Au temps où il pleuvait
- Par algermiliana
- Le 09/01/2016
- Dans Le coin de Med BRADAI
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La pétoche
C était au temps où il pleuvait. Qu’il en pleuvait encore plus, où le mot « toffane « même dit simplement dans les récits donnait la pétoche ….
C’est un temps vivace resté en moi dont je m’en souviens encore. Et il fut dans la rigueur de l’hiver où une nuit depuis la veille jusqu’au matin il a plu, beaucoup plus qu’on s’attendait que le ciel entier va bien nous tomber dessus. Toute une nuit en cataracte sans répit qu’on eut dit le déluge « toffane » et il fut tel ’. … Il n’y avait ni vent, ni neige, mais seule une pluie forte qui se verse du ciel par une nuit d’hiver.
Au matin sans brume le gros temps n’a cessé d’affluer sa colère, tel que Le petit chez soi qui nous faisait toit et abris à G.M et moi en éprouva tout de même ce contre coup tant craint de la nature. C’était pour nous quand cela arrivait c’est quand il pleuvait et qu’il pleuvait encore.
Ce jour là, quand G.M eut à décider plutôt que prévu à me réveiller, à l’angle du coin au foyer ouvert sans conduit de cheminée des brindilles se consumaient sous les flammes. Il était bien temps pour G.M à me dire de délaisser ma seule couverture, tout au moins permettre à celle-ci de se reposer le peu, pour avoir trop emmailloter mon corps, mais G.M ne pouvait se douter un instant que dans mon coin sombre depuis bien un temps j’étais éveillé. Sous cette couverture qui cachait, même mes yeux fermés, le silence de mort me laissait entendre tout prés un bruit sec exaspérant donnant une résonance sonore d’un « Cloc…cloc…cloc » qui ne cessait de se faire entendre par intermittence.
G.M et moi que de fois qu’il se manifeste l’écoutions à chaque fois que la nature change ses caractéristiques. C’est un bruit fatal qui en tout temps de pluie a pris son pli comme en fonctionne un système d’une minuterie d’horloge. Il nous arrive à G.M et moi qu’en pleine nuit, quand les circonstances imprévisibles mettent en marche son système d’oscillation d’aiguilles à un rythme plus avancé du goute à goute imposé par l’eau pluviale de nous lever pour vider au plus vite toute une rangée d’écuelles où l’une attendait l’autre .
Et le matin de ce jour, ce n’était pas cette pluie éparse plus particulièrement ni encore des averses. L’affolement prit G.M lorsque le clapotement dans le contenu des écuelles s’intensifia de plus en plus au fil du temps. C’était le pressentiment pour nous que le malheur qui va arriver est tout à son début. Cela donna une forte inquiétude à G.M, du jamais vu de ma vie, du jamais vu FISTON m’avait dit G.M,
Et pour la première fois je voyais G.M épeurée non pas pour le froid qui sévit ni pour une bourrasque mais pour la toiture en chaume qui risque de s’effondrer sous un poids d’eau quoique les murs bien battis en terre cuite tenaient bon encore, car malgré tout un colmatage fait à l’intérieur par cette bouse de vache, elle paraissait totalement envahie par l’affolement par la pluie torrentielle en train de foisonner le chaume de toiture de peur qu’il ne puisse tenir plus longtemps.
A chaque crépitement d’un orage suivi du bruit d’un grondement de tonnerre sa tête se mut dans tous les sens, regardant tous les recoins qu’elle a du colmater avec la pâteuse bouse de vache récupérée des pâtures avoisinants. Chaque été en prévision du mauvais temps G.M se dévouait à cette tâche même que cela lui donnait tant de peine et atrocement mal aux reins.
Assis à coté de G.M et même tout prés du feu, je me voyais tout glacé à l’entendre dire et répéter continuellement entre ses lèvres le mot« toffane » « toffane », j’ai bien eu en ce moment cette peur bleue, une peur violente dit-on. On nous racontait à nous petits aux soirs d’hiver prés d’un foyer de feu quand le tonnerre gronde dans le ciel c’est pour signifier que ce qui est à craindre peut à tout moment arriver. Ce tonnerre amènera avec lui un « toffane » Ce mot « toffane » tellement décrit par G.M comme le cataclysme qui viendra avant le jugement dernier. On l’entendait dire aussi par les « tolbas » ou les cheyoukhs et le dire avec crainte quand ils récitaient Sourate «Sidna Nouh « Noé dans une de leurs veillée funéraille. Et nous enfants on se passionnaient à entendre leurs récits d’histoires anciennes, cela me ramenait d’avoir la frayeur même en compagnie de personnes âgées qui écoutaient dans les "souks" avec intérêt les troubadours ce qu’entre leurs bouches murmuraient leurs paroles que cela arrivera un jour.
C’était ça d’avoir la pétoche pour nous au temps où il pleuvait … et qu’il en pleuvait encore plus.
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