Articles de algermiliana
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Réponse à Rémi Brague
- Par algermiliana
- Le 20/02/2016
- Dans Le Coin de Mustapha CHERIF
- 2 commentaires
Paru sur Mediapart 18 février 2016
Dans un article incendiaire, paru le 07/01/2016 dans le magazine La Vie, Rémi Brague dénigre et caricature violemment l'islam, avec des jugements de valeur et un parti pris idéologique. Mon droit de réponse n’a pas été publié. Je le fais ici, en développant point par point.Irresponsable.Premièrement, Brague affirme "Le Coran contient tout et le contraire de tout". C'est un aveu d'impuissance et un aveuglement. Le Coran n'est pas un fourre tout. Il faut savoir lire et discerner. Sous le masque de l’expert du moyen-âge,ce polémiste ajoute à la confusion et aux préjugés. Il reprend les clichés islamophobes et alimente la machine à haïr et les fantasmes d’une partie de l’opinion.C'est une approche irrésponsable. Il ne cherche pas à comprendre de l'intérieur et fait dans le dénigrement blessant. Nul ne nie que la religion peut mener à la violence, à l’aliénation et au fanatisme. Mais de là laisser croire que ces maux concernent uniquement l’islam et sont consubstantiels au Coran il y a un pas que ne franchissent pas les penseurs sérieux.StigmatisantDeuxiemement, contrairement à ce qu'affirme Brague qui stigmatise, la majorité des musulmans par bon sens n'ignore pas le sens de l'islam, qui est inépuisable. Ce polémiste jette la suspicion sur tous les musulmans:« Il est difficile, faute d'enquête sérieuse, de savoir quelle proportion exacte des musulmans, et dans quels pays, sympathise avec les terroristes, les comprend, ou au contraire les rejette ».Le discours de Brague participe au processus de culpabilisation et de l’assignation identitaire des musulmans.Chacun des pays musulmans montre au contraire que l'immense majorité des citoyens est vigilante. Ils combattent les fanatiques qui dénaturent leur religion. Hier les Algériens ont résisté avec force et actuellement les Tunisiens, les Égyptiens, les Syriens, etc. Fait significatif, 90% des victimes sont des musulmans.Troisièmement, Brague, à propos de l’expansion de l’islam à ses débuts, se fait réducteur. Alors que la plupart des historiens, y compris le sévère Bernard Lewis et les éminents Louis Massignon, Jacques Berque et André Miquel, reconnaissent que l’islam a progressé rapidement sans violence majeure et parfois a paru libérateur aux populations.Brague, avec simplisme, falsifie l’histoire et la théologie musulmanes : « l'islam a dû poser que les versets révélés plus tard abrogeaient les dispositions des versets plus anciens… Il abroge tous les versets « dialoguants » antérieurs ». Ni l’islam, ni la tradition musulmane ne rendent caduc tel ou tel verset. La théorie des versets abrogeants-abrogés n’est pas de cet ordre. Brague pêche en eau trouble, il utilise des arguments fallacieux des extrémistes fondamentalistes.L’économie du CoranQuatriemement, il occulte le fait que pour l’islam sans le respect de la vie humaine et de la liberté d’autrui la foi n'est pas valide, la vie n'a pas de sens. Le Coran dit clairement: «Que celui qui veut, croit et celui qui veut, mécroit». Il rappelle en synthèse que: «Point de contrainte en religion.» (Coran II, 256...). C’est un verset capital, révélé à Médine et qui n’a jamais été abrogé, contrairement à l’allégation de Brague, qui de surcroît le traite « d’ambiguë ».L'islam, de la même racine que le mot salam, paix, vise à maitriser les pulsions de violence et d'idolâtrie, et non point à les nier, ou à les débrider. D’où le caractère stratégique des injonctions coraniques pour contenir la violence, se connaître et pratiquer la justice.Brague necite pas les nombreux versets du Coran qui fondent la sacralité de la vie humaine, plus sacrée encore que le temple saint qu'est la Kaaba.Il ne saisit pas l’économie du Coran. Le Texte est un Tout. Il y a lieu de le saisir dans sa ligne principale. De par le nombre dominant de versets pacifiques, la pratique du Prophète, définit comme Envoyé pour la miséricorde, et celle de la majorité des musulmans depuis 15 siècles, sa ligne principale est celle de la non-violence. Ce n’est pas un hasard que les chapitres du Coran commencent par les termes Miséricorde et Miséricordieux. L’usage de la force est autorisé, mais à des conditions très strictes.Il s’agit de la contre-violence, de la légitime défense en islam, et non pas de la violence aveugle, de la loi du plus fort ou de la vengeance. Le Coran proclame que la miséricorde est la vertu première, proche de la piété. Mais il est possible en dernier recours à un peuple de se défendre et de demander réparation à autrui quand il fait subir un dommage. Les esprits étroits, comme les obscurantistes, font une fixation sur l’exception.La préférence est sans ambiguïté pour la paix, le pardon, la justice: «Vous qui croyez témoigner de l'équité, que la rancune contre un autre peuple ne vous vaille pas de tomber dans l'injustice. Soyez justes.» Si, à certaines conditions, le Coran n'exclut pas la légitime défense, cela concerne la collectivité en respectant une éthique universelle. Le pluriel est visé, pas le singulier. Le Coran ordonne: «Combattez sur le chemin de Dieu ceux qui vous combattent, sans pour autant commettre d'agression. Dieu déteste les agresseurs- transgresseurs.» (II, 190).Sinon, le pot de terre se heurtera éternellement au pot de fer et l'agneau au loup. Se défendre selon la justice, ne pas se laisser prendre en otage par l’ego ou par l'autre, voilà comment répondre aux orientations du Coran. Ni angélisme, ni violence aveugle. L'épreuve consiste à surmonter la difficulté et à tout faire pour que la paix triomphe, « S’ils penchent pour la paix, fais de même» (8, 61)Le Coran responsabilise l'être humain: «qui aura fait un atome de bien le verra, qui aura fait un atome de mal le verra» (CIX, 7-8) pour construire le vivre ensemble. Le Coran ce sont 90% de versets sur le respect de la liberté humaine et 10% de limites, 90% d’appels à la miséricorde et 10% d’autorisations à la fermeté et à l’usage de la force légale. qui profitent les crimes ?Cinquièmement, une question fondamentale, que les polémistes comme Brague ne posent pas: à qui profitent les crimes? La réponse est claire: aux ennemis du vivre ensemble et de l’islam. Ce dernier est miséricorde, paix et dignité. Cela est vérifiable sur les plans théorique et historique, malgré aujourd’hui les violences injustifiables commises en son nom.Brague crée le doute, alors qu’affirmer que l'islam n’a rien à voir avec la violence aveugle est la moindre des choses. Aucune religion ou communauté ne peut se dérober à la critique. Mais amalgamer l’islam et la violence est absurde. Heureusement que de nombreux auteurs occidentaux sérieux analysent les causes des dérives, des problèmes, des crises de notre temps et réfutent l’amalgame. Cela signifie qu’il n’y a pas d’islamophobie intrinsèque à la culture moderne.Les islamophobes publient des opinions dignes des années trente, en tenant des propos fondés sur la manipulation des peurs, jadis propagande des fascistes. Par l’amalgame, le musulman, comme le juif hier, est présenté comme une menace. Cela signe l’ignorance, la désinformation et la provocation, comme diversion à l’ambition d’hégémonie totale.Certes, le monde entier constate à quels extrémismes peut conduire la dérive fanatique de sectaires manipulés, qui usurpent le nom de l'islam. Cependant il s'agit non pas de religion mais de pratiques mafieuses transfrontalières. Phénomènes injustifiables, qu’il faut combattre dans le cadre de l’État de droit, en s’attaquant aux multiples causes.Pour faire diversion et discréditer le droit à la légitime défense et la version spirituelle du sens de l’existence, des sectes qui usurpent le nom de l’islam, sont fabriquées. A contrario, réguler les tensions, dialoguer, patienter, pour assurer la cohésion du Moi et de la société est vital en islam. Ce qui explique que la patience active soit la vertu la plus louée par le Coran.La violence est partoutSixièmement, Brague ne parle pas des violences du monde dominant actuel. Il occulte les agressions brutales et le fait que la dictature du Marché considère le monde non comme lieu de valeurs hétérogènes, mais comme un globe terrestre qu’il faut niveler à tout prix, la puissance technoscientifique aidant.Il ne parle pas non plus des textes violents des autres religions. Des passages dans l’ancien Testament et du nouveau Testament peuvent aussi choquer: «N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive.» (Mt, 10, 34-37) et «Quant à mes ennemis, ces gens qui ne voulaient pas que je règne sur eux, amenez-les ici et égorgez-les devant moi.» (Luc, 19, 26-27). Cela et les guerres de religions chrétiennes n’autorisent pas à traiter Jésus de violent.J’appelle au discernement. La contre-violence, telle que l'autorise l'islam à titre exceptionnel et dans des conditions strictes – car la fin ne justifie jamais les moyens – a pour but d'éviter que la violence destructive ne dégénère. L'idéologie, que Brague semble épouser, refuse le droit à la résistance. Elle a inventé l'idée perverse que toute sorte d'usage de la force, pour empêcher le règne des loups, est condamnable.Cette approche, qui culpabilise, refuse la possibilité de se défendre dignement et loyalement pour continuer d'exister, alors qu’il est vital de se protéger pour empêcher les injustices et le nihilisme: « Si Dieu ne repoussait pas certains hommes en leur opposant d’autres hommes, des monastères seraient détruits, ainsi que des synagogues, des oratoires et des mosquées où le Nom de Dieu est beaucoup invoqué. » (22, 39)Le Coran appelle à la civilité: «Une seule parole de convenance ou de clémence vaut mieux qu'une aumône que suivrait la vexation. Dieu est Suffisant à soi, Longanime» (II, 263). Les actions de légitime défense sont l'exception. Elles ne se substituent pas à la résistance quotidienne pacifique, le bel-agir qui sont la règle, en termes de vigilance intériorisée pour le vivre ensemble et contre la remise en cause de la dignité humaine. La culture de la résistance se couple à celle de la bonté.Les sages et les non-violents de l'histoire de l'humanité savaient que la contre- violence est préférable à l'indignité. L'islam est dans cette ligne. Il refuse la violence aveugle, le pur affrontement, la guerre indéfinie, perpétuelle et totale.Septièmement, contrairement à ce qu’avance Brague, il est logique de contextualiser. Il se perd en explications alambiquées et refuse aux musulmans d’interpréter et de contextualiser : « Dieu est éternel et au-dessus du temps, et Il sait toutes choses. Il n'a pas de contexte. Une injonction claire vaut donc pour toujours. » Affirmation fausse.Il y a des causes précises pour nombre de versets. « Dieu » tient compte de la réalité concrète et historique et favorise l’évolution et le changement. La demande de contextualisation n'est pas une tactique, elle est d'un enjeu fondamental pour les sociétés musulmanes.Huitièmement, Brague utilise des constructions humaines, des fables négatives et des textes douteux. Il falsifie les faits et l’histoire du Prophète. En contradiction avec les versets du Coran à propos de l'Envoyé, les témoignages et la vérité historique, qui démontrent la magnanimité et l'humanisme du Prophète, Brague, avec une violence inouïe, le traite d'assassin : « il a fait assassiner des personnes de tout âge et sexe qui se moquaient de lui … égorger des centaines de prisonniers; torturer…». Près de deux milliards d’êtres humains, de toutes races, nationalités et cultures, et d’horizons divers auraient pour guide un assassin ! Brague délire.Jamais le Sceau des prophètes n’a porté la main sur quiconque, ni utilisé la moindre violence pour obtenir quelque chose. Sa mansuétude a donné une lumineuse civilisation et une tradition spirituelle universelle. Il n'y a aucun doute que le Coran et le Prophète interdisent les violences, l’injustice, les barbaries, l'atteinte aux non-belligérants, aux civils, la torture. L’islam, ce méconnu, n’aime pas la guerre, mais la paix, comme il est clairement écrit: « Toutes les fois qu’ils allument un feu pour la guerre, Dieu l’éteint. Et ils s’efforcent de semer le désordre sur la terre, alors que Dieu n’aime pas les semeurs de désordre. »(5: 64).L'adversaire, dans la perspective mohammadienne doit relever du combat loyal, il n'est pas un non-humain ou un ennemi pour toujours. Le vivre ensemble et la concorde en sont l’horizon indépassable. L’extrémisme est l’anti-islam. La propagande islamophobe, pyromanie, est vouée à l’échec. -
Des dessins d'enfants
- Par algermiliana
- Le 19/02/2016
- Dans Le Coin de Le ziton
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Bonjour à toutes et à tous.
Des dessins , voici un siècle, et qui gardent toujours leur impertinence.......
J'ai choisi pour vous deux ( 2 ) d'un dessinateur humoriste.
aujourd'hui je vous livre le premier.
Cordialement -
JOURNEE NATIONALE DU CHAHID
- Par algermiliana
- Le 18/02/2016
- Dans Le coin de Safia BELHOCINE
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Est ce un privilège que d'avoir "croisé" un Moudjahid?
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Saint Augustin
- Par algermiliana
- Le 17/02/2016
- Dans Le coin de Aziz OUDJIDA
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Amies et Amis
Je suis entrain de lire les Confessions de Saint Augustin, quelqu'un bien de chez nous puisque né a Thagaste en 354, ou encore Souk Ahras, et tué par les Vandales lors du siège de Hippone, ou encore Annaba, en 430 dans l'Est de l’Algérie.Pourquoi je vous raconte tout cela ?Apparemment le XVII eme siècle français a été par excellence le siècle Augustinien. Blaise Pascal est sans doute un mathématicien et un physicien de génie, mais c'est aussi un théologien et moraliste, dont les Pensées, publiées en 1669, traduisent l'imprégnation de la lecture spirituelle d'Augustin, alors que son contemporain, un autre illustre génie, René Descartes, en fait le fondement de sa philosophie. Un siècle plus tard, Rousseau, le philosophe du Contrat social, cherchera a rivaliser avec lui dans ses propres Confessions (1782). Après la Révolution française, le catholicisme renaissant s'emparera a nouveau d'Augustin. On multiplie alors les traductions et les éditions de ses oeuvres.Augustin a inventé un style de vie, centré sur le partage, la prière, et la mise en commun des biens, qui donnera une règle encore en usage aujourd'hui. Peut être même que Karl Marks, Lénine et bien d'autres illustres personnages de ce monde, se sont inspirées du Contrat social de Saint Augustin, le fils de Souk Ahras.Et le mot de la fin, il vient bien de chez nous et on n'a pas que des Zidanes ! -
La crise du monde moderne
- Par algermiliana
- Le 11/02/2016
- Dans Le Coin de Mustapha CHERIF
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La crise du monde moderne, l’islam et les intellectuels fourvoyés
Des chercheurs tentent de répondre à la crise du monde moderne, en multipliant les concepts : « postmodernité », « transmodernité », « deuxième modernité», «hyper-modernité ». Nous vivons une fin de civilisation. Pour pouvoir identifier et relever les défis complexes de notre temps, il faut dialoguer. Une nouvelle modernité est le défi pour les intellectuels d’Orient et d’Occident.
Qu’appelle t-on modernité ? Telle qu’elle existe, elle est ambivalente. Elle produit du progrès, de l’efficience, de l’émancipation, mais favorise des iniquités, des déséquilibres et des violences. La modernité depuis trois siècles se fonde principalement sur trois critères : la raison instrumentale, pratiquée comme technoscience, le capitalisme mis en œuvre comme libéralisme et la sécularisation, areligieuse, voire antireligieuse.
Le choc des civilisations, une diversion
Alors que les civilisations sont liées et que le dialogue est la voie pour faire lien et relever les défis, il y a un quart de siècle, Francis Fukuyama dans « La fin de l’histoire » décrivait cyniquement l’islam comme un « grain de sable » qui empêche l’hégémonie du libéralisme marchand et Samuel Huntington parlait de « Choc des civilisations ». Pourquoi cet acharnement ?
L’islam représente la version du monde qui résiste à la sortie de la religion de la vie et à la marchandisation du monde ; même si des régimes «islamiques» s’engouffrent dans le libéralisme sauvage et que des dérives dramatiques, fabriquées et amplifiées, le fondamentalisme violent, prolifèrent. Comme l’a dénoncé L’Émir Abdelkader l’Algérien : «Le musulman est parfois une manifestation contre sa religion. » Les pays musulmans doivent se remettre en cause et assumer leurs responsabilités pour reprendre une place digne dans le monde.
Les principes bien compris de l’islam peuvent contribuer à faire face aux défis et non à susciter le désordre et l’obscurantisme. A juste titre, Jacques Derrida écrit : « L’islamisme n’est pas l’islam, ne jamais l’oublier » et Jacques Berque « L’islamisme est contre l’islam ». Le dénigrement de l’islam est une diversion et un fonds de commerce. C’est une islamophobie ancienne, un orientalisme débridé, comme l’a démontré Edward Saïd. L’islam a orienté vers le vrai, dialogué avec les civilisations de l’antiquité, produit une civilisation universelle et contribué à la renaissance européenne. Notre temps actuel obscur ne peut occulter mille ans de luminosité et de scientificité.
Alors que nous avons besoin les uns des autres pour rouvrir l’horizon, préserver les acquis, corriger les dérives et rechercher une civilisation universelle, l’islamophobie, diversion aux impasses de notre temps, bat son plein. De nombreux pouvoirs détournent le mécontentement de leurs populations contre d’autres. Diviser pour régner est une vielle recette. La fabrique de l’ennemi interne ou externe, le bouc-émissaire, a toujours fait des ravages.
Aujourd’hui, au cœur de la crise permanente et du non règlement de la question palestinienne symbole du recul du droit et des murs érigés, la politique islamophobe en est le prolongement. Des intellectuels, sans certification en matière de théologie musulmane, prétendent parler en islamologues. Ils tentent de faire croire que le Coran et le Prophète sont antimodernes.
Combattre le fanatisme, critiquer la religion en elle-même et passer au crible la tradition pour chercher à comprendre, ou réformer, est légitime. Cependant, sciemment, les islamophobes ne discernent pas entre les sources fondatrices et les lectures arbitraires, entre la révélation et les constructions humaines.
Le Coran appelle à penser et à s’opposer à son instrumentalisation : « Ne réfléchissez-vous donc pas? » (6-122.) Cela implique de ne pas l’aborder comme une archive morte, ni de voir en lui, de façon choquante, contre toute vérité historique et scripturaire, une essence du fanatisme. Ni Descartes, ni Voltaire, ni Marx n’ont cultivé cet amalgame, tout en sachant que la religion peut devenir une borne.
Lire le Coran à la lumière de l’évolution, énoncer et renouer avec la pensée libre est vital. D’autant que l’instrumentalisation arbitraire de versets, qui appellent à l’effort, à l’usage de la force et à la légitime défense, induit des contre-sens et des comportements déviants. Cela a pour conséquence des tragédies.
Des adresses au monde entier, par des savants musulmans, existent pour contrebalancer la propagande des fondamentalistes et celle des islamophobes. Mais leur visibilité est faible.La propagande islamophobe, expression d’un vide de la pensée et d’une stratégie de diversion, cache les impasses politiques, les situations critiques, les dysfonctionnement du vivre ensemble national et mondial, qui suscitent l’exacerbation des extrêmes et des folies de tous bords.
Rien ne peut justifier l’extrémisme. La religion est un masque. Pourtant, une frange d’intellectuels nie le caractère nouveau du phénomène transnational et hybride de l’extrémisme violent et la complexité des causes. Elle prétend que le fanatisme est dans l’essence de la religion. Elle accable les musulmans et exonère l’hégémonie des puissants des souffrances, humiliations, discriminations. La stigmatisation des musulmans est flagrante.
C’est du délire que d’affirmer que l’extrémisme est un islam contre un autre islam, une guerre de l’islam avec lui-même, un conflit entre deux lectures du Coran. Par-delà la pluralité des écoles théologiques et l’inépuisabilité du sens, notamment de par la spécificité et la richesse de la langue arabe, une lecture attentive du texte et quinze siècles d’histoire prouvent que la ligne du Coran est celle de la mesure, du juste milieu, de la contre-violence.
La confusion absurde entre islam et extrémisme occulte les causes géopolitiques, mafieuses, socio-économiques, psychiques, l’ignorance, le «malaise dans la civilisation » dont parlait déjà Freud. Comment imaginer que la propagande qui met l’accent sur le culturalisme soit encore crédible ?D’autant qu’existe des travaux sérieux, de penseurs qui analysent du dedans les causes du désordre et les impasses de l’histoire des Occidentaux, dominants depuis trois siècles, en tant qu'elle nous a tous conduits à une situation préoccupante.
La critique des politiques, des forces économiques occidentales et de l’état de l’Orient, occupe une place importante dans les textes, si peu dans les médias. Des intellectuels conséquents s’interrogent sur les causes des malheurs de notre temps, récusent les attaques islamophobes et les approches culturalistes. Le souligner c’est en tenir compte et redonner espoir.
Le Coran, livre ouvert par excellence, qui exige le respect du pluralisme, a été source d’une civilisation fraternelle. Il est une guidance, pour ceux qui ne sont ni sourds, ni aveugles. Il responsabilise. Inépuisable, il finalise l’histoire du salut, éveille et vise l’existence. Bien reçu, il permet de sortir de toutes les formes d’idolâtries, d’illusions, et de maîtriser les pulsions négatives. Nul n’est immunisé contre l’égoïsme, les troubles psychiques, et les déviances. La lucidité n’est pas donnée d’avance, mais l’islam, par les repères qu’il donne et les liens qu’il crée, permet de prévenir, de guérir, de se dépasser.
Il ouvre aussi la possibilité de percevoir l’unité de l’humanité, au-delà de la multiplicité, ainsi que l’accord universel par-delà les divergences. Il appelle à distinguer, à discerner et à articuler la foi et la raison, le permanent et l’évolutif, l’un et le multiple. Ce n’est pas un hasard que le premier mot révélé soit « Lis » ! Pour le Coran, le cosmos et l’homme sont aussi des livres.
Notre civilisation commune est judéo-islamo-chrétienne et gréco-arabe. Nul n'est monolithique, ni n’a le monopole de la vérité. En islam il y a une pensée de l’être capable de forger des êtres équilibrés, de la modernité et de l’authenticité, d’honorer la vie, de surmonter l’épreuve de l’existence, apte à la sécularisation, qui ne soit ni deshumanisation, ni désignification.
Les intellectuels fourvoyés perpétuent les préjugés. Ils ne discernent pas entre les sources fondatrices de l’islam et les lectures arbitraires, entre la révélation et les constructions humaines. Dans un monde en crise permanente, qui accuse à tort la religion d’être fondée sur le sacrificiel, l’idéologie fondamentaliste piège ses adeptes. Ce n’est point un retour aux sources.
Par l’amalgame, les islamophobes diabolisent l’islam. Ils perturbent le rapprochement entre les peuples et cherchent à empêcher que les êtres épris de paix, de justice et de sens tissent des liens et énoncent un autre projet pour le monde. Ils n’endiguent pas le désordre et les sectes. Ils ne résistent pas aux extrémismes. Ils les propagent. La diversion ne peut occulter le fait que du dialogue entre l’Occident et l’Islam, imbriqués, entremêlés, dépend l’avenir.
Trois défis
Les trois dimensions de la modernité, la technoscience, la démocratie et la sécularité sont des valeurs universelles qui peuvent êtres adaptées à une autre discipline de vie, en vue d’aboutir à une société véritablement humaine. Le temps n’est plus d’imiter un modèle hégémonique qui donne priorité à l’économisme. Il faut réinventer une civilisation de l’homme total. Le progrès sera plénier, ou ne sera pas.
La difficulté du savoir moderne à favoriser un monde juste et équilibré, est flagrante, au moment où la mondialisation se présente comme un monopole qui impose ses divisions, ses prédicats, ses concepts et ses catégories, et au moment où l’Orient a des difficultés à bien résister, faute de pensée politique nouvelle et de créativité suffisante, malgré des atouts.
La révolution scientifique, la sécularité et la démocratie sont bénéfiques. Ils peuvent êtres refaçonnées selon les fins de chaque peuple. Chacun peut s’affirmer tels qu’il se sent et se veut. Or, l’essence de la modernité occidentale, de la mondialisation, suscite trois contradictions :
1. La tension entre science et conscience. Le concept d’infinité de la recherche est problématique. Il est légitime de chercher à poser des limites éthiques au déchaînement de toutes les exploitations. Il ne faut pas avoir peur de la science, nul ne peut arrêter le progrès scientifique, mais pour quelles finalités ? Plus que jamais, s’offre la maxime «Science sans conscience n’est que ruine de l’âme».
2. La tension entre individu et le vivre-ensemble. Le monde est moderne parce qu’il a atteint un niveau élevé dans sa recherche d’un individu autodéterminé. L’individu au centre, montre au reste du monde la voie de l’émancipation. Pourtant l’enjeu n’est pas seulement l’autonomie de l’individu mais aussi le commun, le vivre ensemble.
3.La tension entre la raison et le sensible. Il y a une disjonction entre la logique et le sens. Les trois caractéristiques – l’infinité de la recherche, l’individualisme et la raison coupée du sens– posent problème pour les peuples qui recherchent la cohérence et l’être, pas seulement l’avoir. Des problèmes de fond.
Sur le plan du sens de la vie, le problème est d’ordre éthique. Qui adhère à une grille de lecture faisant place à une pensée de l’être, aux valeurs de l’esprit, au sens religieux, voit marginaliser le sens éthique et spirituel de la vie. Aujourd’hui, la réalité, ce n’est pas simplement la sécularisation, mouvement libérateur, mais son corollaire, la désignification éthique du monde et le refus qu’une Norme supérieure puisse éclairer la vie humaine. L’invention d’une « religion civile », en la figure de la « République » et le mythe du progrès n’ont pas répondu à toutes les attentes.
Sur le plan politique, le problème réside dans le fait que la démocratie en vigueur est plus que perfectible et les relations internationales ne sont pas démocratiques. Des puissants cherchent à asseoir leur totale domination. Le corps social est réduit à un corps productif, soumis aux intérêts des détenteurs de capitaux et spéculateurs. Le pouvoir des monopoles économiques et la course au consumérisme sont valorisés. Cette dépolitisation de la vie et sa marchandisation remet en cause la possibilité de faire l’histoire, d’être un peuple responsable, capable de décider, de résister au nom de la liberté, d’avoir ses raisons et d’avoir raison, de donner réalité à un projet de société choisi après débat.
En dépit de la généralisation des progrès de la science, de la légitimité des institutions, de la prédominance des droits de l’homme, de la libre entreprise, des normes juridiques, la possibilité d’exister en tant que peuples et citoyens responsables, participant à la recherche collective et publique du juste, du beau et du vrai, est hypothéquée. L’avenir dépend moins de la décision de chaque citoyen que de systèmes hégémoniques.
Le désordre du monde moderne est aveuglant. On va dans une mauvaise direction. Le système dominant demande une mobilisation totale, même si cela ne se présente plus sous sa forme brutale de naguère. Il s’agit pour lui de modeler tous les systèmes – scientifiques, éducatifs, culturels, sociaux – sur les besoins de leurs entreprises. Produire de la richesse est légitime, reste à respecter des normes éthiques et écologiques.
Le processus infini d’accroissement de la production a franchi la limite au-delà de laquelle il ne lui est plus possible de dissimuler le besoin de totalité qui lui est inhérent. Mondialisation, totalisation, clôture: le monde est engagé dans ce processus. L’individu jouit de bienfaits, mais ne sait plus comment fonder la validité de ses actes et de ses projets. Les revendications écologiques et sociales vont au-delà des problèmes immédiats, un désir d’existence veut être entendue.
Sur le plan du savoir et de la connaissance, le troisième problème est la remise en cause de la possibilité de penser et de penser autrement. Le cloisonnement et la technicité l’emportent sur la transversalité, la diversité et le partage. La mondialisation vise à maîtriser toutes les choses de la vie par l’exploitation des résultats des sciences exactes, appréhendées comme les seules qui soient pertinentes pour la logique du développement. Malgré le travail des sciences humaines et sociales, la modernité privilégie les sciences exactes et leurs applications, soumises à la logique du marché. Pourtant la philosophie, la culture, les arts, les valeurs de l’esprit et la théologie sont aussi au cœur de la civilisation humaine.
Il est vital de donner la priorité aux savoirs ouverts, de réexaminer les incohérences, pour décider librement des objectifs de la recherche et réinventer d’autres formes à donner à l’existence. Ne rien céder quant à l’attachement au dialogue entre les mondes et à l’interdisciplinarité. Mettre fin à tous les dogmatismes et réhabiliter l’interculturel, l’interreligieux, l’éducation et les sciences, au centre des préoccupations. Réinventer une modernité alliée à l’authenticité. Un nouvel humanisme, universel, qui fonde le respect du droit à la différence et reste attentif à ce qui dépasse infiniment l’homme.
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Amalia Rodrigues: La maison sur le port
- Par algermiliana
- Le 10/02/2016
- Dans Le Coin de Le ziton
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Bonjour à tous,
Il y a bien longtemps que je ne suis repassé par ici, il me semble.........
Quoiqu'il en soit, c'est un plaisir de revenir ! La voix d'Amalia, la mélodie du fado m'ont toujours touché depuis que j'ai visité son pays, je comprends pourquoi ces gens ont une philosophie de la vie pleine de beauté.
On peut toujours trouver à redire, mais il faudrait être injuste pour ignorer son talent.
bonne écoute
cordialement -
Ya Salem !!! Karyma s'en va
- Par algermiliana
- Le 09/02/2016
- Dans Le coin de Med BRADAI
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YA Salem !!! A ce temps pour Karyma
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Dream lover
- Par algermiliana
- Le 05/02/2016
- Dans Le coin de Med BRADAI
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Ces mots en musique sont dédiés à tous les internes qui ont fait le lycée Mustapha Ferroukhi de Miliana. J’ai cité quelqu'un que tous les internes aimaient. Une pensée a lui à chaque fois que nous nous disions en nous-même "en ce temps-là, je suis arrivé tout jeune et c'est Charly qui m'a appris comment tenir une fourchette".
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La pharmacie de Dieu
- Par algermiliana
- Le 04/02/2016
- Dans Le coin de Sadek BRAHIM-DJELLOUL
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Bonjour mes chers amis.Il est des moments où on doit se mettre à l'évidence et se tourner aux soins par le biais de ce que possède la nature.Je vous souhaite une belle matinée, un bon après-midi,une bonne soirée ou une bonne nuit suivant le cas.
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Le cendrillon qui fait sensation en coupe d'Algérie (Qualifié en huitième de finale)
- Par algermiliana
- Le 28/01/2016
- Dans Le coin de Djillali DEGHRAR
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Djillali DEGHRAR
Qualifié en huitième de finale de la coupe d’Algérie :
C’est une réalité ou tout simplement un rêve, le rêve renferme bien souvent des cauchemars et des illusions, mais, souvent, la réalité est là aussi pour faire gouter aux supporters aux joies de la coupe d’Algérie et vivre ce qui est juste et concret. Cette situation place joueurs, dirigeants et fans dans une spirale à croire davantage aux échéances futures.
La ville d’Ain Defla vit, ces derniers temps, au rythme de la dame coupe. Sous le froid, les fans répartis à travers toute la ville, au niveau des cafés, dans les lieux publics et à travers toutes sortes d’endroits de regroupements, spéculent, improvisent et réfléchissent au prochain tirage au sort. Le Raed sera-t-il opposé au MCA, à l’ESSétif, au MOBedjaia ? A l’USMHarrach ? À NAHussein Dey ? L’équipe de Ghriss ? A l’Arabaa ? A l’équipe de Maghnia ou bien celle du Paradou ?
Les spéculations vont bon train, des suppositions incroyables et imaginaires font sortir les supporters de leurs habitudes quotidiennes, les font plonger dans le syndrome de la dame coupe. C’est enivrant et exaltant.
Le résultat tant attendu est enfin connu, il est tombé comme verdict c'est-à-dire comme un véritable couperet lors du tirage au sort. Afin de connaitre le prochain adversaire du Raed Amel d’Ain Defla. Ce cendrillon (classé 9ième en championnat) qui mérite le respect et de la considération, de par ses victoires et son jeu classique qui augure un avenir certain pour le club. L’adversaire connu est le club athlétique du Paradou, possédant une équipe composée de jeunes joueurs talentueux formés dans le temple du Paradou. Ce dernier pratique un beau football réfléchi, soutenu et bien orchestré contre une modeste équipe pratique un football classique renfermant comme seules armes : une volonté et un courage sans faille. Ces deux atouts peuvent-ils justement apporter la différence cette fois-ci ?
Le tirage au sort avait fait sortir le club du Pardou comme adversaire au Raed Amel d’Ain Defla. Les fans, silencieux, peut être mécontent du tirage ? Faisaient parler les suppositions, Le Raed va-t-il poursuivre sa chance ou bien va-t-il être stoppé par cette redoutable et talentueuse équipe du Pardaou ? Les calculs et spéculations sont les menus-menus de ces supporters qui désirent justement que l’aventure continue.
Est-ce que c’est la fin pour l’équipe du Raed contre cette coriace équipe du Paradou ? Peut-être son dernier virage ? Ou bien, la suite va nous réserver encore une surprise ? Comme toujours, la dame coupe, nous fait vibrer et rêver. La logique va l’emporter ? Possible, ou bien le courage et la volonté auront, cette fois ci, leur dernier mot ? Face à une équipe du Paradou qui possède une osmose dans ses trois compartiments, des individualités qui adoptent un jeu bien aéré et plaisant à voir.
De l’autre côté, et en regardant de très près les joueurs du Raed Amel d’Ain-Defla lors des entrainements et ou dans la vie de tous les jours. On remarque et on constate des yeux, non seulement qui pétillent à l’approche du jour « j » mais crépitent à l’idée de se mesurer avec un adversaire de renom. Des joueurs aguerris, pétris de qualité. Ils sont là, ils existent, ils attendent, ils sont en train de vivre une situation exceptionnelle et inhabituelle. Ils espèrent aller le plus loin possible. La ville d’Ain Defla adulent et flattent ses petits lutins. La ville n’a jamais connu un événement pareil, alors, elle se met en diapason pour leur fournir et procurer des éventuels besoins en moyens matériels ou financiers. C’est la grande fête avant l’heure. C’est la discussion du jour, le sujet est d’ordre général, on en parle partout, et c’est devenu le sujet clé de l’ensemble des groupes ici et là. Et dans tout attroupement.
Le club Raed Amel d’Ain Defla était créé au départ et même supposé être le pourvoir du club local phare du SCD et également le récupérateur d’anciens joueurs en vue de finir leur carrière. Mais, la volonté et la hargne qui ont animé ces joueurs en ont décidé autrement.
Mené par un jeune et brillant entraineur Mustapha Abbès, originaire de la ville, a su à travers les matchs, donner à cette équipe non seulement l’envie de jouer, de bien jouer et surtout de croire en eux et en leurs potentialités. La « potion magique » était simple et élémentaire mais très significative.
Certains fans de ce petit club du Raed Amel d’Ain Defla ne croient pas à ce qui leur arrivent, par contre, d’autres y croient fermement. Les anciens, certains d’entre eux semblent être dans le firmament, par contre d’autres, en parfaits connaisseurs, semblent être raisonnables, lucides et disent que c’est déjà beaucoup d’en être arrivé à ce stade de la compétition.
Les médias (Télévisions et Journaux) n’ont justement pas fait monter la tête à ces jeunes génies du Raed, néanmoins, ils disent qu’ils doivent finir en apothéose. A ce stade de compétition, tout ce qui peut leur arriver est du bonus donc, ils vont jouer les 8ièmes de finale de coupe d’Algérie à chances égales. Sinon ils auraient fait un bon parcours et quel parcours ! Que ces huitièmes de finale de la coupe d’Algérie entrent dans l’histoire du club du Raed.Amel d’Ain-Defla.
A ce stade de la compétition (8ième) de la dame coupe, il ne peut y avoir de grands et petits clubs. Ils sont là, par conséquent, ils se valent.