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Articles de algermiliana

  • La gasba des chioukh

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    La gasba des chioukh

    Mon quartier respirait la joie de vivre. Gorgé d’ambiance joviale, il rassasiait mes yeux affamés de curiosités et de ce fait, me prenait tout mon temps ! Je ne devais pas dépasser les quatorze ans et un jour, mon espace de prospection s’élargissant, je ressentis le besoin de sortir de ma réserve et « voir du monde ». Je me permettais donc de m’aventurer au-delà de la limite imaginaire de mon secteur géographique. Ainsi que ce souriceau de la fable entamant ses initiations de l’environnement extérieur, j’observais les impulsions de « chaque être qui peuplait la terre. » Au fur et à mesure de mes incursions, je découvrais avec enchantement un monde qui m’était insoupçonnable !

       Et c’est tout à fait comme ça que j’ai détecté ce qui allait devenir mon passe-temps favori : les « Meddahas » du souk. Cela prit même et assez vite une allure de passion.

       Dès vendredi soir, la veille du marché hebdomadaire qui coïncidait avec le premier jour du week-end, après la sortie du C.E.G - (collège d’enseignement général) j’étais en classe de 6ème- je me débarrassais de mon cartable et à peine ayant ébréché un morceau de pain trempé dans du café noir que j’étais déjà dehors, en direction du souk ! Les chioukh que je voulais voir et écouter, s’y trouvaient ! Il ne fallait pas rater un spectacle si attendu…et gratuit en plus de ça !

       Des remparts du souk, j’entrevoyais des attroupements circulaires de gens parsemés çà et là dans l’enceinte du marché. Je choisis au hasard une « halka » et m’y faufilai dans l’espoir de trouver un accès au cœur de cette multitude de bras et de coudes. Je voulais voir enfin de mes propres yeux les fameux Meddahas à propos desquels on m’avait raconté tant de choses !  Bon gré, mal gré, j’y suis parvenu !

       Ce qui a tout de suite captivé mon attention c’était le silence religieux qui régnait parmi les spectateurs. On eût dit des élèves épris du talent oratoire d’un maître chevronné narrant une histoire récréative. Effectivement, la comparaison n’est pas volée car j’allais me rendre compte au fil du temps que ces hommes n’étaient pas seulement des « faiseurs de spectacles » et qu’en outre ils avaient aussi l’art et la manière de raconter de merveilleuses et édifiantes aventures. Ce mélange si dosé de la parole « el goul »et de la chanson « el medh » rendit à mes yeux ces chioukh plus nobles et plus relevés !

       La tête emmaillotée dans un turban bien astiqué, le corps drapé à l’intérieur d’une gandoura toute blanche et entre les mains l’inévitable « gasba » engagée dans une bouche rehaussée en sa lèvre supérieure d’une somptueuse paire de moustaches très fournies comme on n’en fait plus, aux extrémités fières et debout, ornant tout le visage, Mansour, l’artiste assis sur un tapis à même la terre exécutait des solos que seule la gasba sait faire ressortir. Il répondait en symbiose à son compagnon qui, tête inclinée et yeux mi-clos, soufflait à pleines joues dans sa flûte d’accompagnement. Tous les deux s’appliquaient à suivre le meddah battant des mains son kallouz au rythme du madih. Ce trio tenait en haleine la foule charmée et acquise !

       Bien au-delà de la naturelle fonction distractive qu’engendre nécessairement une pareille manifestation, il faut y saisir une admirable manière de reconduire une culture ancestrale. La part de l’oralité est de loin celle qui a le plus permis de maintenir en vie le patrimoine légué à travers des siècles par le savoir faire de nos aïeux.

       Qu’on revienne, avec votre permission à cette halka des meddahas ! Une halka renvoie étymologiquement à la représentation de cercle, pratiquement à un espace autour duquel les gens sont placés les uns en face des autres pouvant ainsi s’observer et se parler. C’est un schéma où la communication atteint son paroxysme ! Le spectateur vient de son propre gré, répondant à une offre librement consentie. Le meddah s’installe le plus naturellement du monde sur le terrain vague du souk, dépose son maigre bagage et les gens s’empressent de l’entourer. La contrainte financière est d’emblée écartée. Vous avez donc cette liberté précieuse de vous déplacer d’une halka à une autre, ou de repartir tout simplement.

       Il y a un moment où le meddah interrompt le récital rythmé et entreprend un long « mouel » (complainte sans rythme menée en solo) que j’affectionne particulièrement. Les ondoiements mélodieux de sa voix m’emmènent loin, là où la vie se conjugue tout le temps avec mobilité en quête d’espace constamment renouvelé. Ici, pareille à la voix fuyante et retentissante de ce troubadour des hameaux et des villages, il faut courir après son destin pour exister !

       L’assistance, reconnaissante et satisfaite, gratifie l’artiste de quelques dinars et la représentation reprend de plus belle. L’avantage dans ces rencontres publiques à ciel ouvert, ce n’est pas seulement de se contenter d’écouter mais aussi d’intervenir dans le spectacle. Cette communication directe et verbale transgresse la frontière scène/public. Le meddah est entouré de toute part et se déplace partout où il peut être sollicité. Un contact humain s’installe si naturellement qu’on a du mal à séparer le chantre de l'auditoire. Cette complicité, ces haussements de tête et ces regards approbateurs à chaque citation, à chaque maxime que celui-ci prononce pour illustrer sa quassida prouvent à quel point les gens s’intéressent et participent au fait culturel !

       D’ailleurs, à ce propos une petite anecdote me vient à l’esprit :

       Les curiosités du souk attiraient comme des mouches certains collégiens téméraires qui séchaient les cours du samedi matin ! Avec quelques uns de ses amis de classe, Abderrahmane en fit un jour l’expérience. Nos gais lurons, cartables en mains, appréciaient chaque instant de cette précieuse liberté de bêtes évadées d’une animalerie ! Ils étaient attentifs à la moindre attraction, tout heureux tantôt de prêter l’oreille aux airs bédouins qui se distillaient dans le brouhaha d’une foule de gens affairés, tantôt de vadrouiller au milieu d'étals richement décorés, se faufilant parmi ce dédale de petits commerces dont les propriétaires en blouse grise conviaient tout ce beau monde à la criée, lui proposant des prix alléchants. Nos petits amis se délectaient les yeux à la vue des zarbias (tapis de tissage traditionnel) aux motifs millénaires et didactiques. On ne s’ennuie pas en pareille circonstance surtout quand on voit du haut de ses quinze ans cette magnifique caverne d’Ali Baba s’offrir à vous sans avoir à prononcer le fameux sésame. Etonnante diversité de choses et de bêtes.

       Le souk aux bovins bien connu dans le pays, était l’emblème, l’image de marque de Sougueur ( ex Trezel ) et tous les éleveurs de la région et d’ailleurs viennent ici vendre moutons, bœufs, chevaux ou baudets ! La transaction faite, vendeurs et acheteurs tout heureux de leur journée prennent un thé ou un café, à l’ombre d’une guitoune. Nos « fugueurs en herbe » dont l’emballement immodéré détale, crinière au vent ainsi qu’un étalon indompté, se baladent d’étal en étal et ne voient pas le temps s’écouler. Ce matin-là, nos amis firent la rencontre d’une personne tombée nez à nez avec eux au mauvais moment et au mauvais endroit : Leur propre professeur, coopérant tunisien, les ayant apostrophés, les mena au pas en file indienne comme on fait rentrer dans la bergerie des moutons égarés. Les « évadés » s’attirèrent les foudres des parents venus immédiatement prêter main forte aux professeurs. Il fut même retrouvé une outre* dans les affaires de H.C, un des plus brillants partisans de l’école buissonnière !... 

     On leur administra une correction inoubliable…

       Il nous était formellement interdit de fréquenter les cafés, le cinéma et d’autres endroits susceptibles de porter préjudice à notre scolarité. L’école devait être notre principale préoccupation et tout élève pris en flagrant délit s’attendait dès le lendemain à subir une semaine de remontrances, de sanctions et de garde à vue !

       Mais les privations n’ont pas que des défauts…L’avenir a montré le bien fondé de cette discipline de fer et il faut le dire sans détour : Beaucoup de ces enfants même les moins enthousiastes ont réussi dans leur vie. C’est convenir que tout a un prix !

       Voyons ce qui se dit et se chante dans les halkates. Les quassidates constituent le fleuron de la poésie populaire. Tous les thèmes y sont abordés, du «ghazel » (amour, sentiment envers une personne aimée) au « medh » (apologie) à la satire en passant par l’amour de la patrie, le sens de l’honneur, de la justice, de la bravoure et de l’héroïsme. En fait tous les ingrédients essentiels pour la pérennité d’une nation. Quand le gouel s’enflamme et raconte les épopées du premier siècle de l’Islam et de ses victoires civilisatrices, un seïd Ali symbolisera à lui tout seul dans notre «subconscient collectif » l’esprit de combativité et d’érudition qui lui valurent respect et considération, un Omar ibnou el Khattab si connu et si redouté incarnera quant à lui le sens de la droiture et de l’équité !

     Nos crises existentielles, aujourd’hui s’accentuant, expliqueraient-elles notre syndrome identitaire ?

       Les chioukh s’avèrent à leur manière d’authentiques relais indispensables au prolongement de la chaîne culturelle, un maillon essentiel pour la durabilité des valeurs dans un corps social. Les liens du passé et du présent se rompent et la culture populaire se bazarde, se folklorise, se meurt, déracinée par absence d’entretien et d’inventivité.

       Nous devenons hermétiques et sourds à toute expression véritablement artistique. Que l’on s’ouvre sur les autres cultures, cela est tout à fait enrichissant mais négliger, bafouer sa propre culture, cela relèverait-il, oserons-nous le dire, d’une carence identitaire ? D’une défaillance historique ?

     Outre  nom féminin) peau de bouc en forme de sac pour contenir de l’eau fraîche

  • La journée de l'enseignant

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    À la mémoire de mon ancien maitre d école qui nous a quittés il y a quelques temps 

    Je n'ai pas eu envie de dormir cette nuit-là et je me suis affaissé sur la chaise de mon bureau. Un agenda traine. Je le saisis et le parcours. J'en souris, l'air amusé et évasif : des numéros, des adresses, des bribes de mots, des flèches qui s'entrecroisent, des citations rares de penseurs amères, des vers tourmentés de poètes révoltés...Mais dans cet imbroglio de chiffres et de lettres, une date encadrée en rouge indique la journée d'aujourd’hui hui. Aurais-je manqué un rendez-vous important ? Je creuse dans ma mémoire...Ah çà y est, j'y suis !...subitement j entends les efforts essoufflés d'une voix caverneuse m'interrompre et me tenir à peu près ce propos :
    - Cette date sur ton agenda que tu as ceinturée en rouge, c'est bien celle d'aujourd’hui mon fils ? ( le vieil homme paraissait intrigué et attendait une réponse)
    - Oui, et en plus je viens de m'en souvenir, c'est la journée de l'enseignant ! Vous ne seriez pas au courant ? Voila quelques années qu on a réservé à lui aussi une journée par an.
    - Décidément, ces consécrations deviennent, de nos jours, à la mode ! Et qu'a- t - on préparé en cette circonstance ?
    - Je suppose comme toujours, d'abord un émouvant discours, ensuite quelques médailles à pendre au cou, assorties de quelques modestes cadeaux en guise de souvenirs, aux plus anciens donneurs d'alphabet, pour avoir à cet effet sacrifié l'essentiel de leur vie...
    - Quant à ce qui reste de leurs vieux jours - renchérit mon interlocuteur - ce n'est plus l'affaire des hommes, hein ! c'est celle du bon Dieu qui saura reconnaitre les siens !
    - Et enfin ( ou bien ouf..) le moment de la bouffe, le plus important, le plus attendu : limonade, café, thé, gateaux pour terminer cette glorieuse et édifiante journée...( et me coupant une fois encore la parole, il anticipa, martelant ses questions ! )
    - Et en fin de collation, le cœur gros, les yeux humides et tristement, on chantera surement * Ce n'est qu'un au revoir *, puis les gens se disperseront, la conscience toute sereine d'avoir marqué l’évènement de l'année, en attendant d'autres play back réchauffés ! C'est bien ça, non ?
    - En effet, c'en a tout l'air.
    - Et c'est ça la fête de l'enseignant ? Discourir, applaudir, verser une larme, rentrer chez soi et revenir bien plus tard, avec un peu de chance, dans 364 jours au même endroit, dans les mêmes circonstances, assister à la cérémonie des inévitables et sempiternelles médailles à suspendre au cou d'hypothétiques cibles essoufflées, à l'Automne de leurs parcours ! Vous dites que c'est sa journée, n'est ce pas ? Qu'il ait donc l'opportunité de s'exprimer, de vous parler ! Et bien écoutez-le de bonne foi, pour une fois !
    ( Du regard et le ton solennel, il me signifia d'en faire autant)
    Alors tout soupir, tout remords,il vous parlera d'abord d'une époque révolue que les moins de 40 ans n'ont pas vécue, de cette soif d'apprendre quel que fut l'âge, de cette jeunesse fiévreuse de lire, d'écrire, de s'instruire pour comprendre tout ce qui éveille ses sens et sa profonde curiosité ! pour faire toujours reculer un peu plus les ténèbres de l'ignorance. Pour ne pas dépendre d'autrui une autre fois encore.Il vous chuchotera à l'oreille, avec modération et non sans gêne tout le bien qu'on disait de lui, toute l'aura dont il bénéficiait, et toute la considération qu'on avait pour lui : c'était un homme important, le maitre du village, un notable auprès duquel on sollicitait conseil et recommandation ! Il vous révèlera, le sourire aux lèvres, agrémenté d'un soupçon de fierté, qu'il ne touchait certes pas le salaire d'un pacha, mais en l'occurrence, correctement suffisant pour vivre honorablement, loin de la promiscuité, et tellement près des gens,tellement sollicité du petit peuple, si exhorté, si admiré, si craint qu'il devenait un modèle, voire un idéal que toute famille caressait, en secret. Qui ne se souvient de cette période où les parents rêvaient de voir un jour leurs enfants enseigner ? Ils surprenaient dans leurs prunelles scintillantes, cette opiniâtreté d'aller de l'avant qui a permis au soleil du savoir de percer, un jour, les infinies nuits d'obscurantisme et d'ignorance, fléchissant le spectre de l'analphabétisme.
    Plus qu'un métier, plus qu'une profession, enseigner était alors une vocation, un art. Il fallait avoir du talent, de la passion et de la patience.
    ( Le vieillard soupira un long moment, laissant luire dans sa course une perle de larme qu'il n arrivait plus à retenir, échouant vite sur sa joue creuse infestée de rides pour se noyer aussitôt dans les poils échevelés d'une barbe de neige. Il reprit de nouveau son allocution mais avec un bémol dans le ton d'une voix devenue plus amère et de plus en plus essoufflée...)
    ......et 40 ans plus tard, ce même enseignant est toujours là ou presque. Il faut faire des efforts, des prospections pour le trouver, car on a cultivé avec le temps, ce pli de l'égarer. Effacé, en retrait, en retraite, retiré en ermite, ne parlant plus, il s'est complètement tu. Qui vous parlerait à sa place et mieux que lui de l'enseignant tel qu'il est aujourd’hui  ? Seulement a t il l'envie et surtout la force et le droit de crier sous tous les toits de nos écoles, l'impasse dans laquelle s'est échouée cette profession de foi ? Que dire sinon que le statut du maitre est tombé bien bas. De la cime à l'abime ! Il est devenu un homme quelconque, voire banal. Même si la tête est toujours restée en éveil de par sa fonction, ses poches fréquemment vides, et la perturbant, font pied de nez à cette tache de réflexion ( ce qui confirme que la relation tête-poche rappelle lamentablement le principe des vases communicants )
    Réduit au seuil physiologique, il lutte pour la survie, hanté par quarante cinq élèves en classe qui harcèlent ses songes, n'a pas le temps de s intéresser à ses propres enfants et, toujours indisponible, oublie de les voir grandir, additionne les tares et les trous de mémoire, multiplie les dettes et les emprunts, se soustrait de ses rares moments de repos de guerrier à se diviser en quatre pour pourvoir aux besoins grandissants de son foyer.Cet enseignant-là est devenu l'exemple à éviter, le principal fil conducteur de la médiocrité. Partout, accusé de tous les maux, il est traité par tous les mots. Accablé et essoufflé, a-t-il à peine le temps de se donner le temps de panser ses vilaines plaies, jamais fermées et de penser à son destin, miné d'années en années d'ingratitude et de blessures ? L'enseignant saigné à blanc en voit de toutes les couleurs. Aura- t il la résistance suffisante d'honorer son contrat et de mener à destination, saines et sauves, des générations juvéniles entières fantasmant, les mirettes exilées sur un autre ailleurs ? Qui doit-on blâmer ? lui ! et personne d'autre ?
    L'enseignant accepte fort mal ce cliché diffamant de bouc émissaire menant à la déroute d'angéliques brebis égarées. Et si cette corporation se laisse bercer par le sclérosé et le stéréotypé - foncièrement mauvais pour des gens dont le métier est de réfléchir pour faire réfléchir - c'est parce que cette mission-là est tellement immense, tellement intense pour le seul enseignant, qu'il faudrait irrémédiablement l'implication de tous les autres acteurs. Ceux-là s'en sont un peu lavés les mains, ne comptant que sur la sainte baraka de l'école. Une seule main ne saurait applaudir. De contenu universellement libérateur et civilisationnel, l'école ( la nôtre), impuissante par manque d'imagination et d'initiative, se trouve restreinte à un pesant et stressant contenant ! Conçue pour instruire nos enfants, elle se voit confier une autre priorité...les retenir !
    Combien ce gardiennage va-t-il durer ? Que sera la destinée de l'enseignement dans les 40 années à venir ? Et y aura-t- il encore des enseignants si miséreux ?
    ...Et quant à cette journée ?
    J'ai rouvert les yeux sur l'agenda que ma main a du relâcher, éventré et étendu sur ma poitrine à la même page avec ses adresses, ses mots, la date en rouge et tout le reste...et j ai perdu mon sourire.
    Le plus difficile dans la vie d'un enseignant, c'est la fin du parcours. Comme tant d autres, mon maitre d'école était emporté par sa passion et son désir d'apprendre aux petits algériens que le temps était au combat, à la lutte acharnée contre l'ignorance et l'injustice, pour les idées de progrès et de savoir. C'est ce qu'il a fait et il l'a bien fait.


    Paix à son âme ! Allah yarhmou !

  • PHILOSOPHER EN COURANT

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    PHILOSOPHER EN COURANT

    Serge Girard - L'ultra-marathonien

    Edition Fayard

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  • LE SAVIEZ-VOUS ? (01)

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    « Le saviez-vous » traitera des sujets variés relatifs à la vie de l'homme, à la flore, la faune, l'environnement...

     

    01/ -Eléphants tués pour leur ivoire dans le monde : 14819 depuis le 01/01/2017 à ce jour soit 100 éléphants par jour.25000 à 30000 par an selon l'IFAW.

    02/ -Orang-outang victimes de l'exploitation de l'huile de palme depuis le 01/012017 à ce jour : 2123 .En 2015 ,5000 ont été victimes, soit un animal mort toutes les 2 heures. A ce rythme, selon les ONG ils auront disparu en 2020.

    03/ -Rhinocéros tués par les braconniers : 568 depuis le 01/01/2017 à ce jour soit 04 rhinocéros tués par jour pour leur corne.

    04/ -Nombre de cétacés tués depuis le 01/01/2017 à ce jour : 127003. Le Japon et la Norvège refusent d'appliquer les lois internationales concernant les grands mammifères marins. Le Japon tue annuellement plus de 20000 cétacés (baleines, orques, dauphins, marsouins...).

    05/ -Nombre de tortues de mer tuées par l'industrie de la pêche aux U S A depuis le 01/01/2017 à ce jour : 1947.Plus de 4600 tortues tuées par an au large des côtes américaines.

    06/ -Chaque année 8000 tonnes d'ailerons de requins sont prélevés soit 8 millions de kg d'ailerons par an soit 1kg toutes les 04 secondes.

    07/ -En France toutes les 02 heures on abandonne plus de 11 animaux domestiques soit environ 100000 abandons par an dont 60000 l’été. La S P A en recueille une partie (40000) dans 63 refuges à travers la France.

  • « HEYZIA » Anthologie d’une épopée d’amour.

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    Il est fort intéressant de jeter un profond regard sur une partie de notre patrimoine culturel dont une bonne partie se dissipe déjà à travers le temps ; ne serait-ce pour enseigner, pour transmettre à nos générations futures ce que nous avons vécu ou ce que nos parents, grands parents nous ont laissé.
    Tout le monde a Sans doute déjà entendu parlé de « HEYZIA » et du poète populaire « BEN-GUITON » qui a drainé beaucoup de chanteurs à associer leurs voix à de multiples instruments pour en sortir de ce cadre écrit une ode qui restera éternelle et qui refera vivre « HEYZIA » à jamais. Le plus intéressant dans tout ça c’est le contenu du poème qui reste inachevé jusqu’à nos jours, car certaines études citent que beaucoup de vers ou même peut être des strophes entières ont disparu; ce poème légendaire est une épopée composée par un poète nommé « BEN-GUITOUN » -Ibn guiton Seghir- donc auteur de ces fragments poétiques amoureux et qui, sollicité par « saayed  " سعيّد » le mari de la défunte « HEYZIA », a perpétué l’ampleur de ce drame pour lui, et n’a aucun moment hésité à donner de sa plus belle plume ce qui se chante sur les bouts des langues de nous jours.

    • Consolez-moi mes amis : j'ai perdu la reine des belles ;
    • Elle repose sous les pierres du tombeau.
    • Un feu ardent me dévore ;
    • Ô frère je suis malade, mon cœur s’en est allé
    • Avec la svelte Heyzia.

    Parlant de Heyzia la fille d’Ahmed BEN-EL-BEY dans la réalité, BENGUITOUN l’a décrit à travers ce deuil. Elle est née probablement en 1855 et, dans le poème, elle avait 23 ans, soit en 1878 de l’ère chrétienne. Elle s’est éteinte en mille deux-cent ; ajoutez à cela quatre-vingt-dix, puis cinq. 1295 de l’hégire soit 1878 de l’ère chrétienne.
    Revenons aux causes de sa mort. Plusieurs versions ont été citées, mais aucune ne semble plausible, surtout celle qui rapporte qu’elle a été tuée par erreur par son mari au retour de la chasse ; en la voyant habillée d’un burnous debout un fusil à la main ; Saayed l’a prenant pour un intrus a tiré, sans hésiter, sur sa propre femme la tuant ainsi. Le poème décrit une généralité du drame mais ne le détaille point.

    • Le vent a soufflé sur elle et l’a arrachée,
    • Je ne pensais qu’elle tombe ; alors qu’elle était bien portante,
    • Campés à oued tell ; la reine des jouvencelles m’a dit adieu, mon ami
    • En cette nuit elle est partie à jamais, les yeux noirs, elle a quitté ce monde.

    Elle est peut-être morte d’un malaise, nul donc ne peut avancer quelconque version sur son décès qui reste une énigme car le texte ne révèle rien de cela sauf ce malaise entre deux haltes.
    le poète BEN-GUITOUN a aussi chanté réellement avec une langue pure, une langue de tous les jours, la beauté de cette femme, ce vécu, cet amour fou qu’avait porté un jeune homme pour une jeune demoiselle qui valait à ses yeux tout ce qu’il y avait de précieux en ce monde.

    • Ô fossoyeur ménage la gazelle du désert,
    • Ne fait guère tomber de grains de sable sur Heyzia.
    • Je jure sur le saint coran que je ne ferais tomber point grains
    • Sur la reine éblouissante.
    • Si cela fût dans l’adversité je combattrais trois escadrons.

    Le texte original comporte certains mots encore vague de signification ; d’ailleurs des études sont en cours afin d’ôter certaines zones d’ombres.
    Revenons à SAAyed. Il fût donc le malheureux amoureux qui n’a jamais vu son amour allait jusqu’au bout de ses rêves. On dispose de peu d’informations sur lui, mais en revanche, on a beaucoup parlé du poète Mohamed ibn (ou: ben) Seghir ibn (ou: ben) Guitoun de la tribu des Ouled Sidi Bouzid, né probablement en 1843 à Sidi Khaled, une oasis connue pour ses poètes, à une centaine de kilomètres environ au sud-ouest de Biskra.
    On aussi beaucoup Parlé de HEYZIA, le nom d’une jeune femme issue de la famille dominante des Bouakkaz de la puissante tribu des Dhouaouda (descendants, selon certains dires, des tribus des Beni Hilal venant d’Arabie au Maghreb vers le XIe siècle ap. J. C. venant d’Arabie). Cette tribut occupait des riches plaines de Sétif au Nord jusqu’à l’oasis de Ouled Djellal au Sud, et bien plus loin encore si l’on jugeait par l’influence de son Cheikh el Arab (titre donné à son chef qui signifie littéralement : Chef des Arabes) à l’époque. Heyzia, fille d’Ahmed ben el Bey, était amoureuse de son cousin Saayed, orphelin recueilli dès sa tendre enfance par son oncle, puissant notable de la tribu et père de Heyzia.
    La fin du poème est bien plus émouvante .

    • Ô bon Dieu console ce dépossédé ; je pleure comme un étranger
    • Et je fais pitié même à mes ennemis,
    • Je ne mange point ; car la nourriture n’a de goût pour moi et je ne dors car mes paupières refusent de se fermer.
    • Entre sa mort et mes paroles il n’y a que trois jours,
    • Elle m’a dit au revoir et puis elle n’est plus revenue
    • Mon cœur est parti avec, svelte Heyzia
    • (Avec celle qui est partie pour toujours). 

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  • Un beau voyage

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     Il m'est éternellement impossible de penser au mont du Guergour, de décrire son site si surprenant par sa féerique harmonie, de côtoyer sa chaleureuse et conviviale population sans un sentiment intense de bonheur.

    Le bonheur d'appartenir à cette terre si attachante et qui recèle en elle tant d'histoires ancestrales, d'évènements glorieux et de traditions fidèles. Dans les regards des femmes et des hommes, dans leur façon de raconter leur paisible vie, leurs espoirs, se dissimule une contagieuse fierté. Pour nous qui prenons rendez-vous chaque été avec ce *beau pays*, tout reste à découvrir. Sur la longue route qui nous y conduit, le paysage se transforme au fur et à mesure, découvrant une magnifique région, aride et rocailleuse par ses monts, verte et fleurie dans ses vallées. L'impression d'un long serpentin qui se déroule et nous entraine vers les sommets sans cesse élevés, est étourdissante. En arrivant enfin, le regard reste subjugué par le plus parfait équilibre de ce décor naturel, tel un dessin inspiré d'un livre de contes. Les montagnes éternelles ont la forme et la beauté impressionnante des volcans, recouvertes ou ceinturées d'arbres qui les embellissent, elles dominent et protègent le village.
    Les multiples chemins de traverse facilitent leur escalade et conduisent vers les maisons difficile d'accès par la route. Ils font aussi la joie des gamins qui les grimpent à tour de jambes, rivalisant de vitesse.

    En aval, on découvre l'Oued au long cours qui traverse le village. Offrant certainement son plus grand charme à ce beau village, il provoque la curiosité des touristes. La source qui ne tarit pas, la verdure, les algues, les nénuphars, les multiples et jolis arbres l'ornent et le parent comme s'il devait prouver qu'il est le plus beau. A l'abri des regards coquins, de souriantes jeunes filles s'y déploient. Régulièrement, la lessive est le prétexte à des rencontres et de gais bavardages prévus pour durer jusqu'au moment où le linge est sec et bien plié. Patiemment installés le long des berges de l'Oued, les pêcheurs à la ligne y passent des journées agréables et quand bien même ils rentreraient bredouilles, la promenade restera mémorable.
    Pour ne rien gâcher de ce beau tableau, le pont qui le surplombe apporte une dernière et jolie touche et quand on le traverse, le vertige nous envahit tant il parait flotter sur les eaux.

    C'est à contre coeur que nous arrêtons notre récit, en promettant d'y revenir, avec notre attention pour d'autres voyages.

  • SAGESSE D'ORIENT : Inspirée de la PIERRE

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    Un jeune homme, cherchant comment et pourquoi les hommes sont-ils classés dans des rangs différents dans cette immense société où s’établit une échelle de valeurs qui distribue des grades à tout un chacun;en fonction et en considération de quel mérite ?
    Le père ne répondit pas sitôt ,le lendemain il demanda à son fils de mettre dans une brouette un amas de pierres se trouvant à proximité de sa demeure et d’aller les vendre le jour de marché, insistant auprès de lui pour ne pas fixer le prix verbalement ,mais de lever deux doigts, indiquant la somme à payer.
    Le jour du marché, le jeune homme s’y dirigea et installa sa brouette attendant un quelconque client, une dame ,intéressée par ces pierres pour le décor de son jardin s’approcha et demanda le prix, le jeune homme lèva ses deux doigts ;la cliente lui tendit 2.000 DA. Il repartit chez lui remettant la somme d’argent à son père mais attendant toujours la réponse à sa pertinente question que le père tarda à donner.

    Pour le prochain jour de marché le père demande à son fils de vendre un autre tas de pierres, lesquelles sont différentes des premières, tout en levant, comme d'habitude, deux doigts pour fixer le prix . Une fois au marché, un client s’approcha et demanda le prix, le jeune homme ,comme à la fois précédente lèva ses deux doigts ;le client lui tendit 20.000 DA contre ces pierres présentant une valeur et un intérêt ,archéologiques (10 fois plus). Avec un grand étonnement ,le jeune rentra chez lui, remit la somme d’argent à son père et chercha à comprendre le secret de cette énigme ;le père toujours taciturne ne répondit pas, promet à son fils de lui élucider cette situation au terme de la troisième et dernière vente.
    L’enfant, se trouvant au marché pour la troisième fois ,comme à l’accoutumé avec sa brouette de pierres d’une autre configuration géologique;attendit un preneur. Quelqu’un s’approcha, scruta avec insistance ces pierres et demanda le prix, l’enfant leva ses deux doigts, l’homme temporisa pour compter son argent et lui tendit la coquette somme de 200.000 DA contre ces pierres renfermant de l’or (100 fois plus que la première vente). Son étonnement grandit davantage, l’enfant rentra chez lui, remit l’argent à son père, impatient de lui élucider cette embarrassante énigme.

    Le père expliqua à son fils le mystère qui l’a hanté, que les hommes sont semblables à ces pierres et que chacun appartient à une certaine « configuration »; nous sommes tous porteurs d'un caractère, d'une personnalité, d'une foi, d'une vertu, d'une idéologie et de tant d’autres valeurs ou défauts qui font que sur la balance nous ne pouvons être identiques. Chaque profil s'identifie en fonction de quoi il a nourrit sa personnalité intrinsèque.

  • L’Algérie se disloque et s’étiole à vue d’œil...

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    L’Algérie se disloque et s’étiole à vue d’œil par un sérail de nababs et d’absentéistes au seul souci d’amasser des fortunes leur assurant la magnificence à l’étranger .Nous sommes comme des poissons dans un lac qui se dessèche de son eau par des braconniers qui dévient ,mal à propos ,son cours .Oui l’Algérie se meurt entre les mains de ceux qui la froissent et l’infestent de tous les maux, ces " cholériques " qui barbouillent notre ciel et notre air de leur Choléra .Où sont ces charismatiques dignitaires qui nous ont promis monts et merveilles ,nous assurant qu’avec notre légendaire cagnotte de 1000 milliards de dollars nous serons, à jamais, à l’abri de tout besoin et que le paradis est à portée de nos mains ;à pouvoir le caresser ?

    C’est honteux ! les mirages que vous avez semés vous feront voir des spectres qui n’engloutiront que vous-mêmes .Une Algérie entre les griffes du choléra relève de la fiction ; se trouvant en proie aussi à la pauvreté frisant la précarité où des millions d’Algériens tendent la main en quête du couffin de Ramadan, au chômage incitateur au mouvement « harraga »,à la corruption ,à l’inégalité des chances (service national ,études ,logements etc…).Devant cette apocalyptique chute libre ,on se demande que reste t-il de positif dans ce système défaillant ?

    On dit que les océans et les mers ,malgré leur immensité, ne peuvent contenir les charognes et leurs impuretés ;elles sont alors jetées dans les rivages de tout bord .Le cœur de l’Algérie, si petit pourtant, est vaste, généreux ,tolérant ;il accepte avec amour et stoïcisme tous ceux que mère patrie a vus naitre ,grandir et nourris d’une sève plus suave que le nectar des calices ;mais viendra le jour où elle châtiera les fils ingrats.

  • LE PIANISTE DE YARMOUK

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    LE PIANISTE DE YARMOUK

    Aeham Ahmad

    Editions : "La découverte"

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  • Émouvante histoire d'amour

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    Je vous raconte une histoire d’amour bouleversante et émouvante, un amour d’une pureté et d’une blancheur cristallines ; au point de le cataloguer d’inouï, d’insolite relevant de la fiction.

    Un ami m’appelle au téléphone voyant en moi la personne qui atténue sa détresse, en qui il peut déverser son trop plein d’amertume et de marasme et capable d’éteindre les flammes qui exacerbent son malheur. Avec une grande douleur il m’annonce la mort de sa femme, « la perle du Sahara » me dit il, une femme noire au cœur blanc pouvant éclairer tout un monde enseveli dans les ténèbres. Nous connaissons tous ces histoires parlant de Juliette, Cendrillon, Hizia de chez nous et tant d’autres princesses et fées habitant les plus somptueuses citadelles où l’amour règne en roi, si haut, à le loger au firmament.

    Pour mon ami Bachir, Tombessa perle du Sahara dépasse Juliette, Cendrillon et toutes les autres et sa perte cruelle fait de lui l’homme le plus malheureux qui porte une blessure que nul remède ne pourra panser. Il ne se lasse jamais de faire les 1600 kms pour aller se recueillir auprès de sa tombe pour lui parler longuement, comme si elle est vivante et l’écoutait. Il me dit que ce trajet le détache du réel et le met en trans et comme emporté par une ubiquité envoutante, il traverse le désert sans fatigue et sans ressentir la chaleur ;le trajet, paraissant long, n’est pour lui que quelques kilomètres qui se succèdent, qu’il grignote comme on se donne du plaisir à croquer des arachides ; mais dur sera le retour, l’aurevoir au regard envieux d’avoir laissé derrière un si précieux joyau dans un écrin, sous terre. Arrivé au panthéon de sa reine, il s’oublie, il oublie le monde et il oublie presque qu’elle est morte au point de la voir ressuscitée et c’est pour cela qu’il lui parle. Sa profonde émotion laisse défiler des témoignages louant les qualités et le mérite d’une femme regorgeant de bonté, de tendresse et de profonde compréhension de la vie, avec tous ses coins et ses recoins. Étant sa 2° femme et sentant sa mort prochaine, suite à sa maladie, elle n’arrêtait pas d’insister, me dit- il, sur le bon traitement, l’éducation, l’orientation etc… de ses enfants, issus de la 1° femme.

    Le long trajet de mon ami Bachir et son dialogue avec la défunte n’est qu’une sensation de rétablir le maillon qui fait défaut, de renouer avec le passé proche et faire en sorte que le lien n’est pas interrompu, feignant que le trait d’union est toujours là, qu’il ne sera jamais gommé. Il me rappelle avec une déconcertante similitude un vieil homme aux cheveux blancs de Gouraya devenu un grand ami par la relation professionnelle et les nombreux conseils qu’il me prodiguait ; me voyant jeune et candide, comme il me rappelle cet acteur qui a incarné le rôle du « vieil homme et la mer » de Hemingway. Oui, il est étonnant que ces hommes parlent seuls; peut être parce qu’ils ont tous des cheveux blancs et que ces cheveux blancs recèlent des langages secrets.

    Mes deux amis parlent à leurs fidèles épouses, dans leurs tombes, qui les ont si longtemps accompagnés dans ces sinueux chemins de la vie et l’autre parle à un requin qui lui fait mener la vie dure. Mon ami Bachir m’a demandé de publier cette émouvante histoire pour que tous mes amies (is) prient Dieu pour elle, pour que ces supplications et ces vœux pieux-agrées par Allah lui procurent une place en son vaste paradis ...AMINE.