserver lors du jugement dernier une place parmi les pauvres et les nécessiteux.

    Le poème de VICTOR HUGO haut en couleur, terrible par le poids qu'il accorde au mendiant SAIT ON D OU IL VIENT SAIT ON DE QUELLE PART IL VIENT me renvoie a une célèbre chanson tirée de notre patrimoine et plus exactement de ABABSA qui avait interrogé une tête humaine que les temps avaient jalousement gardé dans le temple du silence : Ya ras ebnadem kallamni.

    Sait-on d'où il vient Sait-on de quelle part il vient, seule une âme solitaire est en mesure de nous livrer sa nature et sa portée et seule une âme qui a su contourner le profil de sa propre création est en mesure de nous amener à découvrir tous les trésors de ce roseau pensant.

    Poète sonore de son temps, dans le givre et le vent, je vois passer un pauvre homme si près de ta demeure et d'un geste auguste de ta main qui avait pris le pli d'élever les misérables au-delà de l’expression humaine, tu cognas sur la vitre, et ce fut l’un des plus vibrants poèmes.

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  • Cherchell, condamnée aux peines de l’enfer !

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    Oui ! L’Académie Militaire de Cherchell, c’est Saint Cyr de l’Afrique et du monde Arabe, oui ! nous tirons une grande fierté de voir notre pays planer au zénith ; la grandeur de cette école doit se situer au diapason de sa renommée continentale et internationale ; malheureusement, la visite annuelle du président ou des officiers supérieurs de l’armée, dans le cadre de la remise des grades aux officiers sortants ; fait fausse note et désordre. Toute la ville est paralysée par une armada de policiers, gendarmes et militaires, déployés tous les 50 ou 100 mètres ( sur des kilomètres) pour assurer le cordon de sécurité – cette fois-ci - au président de la république, venu sous une escorte des plus rigoureuses.

    Des jours bien avant la visite, passant par la nationale, d’où s’arpente l’avenue adjacente menant à l’Académie ; un policier (qui n’a même pas l’âge de mon fils benjamin) m’ordonne de ne pas attendre le bus à cet arrêt ( ancienne Daira) pour m’obliger à cavaler sous ce soleil de plomb du mois d’aout jusqu’à Tizirine…Quelle tyrannie !!! Ils s’en foutent éperdument de notre état de santé, de nos maladies et de nos contraintes.

    J’ai compris et conteste avec véhémence cette équation qui surenchérit un prisonnier Israélien pour être échangé contre 1.500 prisonniers Palestiniens.
    Les images se juxtaposent d’elles-mêmes ; Soubhane Allah ! aussitôt que ce policier m’ait « secoué », il m’est venu en tête l’image de De Gaulle à Cherchell , les années 60 -étant enfant- lorsque nous avions été groupés( indigènes « ramassés » des camps de regroupements) comme des moutons, pour paraitre nombreux quand De Gaulle ferait son discours. J’aurai bien aimé voir une conduite d’homme de loi exemplaire pour me rappeler notre premier président (Ben-Bella) , en visite à Cherchell ; juste après l’indépendance.

    Chaque année, donc, la ville souffre le Martyre, voyant la circulation de ses 60.000 habitants obstruée par une armada de policiers réglementant la circulation à leur guise ; détournant véhicules et passagers au gré d’un programme qui ne tient compte que de l’intérêt d’une seule personne, au détriment de toute une population grillée par la canicule ,sous un soleil d’Aout que nul n’ignore la flamme dévorante de son « chalumeau » .Personnes âgées, femmes et enfants- assoiffés ou cherchant le soulagement physiologique le plus instinctif, ne trouvent même pas de toilettes publiques…C’est honteux ; Ces otages attendent désespérément un bus pour les sauver de l’enfer.

    Chambouler toute la cybernétique de la ville ; qui gère ses affaires, ses déplacements, son commerce, sa croute à gagner etc…dénote la néantisation, voire la déshumanisation. Accepter d’obstruer la voie publique c’est l’usurper et gêner 60.000 habitants dans leurs mouvements et leurs déplacements d’aller gagner une croute, d’aller se soigner, d’évacuer en urgence ses malades ; alors que des nababs dégustent les plus délectables élixirs et nectars dans des calices de rois, confortablement allongés dans leurs divans, bercés par le zéphyr des salons climatisés ; rêvant au festin du roi (qui les attend) ; que nul monarque au monde n’y a goûté.

    A quelques pas de là, des damnés ne trouvent même pas une eau fraiche et potable pour étancher leur soif sous la canicule étouffante ; le pays n’est pas loin d’un paupérisme frisant la précarité avec ses quémandeurs du couffin de ramadan et ses fugitifs , à bord du « radeau de la méduse ».
    Deux jours avant la visite, manquant de Bonacor 5 mg ,un médicament pour cardiopathes ( comme tous les algériens) ; indisponible à El-Hamdania et voyant un interminable embouteillage de voitures s’étendant , je ne sais d’où jusqu’à Bakora, j’ai dû me rendre à Sidi-Moussa puis à Sidi-Amar pour l’acheter.

    Dans les pays qui se respectent et respectent leur peuple, la voie publique est un droit sacré, inaliénable et inviolable que nulle autorité n’a le droit d’enfreindre. Tous les grands hommes que l’histoire a retenus dans ses pages sont ceux qui ont été hissés au rang des nobles par la perche de l’humilité et par leur dévouement à la condition humaine… Les autres sont seulement des noms - dérisoires- inscrits sur le sable ; que le passage des vagues escamote, au détour d’un regard ; ou de quelconques feuilles mortes qu’emporte un vent d’automne !!!
    « Aimez qu'on vous conseille, et non pas qu'on vous loue » ( Nicolas Boileau).

    Volet N° 2 : Allant annuler la publication de cette harangue, j’ai vite renoncé et me suis fait un devoir moral de braver la loi de ces quelques généraux qui barricadent la ville pour assiéger sa population, au point de ne pouvoir circuler pour attendre un bus, acheter un médicament ou prendre sa petite barque pour accrocher à son hameçon, une croute aux becs d’oisillons qui attendent.

    Advienne que pourra, Oui ! C’est une implacable vérité et non une abnégation car ; je me considère mort il y’a longtemps ; depuis que mon enfance ait été avortée dans les camps de concentration de l’armée française et, depuis … Certaines choses n’ont pas tellement changé.

  • Quand les ailes ne repondent pas

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    Quand les ailes ne répondent pas 

    À toutes et à tous
    À toutes les belles plumes qui tardent a se retremper dans leurs encriers je dédie cette approche intitulée Quand les ailes ne répondent pas.

    Face à mon bureau se dresse un imposant immeuble datant de l'ère coloniale compose de cinq étages dont le rez de chaussée luxueusement amenage pour les prestations de la BADR est souvent sollicite par les usagers et particulièrement les hommes de la terre. L'appartement sis au deuxième étage dont le balcon est servi par une porte fenêtre renferme dans son espace réduit une cage et un oiseau. Apprivoise, l'oiseau n' avait eu ni le temps ni la joie de construire un nid de hasard. Durant la saison des grandes chaleurs et les temps de grande fraicheur la cage et son occupant regagnent le lieu familier tandis que le balcon avec joie offrait eau et grains de blé aux pigeons a la caille et même aux corbeaux.

    À l'âge enfantin, qui n'avait pas couru derrière un moineau sans réussir à le rattraper car plus rapide et mieux adapté aux espaces libres, gaiement, il savait où trouver son gite
    Qui de nous n avait pas réussi à déjouer le réflexe d un tout petit moineau qui dans une tentative désespérée avait finit par accepter son sort! C'était un jeu d'enfants un simple jeu d'enfants. Plus tard pensant lui prêter attention et affection bien que privé de son âme on lui confectionna un royaume digne des dignitaires. Jonché au coin du balcon il apprendra avec le temps a mieux apprécier la douceur de ceux qui chanteront pour lui.

    Me référant à un poème de Verlaine tiré de l’excellent ouvrage la composition française en 100 dissertations les auteurs avaient conclu ce qui va suivre :
    On peut emprisonner les oiseaux, opposer a leur soif de liberté les barreaux d une cage, les oiseaux chantent toujours! Seulement leur chant se fait plainte, appel, sanglot, leurs ailes frémissant se heurtent au fer de la cage et si leur ivresse de ciel se délivre leur corps se meurtrit, sans cesse ils ne peuvent plus que contempler le triste filet qui coule de leurs ailes. l'illustre poète avait conclu que si la cage est prison le chant est poésie. Illustre poète, partant de cette conclusion, humblement je me permet de me poser une question sur la nature de ce chant qui selon vous est une poésie et si l'oiseau qui est en face de moi chante un chant est il alors semblable aux chants de tous les oiseaux du monde. Illustre poète, l'oiseau qui en face de moi n'a jamais vu le Zénith ni l'aurore ni le somptueux coucher du soleil.

    La vision de notre poète peut elle alors égaler la sensation d'un grand chasseur du nord qui dans une expédition de chasse avait traqué et tragiquement blessé un ours. Seulement au lieu de l'achever il s'est déployé au bout des limites de son expérience pour le guérir et le sauver d'une mort certaine. Le chasseur avait consigné dans son ouvrage que la grande sensation qu'il éprouve dans la chasse ce n'est pas de tuer mais de préserver la vie. Le chasseur a compris que ces êtres sont nés pour être libres et quand le besoin et la nécessité les poussent a la lutte pour la survie ou l obligation de conquérir leur harem c'est pour préserver l'équilibre naturel et écologique et si les hyennes s'acharnent sur les carcasses au point de les blanchir, ils participent de la sorte à une grande œuvre de nettoyage autrement la nature elle même serait victime d'empoisonnement.

    Dans le milieu animalier, il existe une harmonie et un parfait équilibre que seuls les êtres humains savent enfreindre au nom de l'étique et les urgences civilisationnelles. Paradoxalement, l'immeuble d'en face, le balcon et sa sinistre prison au même endroit que mon bureau se situent RUE DE LA LIBÉRATION. Libération dites vous ! L'oiseau apprivoisé est il en mesure de saisir la teneur de ce mot ou alors est il convaincu que le célèbre chateaubriand avait ses propres raisons et sa propre vision en affirmant que le bonheur est une balle, on court après, elle roule, on la frappe quand elle s'arrête où le célèbre voltaire qui avait affirmé qui est causé de bonheur pour les autres réalise son propre bonheur.

    La journée s'étire mais touche à sa fin. Je regarde encore une fois cet oiseau si fortement scellé dans son lit de hasard et lui, dans son âme meurtrie, semblait me dire que si les ailes ne répondent pas dis à tes semblables que les plumes se retrempent autant de fois dans les encriers de la liberté et la libre parole et que les barreaux sautent devant l'initiative et toute idée constructive.

    L'OISEAU AVAIT CONCLU QUE LE BONHEUR EST BONHEUR QUAND IL EST PARTAGÉ  ET QUE LA SOUFFRANCE EST SOUFFRANCE QUAND ELLE EST SUBIE PAR UNE SEULE PERSONNE.
    Que les plumes qui nous avaient habitué aux commentaires magnétiques selon l'expression de notre ami l'artiste peintre Si Ferhaoui ressortent de leurs encriers la beauté et la noblesse du verbe et faites en sorte que les ailes se joignent aux plumes afin de redonner au site toute la vigueur et l'élan aussi puissants aussi hauts pour couvrir à la fois le ciel de Miliana Alger et tous les cieux de la pensée universelle.

  • Alger, Mecque des révolutionnaires

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    Alger, Mecque des révolutionnaires - Documentaire ARTE - Mai 2017

    Réalisé par Mohamed Ben Slama.

    Du début des années 1960 au milieu des années 1970, l’Algérie indépendante apporte un soutien important aux mouvements anticoloniaux et aux révolutionnaires du monde entier. Les Présidents successifs, Ahmed Ben Bella puis Houari Boumédiène, font d’Alger une terre d’accueil de militants en lutte contre l’oppression coloniale ou raciale. Alger la Blanche devient Alger la Rouge. L’internationaliste Che Guevara y établit la base arrière pour ses activités de guerilla en Afrique. Le leader afro-américain Eldridge Cleaver en fait le centre de rayonnement international du Black Panther Party. Alger est appelée, durant cette période, "La Mecque des Révolutionnaires".

  • La Grande Maison

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    « La grande maison »

      Notre chère maison me manque. J’y ai vécu des années d’insouciance et de joie. Elle possède deux entrées singulièrement contrastées, l’une donnant sur une rue qui porte un nom prestigieux et l’autre la date d’un avènement historique ! Celle d'Ibn Badis nous replonge au cœur du quartier, où vous pouvez trouver l’épicier du coin et tous les petits métiers avec leurs parfums qui font le charme d’un quartier. L’autre s’ouvre sur un vaste boulevard, celui du 1er novembre 1954 menant au centre-ville. Notre maison a son coté jardin et son coté cour. MaisonSi vous entrez par la porte du hangar, un terrain vague vous conduit droit vers une grange qui respire la campagne : une vache flegmatique y rumine toute la nuit, des poules somnolentes caquettent à la recherche de leurs poussins dispersés et bien sûr un coq agité chante dès le petit matin ! Cette « bédouinité » si assortie à la citadinité a engendré un lignage de villageois qui tanguent aisément entre deux modes de vie. Ils participent des deux, ce qui les dote de cette spécificité « rurbaine »….Jugez-en ! Dès l’aurore, la plupart des gens lâchaient leurs vaches pour pâturer hors du village et le soir, ces dociles bêtes rejoignaient toutes seules leurs étables ! Ces mêmes éleveurs se permettaient en d’autres circonstances d’aller au cinéma ou de voir un match de football et de faire la fête !

      J’avais un voisin, El Hadj Ahmed, tanneur de métier et grand supporter de l’équipe locale. Chaque dimanche, ce mordu du football prenait sa chaise pour aller de sa voix de basse et de ses commentaires pertinents soutenir une équipe qu’il portait bien haut dans son cœur. Le soir, s’en retournant, sa chaise à l’épaule, son éventail à la main et…l’air radieux (surtout quand son équipe gagnait) il vous surprenait par ses connaissances sportives !

      Avant d’atteindre l’écurie, à votre droite une petite porte en bois vous permet d’accéder à la cour. Vous entrez et vous vous trouvez nez à nez devant une bien triste cave en rupture d’activité. Une légère pente vous mène au cœur de la cour longée d’allées fleuries. Une robuste treille étire ses tentacules un peu partout et étreint le mur de la salle de bain et de la cuisine. Une fenêtre, donnant sur le jardin, diffuse les fumets d’une chorba embaumée d’épices, d’ail et d’oignon dont ma mère sait absolument les tenants et les aboutissants. Ah, je la vois d’ici, affairée et plongée dans ses dosages savamment combinés, ouvrir ses précieux bocaux et une pincée par ci, une autre par là, nous préparer l’insaisissable mixture que tout à l’heure nous dégusterons en nous mordant les doigts ! Et ces arômes ! Intacts jusqu’à aujourd’hui dans ma tête et dans mon nez ! Il en est de légers, de fins, de subtils, mais aussi de pesants, de forts, d'enivrants…A deux ou trois mètres de cette fenêtre, les feuilles d’un gros arbre se mêlent à celles du raisin et regardez-moi ce jeune figuier planté il y a peu de temps, qui se met lui aussi de la partie ! Figurez-vous qu’il nous donne déjà ses premières figues ! Pendant l’été, le panachage de ce feuillage est si épais qu’on passerait la nuit à la belle étoile sans aucun frisson.

      Toute la famille se regroupait pendant les grandes vacances, et on s’éclatait à fond ! L’été, c’était aussi la saison des récoltes et le blé, principale céréale de la région ne nous manquait presque jamais. On le stockait dans une pièce jusqu’à toucher le plafond. Après le déjeuner, selon un adage populaire bien avéré « quand le ventre est rassasié, la tête doit fredonner » mon frère Abderrahmane se découvrit subitement des talents non de chanteur comme le prescrit le dicton mais plus laborieux encore, ceux…d’instituteur ! Il rassemblait pendant la sieste toute la ribambelle de nièces et de neveux et leur enseignait sur un tableau noir, épinglé au mur de la cour, les précieuses prémices de l’éducation culturale ! Rapportés en français, ces cours perdraient leur âme cocasse. Nos petits diables reprenaient en chœur et à gorge déployée les fantaisies de ce pédagogue zélé. Une branchette aménagée en bâton lui servait à indiquer des mots transcrits en dialecte et quelques fois pour faire sérieux, il punissait en frappant leurs petits doigts réunis, ces chenapans qui jouaient la comédie. Ainsi leur nommait-il toutes les graines nuisibles qu’on retrouvait mêlées au blé ! D’ailleurs tantes et cousines, aidées de nos voisines, dans les mains tamis et cribles, se tapaient l’été entier à séparer le bon grain de l’ivraie ! …

      Cette après-midi-là, mon père procédant à ses ablutions dans la salle de bain, eut fortuitement vent de ces « perles rares » que notre érudit professeur dispensait sans compter à cette assourdissante génération ! Il ouvrit en même temps que la fenêtre une longue parenthèse de sermons interminables à l’encontre de ce maître qui, avec ses élèves, prenaient la poudre d’escampette abandonnant un tableau assailli d’écriture et de caricature obscures. L’inspecteur venait de fermer les portes de cette classe pionnière ! Ce fut le premier et dernier cours d’initiation à l’agronomie…   

      Si vous préférez entrer par la porte qui donne sur le boulevard de 1954, la maison vous séduit de son allure citadine. Une belle façade avec de longs barreaux appliqués aux fenêtres par lesquelles le soleil entre et séjourne une bonne partie de la journée. La porte s’ouvre, un grand couloir vous accueille. A votre droite, la pièce que mon père a longtemps occupée : c’est là où il recevait ses plus grand amis, dans l’intimité du soir. Beaucoup de mes souvenirs personnels sont entachés de son empreinte. A votre gauche, c’est le salon. Un petit bijou architectural. Il est scindé en sa moitié par des portes-fenêtres lui offrant l’opportunité de se transformer en deux pièces. Les vitres prennent le dessus sur le bois le subdivisant en petits carreaux dont les éclats bleus, jaunes et verts dessinent sur les murs des arabesques excitées. Deux cheminées agrémentent le salon, une au coin et l’autre plus loin, large et admirable, occupe le milieu du mur frontal. Son marbre est de très bonne teneur. Quand elle n’est pas fonctionnelle, le rideau de fer se baisse et la voilà métamorphosée en mobilier ! Vous devez surtout lever la tête car le plafond est sans conteste un ouvrage d’art ! Soigneusement exécutés, des anges ailés jaillissent du plâtre, ceinturés de fruits exotiques, bien beaux et exubérants de santé. Il m’arrivait de contempler ces chérubins planant au-dessus de ma tête et souvent celle-ci, servie d’une imagination prolifique, s’affranchit et se met du voyage dans un univers fait d’élévation et de félicité ! J’aimais à penser que ces adorables séraphins étaient là pour veiller sur nous et de temps à autre, je leur souriais !

      Au fond du couloir, trois portes vous apparaissent : celle de droite donne sur une autre pièce, celle de gauche sur la cuisine et en face de vous, c’est la salle de bain. Vous y entrez et à sa fenêtre, le lierre grimpant, le tournesol et d’autres ramures se disputent l’espace : une bonne bouffée de chlorophylle vous bourre les poumons d’oxygène !

      La cuisine est certainement la pièce la plus chaleureuse et la plus sollicitée. Toute la famille puise ici des forces chaque jour. Il fait bon vivre, on y mange, on y boit et on y discute. Le blanc de la faïence est partout, sur les murs, au potager et jusqu’au fond des placards. Avant de vous retrouver dans la cour, vous traversez une buanderie avec ses deux bassins et notez que même là, une cheminée occupe un coin ! C’est pour avoir de l’eau chaude pendant le rinçage. Maintenant, vous êtes dans la cour que vous avez visitée tout à l’heure à partir de l’autre entrée mais avant de sortir, jetez un dernier regard du coté d’un mur de séparation, vous remarquerez une porte avec sa fenêtre. C’est une grande pièce un peu à l’écart bien que faisant partie de l’ensemble de la maison. Un endroit de détente, de retraite pour celui qui veut se retirer. Mais c’est aussi pour nous les enfants, pendant ces années de récoltes exceptionnelles l’endroit favori pour faire de la glisse. Il nous arrivait même de nous ensevelir dans ce grain et sentir nos corps fourmiller dans le ventre de cette noble nourriture …

    Je vous ai fait le tour du propriétaire, merci de votre patience et de votre visite !

      Aujourd’hui, cette agréable maison n’est plus ! On vient de la terrasser, de la mettre à terre ! Evanouie et sans elle ma souffrance est celle d’un individu qui perd ses repères. Adieu enfance, adolescence, adieu cheminées, cour, jardin, treille, figuier, lierre. Adieu, maison paternelle, maison maternelle, adieu, moments fraternels, joies amicales, adieu, salon de nos rencontres plurielles, de nos controverses acharnées entre famille et amis sur des thèmes polémiques et philosophiques. Adieu, veillées hivernales aux interminables contes auprès du feu de la cave. Adieu, mille et une prières de mon père adressées au Seigneur durant des nuits entières, retiré dans sa pièce plongée dans le noir ! Adieu, buffet de ma mère où elle avait le pli d’enfermer les petites gourmandises et que nous dégustions à coup de larcins coquins ! Adieu, nos fêtes, nos aïds, nos « ramadhans » ! Adieu, réveils et cafés matinaux pris ensemble dans l’enceinte de la cour arrosée de fraîcheur ! Adieu, ininterrompus instants de musique, de chansons et de peinture que j’appréciais dans cette maison, enfermé du matin au soir.

      Les choses inanimées n’ont pas d’âme parait-il, mais une maison, c’est mieux qu’une chose, c’est comme on dit chez nous le tombeau de la vie, c’est un être et quand il vous manque, tout est dépeuplé ! J’ai ressenti dans ma chair cet anéantissement. Désormais, ce grand boulevard sans notre maison est devenu insignifiant. Souvent, j’évite cet endroit car je ne voudrai pas voir cette effrontée de parvenue, cette rivale toute zélée de piliers, au cœur scellé de fer et de dalle qui s’installe en toute impunité, enterrant des années de joie et de bonheur écoulées dans la douceur de cette vieille demeure. Même complètement rasée, sous tes décombres, des souvenirs éternels se lèveront dans mon esprit et ma tête en sera toujours éprise !  

  • Femmes au Cimetière

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    Femmes au cimetière

    Femmes au cimetière de Frederick Arthur Bridgman

  • AZIZ ET L'AVEUGLE

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    OPHILE GAUTIER ABDERRAHMANE Aziz  et l'Aveugle

    Dans la douleur les êtres humains se retrouvent. Ils crient leur désespoir et leur tourmente dès fois en pleurant d'autres fois dans un silence stoique à faire frémir les échos les plus lointains.

    Ici dans une page errant dans les sphères des temps immuables le poète et le chanteur bien au delà des containtes et les intimes convictions livrent leur destinee à tout ce qui bouge à leur place et traduisent tant bien que mal leur détermination à se manifester timidement dans la nébuleuse du JE/ NOUS pourtant nombreux sont ceux qui regardent sans saisir la potée réelle des choses.

    Le poète s'est livre entièrement à la grâce de son chien fidèle alors que le chanteur s'est adressé à la foule pour le mettre au diapason de la couleur d'un clair de lune ou un rayon pale soit-il caressant froidement à la fois son âme son esprit et son corps.

     

    VICTOR HUGO le chef de l'école romantique a laissé entendre qu'il ne cherche pas à démontrer logiquement mais à frapper les imaginations.
    ILLUSTRE POÈTE.

    CHANTEUR DES ANNÉES DE JEUNESSE
    L'AVEUGLE VOUS TEND SES BRAS ET VOUS SERRE CONTRE SON CŒUR QUI A SOUVENT PLEURÉ SANS VOIR LA COULEUR DE SES LARMES.


    L'aveugle

    Un aveugle au coin d'une borne,
    Hagard comme au jour un hibou,
    Sur son flageolet, d'un air morne,
    Tâtonne en se trompant de trou,

    Et joue un ancien vaudeville
    Qu'il fausse imperturbablement ;
    Son chien le conduit par la ville,
    Spectre diurne à l'oeil dormant.

    Les jours sur lui passent sans luire ;
    Sombre, il entend le monde obscur,
    Et la vie invisible bruire
    Comme un torrent derrière un mur !

    Dieu sait quelles chimères noires
    Hantent cet opaque cerveau !
    Et quels illisibles grimoires
    L'idée écrit en ce caveau !

    Ainsi dans les puits de Venise,
    Un prisonnier à demi fou,
    Pendant sa nuit qui s'éternise,
    Grave des mots avec un clou.

    Mais peut-être aux heures funèbres,
    Quand la mort souffle le flambeau,
    L'âme habituée aux ténèbres
    Y verra clair dans le tombeau !


    Théophile GAUTIE

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  • Le jour se lève

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    Le jour se lève 

    Un matin délavé se lève difficilement sur une ville qui se dépoussière comme un chien crasseux et insomniaque, au sortir d’une nuit d’errance. Recouvrant mes esprits, j’essaye tant bien que mal de mettre un peu d’ordre dans ma tête et dans mon bureau. Mais, voyant ma feuille, maintenant débarrassée de sa poudre, j’ai pu observer toute sa blancheur occupée d’une frugale esquisse. Et point d’écrit ! M’éternisant dans mes mirages, j’étais parvenu machinalement à crayonner sur cette feuille un arbre vidé de toutes ses feuilles ! Un arbre dont les branches sèches priaient le ciel, seul au milieu d’une surface polie et plate…Je me rendais compte de la force pernicieuse du vent de sable et que celle-ci pouvait atteindre même les cibles les plus abstraites ! Décidément, elle s’infiltrait partout. Ce serait alors lui, ce vent de poussière qui avait ôté les verdures à mon arbre ?  Et les mots à mon récit ? Lui qui nous rend la vie si grise et nos paysages si affectés ? Lui à l’origine de tout ce bouleversement ? Lui qui… ?

    Mais en a-t-il été toujours ainsi ? Ah, si les sapins, les cyprès, les platanes, les pins et les vignes de mon village pouvaient renaître ! Ils vous conteraient leurs innombrables triomphes sur l'austérité du sol et de sa caillasse. Derrière ces arbres vieillis qui disparaissent, il y avait toujours pour eux des hommes aux petits soins, à la main verte et au cœur blanc…des hommes qui avaient sué toute leur vie pour imposer un instant, dans la fragilité du printemps, le doux plaisir de l’œil à contempler l’éphémère envol du papillon dans une contrée tourmentée d’hivers envahissants et d’étés harassants !

    Où sont donc les neiges d'autrefois, lesquelles neiges nous charmant d’enchantement, ont le don de purifier logis et vallons ? Qui font mouvoir les primes gestations des entrailles de la terre dissimulant une nature bienveillante sous de froides apparences ? Quand le matin au réveil, ces paysages coiffés d’un soudain manteau blanc nickel emplissaient de bonheur nos yeux et encore écoliers, nous allions le cœur en fête, chacun son petit bonhomme de neige en tête, le matérialiser dans la grande cour de l’école ? Ces êtres blancs si purement tendres, au cœur éphémère, prêts à fondre en larmes aux premiers miroitements de l’aube printanière nous manquent tellement ! Que sont donc devenus l’hiver et sa froidure franche mais féconde ? Ces ruissellements que la sévérité glaciale du thermomètre pétrifie, surpris comme sous l’effet d’un arrêt sur image dans leurs trajectoires inachevées descendant des toits des maisons, capturés en stalactites aux frasques du temps dans l’espoir qu’un meilleur avril puisse leur consentir le couronnement en fleurs d’une renaissance ? Nos randonnées expéditives marquées de nos pas dans la neige cotonneuse, à la recherche de quelque malheureux passereau figé au piège du froid ? Et cette saison, du solstice de décembre à l'équinoxe de mars ?…Revivra-t-on cela un jour ?

    Reverra-t-on alors les rassemblements imposants de ce régiment d’oiseaux, en file indienne, alignés sur les fils des poteaux électriques, prêts pour la grande migration vers des zones plus clémentes ? Cette messagère du printemps, l’hirondelle des cheminées, des fenêtres et des balcons, prédisant l’alternance pacifique des saisons n’enchante plus notre quotidien. Elle qui, seule, faisait le printemps ! (N’en déplaise à un certain dicton !) Et la cigogne aux longues pattes, au bec rouge, long et droit, qui claquette, toute blanche sur un ciel redevenu bleu, surplombant de ses ailes ébènes les tuiles vermeilles des paisibles maisons, regagnant au pic du minaret son nid de toujours !

    Ces deux éclaireuses nous retourneront-elles ?

    Nous serait-il donc possible - hélas au moins une fois - de surprendre au vol les gangas au noir plumage à la recherche de points d’eau, l’horizon se rembrunissant à leur passage ? Ou de croiser ce chasseur d’autrefois, l’œil à l'affût, le seize millimètres Robust aux mains, tirant au poser et à l’envol, puis la gibecière en bandoulière accueillant, une fois les plumes sommairement nettoyées, les pièces de ce tableau de chasse ?               

    S’envoleraient alors, en s’évadant de nos souvenirs si longtemps incarcérés, une population de volatiles aux mœurs éparses en direction de la nature qui se languit de son petit peuple de bêtes bien-aimées. Tout renaîtrait : les cris de la bartavelle au duvet rouge cendré, l’outarde au corps massif et aux pattes lourdes, très appréciée pour sa chair, la bécassine au bec incurvé, le canard sauvage aux ailes longues et pointues, au repos, flottant dans les mares, la caille qui cacabe hantant les prairies et les champs et dont la prise s’effectue à la tirasse, le roucoulement de la tourterelle au rostre écarlate côtoyant les planchers d’écuries, disputant aux chevaux et aux ânes leur ration de grains et d’avoine, les sauts répétés du craintif lièvre au regard tourmenté ralliant le terrier au moindre zéphyr, la gerboise, ce « kangourou en miniature des hauts plateaux » qui creuse des tunnels, aux pattes postérieures très longues lui favorisant la posture debout et la progression par bonds rapides quand le salut est dans la fuite

    Et Dieu du ciel ! Dites-le moi, serait-il encore possible de parcourir le printemps vert émeraude des champs ? De délecter sous la chaleur de l’été azur la fraîcheur d’un étang ? De savourer aussi au travers de pistes jonchées de feuilles colorées d’automne les joies et les senteurs d’une escapade champêtre ? De contempler enfin l’hiver enneigé au regard blanc et immaculé ?

    Drôle de pays où les saisons se désaxent, perdent le nord et s’entremêlent face à ce désert intrépide qui s’avance à grandes foulées, soulevant à son passage une armada de poussière où désormais une plante pour pousser et une bête se maintenir doivent faire de la résistance. Je ne puis rester insensible aux effrois des lendemains arides que nos paysages auront à endurer si rien ne se fait dès aujourd’hui pour barrer la route à cette horde de sable pillard décimant par son avancée faucheuse toute tentative d’opposition à la mort, à la finitude !

    Dehors le long calvaire se continue dans une ville encore ténébreuse et endormie, mordant de la poussière, entièrement aux mains d’un envahisseur lointain venu en conquérant annexer de nouvelles parcelles dans chacune de ses progressions. Le sable se lassant de son lit naturel, a décidé de découcher, s’implantant confortablement sur nos hauts plateaux pour mieux cracher sur nos paysages et nos visages la toute puissance de sa poussière…

    Quand le chemin du présent qui conduit à l’avenir est obstrué, il m’arrive souvent de trouver en ce salutaire rétroviseur, une espèce d’apaisement inouï !

    Une odeur divine de terre à peine mouillée envahit la maison. J’écoute enfin le doux bruit de la pluie qui tombe sur la ville. Je l’entends crépiter au sol et de la pièce où je suis, j’ouvre la fenêtre et regarde ces gouttes d’eau chuter d’un ciel basané que la timide clarté du demi-jour tente d’éclaircir. Cet instant est beau, magique, irremplaçable ! J’ai toujours aimé la pluie d’une passion profonde. Muse inspiratrice, elle donne libre cours à mes captives pensées et me réconcilie avec moi-même !

    Je voudrais que mes mots deviennent pluie ! Pluie salvatrice, libératrice, généreuse ! Giboulée qui fait germer le bien nourricier lui faisant découvrir la lumière, le soleil, l’espoir : Vous êtes cette pluie, mes mots !

  • Nous autres Algériens...

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    Nous autres Algériens: On a été et on est partout !
     
     Émission télévisée du Samedi 25 Juillet 2020, Channel 4, Londres.
     

    Des journalistes britanniques ont été conviés dans une salle de réunion pour regarder le 11 octobre 1982 la levée des fonds marins, des restes du navire de guerre du roi d'Angleterre Henri VIII, le Mary Rose, fleuron de la marine anglaise de l'époque, coulé il y a 437 ans lors de la bataille du Solent dans la Manche en 1545, au XVI e siècle par les Français, avec 500 hommes à bord. Les journalistes présents n'étaient pas sûrs de ce qui les attendaient sauf la chance de pouvoir voire les squelettes humains récupérés, longtemps préservés dans la vase sous-marine, vieux de plusieurs siècles.

    Le plus intriguant de tous, ce sont les restes d'un jeune homme (surnommé Henry) trouvés dans la cale et dont la forme du crâne suggère une origine africaine. Récemment huit de ces squelettes ont été envoyés aux laboratoires de photogrammétrie, d'extraction d'ADN et d'analyse isotopique de Swansea, au Pays de Galle et d’Oxford. Après analyses poussées, il s'est avéré que sur ces huit des centaines de squelettes retrouvés à bord, 50% n'étaient pas des Anglais blancs.

    Ces huit squelettes ont été surnommés pour des raisons pratiques. Le surnommé ‘’Gentleman’’ venait probablement du sud de l'Italie, le surnommé ‘’Charpentier’’ de la Méditerranée (peut-être de la péninsule ibérique) et le surnommé ‘’Archer’’ - qui s'est avéré faire partie de l'élite des gardes du corps du roi Henri VIII d'Angleterre, probablement de quelque part le long de la côte nord-africaine (probablement Algérie). Et le surnommé ‘’Henry’’ ? Il a presque certainement une ascendance africaine (probablement Berbère du nord du Sahara, Algérie) mais presque certainement aussi, il est né et a grandi en Angleterre.