Articles de algermiliana
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De l’art graphique d’une culture prolifique
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Slemnia Bendaoud
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Pour une surprise, c’en est une ! Et de taille celle-là ! Au hasard d’une promenade improvisée, je rencontrai l’auteur Mustapha Lotfi El Manfalouti, des décennies après sa mort. C’est en enjambant la Seine algéroise (l’Oued El Harrach, en l’occurrence), empruntant le pont piétonnier que son regard trop caricatural fixa le mien.
Surpris de trouver l’ouvrage en ce piteux état qui lui servait de tribune chez un misérable bouquiniste d’occasion, je réussis non moins habilement à subtiliser le «livre d’or» à son bourreau du jour, lequel ne connaissait que très vaguement la renommée de l’auteur ainsi que la valeur ô combien précieuse du titre considéré. Lui payant, en échange, cette modique dime en dinars symboliques afin de libérer le «prévenu». Il ne s’agissait pourtant guère de l’aîné des trois chefs-d’œuvre d’El «Ennadharat». Ce fut tout juste le cadet, connu à travers ce tome II, écrit en langue arabe, bien évidemment. Tout allègrement, je prenais donc, flegmatique, possession de ce «trésor littéraire» trainant par terre au milieu de cette boue qui surplombe et accompagne l’odeur puante et nauséabonde du fleuve qui lui tenait de cadre de jardin de présentation.
D’un geste machinal, je payais la caution -misérable rançon- pour obtenir libération de l’œuvre de renom, en tendant une seule pièce de monnaie à ce garde-chiourme calfeutré dans son manteau et ignorance.
L’acte se réalisa donc au rabais de son prix public ou légal. D’ailleurs, les quelques pages feuilletées à la sauvette sous le regard vigilant du bouquiniste-kidnappeur ont suffi à me décider à acheter le livre proposé à la vente et exposé à même le sol, me demandant comment un tel numéro, unique en son genre, eut pu échapper au regard pourtant fouineur de ces «chasseurs de primes littéraires», peu nombreux certes à s’y aventurer à cette heure précise ? Nombreux étaient au contraire les passants, pressés de prendre le bus ou le train, en attendant les premiers essais du métro, mais étant en majorité des étudiants traversant en coup de vent le pont reliant l’université à leur demeure parentale. L’ouvrage était un vieux bouquin aux feuilles bien jaunies par l’effet du temps et tant de misère endurée ou subie dans la chair.
Celles-ci sentaient l’humidité du papier mêlée à l’odeur du renfermé, avec en surface une bonne couche de poussière crasseuse pour tout caricaturer de l’état déliquescent de véritable relique dans lequel il se trouvait. Il symbolisait, en fait, ce savoir abandonné par ces commerçants courant derrière le lucre de la vie et ce dinar à gagner dessus ! Edité par la maison de la culture de Beyrouth (Liban), probablement bien avant la première moitié du siècle dernier, celui-ci ouvre, sans la moindre introduction, sur un texte titré de «El Bayan» (avis, communiqué…) évoquant le traitement du courrier provenant des citoyens par un ministre de la République que commente superbement l’auteur dans un arabe classique bien caustique.
Le vocabulaire qui y est employé procède de cette manière osée et très subtile de faire dans le style de l’opposition et de la transposition des expressions et qualificatifs de sens contradictoires, donnant toute sa dimension à cette belle métaphore, réalisée avec beaucoup d’aisance et d’à propos. Une approche bien singulière, sans laquelle le style de l’auteur aurait préché par manque de beauté, ne faisant par conséquent que rétrécir son champ de l’imagination et occultant le reflet de ces images magiques volées à cette fiction de haut vol. Riche de quelques quarante-six titres ou thèmes, l’ouvrage en question traite de sujets différents, mais assez cohérents et très puissants, poussant l’auteur à puiser ses mots symboliques et ses expressions magnifiques et mélodieuses dans ce volumineux répertoire et grand vivier de la langue arabe à la musicalité «chantonnante» et vraiment attachante, rythmée à cette forte tonalité et grande fonctionnalité qui en fait d’elle une langue très prisée et ses textes de qualité hautement confirmée.
L’acte d’achat contracté, le sourire aux lèvres, je refermais l’ouvrage brièvement ausculté. Assuré d’avoir réalisé une bonne affaire, je le rangeai dans ma sacoche et repartis tout de go flairer une quelconque opportunité le long du pont avant de me retrouver chez moi en fin d’après-midi, rouvrant de nouveau mon «trésor» acquis au dixième de son prix et au dinar symbolique de sa valeur nominale, vénale et culturelle. Je feuilletai, ivre de joie, de nouveau ses pages, folio après folio, voyageant de surprise en surprise, au cœur de ses formidables secrets et au sein de cet univers où la magie des mots prend, grâce à ses expressions justes et honnêtes, le dessus sur cette monotone vie qui nous est servie et tout le temps livrée sous toutes ses différentes facettes et nombreux aspects.
De prime abord, plusieurs chroniques et autres textes de référence mondiale contenus dans l’ouvrage m’intéressèrent. Et à mesure que j’avalai la première, je dévalai aussitôt cette pente qui me mena tout droit au second écrit. Je le fis sans halte, sans la moindre pause ou récréation, très conscient d’y avoir trouvé ce filon littéraire qui allait me faire découvrir à nouveau ces textes très prisés dont leur connaissance et familiarité remontaient à l’époque de mon enfance ou tendre adolescence. Je me régalai, me rassasiant de ces belles paroles couchées noir sur blanc sur de vieux papier, tenant difficilement le coup, défiant le temps, pour rester éternelles, immortelles…
Depuis, c’est du contenu bien précieux et très riche de ma «boîte à merveilles» que je cueille chaque matin mes belles et parfumées fleurs avant même que je n’aille retrouver mon travail. L’embaume de leur parfum du terroir et assez rare, me procure ce bonheur du jour et bien coutumier, sans cesse renouvelé. Je me plaisais à parfois sans relâche ressasser certaines d’entre elles, succulentes à souhait et instructives à l’évidence. De nombreuses réflexions y sont consignées et dont leur analyse reste d’actualité, leur finalité de bonne raison et la charpente du texte ayant servi à leur expression tout aussi puissante et bien convaincante.
Cependant, l’ouvrage s’illustre par cette singularité à aborder ces thèmes «inédits», traités à leur époque par cet érudit de l’art cursif d’expression arabophone dont le style se confond à merveille et en profondeur avec celui de cheikh El Bachir El Ibrahimi et s’apparente par endroits et à bien des égards à celui de l’autre référence et imminence grise littéraire ayant pour adresse cursive Taha Hussein. Mais, à mon humble avis, l’œuvre de Mustapha Lotfi El Manfalouti se situe bel et bien un cran au-dessus de celle de ses semblables et plumes comparables. A travers ses œuvres, il nous rappelle à la fois ce français de Guy De Maupassant et cet Algérien de Bachir El Ibrahimi, cet écrivain arabe dont les styles sont «jumeaux».
L’étendue de son espace culturel lui confère cette haute capacité de juger de «ces autres compétences» en investissant haut la main cet «espace intime» propre aux autres langues et «espèces littéraires» ; et il n’est point étonnant de découvrir chez cet auteur des thèmes abordant d’autres cultures révélant au passage des grands portraits de ces magnifiques plumes et autres érudits de la littérature universelle. A ce propos, l’ouvrage en question nous en refile quelques noms pelotonnés sous ces titres de «l’oraison funèbre de Voltaire» (taabin Voltaire), «A Tolstoi» (Ila Tolstoi) à côté de «Quatrins de Omar El Khayyam» (Robaiyyat El Khayyam). Bien que touchant à divers domaines, l’ouvrage se focalise essentiellement autour de la culture et de la littérature.
Des sujets comme «Traîtrise des titres» (Khidaa El Anaouin), «Voyage dans un livre» (Siyaha Fi Kitab), «Des larmes pour la littérature» (Damaa aala El Adab) sont très intéressants à connaître de leur précieux contenu, beauté littéraire et haute portée culturelle. En fait, ses regards sont des «regards croisés» sur cette culture universelle qu’emprunte ses textes littéraires qui font à chaque fois référence à ces génies de la plume dont Victor Hugo et l’oraison funèbre fracassante qu’il avait prononcée à l’occasion du décès de Voltaire, traduite vers l’arabe pour la circonstance près d’un siècle après la mort du défunt héros de la littérature française et principal animateur du siècle des Lumières. Hugo est donc plusieurs fois cité dans ses œuvres et écrits, lui louant, au passage, son langage juste, sa réflexion féconde, ses mots fouillés, ses phrases ciselées, ses vers bien mûrs et ses textes succulents à souhait. El Manfalouti n’est-il pas, en définitive, cette exception qui justifie la règle ? Celle de l’universalité de la littérature…!
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Mon meilleur cadeau
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Slemnia Bendaoud
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Nous sommes le 31 mars 2014, à quelques heures seulement d’un tout autre 1er avril, celui de l’année en cours, bien évidemment. Mon portable se trémousse un instant, puis retentit, bruyant, sans discontinuité, distillant son refrain de musique coutumier. Le temps de me préparer à aller prendre l’appel, puisque me trouvant encore occupé un peu plus loin dans l’autre pièce de l’appartement, que celui-ci se tait à nouveau, avant de reprendre encore de plus belle.
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La vache suisse et le pétrole arabe
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Slemnia Bendaoud
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La vache est pour la Suisse ce que le brut est pour tous les Arabes. A chacun d'eux sa propre richesse. D'où découle d'ailleurs l'essentiel de son économie. A chacun donc son métier et les vaches seront certainement bien gardées, dit la sagesse.
Pour l'instant, leurs maitres incontestables ce sont donc les Suisses. Puisque les arabes, eux, s'intéressent toujours et sans vergogne au pétrole. Les vaches Suisses ont depuis longtemps envahi les guichets de l'état civil helvétique. Leur recensement les évalue à présent au nombre de six cents mille bêtes. Toutes domestiques ! Toutes minutieusement identifiées. Et toutes détentrices d'un passeport national et d'un autre, le cas échéant, de type international, commun à toutes les bêtes du monde, en cas de voyage au-delà des frontières de ce petit, beau et tranquille pays.
Ce que pourtant l'on refuse manifestement à certains êtres humains des pays arabes (le cas typique de cette minorité du Koweït, en l'occurrence !) est donc devenu un droit indéniable ou absolu accordé à ces bien heureuses vaches Suisses.
Ces bêtes-là sans distinction de race ou d'espèce bovine- voyagent toutes, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de ce tout petit pays helvétique, munies de documents identitaires très officiels : le titre de voyage local pour l'une ou le passeport international pour l'autre.
Dans ce pays de la technique de précision, tout est donc bel et bien réglé à l'avance comme les aiguilles d'une montre qui marque l'impact indélébile du temps qui s'écoule ou celui qui manifestement nous écule.
Les vaches Suisses, sans être confondues dans le rôle de ces bêtes à la stature très religieuses de l'Inde, jouissent toutes et sans exception de ce haut standing et statut très relevé, tout ou très proche de celui purement humain.
A l'image du pétrole Arabe, elle est donc exportable. Seulement l'économie de ce petit pays au haut et très grand relief en dépend dans une très large mesure. Raison pour laquelle on n'en exporte pratiquement que l'excédent de son cheptel ou de son produit laitier et autre dérivé fromager. Sur les crêtes et autres nichés valons de ces hautes Alpes, le citoyen Suisse tient encore et toujours à sa vache, tout comme d'ailleurs cet Arabe qui s'accroche mordicus ou pour de bon à son baril de pétrole. Le premier cherche à vivre comme toujours des généreuses mamelles de son animal domestique pendant que le second pompe toujours ce précieux liquide de sa considérable énergie fossile.
Cependant, ce paysan des Alpages se dépense comme un nègre pour entretenir son animal et bovin laitier à l'inverse de ce bédouin Arabe qui pille et extirpe à longueur de temps ces indéniables richesses souterraines non renouvelables de son pays, afin de réchauffer avec cet occident qui grelotte de froid pendant la saison hivernale, moyennant ce gros pognon que draine cette grande énergie.
A l'animal domestique très généreux du premier correspond donc, de l'autre côté, ce très riche désert Arabe. Et pendant que celui-ci donne à manger à sa bête domestique, celui-là aspire et tire tout le temps et sans la moindre réserve sur les mamelles de cette très féconde terre Arabe, sans avoir à lui apporter la moindre contrepartie en matière d'effort physique, hormis celui de l'en déchoir de ses richesses fossiles.
C'est donc là où réside toute la grande différence au plan de la philosophie de la vie entre ces deux mondes, jugés bien distincts ou très éloignés l'un de l'autre.
Sans leur pétrole, tous les pays Arabes seraient, sans nul doute, déjà des nations très pauvres ou des pays mort-nés.
Nantie seulement de quelques villes de moyenne dimension comme Genève, Zurich, Bâle et quelques alpages en haute montagne, la toute minuscule Suisse arrive tout de même à bien se placer et durablement s'installer devant de bien immenses pays-continents comme l'Algérie, tenant surtout la dragée haute à de très grandes puissances économiques mondiales.
Et si ce petit pays helvétique est plutôt connu au travers de ses magnifiques montres qui régulent depuis des lustres déjà ce temps propre à toute l'humanité, il l'est également ou tout autant -sinon bien mieux considéré- au regard de l'élevage de son cheptel bovin laitier qui produit ce chocolat Suisse de grande qualité.
En dehors de sa neutralité politique avérée et de la grande assurance reconnue à ses banques, très anciennes et bien pérennes, la Suisse demeure ce grand symbole de l'usage du temps, tenant compte de cette grande précision dont elle garde si jalousement encore la bonne recette et qui défie la puissance astronomique des grandes nations du monde dans des domaines plus complexes et les mieux considérés.
Ce tout petit pays ne prétend jamais voir plus grand que son propre horizon. Il se contente seulement de ne rien ignorer ou mal considérer de ce qu'il voit ou entrevoit comme solution durable et acceptable en tout point de vue, à ses propres problèmes, dans la perspective de hisser davantage ce très haut relief parmi les nations les plus considérées de par le monde.
Depuis déjà très longtemps, la Suisse se maintient à ce statut enviable et très considérable de pays très tranquille, bien neutre, surtout très propre, et où il fait toujours bon vivre, malgré ses vents violents, ses interminables chutes de neige hivernale, ses pluies diluviennes, son cloisonnement et parfois même son obtus raisonnement.
Ainsi, la vache Suisse, pilier essentiel et donnée pérenne de l'économie helvétique, assure toujours une vie décente, heureuse et très colorée à ce peuple de montagnards et de très fiers campagnards, connus tous pour leur grande fierté et indéfectible dignité. C'est surtout- grâce à cela que la Suisse, chaque jour qui passe, avance d'un cran dans le concert des grandes sociétés et toutes développées nations. Son économie est des plus simples, sa recette-miracle des plus modestes encore.
Mais à la clef, il existe tout de même ce besoin impératif de conquérir ces hypothétiques espaces laissés entre-temps libres dont le grand profit scientifique ne peut être que des plus bénéfiques pour le futur de la nation et l'économie de la contrée.
Voilà donc maintenant vite refermée cette grande parenthèse consacrée à ce tout petit pays du vieux continent. Retenons, tout de même, que cette généreuse vache helvétique, encore bien gardée par ses pâtres des hautes Alpes, donne encore et toujours beaucoup de lait à plus de six millions d'habitants Suisses ainsi qu' à bien d'autres nations qui en sont dépourvues.Elle demeure au cœur même de cette facile mais durable équation de l'économie helvétique dont elle en constitue d'ailleurs la donnée de base ou essentielle. Plutôt celle fondamentale et bien capitale.
A l'opposé, qu'en est-il de ce brut arabe ?
Tous les indicateurs montrent, à l'évidence, qu'il reste encore cette 'vache Arabe''. Celle qui leur fournira toujours du lait sans pour autant leur exiger en contrepartie la moindre botte de foin ou une quelconque ration de son en vrac ou cubé.
Quant à leur exiger du trèfle ou de la luzerne, c'est plutôt leur demander l'impossible au vu de toutes ces conditions climatiques très défavorables à la prolifération d'un tel aliment de bétail, pourtant très prisé pour les ruminants producteurs de lait frais.
Ainsi, ils obtiennent tous de cette terre pourtant aride et bien nue du lait à profusion, accompagné le plus souvent de toute la gamme variée de ses nombreux dérivés, gratuitement et sans faire un quelconque effort, hormis celui obligatoire de l'aspirer, à longueur de journée et sans discontinuité, les pieds dans l’eau, à partir de leur retraite dorée ou demeure huppée, de ses mamelles tentaculaires et qui leur arrive jusqu'au pied de leur lit, sortant en courant des fins fonds des entrailles de ce généreux sous-sol.
Seulement, à l'inverse de ce gentil et très éduqué peuple helvétique, chez les Arabes, ce sont toujours les mêmes personnes ou familles politiques qui tiennent encore entre leurs mains ces pis pulpeux et juteux d'où jaillit ce merveilleux produit (liquide) de la terre qui arrive à concurrencer tous les autres liquides réunis ou combinés à eux-mêmes. Disposer en permanence d'une telle vache, laquelle produit, en plus, ce liquide qui coule à flots au sein des entrailles de la terre Arabe n'est pas de nature à les réveiller de très tôt de leur profond sommeil pour se préparer à aller travailler.
Ils auront tous appris à longtemps vivre de cette indéniable ou supposée intarissable rente qui leur épargne même de réfléchir un jour aux grandes difficultés de la vie.
Pour preuve, munis de tout leur gros pognon qui ne profite qu'aux banques de l'occident, ils restent tous, bien incapables de créer le moindre produit industriel ou réflexion scientifique bien féconde ou très pratique dans le quotidien de leur vie.
Ils sont donc bons pour tout juste consommer ce que l'Occident, depuis toujours, ou l'Asie, à présent, ne cessent de produire pour eux en quantités industrielles.
Une donnée économique donc très naturelle dont les lois de l'économie elles-mêmes réfutent, récusent et refusent de l'associer à un quelconque raisonnement futuriste et salutaire pour toutes ces nations Arabes qui vivent l'attentisme comme une fatalité. Sinon telle une très grande qualité au vu de ces grandes découvertes du brut qui voient le jour ça et là au sein de ce grand Sahara Arabe. Et l'on arrive donc finalement ou bien fatalement à cette conclusion plutôt terrible du moment : puisque la seule vache Suisse défie tout le brut des Arabes ! Il n'y a qu'à consulter pour cela le classement mondial des nations pour s’apercevoir de cette différence terrible qui existe entre l’esprit qui guide cet animal et celui en vigueur au sein de tout cet immense désert Arabe ! -
Le livre, ses sous et ses dessous !
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Slemnia Bendaoud
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A coup de feuillets effeuillés, il se déclame. Parfois, il se réclame ! Nonobstant le fait qu’il a une âme et qu’il clame qu’il calme ce désir de divertir, au travers des merveilles des mots qu’il suscite, produisant du bonheur et de la joie au lecteur qui le consulte ou l’ausculte, il crée, souvent, cette extase, qui met ce dernier en phase avec son contenu, pour vraiment bien apprécier son quotidien menu.
Il est cet éternel compagnon, enveloppé dans des jolis fanions et très beaux rubans, qui ne dit jamais non à son farouche opposant au plan des idées qu’il distille et analyse avec une très grande rigueur, dextérité et bonne maitrise des mots utilisés et, par extension, des sujets abordés, puisque toujours assuré de le convaincre sans grande peine et sans avoir à le bousculer ou à vraiment l’influencer bien autrement.
Il est chargé de transmettre de génération en génération ce très lourd fardeau et riche trésor que constitue le Savoir dans toute l’étendue de ses définitions, notions, motions, mentions, émotions et grande dimension.
Ecrit d’une main de Maitre, il contient en son sein le génie de ces superbes plumes qui hument à la volée la belle parole et le sens de l’implacable conviction au travers juste des mots qui chantent et des phrases qui enchantent, grâce à leur musicalité, très forte tonalité, légendaire utilité et très grande fertilité.
Il fait honneur à celui qui peine vraiment à lui donner vie et une très juste existence jusqu’à lui assurer, en retour, et sans tarder, cette postérité séculaire longtemps partagée par les citoyens de tous bords et de tous les continents.
Dans la peau d’un enfant authentique, emblématique, charismatique et très « classique », il sait tout faire pour toujours plaire à la fois à son Grand Maitre et à ses nombreux lecteurs, tous pressés de le débusquer et de le provoquer d’un regard effaré et inquiet ou de complètement le dénuder jusqu’à toucher du doigt aux parties intimes du corps des sujets parfois brillamment traités et mis en valeur.
En enfant de bonne famille, il sacralise ce principe de ne jamais, plus tard et une fois bien majeur, lui demander (exiger) sa part à un quelconque héritage sauf celui purement biologique, étant très persuadé qu’il constituera lui-même à travers le temps et les futures générations cet autre héritage culturel inestimable qui profitera à toute l’humanité, sans distinction de race, de territoire et de religion.
Seulement, puisque souvent né sous cet autre toit de la famille hospitalière de « Madame la rotative » où il y aura à faire ses premiers pas et y grandir en futé produit intellectuel sous le
statut et dans la forme d’un vrai pensionnat, il y restera très fidèle, ne sachant par conséquent qui choisir finalement entre sa mère biologique et naturelle et celle d’adoption.
Produit de la grande famille de la belle, riche, envoûtante et succulente littérature, il tachera -sa vie durant- à ne jamais s’écarter de produire ce Savoir et cette formidable connaissance lesquels non seulement unissent entre elles ces deux dernières familles, mais aussi celles-ci au reste de toutes les familles du monde entier.
Dans son légendaire dictionnaire, il aura depuis sa naissance à jamais banni de son étoffé dictionnaire cette censure de l’information ou autre hypocrisie qui met en doute sa fidélité envers ses nombreux lecteurs, tous considérés sur un pied d’égalité et tous charmés par ce désir immense de le consulter à tout moment, et autant de fois que leur besoin se fait vraiment sentir.
Très soucieux de la perfection à toujours apporter à son art d’exister qu’il réalise par ailleurs avec un grand amour du métier, il ne néglige jamais le moindre détail de nature à mieux faire percevoir les choses de la vie, sinon à bien expliquer les sujets qu’il traite profondément et très minutieusement dans leur ensemble, globalité et grande variété.
A sa toute hâtive consultation, il répond debout, ouvert et présent pour dire vrai justement, mais aussi pour produire séance tenante ou sur le champ cette utile information demandée, accompagnée de ses sources documentaires ainsi que ses différentes interprétations et autres sens donnés à l’expression usitée.
Raison pour laquelle tout le monde lui accorde cette grande importance jusqu’à bien souvent lui consacrer de très prestigieux salons, de cycliques foires, de très relevés forums où se rencontrent et se croisent le fer les plus belles plumes de la planète.
A vol d’oiseau, il parcourt à grandes enjambées ou ininterrompues navettes l’immense planète et son très grand territoire, qu’il visite dans tous les sens et directions, bravant en véritable champion le mauvais temps et autres barrières naturelles et psychologiques, apportant à l’humanité de la lumière dans les idées mais aussi cette nécessaire dose d’espoir qui donne vie à ses nombreux consultants.
Rompu aux grands idéaux des peuples et nations aspirant à leur indépendance que consacre justement la liberté d’expression, il ne compte que des amis parmi l’humanité afin de combattre ensemble leur seul ennemi commun : l’ignorance, en l’occurrence !
Aussi précieux, sinon bien mieux que ces lingots d’or et autres prestigieuses parures dont disposent à satiété les très chouchoutées princesses des Grands Royaumes d’antan, il n’acceptera cependant jamais leur statut incommodant et très dévalorisant d’être tout le temps coffré, inutilement emprisonné, occasionnellement bradé ou même vulgairement échangé suite à un très bête coup de tête !
Des sous tout comme de leurs obscurs et très sombres dessous, il s’en moque royalement ou s’en offusque machinalement ! Il s’en fiche de leur triche à tout le temps courir après ces rusées et très lucratives niches d’enrichissement qui font pousser des ailes à ces nouveaux Seigneurs de riches d’une planète à la philosophe devenue à la longue désuète.
Seul témoin des grandes œuvres et autres choses importantes de la vie de ces très vieilles générations, il en conserve à travers le temps si minutieusement et très jalousement à la fois leurs précieuses archives et utiles documentations, telles ces solennelles déclarations d’où jaillissaient à coup de mots subtilement agencés la liberté des peuples autrefois longtemps opprimés.
A chaque rendez-vous de son habituel SILA (Salon International du Livre d’Alger), il est là à attendre impatiemment ou de pied ferme que son lecteur lui caresse à nouveau les rebords de sa nouvelle tunique de couverture aux couleurs de la saison, enfilée avec grand soin pour l’occasion, l’invitant à y entrer sans frapper et en toute tranquillité !
S’adressant aux riches comme aux pauvres de toute la planète, il leur tient un même langage et les traite de la même façon, n’accordant en revanche ses faveurs qu’à ceux dits privilégiés parmi l’humanité qui en font leur ami fidèle et confident de tous les temps.
Dans sa version papier, forme très traditionnelle, ou encore dans celle dite moderne et très numérique, il ne fait pas de jaloux autour de lui : à la première catégorie de ses lecteurs il refile cette odeur des rotatives qui lui colle au nez, et à la seconde il offre cette commodité à s’en servir à tout moment bien loin de son antre de bibliothèque.
Il est le produit de ces mots sans lesquels la vie n’aurait aucun sens. Il est le résultat de tant de postulats que la mathématique admet dans sa thématique de raisonnement. Il contient tous ces secrets de l’humanité qui font avancer les peuples, se développer des nations.
Continuer à l’ignorer, n’est autre que s’ignorer soi-même ! C’est plutôt s’égarer dans d’inutiles considérations. En tant que créateur de richesses inestimables et de grandes découvertes scientifiques dont profite l’humanité, il reste ce précieux support didactique qui fait vibrer les cœurs, cultiver les esprits, prospérer le progrès et avancer les peuples.
En bon ambassadeur des époques anciennes tout comme des temps modernes, il garde jalousement en son sein ces secrets inviolables qui défient le temps, les royaumes et les gouvernants.
Quoiqu’on dise quoiqu’on fasse, il restera toujours ce témoin privilégié des temps anciens qui nous fera tout le temps face, arguments à l’appui !
Et quelque en soit son prix, il n’est jamais évalué ou estimé à sa juste valeur ! Inculquer le Savoir est cette noble mission que tout l’or du monde ne saurait égaler.
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Une randonnée bien ordonnée
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Slemnia Bendaoud
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Autant le Chaoui ne fait qu’à sa tête, autant l’habitant de la région du Haut Chélif est, lui aussi, un vrai entêté ! Le premier plie mais ne rompt jamais, tandis que ce dernier nommé tient à la parole donnée et ne recule jamais ! Les deux tiennent beaucoup à leur caillou de territoire, mais aussi rigueur au temps. Ainsi se perpétue leur souche et se conçoit leur vie.
Au milieu de ce monde paysan et rustre, le rythme de leur vie distille à sa manière sa litanie quotidienne qui enrichie leur Histoire, la plus ancienne. Le souffle du vent délivre leurs sentiments, tandis que le soleil, plutôt assez régulier, qui fait dans la région ces va-et-vient incessants, leur procure cette chaleur qui fait chaud au cœur et dont ils en profitent pour la partager avec les Autres.
Chevillés à leur légendaire mentalité de bédouin, ils auront, chacun sur son propre territoire et registre, réussi à s’adapter à cette Nature, laquelle tantôt leur sourit et les nourrit, tantôt leur lance plein-la-figure tous ces temps de chiens qui leur donnent vraiment à réfléchir…
Cette main qui les chérit et nourrit est celle-là même qui leur donne parfois une vraie raclée, avec exceptionnellement une ruine à la clef ! Ils en sont bien conscients et s’y préparent, en fonction des saisons et de leur déluge de pluie, de vent, de crues, de grandes chaleurs et de tempêtes…
Mais tous tiennent à cette générosité exceptionnelle d’une Nature qui donne sans compter, qui leur fournit tous ces fruits, légumes et céréales à engranger, souvent à bon marché, et en quantités industrielles…
Purs produits de ce moule naturel qui a su les façonner à la mesure d’une logique propre au bon sens paysan, ils auront porté à bras-le-corps toutes ces si vieilles traditions qui nous font aujourd’hui revenir à ces temps si anciens dont nous puisons l’essentiel de notre culture.
C’est dans ce contexte-là justement que s’inscrit cette louable initiative d’échanges culturels et touristiques interrégionaux, par associations d’anciens lycéens interposées. Les anciens élèves du Lycée Mustapha Ben Boulaid furent les premiers à donner le signal, en invitant en Avril dernier leurs homologues du lycée Mustapha Ferroukhi de Miliana (Ain-Defla).
A l’automne de cette même année, cette dernière association (ALMF) se devait de lui rendre la pareille. Un programme fut concocté à hauteur de l’évènement et surtout en fonction du rang reconnu à ses invités d’honneur, lui parvenant de l’association des anciens lycéens et collégiens du lycée Mustapha Ben Boulaid de Batna (Les Aurès).
Et ce fut ainsi qu’est venue l’idée de coordonner les travaux de cette randonnée bien ordonnée. Riche en paysages géographiques, espèces végétales et animales, auxquels résiste très peu la tentation du touriste avisé, la région recèle, en effet, d’innombrables opportunités, dont il fallait impérativement en faire le tri pour n’en saisir que ce qui a trait au cachet très particulier du patrimoine et produits du terroir.
Trois grands axes et pôles d’attraction furent donc retenus pour cette très ordonnée randonnée, à mi-chemin entre le vrai périple et la très osée promenade en rase campagne. Le bouquet choisi ne pouvait être qu’un savant mélange d’attirantes fleurs et de belles couleurs, de senteurs du terroir et d’odeurs magnifiques d’une Algérie profonde.
En plus, trois typologies de reliefs et par conséquent de microclimats différents étaient au menu de nos invités Aurassiens. Ils avaient le choix entre ce pays de la montagne (Miliana et le Zaccar, mais aussi Theniet El Had et El Meddad), paysage qui ressemble un peu au leur, celui de la grasse plaine du haut Chélif (Ain-Defla), dominé par un autre type de verdure et de produits agricoles, et enfin celui de Cherchell et sa particularité marine et spécificité historique et aquacole.
Le tout formant un conglomérat de facettes magiques d’une région où rayonnait autrefois, à Mille lieues de sa forteresse, le lycée Mustapha Ferroukhi, fort justement de sa grande stature, haut nichée et somptueuse citadelle Milianaise.
Ses élèves d’autrefois, ayant depuis gardé le contact, renouent avec ces retrouvailles cycliques qui les arrachent à leur quotidien morose ou difficile pour les retremper de nouveau dans leur ambiance de jeunesse, où tout un chacun désire sentir encore à ce parfum de ses vingt printemps.
L’art culinaire proposé à nos invités de marque suivait, lui aussi, cette même logique et itinéraire géographique. Au repas moderne varié et empaqueté du barrage de B’da (Arib – Ain-Defla), allait succéder ce couscous maison fumant d’El Meddad (Theniet ElHad – Tissemsilt garni de viande de bélier), pour terminer avec cette succulente soupe de poisson et ces grillades de fruit de mer de la côte Cherchelloise (Tipaza).
Et le tout était réglé comme sur du papier à musique ; en un magique tournemain qui donnera le tournis à bien d’anciens lycéens, pourtant très habitués à ces sorties en grandes randonnées.
A vrai-dire, même les moments de détente étaient judicieusement exploités, savamment mis à profit. On pouvait aisément passer du théâtre au chant Chaabi pour revenir après au bedoui (bédouin) et au Chiir El Melhoun (poésie populaire) et aux secrets bien gardés du Musée, celui dit moderne ou encore celui de l’antiquité.
Nos invités de marque ont eu à s’essayer non sans succès à l’équitation, à la randonnée pédestre, au tourisme culturel. Ils y ont découvert d’autres types de couvert végétal, autre que celui propre à leur région d’origine, mais d’autres espèces de la flore et de la faune du terroir.
Il y avait un choix en la matière très étoffé et assez varié pour répondre pratiquement à tous les goûts et à tous les désirs formulés ou esquissés. Mais il reste que certains besoins et autres sensibilités happés au vol n’ont pu être satisfaits en totalité, tenant compte de certains impondérables, en dépit de toute la bonne volonté des organisateurs.
Déjà les organisateurs de Batna avaient, « à l’allée », placé la barre très haut. Leurs hôtes du mois d’Avril dernier ne pouvaient, « en retour », que s’aligner sur ce « standard » qui leur fut offert.
Animés par le sens du partage propre à ces contrées du pays, ils espèrent n’avoir épargné aucun effort ni même lésiné sur de quelconques moyens mis à contribution dans le cadre de cette randonnée. Pour le moment, le sourire affiché tant à l’arrivée qu’au départ par nos invités batnéens laisse à penser que leur séjour exprime cette joie commune recherchée de part et d’autre, à l’effet de pérenniser nos relations réciproques.
Le souhait le plus cher des organisateurs de voir se développer pareilles initiatives dont leur apport au profit de la communauté n’est plus à démontrer, au plan des dividendes à en récupérer à tous les niveaux.
Puisse Le Grand Seigneur nous donner encore la force d’aller au plus profond de nos rêves !
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Entre sanglots de Césarée et tristesse de Iol !
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Slemnia Bendaoud
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Cherchell de ce début du troisième millénaire a beaucoup peur pour son histoire ! De sa propre histoire ! On y aura entre temps tout dépravé et tout détruit de cette mémoire collective qui fait remonter le temps et réactualiser les évènements.Le désastre y est grand ! La catastrophe énorme ! Les dégâts astronomiques ! Il est bien dommage qu'une histoire pareille parte en ruines, déchirée en mille morceaux !
Les quelques vestiges et sépultures, gisant tels des cadavres humains, seuls témoins vivants de cette grande tragédie, ne peuvent plus refaire l'histoire : l'oubli est trop important ! Les trous de mémoire auront donc tout détruit ! Ou tout emporté de cette mémoire qui refuse d'être inspectée !
Le puzzle est trop compliqué dans sa configuration pour être recomposé. Il est plutôt question de cette autre mentalité qui se moque royalement de l'histoire du pays, parce que tout le temps instrumentalisée par un pouvoir aux aguets, refusant toujours de reconnaître cette vérité qui l'exclue de toute gloire et l'efface de toute mémoire.
Un important pan de la société s'effrite : c'est sa mémoire collective qui est en danger ! Cherchell refuse ces bas-compromis et autres nombreuses combines faites à son sujet ! Elle tient à nous dicter sa propre histoire, décidant de se retourner vers ses aïeux et ses nombreux héros !
Ainsi, Iol et Césarée y sont pour l'occasion invités à sa rescousse, accueillant qui son fils qui son petit-fils dans leur giron, le couvrant de bénédiction pour l'amener bien loin de ces regards complètement désintéressés de son nombreuse population par l'état de déliquescence avancé de ces lieux d'histoire où l'archéologie en témoin plutôt gênant et millénaire tient le haut du pavé.
La ville, longtemps oubliée et à répétition piétinée, se recroqueville sur elle-même, se réfugiant dans son histoire la plus ancienne ! Plus grave encore, personne parmi sa nombreuse et bien éduquée population ne consent à l'en empêcher ! Ne se résout à aller la chercher au plus profond de ses tripes ! Au plus loin de son voyage fait à reculons jusqu'à décider de ressusciter sa gloire légendaire, ses héros immortels et son autorité, autrefois implacable sur toute la région !
Le recul est donc réalisé dans le plus intime de ses rêves ! Dans le plus inaccessible de son éternel sommeil !
Lorsqu'en 1984, en haut lieu de la hiérarchie du pouvoir algérien, on lia son sort à celui de Tipasa, les grands hommes de lettres et de bonne culture pensèrent un moment à cette union vitale entre cette utile histoire à conjuguer avec cette ancestrale culture à bon escient espéraient-ils !- dans cet espace touristique qui allait lui servir de véritable tremplin au plan géographique et spirituel.
Ils auront vite déchanté de voir les deux contrées vouées aux gémonies de l'enfer de cet oubli qui tue plus fort que l'arme de combat au milieu de ces cités-mouroir qui étonnent leur monde par leur salubrité et se bétonnent à tout va et contre le fait culturel.
Depuis, Cherchell, dépitée par tant de malheur qui lui arrive par la manière osée de sa propre progéniture, est donc retournée se calfeutrer à l'intérieur de ses plus vieilles hardes et très anciennes guenilles. Et comme dans un rêve, un peu moins inconscient, elle y rencontra Iol et Césarée, le temps d'une très brève sieste, lors d'une tempête de l'inculture annoncée mais jamais dénoncée !
Seulement son malheur dure dans le temps. Son calvaire perdure dans cette galère dont elle ne voit plus la fin !
Résultat de l'équation proposée : il n'y fait plus bon vivre comme autrefois et jadis !?
On y ressent ou y découvre donc cette tristesse de Iol, ces sanglots de Césarée et cet abandon à jamais de l'actuel Cherchell !
La ville, encore frustrée de son histoire magnifique et très honorifique pour le pays et la région, refuse donc de voir du côté de la mer. A présent, elle tourne carrément le dos à la Méditerranée, méditant son sort et s'accrochant de toutes ses forces à ce col auquel elle est tout le temps bien collée et qui la protège de ces vents chauds venant du sud du pays.
Juba, Jugurtha, l'Emir Abdelkader et bien d'autres héros et valeureux combattants pour l'indépendance du pays, se retourneront certainement dans leur tombe en prenant connaissance de son état lamentable de déliquescence du moment, difficilement admis au plan de la forme et surtout dans le fond pour une si belle perle de la Méditerranée d'antan.
Leur combat si noble et très fécond suscitera-t-il un quelconque intérêt pour cette merveilleuse ville qui refuse de mourir, de périr et de sombrer dans cet anonymat culturel ambiant et bizarre du pays ?
La contrée, bien vieillie et complètement dépouillée de ses nécessaires béquilles, ne peut plus relever la tête, se redresser sur pieds, se soulever très haut pour planer comme autrefois sur ce flanc de la Méditerranée.
Elle attend toujours le diagnostic de son médecin privé, lequel semble incapable de trouver à son mal le remède approprié.
Cherchell a surtout besoin de considération pour bien se réveiller. Pour revenir de nouveau à la vie ! Elle a vraiment hâte de renaître à la vie et couvrir de son charme discret le touriste éveillé pour lui faire découvrir sa grandeur, ses splendeurs, telle cette fleur printanière qui embaume de ses toniques odeurs l'atmosphère, ou cette resplendissante demoiselle qui étrenne sa beauté et ses rondeurs, dévoilant au passage ses formidables couleurs et répandant abondamment alentour ses enivrants parfums du terroir et de bonheur.
Sommes-nous conscients de tout cela ?
Ou alors lui a-t-on déjà préparé son cercueil au même titre que d'autres prestigieuses contrées du pays ?
Cherchell a tout le temps été perçue telle cette très élégante demoiselle jouant sur ses deux barres parallèles, où l'histoire et le quotidien de la ville ne sont plus que deux lignes droites qui ne se rencontreront jamais ! D'où d'ailleurs l'abandon forcé de cette culture qui fait l'histoire des civilisations !
La caricature est très expressive. Symbolique même ! Et à plus d'un titre. Elle nous empêche de regarder dans le rétroviseur ! De nous situer dans le temps ! De nous remettre tout le temps en cause ! De nous intéresser à la ville et à son histoire la plus ancienne !
Est-ce un nouvel état d'esprit ? Où est-ce encore l'effet néfaste de notre propre inculture ? L'absence de ce tourisme florissant des années soixante-dix du siècle dernier n'y est-elle pas pour quelque chose ?
Tout concourt à conclure que notre très difficile quotidien nous met à une bonne distance de notre valeureuse histoire, très profonde et bien féconde.
Ce choix douloureux, somme toute- aura peut-être été fait à dessein. Et seul l'avenir pourra y répondre, un jour ...Rédigé le 09/08/2011 à 05:42 dans Histoire, Tourisme | Lien permanent.
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Entre le bar et le cimetière
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Slemnia Bendaoud
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« Ici, c’est mieux qu’en face ! », annonçait discrètement le barman à ses nombreux clients presque tous apôtres de Bacchus et de l’air de la musique qui accompagne leur festin.
«Tous ceux qui reposent ici nous viennent d’en face !», lui répliquait le gardien du cimetière qui lui fait face, seul survivant et unique porte-parole de ce monde des morts, au repos forcé depuis leur venue en ces lieux calmes, tristes et bien sinistres. Ce dialogue à distance entre un monde terré dans un endroit de tout repos et un autre bien brouillant et très bruyant, lui faisant face, montre à quel niveau peut bien mener ces querelles de la vie qui n’épargnent ni les morts ni ces mots blessants pour ces êtres humains se chamaillant tout le temps, dans la perspective de squatter qui un lieu, sinon vanter, qui un quelconque espace. Dans Alger de l’époque coloniale existait un quartier qui portait le nom de Saint-Eugène ayant, depuis l’indépendance de l’Algérie, été rebaptisé Bologhine Ibnou Ziri.
La rue Abdelkader Ziari qui le traverse d’est en ouest met face à face le cimetière chrétien de la ville avec ce fameux stade de l’ASSE, truffée à l’époque de ses stars et renvoyant vers le cimetière, le dimanche venu, l’écho de tous ces chants bruyants qui réveillaient les morts d’à côté de leur sommeil du juste ou éternel. En bordure de ce stade existait alors cet estaminet vers lequel tous les matins cheminaient ces gens qui venaient shooter de la bière, puisque incapables de se mettre en short et de courir après un ballon à l’intérieur du périmètre de jeu, en tuf et bien poussiéreux dès que s’aventure sur les lieux le moindre vent de passage dans la région. Quelle que soit la saison de l’année, il fait toujours chaud et surtout bon vivre à l’intérieur de cette échoppe vendant bières, vins et spiritueux à ces habitués de Bacchus voulant échapper au climat oisif qui les contraint à trouver bonne place à l’intérieur de ces lieux de rêve où l’on marquait cette longue trêve par rapport à une vie lucide et bien souvent intrépide, ingurgitant à longueur de journée ces succulents liquides.
Ainsi aura été faite la vie de ces nombreux fêtards qui veillaient bien souvent très tard, accoudés à ces tables garnies de ce vin qui coulait à flots, leur inspirant ces rêves fous ou improvisés qui pouvaient parfois les mener au cimetière d’en face en prenant le risque de traverser discrètement la grande avenue qui sépare les deux lieux. Le bar et le cimetière vivaient ainsi leurs jours de joie et heureux et ceux de tristesse et bien malheureux. Cependant, chacun portait un écriteau à sa porte d’entrée accroché bien haut. Sur celle du débit de boissons alcoolisées, il y est écrit le règlement intérieur de l’établissement et ses horaires d’ouverture. Tandis que sur celle du cimetière, il y est fait cette mention: « Ici, le riche et le pauvre se rencontrent, c’est Dieu qui a créé l’un et l’autre ». Puisée dans cette morale qui vaut bien plus que toutes les démocraties du monde réunies, la phrase, lourde de sens et de conséquences, a de quoi faire peur à tout son monde pour en revanche le remettre rapidement à la raison.
Elle remet donc les pendules à l’heure pour cet individu, déjà complètement saoul, et remet au goût du jour ou de nouveau sur le tapis la valeur accordée à l’autre citoyen, aujourd’hui le corps enseveli sous le poids considérable de cette terre qui le couvre depuis sa mort. Et pourtant, d’un côté comme de l’autre des deux trottoirs ou rivages de la vie, il existe bel et bien ces règles scrupuleuses de la morale humaine à ne jamais dépasser. Bien que l’homme fréquentant le bistrot arrive souvent à les enfreindre suite à cette consommation effrénée sinon exagérée de ce breuvage, lequel le conduit parfois à faire beaucoup de tapage, énormément de ratages, bavardage inconséquent à l’appui ! Face à ces morts, les gens saouls font la houle, exultent et s’excitent de cette vie qui leur sourit ou nourrit ces ambitions que leur procurent cet espoir de vivre jusqu’à ostensiblement se moquer outre mesure de ces morts d’à côté calfeutrés dans leur silence et pelotonnés dans leur humilité.
Les seuls signaux en guise de réplique qu’ils peuvent leur refiler est ce vent de tristesse parcourant les lieux, les invitant donc sous forme d’échos-réponses à leurs cris de joie, à faire partie, un jour, de ce monde déjà parti pour de bon, en quittant, de gré ou de force, à jamais ou à trépas, ce monde ici-bas. En définitive, avec le temps et quelles que soient les générations, c’est le silence des morts qui aura le dernier mot sur ces jacqueries de soulards bien heureux à table et devant leurs derniers pots avant fermeture du bar qui aura à les expédier tout à l’heure de l’autre côté de la barrière. Et si le bar fait dans ce mode sélectif et très expéditif en n’invitant à son établissement, tous les jours que le bon Dieu fait, que les gens riches ou disposant du nécessaire sou ; le cimetière, lui, ne fait pas dans cette discrimination de race et d’espèce. Son invitation est officielle, bien solennelle et s’adresse à tout le monde. Gens riches et pauvres misérables meubleront toujours, à tour de rôle ou en groupe son grand espace, magnifique jardin, tout espéré du Paradis ou terrible enfer.
La plaque d’entrée renseigne parfaitement d’ailleurs sur ces indications d’usage et ces destinations éternelles. Les gens attablés à ce bar iront tout à l’heure prendre place dans le lieu d’en face, s’y couchant pour le reste de leur existence. Ils n’auront plus droit à la bière. Ils hériteront de droit et par devoir envers l’humanité de ce seul tombeau qui les différenciera de leurs pairs. Alors pourquoi se hasarder à vanter un quelconque espace de vie, si on n’est même pas capable de pouvoir librement disposer de son temps, lequel tôt ou tard nous enverra vers le périmètre d’en face, échouant tels des colis postaux à l’intérieur de ces cimetières honorables tout à l’heure longuement dénigrés et bien critiqués ? Bien évidemment, la morale ne s’en trouve nullement atteinte ; ce ne sont —disent nos sages— que des gens saouls qui ont fauté. Et comme ils manquent fondamentalement de lucidité, l’erreur a de fortes chances d’être plus tard rattrapée ou dans le fond bien corrigée. Le verdict populaire tombera sur le bistrot tel un couperet !
Comme on ne peut pas déplacer le cimetière, c’est donc l’estaminet qui a, un jour, complètement disparu ! Depuis, il n’y a certes plus de gens saouls ; mais le monde dans son ensemble a cessé de rêver. Le rêve est devenu donc carrément interdit pour les jeunes gens surtout ! Pour les fanatiques de l’ASSE et du bistrot, on ne leur propose en échange que cette mer à traverser, truffée de ses nombreux écueils et innombrables cercueils ! A vouloir tout le temps taquiner à partir de l’autre trottoir le cimetière d’en face, ne finit on pas par traverser cette seule voie qui y mène et y demander éternel refuge un beau jour ? Telle est donc la morale retenue par ces soulards et qui concerne malheureusement toute l’humanité.
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Rocher de Sel », entre miel et fiel
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Slemnia Bendaoud
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Bien souvent le coup de hasard n’est que le produit d’un bonus de la providence ! L’apport de la chance à saisir y est vraiment grand. Même si l’impact de la pure coïncidence y est, lui, prédominant. Il reste que l’un ne va pas sans l’autre.
« Les paroles s’en vont, mais les écrits restent ». C’est, en fait, de l’écriteau « INFIRMERIE INDIGENE » furtivement déniché au Musée local de Djelfa que l’auteur –voulant sans doute lui trouver son prolongement dans l’histoire de la contrée- s’engagea dans sa splendide aventure qui le mènera à Ain-Maâbad (Djelfa), pour ensuite se diriger vers le « Rocher de sel ».
Le titre « Rocher de sel » renvoie au bourg de naissance du premier romancier Maghrébin de la langue française*. Il s’agit d’un descendant de la famille Bencherif, portant autrefois le nom de Mohamed Bencherif (1879-1921), capitaine au sein de l’armée française mais surtout doyen des écrivains Algériens.
Il relate un combat pour la vie pour un indigène qui fut le pur produit de la prestigieuse école de Saint Cyr. Mais aussi celui d’une plume d’une grande tente des hauts-plateaux et de la steppe Algérienne. Là où le souffle du vent siffle à pleins poumons et en toute liberté. Jusqu’à remuer dans les regs des terrains ocre et nus qui séparent le Tell du Sahara, la terre arable des plaines intérieures du sable fin du grand désert.
A mi-chemin entre le récit et le roman, le réel et la fiction, la biographie du soldat et le portrait de l’écrivain, l’histoire d’un « valet du pouvoir » et celle d’une plume « plutôt bien indigène », ce Rocher de sel déterre tout un passé d’une famille et sa région afin de faire ressusciter des fins fonds de la steppe la légende du premier écrivain Nord Africain.
Sonder à postériori le personnage central de son roman en vue de pouvoir en constituer une approche qui colle le mieux possible au portrait-type de ce fils de Bachagha, était pour l’auteur de cet ouvrage d’une rigueur telle que la phase documentaire ayant intervenu dans la conception de Rocher de sel paraissait des plus denses, des plus longues, et surtout bien fouillée et très argumentée.
L’idée d’explorer une telle piste –au demeurant pratiquement méconnue même si l’aventure en fut des plus exaltantes- relève plutôt du souci du détail dont fut animé l’auteur du récit/roman, en sa qualité de natif de la région considérée, mais aussi de par son statut de chercheur versé dans le domaine culturel à temps perdu ou à ses heures de repos.
Cet agronome de formation, retraité du secteur public, Ahmed Khireddine, dont le manuscrit de son ouvrage avait été au préalable préfacé, annoté et corrigé par Guy Dugas, professeur
de littérature française et comparée de l’université Montpelier III, avance dans le liminaire de son titre que son « essai est un devoir de mémoire » envers celui qui fut victime comme de nombreux semblables de « l’oubli collectif », fut-il encore cette toute première plume Maghrébine d’expression française, celle venue au monde au cours de la seconde décennie du siècle dernier**.
Déjà, la remarquable préface en situe d’abord et à tout hasard, à la fois, le très dense contenu truffé de son volet documentaire mais aussi la véritable complexité d’un tel ouvrage, destiné avant tout à recomposer le puzzle de l’arbre généalogique de la famille Bencherif, et surtout à l’effet de faire un sérieux éclairage au sujet d’une fine plume des grandes tentes steppiques de nos hauts-plateaux agro-pastoraux.
Selon les termes mêmes de la préface, cet ouvrage « restitue l’oncle à son neveu » et les deux, ensemble, à l’Histoire de l’Algérie indépendante. Il s’agit –poursuit-elle- dans son logique enchainement d’un « travail modeste mais très profond » ; car fort documenté et très fouillé, supports administratifs et photos de famille à l’appui.
Cependant, le préfacier tient à souligner le caractère assez singulier de « la trajectoire complexe de la destinée des grandes familles » qui durent « fréquenter la France au plus près sans forcément trahir leur patrie ancestrale » ; raison pour laquelle il titra son introduction par cette expression plutôt très originale et assez paradoxale : « Réconcilier le goumier et le Moudjahid ».
Dans le cours normal de l’histoire du pays, le combat de la famille Bencherif est étudié et décortiqué sur pas moins de quatre générations astucieusement réunies dont notamment celle du grand-père, Khalifa de son état auprès de l’Emir Abdelkader, de son petit-fils Mohamed, écrivain et néanmoins officier au sein de l’armée française, et de son arrière-petit-fils Ahmed, devenu plus tard Moudjahid mais aussi ex grand commis de l’Etat Algérien, celui désormais libre, indépendant et souverain.
Très souvent, un simple indice aide à remonter de fil en aiguille le long itinéraire de toute une vieille histoire. A l’épreuve du temps, la mémoire se fait manu militari convoquer pour appuyer des documents, confirmer des dires, interpréter des actes, désigner des noms et identifier des lieux, déchiffrer des symboles, traduire des signes ou donner un sens à des insinuations, expliquer des comportements restés ambigus, témoigner des faits avérés, élucider des situations complexes et faire parler des chiffres immuables, des archives très anciennes et des photographies souvent immortelles.
C’est donc à l’épreuve de ce fastidieux projet et non moins fabuleux exercice de conscience, très ambigu et assez compliqué du reste à mettre en harmonie et en œuvre, que l’auteur Ahmed Khireddine s’est consacré, en s’engageant dans son extraordinaire entreprise ayant pout but de faire renaitre à la vie une aussi méconnue plume d’expression française que le temps a malencontreusement ignorée et minorée et très tôt enterrée ou manifestement jetée à l’oubli.
Dans cet ouvrage, l’auteur, fils de ce pays de nomades, un des leurs, parmi ceux très intéressés à exhumer cette grande culture de la région, s’attaque de front à son Histoire ensevelie sous le poids de tant d’années ou perdue au sein de cet immense territoire du « Monde des Grandes tentes ».
Celui souvent tenté de changer à chaque fois de domicile et de faire dans cette obligatoire et permanente « transhumance », en quête de pâturages et de gains substantiels à engranger par ces tribus vivant essentiellement d’une économie agro-pastorale.
Il eut cette ingénieuse idée de faire ressusciter l’auteur disparu –surtout à travers son œuvre pionnière restée plutôt inconnue au sein de sa famille et dans son propre jardin et pays- au prix d’une louable tentative qui aura eu le privilège de recouvrer à la steppe son produit du terroir et label littéraire.
Articulé autour d’une douzaine de thèmes inégalement répartis en termes d’espace qui leur est consacré et un épilogue en guise de synthèse, ce titre est riche de près 280 pages dont quelques unes servant juste de support d’images de famille, réunies et illustrées pour les besoins de sa confection.
Ecrit dans un style léger, plutôt fin, alerte, simple, vif et incisif, propre au véritable récit, cet ouvrage dont la trame a été brillamment imagée, incarne manifestement le métier du journalisme d’investigation confondu avec celui d’un vrai romancier.
Ainsi, les quelques « fragments de la vie de son héros » restés encore obscurs ou « assez confus », faute de documentation, auront été savamment comblés et astucieusement rassemblés grâce à cet esprit purement romanesque au sein duquel l’auteur du Rocher de Sel se découvre cette « noble vocation ».
Pour une première, ce fut une véritable réussite ! Presque totale ! Tant ce travail mené d’arrache-pied en amont a beaucoup servi, grâce à sa richesse documentaire, à dénouer l’écheveau mais aussi à apporter un sérieux éclairage sur une généalogie ayant vécu au cœur d’un combat d’une aussi ancienne Nation qui s’est longtemps battue pour le recouvrement de son indépendance et territoire.
Mohamed Bencherif, né à Djelfa en 1879, petit-fils du Khalifa des Ouled Naïl auprès de l’Emir Abdelkader, est plutôt peu connu dans le monde de la littérature. Bien qu’il fût l’auteur du tout premier roman Maghrébin de la langue française (‘’Ahmed Ben Mostapha, goumier’’), sa réputation ne se situe cependant pas au diapason de cette haute distinction que devrait normalement lui conférer l’encre prolifique de sa plume habile.
Cet indigène privilégié, de « souche vraiment émancipée », dont la famille devait plus tard vivre dans la périphérie immédiate de la Grande Cour du pouvoir colonial, a toujours évolué avec une certaine aisance au sein de la société française, même s’il restera fidèle à la pratique de la religion de ses ancêtres, l’Islam en l’occurrence.
Ce premier livre de Mohamed Bencherif fait l’éloge du goumier. Aussi, autant dans l’histoire racontée à son sujet par Ahmed Kheireddine dans l’ouvrage Rocher de Sel, autant dans celle se rapportant à son grand-père Si Cherif Ben Lahrèche, Khalifa des Ouled Naïl auprès de l’Emir Abdelkader que véhicule une mémoire collective loin d’être éteinte ou affectée par le temps, la mort de l’un comme de l’autre parait des plus mystérieuses et fort énigmatique. La fidélité du premier-nommé à la religion Musulmane tout comme celle de son aïeul à l’Emir Abdelkader peuvent-elles être –à elles seules- les véritables causes de leur disparition ?
L’histoire de la mort suspecte du (tout premier) capitaine indigène de l’armée française comme celle du tout dernier Khalifa de celle de l’Emir Abdelkader (son grand-père) se recoupent et se ressemblent jusqu’à en jeter le doute sur la version officielle de leur interprétation.
Et si le petit-fils est mort en combattant parmi les siens en 1921 cette redoutable épidémie du typhus qui s’est déclarée dans la région de Djelfa, le grand-père, lui, l’aura été semble-t-il au cours d’un guet-apens monté contre lui par les autorités militaires d’occupation.
Faut-il également souligner que le vrai virage de la famille des Bencherif se situe au moment où cet aïeul prit pour épouse une captive européenne convertie à l’Islam. Le brassage des cultures le poussera à plus tard offrir l’hospitalité à Eugène Fromentin, lequel parle abondamment de lui dans son ouvrage ‘’Un été dans le Sahara’’.
Rocher de Sel à qui revient ce grand mérite de recomposer la trame assez dense de l’itinéraire historique de la famille des Bencherif se propose d’interroger les épisodes ambigus de la vie du héros (Mohamed Bencherif) en interprétant sa mort comme du reste celle de son grand-père, grâce à des singularités souvent contradictoires qu’il a su expurger des fins fonds d’une mémoire encore valide au sein de ce pays des grandes tentes.
Sa proximité avec l’autorité coloniale lui a permis de connaitre non seulement le gouverneur général Célestin Jonnart et ses nombreux subordonnés ou affidés mais aussi de grands hommes d’art et de lettres de l’époque, à l’instar d’Eugène Fromentin et Etienne Dinet et autres auteurs de renom. Il en résultera une assimilation presque contre-nature qui expliquera en partie la mort douteuse de ces deux indigènes hors du commun.
Entre miel et fiel, Rocher de Sel est cette fenêtre sur l’histoire de la famille des Bencherif qui puise sa sève (ou réserve) bien loin de cette littérature d’investigation et de régénération du vécu ancien de la région. Il (l’auteur) aura su mettre au goût du jour une époque surannée qui aura manqué de peu d’étouffer une plume aussi célèbre que plutôt méconnue qu’a enfantée la localité de Ain Maabed.
N’eut été la dédicace*** de choix faite par l’auteur de l’ouvrage en l’honneur de son Excellence, Monsieur l’ambassadeur de France à Alger, à l’occasion de la visite de cette haute personnalité diplomatique au lieu de résidence de Mohamed Bencherif, ce livre autrefois étalé à même le sol chez son garde-chiourme de bouquiniste de la capitale n’aurait probablement jamais effleuré ma sensibilité ou attiré mon attention à l’effet de m’imprégner de son contenu et de vous en livrer par conséquent, bien plus tard, mes impressions et commentaires à son sujet.
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(*) – Mohamed Bencherif, premier romancier Maghrébin d’expression française, Saint-Cyrien, capitaine de l’armée française et Caïd de Ain-Maabed (1879-1921).
(**) – Il est l’auteur de :
Aux villes saintes de l’Islam (Paris – Hachette – 1919
Ahmed Ben Mostapha, goumier (Paris – Payot 1920).
(***) – En date du 29 janvier 2011, Son Excellence, Monsieur Xavier Driancourt, était en visite à la résidence de Mohamed Bencherif à Ain Maabed (Djelfa), occasion au cours de laquelle Rocher de Sel de Ahmed Khireddine (Paris- L’Harmattan – 2006) lui fut dédicacé sur site par son auteur dont ci-contre une copie de la dédicace.
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Du chant du coq et de l’éclat du soleil
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Slemnia Bendaoud
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Beau et coquet, tout vaniteux coq est plutôt tout juste caquet ! Imbu de son beau ramage, il se vante de son magnifique plumage. En un très élégant personnage, Il s’invente une fort impressionnante personnalité pour faire face à toute éventualité.
Au travers de son impeccable apparat, il semble être toujours à la parade ! Il se fait de droit inviter à toutes les très relevées cérémonies ou somptueuses festivités et prend part à toutes les danses des grands charmeurs et prestigieux Seigneurs.
Déjà tout jeune poussin, il s’installe sur scène, s’initie à ce fastidieux exercice vocal qui le fait monter sur ses tout frêles et graciles ergots. Il prétend être le seul à pouvoir diriger l’orchestre de la chorale qui n’accorde aucun intérêt à la morale du groupe dont il surveille ses mouvements d’un œil vigilant. Et sans le moindre filtre du bruit du son qu’il distille comme le produit sonore d’un fifre, il ose déjà occuper le pupitre !
Il est comme enivré par cet opium qui le pousse à très tôt occuper le podium. Il est aussi poussé par les décibels de la mélodie de son cri qui vrille de son bec mouvementé jusqu’à dénier aux instruments de musique la raison de leur existence ou la nature de leur fonctionnalité. Il pense juste au travers de son mélodieux chant conquérir toute l’étendue de son grand univers et pourquoi ne pas en séduire avec tout son monde à l’horizon.
Dans ses exhibitions de l’aurore, son chant manquait plutôt fondamentalement d’érudition, car dépouillé du moindre texte d’appui, au préalable bien élaboré, et qui donne corps au rythme musical savamment déployé. A mesure que la nuit s’enfuit et se replie sur elle-même en se retranchant discrètement au petit matin, levant à la volée son sombre voile, il se met à balayer de son regard tout son grand univers.
Enhardi par son égo démesuré, il se hasarde à jouer à l’impudent effronté, se donnant en spectacle devant ses semblables afin mieux les persuader du nouveau rôle qu’il désire s’attribuer et de l’importance qu’il accorde à son désormais très relevé statut. Et pour couronner le tout, il ouvre grandes ses ailes et se redresse ensuite dans un geste très solennel.
Il semblait faire remarquer au monde qui l’entoure que c’est grâce à son chant matinal que se lève le jour ! Que se dissipent les ténèbres de la nuit ! Que scintillent et brillent les rayons du soleil ! Que réapparait à nouveau, chaque jour, la lumière ! Il en est convaincu au point où il n’accorde aucun crédit ou même très peu d’intérêt au reste des volatiles et le commun de l’humanité.
Selon sa propre philosophie, l’éclat du soleil dépend de la musicalité de son chant matinal. En d’autres termes : sans ses longs et très mélodieux cocoricos point de lever du jour ! Comme si sans son existence c’est la nuit qui s’emparera définitivement du jour pour que le noir des ténèbres triomphe à jamais de la clarté et de la lumière du jour.
Voilà donc où peut mener tout résonnement farfelu d’un coq imbu de ses nombreux atouts, se vantant de son joli costume plumé et duveté, et surtout se croyant au-dessus de tout son monde ou même présumant que tout lui est acquis en toute propriété et sans le moindre concurrent ou opposant.
A mesure que le temps passe et que lui gravit des échelons pour occuper d’autres fonctions au sein du pouvoir du grand poulailler, il se sent déraisonnablement à tout moment pousser ces impressionnantes ailes que nul autre volatile ne peut détenir dans la ferme. Se flatter l’égo est son crédo. Paraitre le plus beau du monde est son seul but. Ravir la vedette à tout son monde est sa politique à long terme. Il en est d’ailleurs très conscient pour tout inspecter et tout surveiller à la ronde.
Plutôt chose vraiment rare, mais pour défendre son groupe et son territoire, il lui arrive cependant de faire la guerre à un inconnu au bataillon ou contre un prétendu conquérant ou très sérieux concurrent. Gagner tous ses combats devient dès lors une obligation. Et même s’il n’y parvient pas du premier coup, il reviendra dès demain de nouveau à la charge.
Cependant, dans l’intervalle s’étirant entre son dernier revers et son tout prochain combat, il s’attèlera à mieux affuter ses armes, à bien affiner sa technique et à surtout très régulièrement peaufiner ses mouvements d’ensemble. Il ira même faire, souvent en groupe très compact, cette grande tournée des Héros de la contrée du pays dans l’habit d’un potentiel vainqueur.
De passage dans ces bourgs embourbés dans leur misère endémique, dans ces bourgades embrigadées dans leur oubli durable, ou au sein de ces reculées contrées de l’Algérie profonde, il se promènera dans la peau d’un tout prochain zaïm, enfilant différents accoutrements, ceux propres à la région visitée, quêtant leur baraka et demandant le grand pardon auprès de ces Maisons de Dieu composées de ses tribus, de zaouïas et de mosquées.
A force de s’attarder à jouer au coq du village, en labourant tous ces gigantesques territoires du pays et institutions religieuses, ne finit-on pas par laisser un peu partout toutes ces belles et nombreuses plumes qui dénudent par leur absence le supposé Grand Seigneur dans sa tentative de monter tel un véritable Roi sur le très haut toit de la demeure convoitée ?
A vouloir autant que faire se peut s’engager dans la voie de ce ridicule qui consiste à « purifier » ou à « réhabiliter » un quelconque coq imbu de son aura par le biais d’une manœuvre de force ou d’un déni de justice dans son « enrobé politique » ne se dirige-t-on pas tout droit dans cette entreprise dangereuse qui polluera notre politique et discréditera à jamais nos lieux de culte, institutions religieuses et valeurs spirituelles sacro-saintes de l’Islam ?
Quel vent ramène-t-il de nouveau ces autres « coqs migrateurs» sur le sol Algérien pour longtemps errer si éperdument, aidé par une solide organisation de souteneurs activant à la périphérie des institutions de l’Etat ou des Maisons de Dieu, déambulant de zaouïas en mosquées, de basses-cours en prés de prêches, de jardins en vergers religieux, de hameaux de la piété en bourgades, de contrées en patelins pieux, de vallons saints en collines de prière, de ce territoire-ci à celui-là ?
Pourquoi donc tous ces grands shows médiatiques ? Et bien maintenant ? A quoi rime tout ce méticuleux et néanmoins savant scénario ? Mais que cherche-t-on à prouver au travers de toutes des grandes randonnées et interminables chevauchées ?
Sont-ils tous ces invités de marque au moins dotés par la Nature de ce chant très matinal à la musicalité chatouillant l’ouïe pour réveiller avec au petit matin le monde de nos campagnes pour aller travailler leurs champs de blés ? Savent-ils au moins pousser aussi haut et à gorge déployée tous ces beaux et très longs cocoricos qui égaillent la contrée et annoncent à coup de mélodies de trompètes répétées le lever du jour imminent ? Sinon font-ils dans cette très cupide « démarque inconnue » qui nous trouble l’esprit ?
Au vu de leur âge jugé comme assez avancé et de leur physionomie, plutôt sérieusement émoussée et altérée par l’effet du temps, l’usure et la fatigue, ces coqs-là, un peu coq de bruyère (le tétras), un tantinet gaulois, dans leur jeunesse vraiment Méditerranéens et à l’origine tous Algériens, ont désormais la base de leur crête trop aplatie, son lob postérieur pendant et le « crétillon » de son fierté presque totalement effacé. A telle enseigne que le support physique naturel, appelé à recevoir le fameux trône, semble plutôt être absent.
Aussi, leurs grandes rémiges sont pratiquement confondues avec leurs rémiges secondaires à cause d’un physique difforme et peu solide. Ne leur reste en bonne place plus que leur barbillon, gardé intact même s’il parait très poreux ou si perforé. Souvent pour se donner vraiment de l’importance ou de l’autorité, ils montent sur leurs ergots, donnent un coup dans la fourmilière à leurs faucilles en actionnant les tectrices de leurs ailes ; lesquelles aussitôt basculent dans le vent pour brasser de l’air tel un avion prêt à décoller.
De très près, on aurait dit –sans le probable risque de nous tromper- que ce produit de la volaille n’a rien à voir avec la famille des galliformes, celle connue sous l’appellation de gallinacée, appartenant au genre Gallus. Tellement tout lui en ne dicte ou annonce la moindre ressemblance avec ce monde ailé, resté cher au poulailler.
On aurait conclu en milieu fermé ou intime qu’il fut le produit d’un œuf à la coquille autrefois bariolée de différentes couleurs afin que la poule qui le couvait, puisse en ces moments-là en répercuter celles-ci sur son plumage sous l’effet de la lumière et de la chaleur de son duvet pour plus tard se revendiquer son appartenance à tous ces pays et contrées du monde qu’il a visités et où il a travaillés.
Et même si l’explication de la transmission de ces couleurs au travers de ces seuls effets et autres reflets de la lumière et de la chaleur de la poule dans son couvoir reste très aléatoire ou peu plausible, il ne peut justement nous avancer nul autre argumentaire relatif à sa grande mouvance et continus mouvements professionnels.
Seulement leurs galops se réalisent sur le sol Algérien en quête de prébendes politiques et de galons religieux manifestées lors de ses tournées au sein de ces « zaouïas lessiveuses de péchés » et de ces mosquées rédemptrices ou tribus régénératrices de leur matrice politique afin de le délester de tous fautes et autres vices commis au préjudice du peuple et de la Nation.
Alourdis de toutes ces nombreuses tares, ils sont incapables de pousser à pleins poumons les jolis cris mélodieux de ces jeunes pousses de la basse-cour. Quant à espérer avec nous convaincre de l’utilité de déclencher l’éclat du soleil du jour naissant, leur vaine tentative risque de les faire tourner en bourrique ! C’est plutôt croire en une vraie utopie ! Au crépuscule du jour finissant, les rayons du soleil peuvent-ils rester toujours aussi ardents ?
De quelque pouvoir et fortune aurions-nous longtemps rêvés et surtout profités, nous repartirons plus que certains le jour venu ou convenu, les mains vides ou bien nues ! De quelque bien avions-nous tout le temps usé ou vraiment abusé –croyant pour toujours le posséder- nous le quitterons sûrement un jour, en partant pour l’au-delà les mains vides ou sans le moindre sou, puisque c’est à Dieu que nous avions –à plus forte raison- nous-mêmes toujours appartenu.
De quelque société ou monde des humains avions-nous ou même aurions-nous voulu nous identifier, pour quelques heures seulement ou même des décennies durant, nous lui cèderons, en dernier lieu, tout ce que nous possédons comme fortune mais aussi tous nos nombreux enfants. Et le meilleur des trésors que nous aurions laissé sur place ou légué à l’humanité n’est autre que celui qui survivra à tout ce que nous avions nous-mêmes bien vécu.
Il sera ce seul survivant de tout ce que nous avions réellement vécu, juste une empreinte forgée dans le temps qui colle à notre peau lorsque notre corps se résumera à quelques menus et fragiles os sous terre cachés !
Chez le monde paysan, tout bourrin qui a quitté de lassitude son attelage –parce que atteint par l’âge de la vieillesse- n’a plus droit à un quelconque harnais. Il sera aussitôt libre de ses mouvements. Le même traitement est d’ailleurs valable pour ces pur-sang Arabes qui ont abandonné les champs de course. Fut-il juste pour une prise de photo de souvenir !
Pour services rendus à la fantasia, aux labours et à la moisson, ils seront préservés des pénibles travaux des champs. Leur place est désormais au sein de la grande écurie de la tribu dont ils auront servi les intérêts, les guerres, les hautes luttes, défendu les honneurs et tout ce qui gravite autour de leur vie ou même parfois survie et postérité.
En ami fidèle du paysan, tout cavalier qui se respecte connait le mérite à accorder à cette monture et surtout son importance dans son quotidien et devenir. Tel un véritable écuyer, il sait qu’il ne vaut absolument rien sans l’apport de ce pur-sang Arabe qui lui fait gagner des titres et vaincre ses plus redoutables adversaires.
Telles des médailles de grand mérite, ils ne seront exhibés, déterrés ou exhumés que comme une preuve de ce vaillant combat pour la vie. Que comme ce triomphe contre des troupes ennemies. Que comme ce souvenir qui nous fait revigorer et surtout avancer dans le temps.
Et tout autre usage nuirait autant à la Nation qu’à la qualité de son écurie ! Autrement, la réputation de la Maison en prendrait un sale coup !
La relève envisagée à l’intérieur de notre poulailler ne déforme nullement la beauté musicale du cocorico matinal du coq de la ferme. Et même si celui-ci précède toujours de quelques instants le lever du jour, il n’aura aucune influence sur l’éclat du soleil. Là où s’arrête justement l’effet du mensonge du coq vaniteux commence alors forcément ce combat pour la vie mené sur un tout autre front par celui bien hardi.
Car le temps est toujours en marche. Sans relâche ! Et l’histoire est implacable dans son jugement. Et surtout sans appel !
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Ce pays chaoui qui m’a ébloui ! /Par Slemnia Bendaoud
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Slemnia Bendaoud
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Ce pays Chaoui qui m’a vraiment séduit !
Et pourtant ce n’est pas la première fois que je m’y rends ! Ce n’est, non plus, la première fois que j’y mets les pieds pour une visite des lieux aussi importante ! A mon retour sur ces mêmes lieux, je ne fus que davantage émerveillé par tant de beauté naturelle et insoupçonnable dont je ne savais, à l’époque de ma jeunesse, mieux l’apprécier et surtout considérer à son juste titre ou bien réelle valeur.
J’étais persuadé qu’au sein de la région des Aurès, le bruit de la détonation des armes pouvait rivaliser, en cas de folie, avec le grondement du tonnerre. Et que la défense de la patrie tenait à s’adjuger tous les qualificatifs ou superlatifs propres au courage manifesté par ses vaillants militants et habitants révoltés contre l’occupant français.
Mais je ne savais guère que l’air fluide de la flûte, si mélodieux et à la symphonie très fine à l’ouïe, s’accrochait, lui, à cette dynamique naturelle pour s’inspirer aussi profondément de ce vent très puissant, en embuscade dans la contrée, qui les propulsait aux premières lignes du combat.
Toutefois, avec ce grand recul dans le temps qui dépasse celui imparti à toute une génération, je m’en été rendu compte que cette même flûte, faite à base de ce roseau qui plie mais qui ne rompt jamais, en référence à cette valeur ancestrale reconnue à ses habitants, pouvait désormais imiter ce chant souverain d’un rossignol fou de joie de retrouver sa liberté de donner libre cours à sa Majestueuse voix en cette saison printanière, jugée comme très prometteuse.
Là, j’avoue que la Nature qui a façonné ce monde, à l’identique de sa propre dimension et autres valeurs nominales, ne pouvait se trahir, en enfantant des hommes de moindre calibre, piètre carrure, et de modeste envergure, des gens de second rang ou de bas étage, des rejetons à jeter en pâture ou laisser à l’abandon.
Déjà, à notre accueil au niveau de l’intersection menant à l’aéroport de la ville de Batna, j’étais convaincu qu’on venait de passer entre de bonnes mains. Qu’on allait en un seul saut nous blottir dans le giron de nos hôtes.
En un unique jet nous jeter de toutes nos forces pour nous projeter dans les fins fonds de cette vie des hauts-plateaux typiquement berbères. Qu’on allait de suite fouiller le côté intime et discret de ce peuple chaoui, totalement méconnu par certains membres de notre groupe qui s’y rendaient en de vrais aventuriers.
Tout le reste ou ce qui s’ensuivit tout le long de notre grand séjour, ne pouvait sur tous les plans que confirmer, au détail près sinon avec toute la précision voulue, mes premières intentions et très logiques appréhensions.
Lorsqu’on tient ses menues qualités humaines d’une Nature aussi merveilleuse que très généreuse, en dépit de ce manque chronique de précipitations durant la saison la plus gaie de l’année, on est comme assuré de forcément reproduire ces mêmes valeurs à travers le temps et le cycle continu des générations.
On est comme vacciné dès les premiers jours de notre naissance contre tout ce qui détruit notre culture et nuit à notre Histoire légendaire. Pour vraiment ne prendre comme repère que celui dicté par nos aïeuls et valeurs propres à notre territoire d’appartenance ou de naissance.
Ce dont je ne doutais guère fort justement. Au regard notamment de ces indices qui ne trompent jamais au sujet d’un monde dont le moule de son identité a depuis longtemps banni de son vocabulaire la tricherie tout comme la supercherie, et de son dictionnaire, l’égoïsme et le caractère condescendant et très pédant des êtres humains.
Faire la lumière sur tout ce vrai périple, auquel nous fûmes conviés, revient manifestement à lui consacrer tout un gros volume pour retracer les faits saillants tout comme les évènements marquants d’une visite qui aura eu le mérite de nous ressourcer avec cet inestimable potentiel de notre patrimoine culturel, matériel et immatériel, dont regorgent les différentes régions du pays.
L’endroit du Site ne s’y prêtant nullement pour pareille expédition littéraire de longue haleine, je me limiterai cependant à un simple survol, à l’effet de vous en restituer le panorama le plus fidèle ainsi que l’image, sur le champ mémorisée, qui nous submerge dans toute son envergure et vraie splendeur.
Le Mont Chélia (les Aurès) qui tutoie du haut de ses 2328 mètres d’altitude tout son monde à la ronde, solidement agrippé à ses pieds comme celui à la peine accroché à ses flancs, sinon tout le reste de ceux venus librement peupler ses piémonts, ainsi que ces profonds balcons du Ghouffi (Arris), constituent sans conteste ce Grand patrimoine chasse-gardée de la région, auxquels s’ajoutent, bien évidemment, les légendaires ruines de Timgad et du tombeau numide d’Imedghassen.
Chélia veille, du mieux qu’il le peut, en grande sentinelle sur toute l’étendue de la région et surveille au loin les mouvements suspects de potentiels « visiteurs douteux » qui s’y rendent en véritables conquérants ou vrais espions.
Au moment où El Ghouffi, plus connu au travers de ses balcons où pullulent encore les vestiges de ses très anciennes habitations, a pris, lui, le soin d’ensevelir dans les décors et nombreux plis de son sol à chair ferme sur les deux rivages de son très profond lit tout un très Grand trésor de l’humanité, dont nous tournons, à présent, et bien malheureusement, volontairement le dos.
Quant à ces monuments somptueux que constituent ces vestiges -encore vivants- de ces ruines de Timgad et du mausolée d’Imedghassen, le bruit du moteur de toute voiture qui passe à vive allure à proximité de leur forteresse, s’arrange à volontairement étouffer les gémissements continus de cette Histoire légendaire de la contrée, susurrée au voyageur de passage par ces lieux si anciens, du fond du cœur et à souffles intermittents.
Celle-là même qui crie, de toutes ses forces et à gorge fort déployée, son supplice et grand malheur du moment à ses pourtant fétus mais vraiment têtus arrières petits-fils, lesquels refusent manifestement et si étrangement de lui tendre un tant soit peu l’oreille et d’accourir à son secours.
C’est, en effet, tout un pan de notre culture, très ancienne, qui part en fumée. Toute une véritable identité qui se désintègre et s’émiette au fil des jours, pour disparaitre à jamais. Toute une si vieille et très Grande Histoire qui risque d’être effacée d’un seul trait de plume qui fait dans cet oubli qui tue bien plus que l’arme à feu ou qui obstrue volontairement des vérités tangibles.
A l’image de toutes les contrées de l’Algérie profonde, Batna ne déroge nullement à cette règle, plutôt bien générale, qui tend à réduire les vestiges de notre Histoire à de simples épaves d’une ère désormais révolue ou à de vulgaires reliques d’une période surannée, qui ne compte plus pour son aspect matériel tant recherché et intérêt pécuniaire du moment.
Mais Batna n’est pas uniquement branchée sur cet oubli qui dénigre à la contrée les vrais atouts de son Histoire légendaire. Fort heureusement, l’itinéraire de son tracé de route qui la lie à la ville de Khenchela, sa sœur jumelle, paré de ses nombreux atours, s’interprète tout en musique, et s’annonce en une vraie symphonie de lieux par où l’on doit transiter, si douce et très féconde, juste en prononçant ces noms de villages que l’on parcourt en coup de vent et en file indienne.
Kais, fayes et Boulefrais en font partie. D’autres contrées, disséminées à travers ce territoire des Aurès, se prêtent elles aussi à cette rime au son chatouillant et si chantonnant : Seriana, Merouana, Menaa, Bouzina et Segana, pour ne citer que celles-là.
Depuis que l’eau de pluie y est en partie emmagasinée, grâce à ces barrages de création récente, le pommier a investit les lieux et les rendements de blés sont devenus plus importants. On y enregistre cet intérêt certain et grandissant au profit du travail de la terre.
Et c’est tout ce monde paysan qui revient finalement à sa réelle vocation : à ses premiers amours et métiers de base ou d’antan. En dépit de quelques retouches de pure forme, notre séjour dans les Aurès reste encore gravé dans notre mémoire. Nous ne cessons, chaque jour, de ruminer les succulents moments de notre voyage qui nous a conduits en pays Chaoui.