Articles de algermiliana
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Men ghachana fa layssa mina” “Le tricheur, n'est pas des nôtres”..
- Par algermiliana
- Le 06/04/2020
- Dans Le coin de Med BRADAI
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-G.M je vais enfin travailler.
-C’est une bien bonne nouvelle, mais venant de toi supposant toujours qu’elle soit vraie.
-D’ici peu on va s’enrichir G.M et on achètera auto de luxe, château et villas ici et là etc..Etc. et pourquoi pas un petit bateau de complaisance sans oublier que j t’’emmènerai aux Lieux Saints en pèlerinage ce grand vœu de ta vie dont tu rêves depuis un temps.-Des fois je te vois rêver dans l’absurdité FISTON peut être que c’est dû au plat de « Mardoud » préparé avec ce Hrouss ‘’ Green Grill ’’ du diner d’hier qui t’a vraiment propulsé à ce rêve d’ambition.
-Je te dis que je suis sincère et qu’on va être riche. Riche très riche G.M Écoute moi au moins une fois GM.
-Puisque le confinement me contraint à te supporter et à tout ce qui soit pénible venant de toi , Je suis toute astreinte à écouter ce que tu as à me dire, ça m’aidera sans m’ennuyer à rouler la bonne quantité de couscous qui me reste.-Tu dois me croire dans ce cas , C’est aussi vrai que tu es devant moi et que je te vois G.M .Tu n’auras plus à rouler de coucous dans les jours qui viennent .
-A cette peine pour moi de rouler un couscous, je ne suis plus jeune pour le faire encore comme avant mais pour ce besoin des jours à venir pour toi je dois le faire.-C’est ce qui m’a poussé à choisir ce travail. je commence dés demain G.M peut- être ce soir même, je me suis engagé .Je vais m’enfoncer dans le noir , travailler au « GROS » et non dans le détail.
-Veux- tu me dire cela aussi en détail et m’expliquer ce mot « noir »dans ton soit disant travail de GROS et comment as-tu eu cette idée fabuleuse.
-Tu sais GM c’est le confinement qui m’a donné l’idée à ce commerce facile comme le font bien d’autres.
-Alors Je suis tout impatiente à t’écouter maintenant Raconte -moi peut- être qu’avec mes quelques maigres économies laissées de coté pour mon kfen (linceul) je vais m’engager avec toi.-Écoute GM Les gens tout comme nous ne sortent plus de chez eux ,ils se sont approvisionnés de tout au premier jour du « rentrez chez vous » et d’ici peu vont consommer tous leurs produits de premières nécessités ,par la suite ils devront sortir et acheter d’autres provisions.
-Jusque là je suis entièrement avec toi , même nous il va nous en manquer de la semoule et de l’huile tu sais que nous n’avions acheté que pour quelques jours.
-C’est justement là où je vais GM. Ils vont acheter mais ne trouveront que rarement le produit à son prix raisonnable et ils n’auront d’autres choix qu’à l’acheter à n’importe quel prix imposé que je leur offre.-Je commence à voir du louche dans ce commerce. Je ne te suis plus maintenant,
Pour moi dés demain je vais stocker tous produits de première nécessité comme la semoule , la farine ’huile , les légumes secs , la tomate concentre ,café sucre mais par geste humanitaire j’ai décidé à ne pas m’enfoncer dans les produits pharmaceutiques et surtout le sel.-Et pourquoi les produits pharmaceutiques et ce sel.
-Des fois on doit penser aux gens et à leur misère comment qu’ils vivent pour joindre les deux bouts en ce monde alors on doit se donner la main et rester humains et charitables au moins une fois dans notre vie en ce bas- monde où nous vivons envers nos frères GM.-Pour les médicaments je peux au moins avoir une idée mais pour le sel quel a été son enjeu pour l’écarter de ton projet.
-Pour le sel , j’ai pas à le commercialiser comme les autres produits . je dois te dire que bien des fois j’ai dû partager le sel avec beaucoup de gens qui m’ont invité chez eux à leur repas autour d’une table pleine de mets. Le sel représente dans notre tradition comme tu le sais GM le pacte d’alliance de protection et d’hospitalité. Et pour ça il est hors de question de le leur vendre ce sel avec un prix trop exorbitant qui pour bien des gens disent toujours « sans sel il n’y a pas de gout ».Alors c’est donc ça ton travail au marché noir. Tu es devenu devant moi un ingrat Un individu sans scrupule qui veut se faire un argent et être riche au détriment des gens.
-C’est ça GM le marché au noir c’est à vendre ou a laisser la vente et l’achat c’est permis.
-Tu laisses le marché du plein jour celui du bien pour choisir un marché noir as-tu bien réfléchi des conséquences avant de te décider dans cette aventure.
-C’est un commerce qui rapporte gros G.M et je vais m’enfoncer à fond. il y a Hadj Osman , Hadj Bribri LE NAIN , Hadj Touil l’homme au burnous en poil de chameaux , HADJ el Kama avec son Guenour et Debliyou le deputy qui le font , et c’est AUSSI pour laver mes os comme ils le font plusieurs fois dans l’année autant qu’ls le désirent aux lieux Saints. Pourquoi pas moi G.M.-Mais Fiston tu n’es pas comme ces fripouilles. Eux c’est des personnes malhonnêtes qui se livrent à l’escroquerie sans honte ET sans avoir peur un seul jour, ni du jugement dernier devant L’Éternel, toi tu es propre tu as une éducation exemplaire que je t’ai inculqué et dont je suis restée toujours fière.
-Je regrette pour ça GM , je suis au point de non retour J’ai tout préparé déjà , une grande quantité de marchandises arrivera cette nuit .IL fera très noir d’après la météo .Si tu veux G.M t’enfoncer dans le « Noir » comme moi il n’est pas trop tard c’est le moment de me remettre tes économies pour payer un pourboire aux convoyeurs quant à leur premier voyage.
-Oh mon Dieu OH mon dieu !!!! est ce vraiment bien toi devant moi ,est ce bien toi mon fiston je me sens tout une autre, mon corps brule. Mon corps brule …..Ma tète tourne.
-GM ! GM ! qu’est ce qui t’arrive , j’espère que tout va bien je ne te vois pas tousser , tu n’as pas de fièvre j’espère Est-ce que je t’appelle L’ ambulance du service de la santé.
--Ta GM va bien et ne me touche pas de tes mains sales je t’en prie ,c’est à toi qu’on doit appeler cette Galoufa de police pour t’emmener . hors de ma vue Je t’en prie. Oh mon DIEU ! Oh mon DIEU comment est il arrivé à faire ça .Mais comment il ne nous manquait rien. Espèce de MERCANTI « HRAMI », jamais je n’ai pensé que cela viendrait de toi YA HRAMI YA HRAMI Tu n’as pas honte de faire ça en ce moment crucial du besoin de ces gens .Je vais faire appel aux autorités ;ils viendront te prendre pour bien te laver les os tu te sens bien mauvais devant moi.
--Arrête ! Arrête GM ! ne fait pas ça …. N’appelle personne…n’appelle personne ce n’est qu’un rêve …ce n’était qu’un rêve de mon imagination que j’ai bien voulu te le raconter pour que tu me résumes ça par des mots de sagesse.
-ÇA SE RÉSUME AINSI pour cette catégorie de gens malhonnêtes : Men ghachana fa layssa mina” “Le tricheur, n'est pas des nôtres”.. et çà c’est notre prophète « Mohamed » Salayate Allah aa lih qui le dit dans un HADITH - fiston.
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Pour battre un mal, je me lave encore les mains
- Par algermiliana
- Le 04/04/2020
- Dans Le coin de Med BRADAI
- 2 commentaires
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Pour battre un mal, Je me lave encore les mains.
C’est une’ histoire avec G.M, même si elle reflète un conciliabule sans façon je vous la raconte.
C'était le matin au premier chant d’un Coq, le soleil n’était pas encore levé.
GM faisait Prière et moi pour son café j’allumai un feu.
Et GM, Apres avoir avec humilité imploré Dieu.
A table avec moi, ensemble pour un café on s’est vite retrouvé.
G.M assise sur sa toison de laine moi sur mon petit tabouret.
On prenait en cette aube du matin tout bonnement notre habituel petit –déjeuner.
G.M a crié "OH que c’est chaud ce café " j’ai répondu "G.M essaie un peu juste de le tiédir ".
Puis GM me dit qu'elle avait une nouvelle à me dire.
Ce matin dit-elle, aux nouvelles on a lancé la grippe »corona » comme grave menace.
Et GM ajouta de Chine on en parle et de partout ailleurs on parle de cette annonce.
Aux propos de G.M venus d’ailleurs, tout prés d’elle alors, j’étais tout ouïe..
Pour moi, ce matin là c’était de l’inouïe.
Passant à GM le pain en premier, elle me dit "passe moi tout d’abord le sucre".
" C’était donc que Son café d’après elle est encore plus acre.G.M a bien eut à sa tasse de café au lait, à rajouter encore deux cuillerées comme dose".
Et G.M tout en labourant comme toujours sa tasse, me dit autre chose.
Tu vois, quand j'y pense, c'est quand même pas nouveau.
On dirait qu'il n'arrive jamais de bon chez nous que les tyranneaux.
Et que voilà encore qu’un autonome mortel va s'jeter sur nous.
Et GM me dit qu'elle se souvenait dans son temps lointain de moi.
Quand la peste au pays vint à frapper partout.
G.M, baissa un peu sa tête comme pour la reposer un peu et dit « malgré une misère les gens avait la foi.On voyait me dit –elle, dans ce temps pas un soir sans deuil au village.
Et elle me dit "je me rappelle de ça, la PEUR on la voyait à tous les visages.
G.M, observa un temps de silence de mort comme pour apaiser une gêne.
C’est 'Aujourd'hui seulement que G.M raconte cette tragique peine.
Je voyais en G.M une personne bien aguerrie.
G.M me regarda LONGTEMPS et me dit enfin.
J'ai bu mon café et toi tu n'as rien touché, tu n'as rien pris.
Donne-moi encore un peu de pain
Et là, je voyais G.M grignoter un autre petit- pain.
Pour G.M, C’était afin de terminer son café et donner à mon récit sa fin.
Toute une année est passée, on n’en parla du tout depuis de ce mal universel.
De chez nous aussi la grippe est partie et G.M Depuis, n'a plus envie de parler d’elle.
Ni pour « peut- être dans un jour » , ni pour « dans un autre lendemain ».
Et moi de temps à autre pour revoir GM en vie, je me lave encore les mains. -
La muselière
- Par algermiliana
- Le 29/03/2020
- Dans Le coin de Med BRADAI
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-Va-t-on voir un jour des muselières chez nous ,dans nos maisons ,dans les rues de nos villes et de nos banlieues G.M ?- Oui Fiston.
- Quand est ce G.M ?
- On ‘y est maintenant et sans honte on va la porter universellement et démocratiquement Fiston,.,
- Alors si c’est comme un voile ou la burqa ;et si on la porte on va circuler sans peur et sans reproche sans qu’on nous montre du doigt .
- Oui Fiston ; mais à la différence du voile et de la burqa c’est bien une muselière qu 'on troquera qui va cacher le visage le museau de la personne qui la porte.
- Trouves tu cela démocratiquement acceptable G.M?
- On n’y peut rien Fiston avec ce temps qui court et qui nous montre bien l’alternance ces moments de lucidité qui illustrent la tolérance humaine passible d’éprouver des sensations de souffrance à porter des muselières.- Est-ce un droit universel ou une nouvelle coutume ancestrale G.M ?
- Ce n’est ni un droit ni coutume Fiston ;cela vient d’en Haut Fiston ?
- Alors pour ça il n’y aura ni droite ni gauche ni extrême droite qui vont voter et imposer un mode de vie sur terre G.M
- Ni la droite ,ni la gauche n’ont vraiment le choix Fiston
- J’espère GM qu’ à ce fléau qui aura touché tout un monde on va se conduire avec la plus grande décence .
- Ma réponse ne peut se résumer à un oui ou à un non Fiston et je ne sais comment répondre à ta question.
- Je vois cela en toi GM ; chacun affronte une période difficile qui marquera ses esprits .
- Mets ta muselière ,et prends en même temps le grand couffin tu vas nous apporter autant de provisions que tu peux , n'oublie surtout pas l'alcool d'en acheter parceque chaque fois je dois faire contact avec toi je dois me désinfecter.- G.M , pour ça j'ai trouvé la solution je ne vais pas acheter d'autres muselières ni d'alcool mais je vais acheter un sac poubelle de couleur verte que je mettrai comme une burqa je ne laisserai que mes yeux apparaitront.
- Va mon beau Fiston ,comme ça on va économiser un peu d'argent pour notre quarantaine.
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Le Confinement
- Par algermiliana
- Le 25/03/2020
- Dans Le coin de Med BRADAI
- 6 commentaires
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A ce texte qui va suivre et que si vous vous vouliez bien lire nous rapproche un peu à la situation actuelle que nous vivons tous.
L’histoire bien connu et que la majorité de nous en tant qu’écoliers ont lu et relu sur leurs bancs d’école,c'est celle de la chèvre de Monsieur Seguin qui inspirée par l'air frais voulait gambadait à sa guise même au mérite d'une certaine liberté.
L'auteur "Alphonse Daudet " nous décrit son récit. Peut être nous fit il comprendre que la liberté ne s'achète point par l'insensibilité.Le récit nous fait lire que :
M. Séguin n'avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres.
Il les perdait toutes de la même façon : un beau matin, elles cassaient leur corde, s'en allaient dans la montagne, et là-haut le loup les mangeait. Ni les caresses de leur maître, ni la peur du loup, rien ne les retenait. C'était, paraît-il, des chèvres indépendantes, voulant à tout prix le grand air et la liberté.Le brave M. Séguin, qui ne comprenait rien au caractère de ses bêtes, était consterné. Il disait :
- C'est fini ; les chèvres s'ennuient chez moi, je n'en garderai pas une.
Cependant, il ne se découragea pas, et, après avoir perdu six chèvres de la même manière, il en acheta une septième ; seulement, cette fois, il eut soin de la prendre toute jeune, pour qu'elle s'habituat à demeurer chez lui.
Ah ! Gringoire, qu'elle était,jolie la petite chèvre de M. Séguin ! qu'elle était,jolie avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs qui lui faisaient une houppelande ! C'était presque aussi charmant que le cabri d'Esméralda, tu te rappelles, Gringoire ? - et puis, docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettre son pied dans l'écuelle. Un amour de petite chèvre...
M. Séguin avait derrière sa maison un clos entouré d'aubépines. C'est là qu'il mit la nouvelle pensionnaire.
Il l'attacha à un pieu, au plus bel endroit du pré, en ayant soin de lui laisser beaucoup de corde, et de temps en temps, il venait voir si elle était bien. La chèvre se trouvait très heureuse et broutait l'herbe de si bon coeur que M. Séguin était ravi.
- Enfin, pensait le pauvre homme, en voilà une qui ne s'ennuiera pas chez moi !
M. Séguin se trompait, sa chèvre s'ennuya.
Un jour, elle se dit en regardant la montagne :
- Comme on doit être bien là-haut ! Quel plaisir de gambader dans la bruyère, sans cette maudite longe qui vous écorche le cou !... C'est bon pour l'âne ou pour le boeuf de brouter dans un clos !... Les chèvres, il leur faut du large.
À partir de ce moment, l'herbe du clos lui parut fade.
L’ennui lui vint. Elle maigrit, son lait se fit rare. C'était pitié de la voir tirer tout le jour sur sa longe, la tête tournée du côté de la montagne, la narine ouverte, en faisant Mê.!... tristement.
M. Séguin s'apercevait bien que sa chèvre avait quelque chose, mais il ne savait pas ce que c'était... Un matin, comme il achevait de la traire, la chèvre se retourna et lui dit dans son patois :
- Écoutez, monsieur Séguin, je me languis chez vous, laissez-moi aller dans la montagne.
- Ah ! mon Dieu !... Elle aussi ! cria M. Séguin stupéfait, et du coup il laissa tomber son écuelle ; puis, s'asseyant dans l'herbe à côté de sa chèvre :
- Comment, Blanquette, tu veux me quitter !
Et Blanquette répondit :
- Oui, monsieur Séguin.
- Est-ce que l'herbe te manque ici ?
- Oh ! non ! monsieur Séguin.
- Tu es peut-être attachée de trop court, veux-tu que j'allonge la corde ?
- Ce n'est pas la peine, monsieur Séguin.
- Alors, qu'est-ce qu'il te faut ? qu'est-ce que tu veux ?
- Je veux aller dans la montagne, monsieur Séguin.
- Mais, malheureuse, tu ne sais pas qu'il y a le loup dans la montagne... Que feras-tu quand il viendra ?...
- Je lui donnerai des coups de cornes, monsieur Séguin.
- Le loup se moque bien de tes cornes. Il m'a mangé des biques autrement encornées que toi... Tu sais bien, la pauvre vieille Renaude qui était ici l'an dernier ? une maîtresse chèvre, forte et méchante comme un bouc. Elle s'est battue avec le loup toute la nuit... puis, le matin, le loup l'a mangée.- Pécaïre ! Pauvre Renaude !... Ça ne fait rien, monsieur Séguin, laissez-moi aller dans la montagne.
- Bonté divine !... dit M. Séguin ; mais qu'est-ce qu'on leur fait donc à mes chèvres ? Encore une que le loup va me manger... Eh bien, non... je te sauverai malgré toi, coquine ! et de peur que tu ne rompes ta corde, je vais t'enfermer dans l'étable et tu y resteras toujours.Là-dessus, M. Séguin emporta la chèvre dans une étable toute noire, dont il ferma la porte à double tour.
Malheureusement, il avait oublié la fenêtre et à peine eut tourné, que la petite s'en alla...Tu ris, Gringoire ? Parbleu ! je crois bien ; tu es du parti des chèvres, toi, contre ce bon M. Séguin... Nous allons voir si tu riras tout à l'heure.
Quand la chèvre blanche arriva dans la montagne, ce fut un ravissement général. Jamais les vieux sapins n'avaient rien vu d'aussi joli. On la reçut comme une petite reine. Les châtaigniers se baissaient jusqu'à terre pour la caresser du bout de leurs branches. Les genêts d'or s'ouvraient sur son passage, et sentaient bon tant qu'ils pouvaient. Toute la montagne lui fit fête.
Tu penses, Gringoire, si notre chèvre était heureuse !
Plus de corde, plus de pieu... rien qui l'empêchât de gambader, de brouter à sa guise... C'est là qu'il y en avait de l'herbe ! jusque par-dessus les cornes, mon cher!... Et quelle herbe! Savoureuse, fine, dentelée, faite de mille plantes... C'était bien autre chose que le gazon du clos. Et les fleurs donc !... De grandes campanules bleues, des digitales de pourpre à longs calices, toute une forêt de fleurs sauvages débordant de sucs capiteux !...
La chèvre blanche, à moitié soûle, se vautrait là-dedans les jambes en l'air et roulait le long des talus, pêle-mêle avec les feuilles tombées et les châtaignes... Puis, tout à coup elle se redressait d'un bond sur ses pattes. Hop ! la voilà partie, la tête en avant, à travers les maquis et les buissières, tantôt sur un pic, tantôt au fond d'un ravin, là haut, en bas, partout... On aurait dit qu'il y avait dix chèvres de M. Séguin dans la montagne.
C'est qu'elle n'avait peur de rien la Blanquette.
Elle franchissait d'un saut de grands torrents qui l'éclaboussaient au passage de poussière humide et d'écume.
Alors, toute ruisselante, elle allait s'étendre sur quelque roche plate et se faisait sécher par le soleil... Une fois, s'avançant au bord d'un plateau, une fleur de cytise aux dents, elle aperçut en bas, tout en bas dans la plaine, la maison de M. Séguin avec le clos derrière. Cela la fit rire aux larmes.
- Que c'est petit ! dit-elle ; comment ai-je pu tenir là dedans ?
Pauvrette ! de se voir si haut perchée, elle se croyait au moins aussi grande que le monde...
En somme, ce fut une bonne journée pour la chèvre de M. Séguin. Vers le milieu du jour, en courant de droite et de gauche, elle tomba dans une troupe de chamois en train de croquer une lambrusque à belles dents. Notre petite coureuse en robe blanche fit sensation. On lui donna la meilleure place à la lambrusque, et tous ces messieurs furent très galants... Il paraît même, - ceci doit rester entre nous, Gringoire, - qu'un jeune chamois à pelage noir, eut la bonne fortune de plaire à Blanquette. Les deux amoureux s'égarèrent parmi le bois une heure ou deux, et si tu veux savoir ce qu'ils se dirent, va le demander aux sources bavardes qui courent invisibles dans la mousse.
Tout à coup le vent fraîchit. La montagne devint violette ; c'était le soir.
- Déjà ! dit la petite chèvre ; et elle s'arrêta fort étonnée.
En bas, les champs étaient noyés de brume. Le clos de M. Séguin disparaissait dans le brouillard, et de la maisonnette on ne voyait plus que le toit avec un peu de fumée. Elle écouta les clochettes d'un troupeau qu'on ramenait, et se sentit l'âme toute triste... Un gerfaut, qui rentrait, la frôla de ses ailes en passant. Elle tressaillit...
Puis ce fut un hurlement dans la montagne :
- Hou ! hou !
Elle pensa au loup ; de tout le jour la folle n'y avait pas pensé... Au même moment une trompe sonna bien loin dans la vallée. C'était ce bon M. Séguin qui tentait un dernier effort.
- Hou ! hou !... faisait le loup.
- Reviens ! reviens !... criait la trompe.
Blanquette eut envie de revenir ; mais en se rappelant le pieu, la corde, la haie du clos, elle pensa que maintenant elle ne pouvait plus se faire à cette vie, et qu'il valait mieux rester.
La trompe ne sonnait plus...
La chèvre entendit derrière elle un bruit de feuilles.
Elle se retourna et vit dans l'ombre deux oreilles courtes, toutes droites, avec deux yeux qui reluisaient...
C'était le loup.
Énorme, immobile, assis sur son train de derrière, il était là regardant la petite chèvre blanche et la dégustant par avance. Comme il savait bien qu'il la mangerait, le loup ne se pressait pas ; seulement, quand elle se retourna, il se mit à rire méchamment.
- Ah ! ha ! la petite chèvre de M. Séguin ! et il passa sa grosse langue rouge sur ses babines d'amadou.
Blanquette se sentit perdue... Un moment, en se rappelant l'histoire de la vieille Renaude, qui s'était battue toute la nuit pour être mangée le matin, elle se dit qu'il vaudrait peut-être mieux se laisser manger tout de suite; puis, s'étant ravisée, elle tomba en garde, la tête basse et la corne en avant, comme une brave chèvre de M. Séguin qu'elle était... Non pas qu'elle eût l'espoir de tuer le loup, les chèvres ne tuent pas le loup, - mais seulement pour voir si elle pourrait tenir aussi longtemps que la Renaude...
Alors le monstre s'avança, et les petites cornes entrèrent en danse.
Ah ! la brave chevrette, comme elle y allait de bon cœur! Plus de dix fois, je ne mens pas, Gringoire, elle força le loup à reculer pour reprendre haleine. Pendant ces trêves d'une minute, la gourmande cueillait en hâte encore un brin de sa chère herbe ; puis elle retournait au combat, la bouche pleine... Cela dura toute la nuit. De temps en temps la chèvre de M. Séguin regardait les étoiles danser dans le ciel clair et elle se disait :
- Oh ! pourvu que je tienne jusqu'à l'aube...
L'une après l'autre, les étoiles s'éteignirent. Blanquette redoubla de coups de cornes, le loup de coups de dents...
Une lueur pâle parut dans l'horizon... Le chant du coq enroué monta d'une métairie.
- Enfin ! dit la pauvre bête, qui n'attendait plus que le jour pour mourir ; et elle s'allongea par terre dans sa belle fourrure blanche toute tachée de sang...
Alors le loup se jeta sur la petite chèvre et la mangea.Même s’Il n'y a pas plus beau qu'une liberté fut elle pour une nuit plein d'étoiles attendant l'aube pour disparaitre ; chacun comprendra à sa façon le sens de ce récit sur le prix d’une liberté qui ne s’achète pas et si à cette épidémie d’un coronavirus qui sévit un peu partout on enfreint cette règle d’un confinement que pas mal de citoyens la prenne trop à la légère.
Avec ses méfaits mortels le coronavirus ne pardonnera pas lui aussi tout comme ce loup méchant qui n’épargnât point Blanquette cette gentille chèvre de M.Seguin.NOUS AVONS UNE ARME FATALE QUI EST « Le confinement » UTILISONS LA précieusement COMME IL SE DOIT CONTRE CE « coronavirus » .
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Encore un 8 Mars
- Par algermiliana
- Le 08/03/2020
- Dans Divers
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J'ai croisé sur mon chemin une lettre écrite par un père meurtri par le double assassinat de sa fille. Qui se rappelle de Katia Bengana ? Cette brave de Meftah qui a refusé le diktat des zombies, cette fille, eh oui ! Une femme, oui encore une femme et toujours une femme, une qui m'a appris personnellement comment porter le pantalon. Je comprends très bien la frustration de ce père qui pense que sa fille appartient au passé et je veux juste lui dire que non !
Ce sont elle et celles qui ont été sauvagement assassinées par les hypocrites du GIA qui vont nous tracer l'avenir. Oui c'est ces braves femmes qui ont défié la mort pour s'affirmer, qui sont notre référence en rojla. C'est vrai aussi que ça démoralise quand on voit ceux qui se sont barricadés durant les années 1990 venir nous donner des leçons de patriotisme et nous chanter leurs salades à toutes les sauces. Mais croyez-moi, Monsieur Bengana, un bien mal acquis ne profite jamais. Vous avez juste à observer ce qui se passe dans la vraie vie, les hypocrites qui préparent un préfixe permanent qui s'appelle maâk et ils changent de nom à chaque élection. Donc maâk ya Chadli, maâk ya Boudiaf, maâk ya Zeroual, maâk ya Bouteflika, maâk ya Madani. Votre fille a été digne du nom de martyr en maintenant maâk ya l'Algérie, ils vont tous partir un jour sauf l'Algérie. Donc pas mal de ces chefs vont quitter nos mémoires sauf Katia qui fait encore parler d'elle et de sa bravoure comme toutes ses compatriotes qui sont souvent anonymes. Il est quasiment impossible de réconcilier la vie et la mort ! Bonne fête Katia, tu es notre héroïne et notre modèle, on ne t'oubliera jamais ! C'est promis : tu as su mettre en pratique notre fameux dicton «Aïcha khir men Ayache».
Bonne fête à toutes les femmes algériennes, inspirez- vous de Katia et de Meriem Mehdi qui vient de gagner son combat contre British Gas. Ne vous inspirez surtout pas des bagara. Bonne fête maman, bonne fête à toutes les mamans, les sœurs, les filles et les femmes, vous nous avez tout donné et on vous doit tout .
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L'IMPOSSIBLE EST UN BON DEBUT
- Par algermiliana
- Le 07/03/2020
- Dans Le Coin de Chantal VINCENT
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L'IMPOSSIBLE EST UN BON DEBUT
Salim Ejnaïni
(Editions Fayard)
Salim est né à Bordeaux le 1er janvier 1992. Ses parents, marocains, envisageaient de retourner au Maroc dès que leur situation le leur permettrait. Malheureusement, ils apprendront en septembre 1992 - Salim est alors âgé de huit mois - que leur fils est atteint d'un cancer de la rétine et, quatre jours après son admission à l'hôpital, qu'il faut absolument lui retirer l'œil gauche afin d'éviter toute propagation de cette tumeur. C'est ainsi que débute la jeune vie de Salim.
Si, pour reprendre le titre de ce livre : "L'impossible est un bon début", Salim a néanmoins de merveilleux parents. Une maman toujours présente et capable d'une abnégation sans faille pour apporter à son fils tout son amour mais aussi des petites "vignettes" de bonheur dans cet hôpital où certaines choses peuvent effrayer l'enfant. Par exemple, lorsqu'il se trouve dans la cabine de radiothérapie, sa maman lui explique qu'elle le regarde comme une vraie star à la télé. Et même s'il ne sait pas du tout ce que cela veut dire, Salim est heureux.
C'est ainsi qu'au fil des années, Salim devra être suivi par une équipe spécialisée. Il dit avoir "grandi dans les chambres d'hôpital" ! Certains traitements sont extrêmement douloureux et parfois, il n'en peut plus. Mais sa maman, son papa sont là pour l'aider à se "construire" et à apprendre à apprivoiser sa "différence".
Si Salim n'est pas familiarisé avec le monde des chevaux, il se trouve que sa maman travaillant à "Disneyland Paris" lui permettra un accès à ce parc d'attraction et lorsque celle-ci lui demande s'il veut voir les chevaux, il a un hochement de tête silencieux. La main de sa maman le guide alors dans un domaine qui lui est totalement inconnu. Parfois, il sursaute lorsque le nez d'un cheval vient le renifler. Ces premiers instants de contact avec les chevaux resteront à tout jamais un merveilleux souvenir dans sa tête et dans son cœur.
Dans ce livre, Salim nous fait partager ses débuts joyeux sur son premier poney mais aussi ses difficultés, ses désespoirs, notamment, lorsqu'un jeune garçon profite de la confiance que Salim lui avait accordée pour l'agresser parce qu'il n'était pas un "enfant-comme-les-autres"; ses moments de doutes qui le font s'isoler dans sa chambre afin de pleurer son désespoir et sa souffrance mais aussi son absolue détermination. Il fallut au moins autant d'opiniâtreté à sa maman pour arriver à l'inscrire dans un club d'équitation compte tenu du nombre de fois où elle avait dû se heurter à des refus pour accueillir Salim en raison de son handicap.
Cependant, au fil des années, Salim poursuivra sa passion en participant à de multiples concours et championnats, jusqu'au moment où il perdra totalement la vue. Cette épreuve sera douloureuse à accepter mais il se dit que, finalement, la vue n'avait pas tenu une place dominante dans sa vie et que son ouïe qui l'avait toujours secondé lui permettra de poursuivre son goût pour la compétition et le dépassement de soi. Lorsqu'un "journaliste" écrit dans la presse qu'il est "une espèce d'illuminé qui a perdu toute notion du réel en courant après un rêve bien trop grand pour lui" … Salim trouve ces propos immensément douloureux. Cependant, lorsqu'il évoquera cet article de presse avec Guillaume Canet, ce célèbre acteur, réalisateur, scénariste et producteur français que tout le monde connaît, celui-ci lui répondra avec beaucoup d'humour : "Alors, mon pote, je t'arrête tout de suite. Si tu dois te faire une idée de qui tu es avec les propos des journalistes, tu vas découvrir plein de choses. Par exemple, moi, il paraît que ma femme est enceinte de Brad Pitt !". Salim éclatera de rire et prit la décision non seulement de ne pas se laisser impressionner par les propos de ce journaliste mais, également, en poursuivant plus que jamais ses ambitions !
Aujourd'hui Salim cultive toujours la même passion des chevaux chevillée au corps. Il poursuit les challenges qu'il se fixe avec la même détermination et continue d'accumuler les victoires. Après tous les obstacles qu'il a appris à surmonter depuis sa toute petite enfance, sa joie de vivre force l'admiration !
A la fin de son livre, Salim se souvient de tous "ses vieux rêves de gosse" qui se sont réalisés pour arriver là où il en est, aujourd'hui, et il termine par cette phrase merveilleuse :
"… la folie d'en rêver et la force d'y croire
m'ont définitivement enseigné que prendre le risque d'échouer,
c'est se donner une chance de réussir".
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Les oiseaux se cachent pour « survivre »
- Par algermiliana
- Le 11/02/2020
- Dans Le Coin de Ahmed ARBOUCHE
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Les oiseaux se cachent pour « survivre » et, savoir discuter avec la solitude procure un confortable siège entre le sage et le poète. De là, on peut donner libre cours à l’imagination pour voguer aussi loin et faire des pérégrinations qui vous conduisent jusqu’au tréfonds de l’âme. Mon ami Mohamed Kidad, notre lecteur solitaire est de ceux-là.
Tellement humble, cultivé et instruit que ses qualités et son caractère sublime l’élèvent au rang des nobles. Il n’a d’amis proches que ses livres de poche et nous, il est d’une profonde spiritualité à rendre le simple si beau ; ce n’est pas magique mais c’est une faculté des grands hommes ; tellement ses mots sont si bien sculptés et polis, à ne laisser entendre aucune bavure.
Je peux, sans exagérer, vous dire, que voyant son ombre et suite à un quelconque effet d’optique ou à une ubiquité ; il est capable de lancer spontanément un salut ; la confondant à un passant …Tellement respectueux.
Mon admiration ne cesse de fixer cet homme très instruit qui impose le respect là où il se trouve, sauf à ces parvenus et ces va-nu-pieds qui peuplent nos administrations lesquels, profitant de leurs postes l’emploient dans des taches qui ne font dégrader qu’eux-mêmes.
Au cours de nos discussions, on dénonce leur comportement mafieux ; il me parle d’un élu municipal fortuné à lustrer de son oseille le pavé de la ville qui l’a employé à des fins personnelles ; lui repeignant son domicile à l’œil et aux frais de la mairie…pour donner une image qui formule l’autopsie du complot qui a disloqué la nation.
Son niveau intellectuel, son séjour en Italie et sa vaste culture le placent au zénith parmi les grands hommes et comme la vie et les hommes distribuent des rôles - à tort - il se retrouve casanier comme moi qui n’ai jamais quitté son pays de peur de respirer l’oxygène d’un autre ciel... Croyant suffoquer ???
Le peintre et le calligraphe se retrouvent souvent tête à tête quand la municipalité et sa horde préparaient pompeusement les visites officielles, les élections toutes confondues ou les festivités ; le tout considéré comme moyen de gaspiller et faire couler l’argent à flots …au détriment du citoyen.
Un jour, il m’a lancé une expression qui s’incruste dans ma mémoire pour y rester à vie comme une citation gravée sur une plaque de marbre, me disant : « dans leur aveuglement, toi l’insoumis, vit sans leur merci ; ils te font appel malgré eux ».Ces étalons « à labelliser » dans la société est un impératif des plus urgents pour recouvrer ces valeurs qui conduisent au summum, à la gloire et à la postérité. Ces modèles de sociétés pavoisent nos rues, nos places publiques et leurs places si bien lustrées, dans nos esprits. Ils sont si indispensables pour régler l’horloge et le temps précieux de la ville. La conjoncture et le maudit hasard tournent au mal pour ternir malencontreusement l’image des nobles alors qu’ils sont là à donner plus de vivacité et de volupté au prisme des couleurs.Je rêve de voir un nouvel horizon se lever sur de tels hommes intègres, honnêtes, jalousant leurs prérogatives, au paroxysme; à faire naître des opportunités et à réhabiliter Mohamed et tous les oiseaux rares qui se sont trop cachés pour survivre.
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Téniet el-Hâad, mon village natal
- Par algermiliana
- Le 25/01/2020
- Dans Le coin de Aziz OUDJIDA
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Téniet El Hâad, c’est mon village natal aussi ! Comme a écrit Boualem Sansal : ‘’ Il s’est toujours appelé ainsi. Il était trop petit, pauvre et isolé pour que les conquérants venus d’Orient ou d’Occident se fatiguent à le prendre et à le baptiser selon leurs coutumes. Si haut placé dans la montagne, niché dans son immense forêt de vénérables et majestueux cèdres, Téniet est resté lui-même et jamais la solitude ne lui a pesé. Il n’y avait pas de raison, il était au paradis des cèdres’’.
Je suis né et j’ai fait mes premiers pas dans ce piedmont Sud de l’Ouarsenis, couvert par cette majestueuse forêt des cèdres, bénie de Dieu. J’ai personnellement beau cherché quelque chose de comparable à travers le monde, je n’en ai point trouvé. Alors je continue, plus que jamais, ‘’day in, day out’’ de penser à ma forêt et à mon patelin, toujours restés dans mon cœur, quel que soit l’endroit dans le monde où je me suis trouvé.
Avec mon ami d’enfance Thameur, juste au-dessus de la colonie de vacances, Forêt des Cèdres, en 2019, savourant un délicieux et spirituel moment au milieu de nos cèdres et de leur senteur.
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Bonne année 2020
- Par algermiliana
- Le 08/01/2020
- Dans Le Coin de Le ziton
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A toutes et à tous
Que cette année vous apporte le bonheur et la réussite,
Que vous rencontrerez le succès dans vos projets et l’accomplissement de vos rêves
Coeurdialement
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MUSTAPHA FERROUKHI A PEKIN, il s'en est allé
- Par algermiliana
- Le 04/01/2020
- Dans Le Coin de Chantal VINCENT
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MUSTAPHA FERROUKHI
A PEKIN, il s'en est allé
Mohamed LANDJERIT
(Editions ECO media)
Ce livre est un merveilleux hommage à cet homme illustre qu'a été Mustapha Ferroukhi né à Miliana (Algérie) le 15 décembre 1922, mort le 17 août 1960.
Comme le dit très justement l'auteur de ce livre dans son "avant-propos" : "cet ouvrage n'est en fait qu'un grand reportage, où le côté anecdotique tient une place privilégiée".
Mais ces "anecdotes" nous font découvrir ou, tout simplement, nous remettent en mémoire le parcours exceptionnel d'un homme qui a été un symbole d'abnégation et de sacrifice pour une Algérie libre et indépendante.
A trois ans et demi Mustapha Ferroukhi a fréquenté l'école coranique puis, l'école maternelle, puis l'école primaire supérieure où il intégra le groupe d'une quarantaine de scouts musulmans. C'est en 1942 qu'il adhéra au P.P.A. (Parti du Peuple Algérien) et animera la section de Miliana. Lorsqu'il prenait la parole dans les réunions publiques, il galvanisait littéralement les foules. Puis, il partit à Alger poursuivre ses études à la medersa Al Thaalibiya et devint l'un des responsables P.P.A. pour rejoindre ensuite le M.T.L.D. (mouvement pour les libertés démocratiques). A l'occasion d'un meeting, Mustapha Ferroukhi prit la parole quelques minutes seulement mais ses propos furent tellement "percutants" qu'il fut acclamé par tous. C'est le 17 octobre 1947 qu'il fut élu pour faire partie du Conseil Municipal de Miliana en tant que conseiller musulman MTLD du second collège. Cette assemblée algérienne élue en avril 1948 fut dissoute le 12 avril 1956. Les interventions de Mustapha Ferroukhi furent néanmoins particulièrement appréciées, notamment, celles qui concernaient la libération des détenus politiques algériens. Il ne "lâcha" rien et réunit régulièrement les sympathisants de son parti à Miliana. C'est ainsi qu'il se rendit à Tizi Ouzou, à Médéa, etc. Il fut condamné à plusieurs reprises à de la prison avec sursis ainsi qu'à des amendes pour "organisation sans autorisation d'une réunion sur la voie publique". Lorsqu'il se maria avec Zineb, le 2 septembre 1951, il fit même l'objet d'une enquête de l'inspecteur des renseignements généraux.
Au fil des pages de ce livre, l'auteur nous fait découvrir le fervent militant pour l'indépendance de son pays qu'a été Mustapha Ferroukhi, ses emprisonnements, ses évasions, etc. Devenu fugitif, il entra dans la clandestinité. Sa tête fut mise à prix. Il se rendit en France qu'il quitta avec l'appui du FLN pour rejoindre la Tunisie en passant par l'Italie dans une tenue totalement insolite … celle d'un curé ! Dès son arrivée en Tunisie, il fut affecté au Ministère de l'Intérieur en tant que secrétaire général Adjoint administratif du G.P.R.A. En 1959, il se rendit en Yougoslavie afin de participer au congrès de l'alliance socialiste. C'est également en 1959 qu'iI devint Chef de délégation de l'équipe de football du FLN. Puis, il se rendit en Chine et au Vietnam. C'est le gouvernement chinois qui insista auprès des responsables du G.P.R.A. pour qu'il soit nommé ambassadeur en Chine.
Nous suivons ainsi les multiples voyages de Mustapha Ferroukhi, ses missions et ses engagements politiques jusqu'au moment de son voyage à Pékin où il partit pour occuper le poste d'Ambassadeur du Gouvernement Provisoire Algérien. Malheureusement, il n'y parviendra jamais puisque c'est lors de ce voyage reliant Le Caire à Pékin le mercredi 17 août 1960 que l'IIiouchine II-18 de la compagnie soviétique "AEROFLOT" explosa en plein vol. Mohamed Landjerit nous décrit avec précision les conditions de cette explosion ainsi que les doutes et suspicions soulevés.
Au cours de ce dernier voyage, Mustapha Ferroukhi, alors âgé de 38 ans, avait emmené avec lui sa femme, Zineb (33 ans) et ses enfants : Naçiba (7 ans) Souad (3 ans) et Ahmed-Chawki (5 ans). Zoulikha, alors âgée de 8 ans, qui ne faisait pas partie du voyage (elle était restée chez ses grands-parents à Miliana) sera la seule survivante de la famille Ferroukhi.
Zoulikha Fodil (née Zoulikha Ferroukhi) nous bouleverse dans son témoignage (pages 95 à 98) où elle évoque sa relation avec ses parents mais aussi son "vécu" de petite fille à la suite de ce tragique voyage.
Mohamed Landjerit débute chacun de ses chapitres par une citation. Toutes aussi bien choisies les unes que les autres. Pour terminer ce compte rendu de lecture, j'ai retenu la suivante qui me semble résumer à elle seule la vie de combattant qu'a été celle de Mustapha Ferroukhi :
"Quand sonne l'heure du dernier rendez-vous, la seule richesse que l'on emporte avec soi, c'est tout ce que l'on a donné"
(Tahar Ben Jelloun).