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Droj Belaid / Tiaret

L’histoire est le miroir du passé et l’échelle du présent……………………….Moubarek El Mili.
L’oubli du passé cultive inévitablement les incohérences qui amènent la société vers des tragédies parfois irréparables………………………………..Amar Belkhodja.
À toutes et à tous Essalem.

Droj Belaid…et l’histoire des nuits et des jours continue…Honorable historien nous vous ecoutons.

Les incursions à travers les escaliers de la ville de Tiaret nous replongent dans la lecture de bien tristes pages d’histoire. L’histoire de la population algérienne qui endurait dans l’amertume le poids du hideux régime colonial. Les escaliers de cette ville, devenue la citadelle des colons avides et vampiriques, ont énormément des choses à dire. Ils sont le site d’une population algérienne, qui depuis l’installation des colons dans le pays, vivait au jour le jour. On allait tous les matins à la conquête d’un revenu, hypothétique et aléatoire pour vivre et faire vivre les siens. Au début du XX siècle, la misère étalait partout et chez tous.

Le plus misérable des escaliers de Tiaret est celui qu’on surnommait Droj Belaid. C’est un passage de 42 marches qui donnent sur les bas-fonds du centre-ville. Il éventre un gros et solide immeuble ou l’on retrouve un bain maure, un hôtel et une nuée de fonds de commerce disposés sous les arcades. Sous ces mêmes arcades, des sous-sols obscures et mal éclaires, abritent des familles nombreuses, pauvres et bruyantes. Droj Belaid, c’est la face cachée de la cité, fief des familles les plus démunies, c’est aussi l’asile des sans famille qui avaient pour nom jean caillou et kaoukaoua. Jean caillou ancien forçat de Cayenne était un grand bagarreur qui avait écopé de plusieurs peines de relégation.

Droj Belaid , c’était le fief de Djilali que tous les Tiaretiens appelaient Loulou, un adepte invétéré de Bacchus. Sa mère, ah ces mères tendres, affectueuses et tolérantes, veillait tous les soirs craignant pour lui des chutes ou autres agressions. Mieux encore, malgré son âge, (plus d’une quarantaine) Djilali recevait de temps en temps des raclées de mère Yamina, croyant dissuader son grand enfant des beuveries et leurs effets nocifs sur la santé. Hélas, l’enfant de Droj Belaid fut emporté prématurément. Tout Tiaret était à son enterrement. Chose étrange, Djilali s’abstenait de boire pendant le mois de Ramadhan. C’était d’ailleurs le cas de tous les amateurs du jus enivrant des vignobles. Personne de ces consommateurs n’osait boire pendant les 30 jours du carême et pendant les 40 jours qui les précédaient. Jean caillou, Djilali et Kaoukaoua ne sont plus de notre monde. Droj Belaid fait face au marché couvert de la ville, lequel marché, fut construit en 1898 et qui n’a jamais cessé d’attirer des porteurs, enfants et adultes qu’on appelait ouled el blaca( enfants de la place).

Les porteurs sont recensés par l’administration coloniale et sont autorisés à pratiquer cette besogne. Au fil des ans, le petits enfant tiaretiens héritèrent et de la besogne et de l’appellation. Dans les années 40 les ouled el blaca ne sont autres que les Ya ouled de la célèbre Casbah d Alger. Ils sont si nombreux à être privés de scolarisation. Ils exécuteront mille et une besognes humiliantes. Dans Tiaret du début du XX siècle, les images de la misère défilent tous les jours. Tous ces enfants, écrasés par le dénuement, étaient broyés par l’humiliation que la misère peignait de ses cruels pinceaux empruntés à la colonisation.

Les ouled el blaca, la nuit venue, faisaient les plus beaux rêves. Déguenillés, ils avaient froids, ils avaient faim. Ils rêvaient de lit chaud, de nourriture abondante, de pair de chaussures, d’habits neufs, de logements décents, de savoir, de bonheur et de dignité. Novembre éclate. C’est l’automne de la colère….Elle anéantira le cauchemar des ouled el blaca de toutes les villes algériennes. Ils étaient Ankylosés, trop longtemps dans le tourbillon de la misère, mère de toutes les humiliations. A tous ces enfants qui ont grandi…le noble site, à quelques heures de l’heure de la grande dignité vous dédie la chanson Amjad ya arab. À bientôt.
 

Par BELFEDHAL Abderrahmane

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