Rezkallah Bacha
- Par algermiliana
- Le 27/10/2014
- Dans Le coin de Djillali DEGHRAR
- 3 commentaires
Il s’adonne au genre musical depuis son très jeune âge :
Saxophoniste, comédien et enseignant, Rezkallah Bacha est aussi un féru de la chanson « Chaâbie », un genre musical qu’il a adopté et dont il a appris les rudiments auprès de frère Bouziane. Ce dernier était aussi un excellent chanteur et interprète de chaâbi qui, malgré son talent, n’a pas reçu en son temps les faveurs de la télévision et la radio nationale, contrairement à des chanteurs moins doués que lui.
A Tlemcen
Rezkallah Bacha est né le 29 septembre 1957 à Chlef, Ses parents, ont déménagé pour aller vivre à Ain Defla. Très jeune, Rezkallah commença déjà à taper de la « derbouka » et du « tar »de son frère ainé, Bouziane, un grand chanteur de chablis méconnu qui a pourtant chanté ce genre de 1963 à 1980.
A l’âge de quatorze 14 ans. Rezkallah dut, pour des raisons familiales, s’initier avec son frère, feu Mohamed, aux travaux de garniture d’automobile et de réfection des salons. Il aidait également son frère pour préparer les marionnettes au foyer d’animation de la jeunesse (FAJ). Ce travail lui ouvrira le chemin pour devenir plus tard un professeur d’enseignement professionnel (PEP) au niveau du CFPA de Botane à Khemis Miliana.
« Tout a commencé un jour A et cela grâce à mon frère ainé Bouziane, qui était déjà chanteur de chaâbi. De temps à autres, il il m’initiait non seulement aux tambours qu’on croit faciles comme le « tar » et la « derbouka » mais également à répéter avec lui des couplets de chansons « chaâbi ».Déjà, très jeune, l’aubade du chaâbi m’avait bercé et emporté pour toujours. Là où j’allais, je fredonnais quelques accords. Ensuite, ce fut au FAJ où j’ai vraiment aiguisé mon sens artistique. Le FAJ était en quelque sorte une espèce comme un véritable temple où se pratiquaient diverses activités culturelles qui attiraient de nombreux jeunes. C’était en quelque sorte une espèce de maison de la culture et des sports où l’on pouvait pratiquer la musique, le ping pong, le tennis, le football, la pétanque, s’initier à l’animation des marionnettes, au théâtre et assister aux projections et débats du cinéma club »
Rezkallah, poursuit : « les dirigeants de ce temple à merveilles étaient des gens très connus dans la région, qui possédaient et un profil d’animateurs confirmés, C’était le cas de feu Zidour Ali, feu Rachid Rezkallah, Abdelkader Korfi, Medjdoub Bacha, Mohamed Bacha Mohamed Chaâchoua et Ahmed Kabli, entre autres…On était là, on, se recherchait tout le temps pour découvrir réellement notre vrai chemin artistique ».
Selon notre interlocuteur, les jeunes étaient bien encadrés parce qu’ils avaient cette rage d’apprendre et d’évoluer. Pour ma part, je voulais devenir saxophoniste, j’étais fasciné et très attiré par cet instrument, j’étais quelqu’un d’engagé. Je voulais jouer ces morceaux de musique qui galvanisent les supporters des équipes de football. Mais mon frère Bouziane m’a convaincu que ma véritable vocation, c’était le « chaâbi ».Il me disait toujours que ma voix était parfaite pour l’interprétation de la chanson « chaâbie ».Sur son insistance, j’ai finalement opté pour ce genre de. Il faut dire que beaucoup de mes camarades trouvaient que je possédais de très bonnes dispositions et aptitudes pour la chanson « chaâbie ». J’ai réussi à réunir plusieurs troupes en passant par le chant moderne, le chant oranais pour justement finir au chant du chaâbi.
Perpétrer la tradition
Pour Rezkallah Bacha, la musique chaâbie s’est imposée il y très longtemps à Ain Defla, bien avant les années 1940. Un article, écrit par Djilali Deghrar, sur les débuts du chaâbi dans notre ville, il a été publié dans un quotidien oranais en 2010 sous le titre : « En 1940, Ain Defla possédait déjà son chantre dans la chanson du chaâbie » Le chanteur de l’époque s’appelait Kaddour Djilali dit Belarbi.
« On s’était fixé définitivement avec une troupe composée de : Benaissa Benzahra, (derbouka et tar), Salim Lounici (banjo), Mustapha Sadi (banjo), Rezkallah Bacha (mandoline), Nacer Bouabdellah (violon), Mohamed Hammadi (banjo, flûte), Abdelkader Hadjer (derbouka).Ma voix enrouée, qu’on dit aussi mielleuse et un peu grave avaient fait le reste. C’était cette voix et surtout les conseils de mon frère qui m’ont vraiment permis de ce choix. Et, depuis, je ne cesse de progresser dans ce style, souligne Rezkallah, ajoutant avoir apporté des nouveautés dans la préparation, le moulage et surtout le change d’orientation ».
L’empreinte du groupe commençait à s’implanter un peu partout et la reconnaissance de ses mérites donna des ailes à ses membres. Rezkallah, qui ne cessait de fredonner des chansons du répertoire « chaâbi » Lorsqu’il s’adonnait à son activité qui était la garniture pour autos et salons et surtout la confection des marionnettes, a beaucoup appris sur les subtilités de ce genre musical caractéristique de l’Algérois. C’est grâce à sa maitrise de cet art qu’il a pu apporter des changements et un style nouveau. Il témoigne qu’un certain Allili Ahmed dit Lalmas lui avait procuré des livres sur de qacidat (poèmes) de chaâbi, cela m’a permis de mieux corriger et anticiper sur des passages jusqu’à ce jour incompris et surtout mal interprétés. En tout cas, ces livres m’ont été d’une grande utilité », avoue-t-il.
En progressant, il ne cessait d’aller un peu partout se produire en Algérie, il a eu la chan le monde merveilleux mais très fermé du chaâbi, il a eu à connaitre les maitres du genre andalou, duquel prend le chaâbi, à Tlemcen, Sidi Bel Abbès, AinTémouchent, Alger et à Oran. Il a connu de grands noms de la chanson algérienne comme SamirToumi, Badji Bahri, Karim Ouidet et Rim Hakiki. « Ce sont des chanteurs très connus qui m’ont tout le temps encouragé, le chaâbi représente pour moi la clarté, l’éducation, pour le comprendre, il faut savoir l’écouter et el respecter, nous dit-il ».
De l’interprétation à la composition
« J’ai réussi égal sur ma mère ainsi que d’autres chansonnettes. Je suis arrivé à faire la composition moi-même. Je ne voulais pas les commercialiser mis je les chante en tournée et dans les fêtes de mariages », nous apprend-il. Aux yeux de Rezkallah, chanter le chaâbi, c’est aussi affirmer certaines valeurs humaines. « Ce chant était et très prisé par des gens qui possédaient des qualités humaines comme, ne pas semer la haine et la discorde entre les gens, se surpasser et dépasser certaines contradictions terrestres pour élever son âme et son esprit, chanter et glorifier la joie, l’amour, l’amitié et le sens des responsabilités, montrer l’esprit vertueux et courageux de l’homme, avoir la « rojela » et ne pas faire montre de trop de fierté. Celui qui ne possède pas ces qualités ne peut en aucun cas apprécier ou du moins savoir écouter les chansons chaâbies».
Les « chouyoukhs (pluriel de cheikh, maintenant les maitres), exprimaient la sagesse et la pureté de l’âme à travers des paroles d’une très subtilité » linguistique. Les propos étaient voilés, c’étaient des paraboles difficiles à saisir par les non initiés. Avec intelligence. Ils savaient répondre à leurs détracteurs, ils rendaient la monnaie à la pièce de leur s rivaux avec une grandeur et une affinité qui laisse pantois plus d’un. Et, tout cela sans écart de langage.
C’est vrai que pour bien comprendre le sens des qacidat chaâbies, il fait comprendre les mots au second degré, savoir apprécier le sens de la répartie. L’extrême finesse des phrases que certains comparent à un breuvage enivrant. Le choix des mots, la composition lyrique, les histoires elles mêmes – la quacidat est un long poème racontant une époque, une aventure, un destin – sont belles et captivantes.
Malgré leur apparente désharmonie, les orchestres chaâbis sont organisés à la perfection : tous les musiciens de l’orchestre travaillent sous l’œil vigilant du cheikh qui se fait comprendre par un simple hochement de tête, une variation de voix, une note de spécifique sur son instrument, pour éviter les errements ou que l’on sorte du thème. Chaque cheikh privilégie un style et un mode d’interprétation tirant ses origines des noubas andalouses.
L « chaâbi » est ainsi : c’est ce breuvage avec ses tasses que ne peut comprendre que l’illuminé, comme l’a si bien dit un grand poète andalou.
Sami Toumi - Badji Bahri - Rezkallah Bacha et Karim Ouidet
Commentaires
-
- 1. Miloud Le 31/03/2017
Bonjour hé bien on vient de voir dernièrement en date du 18 mars dernier chikh rezkallah sur scène lors de l'hommage rendu à son frère mohamed bacha où toute la famille était présenté et tous les chanteurs chaabi des environ y compris chikh kasmi où en a rendu hommage par l'association des passionnés du chaabi et aussi la directrice de la culture de ain defla la soirée a la grande salle qui était pleine et joyeux anniversaire à l'association des passionnés du chaabi qui a 11ans. -
- 2. miloud Le 29/10/2014
bien bien pour mon frere rezkallah je lui souhaite que du bonheur. -
- 3. Chantal Le 27/10/2014
Outre le fait que j'adore, vraiment, ce genre de musique, je tiens à féliciter Rezkallah Bacha ainsi que son frère Bouziane qui, grâce à leur détermination, ont persisté dans cet art difficile qu'est la musique et ce, pour notre plus grand plaisir.
Merci à toi Miliani2Keur qui attire toujours notre attention en mettant en lumière les artistes. Ceux que tu viens de me faire découvrir le méritent non seulement par leur talent mais également par les idées empreintes de sagesse qu'ils véhiculent.
Ajouter un commentaire