Mon histoire…/Part 8
- Par algermiliana
- Le 07/04/2021
- Dans Le coin de Med BRADAI
- 2 commentaires
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Mon histoire…L’histoire toute simple de moi (8)
Avec la chaleur de midi, le journal ne se vendait que peu dans la rue. Les gens préfèrent s’adonner à une sieste après un repas plutôt que mettre le nez dehors acheter leur journal. Quand dès fois ce problème se manifestait bon gré mal gré autant pour moi marcher que souffrir lamentablement. Et à maintes fois durant cette vente à la crié, cela me poussait à faire à travers rues et coins du village une course contre la montre. Chercher ce quelqu’un qui d’habitude achète son journal. Dans ces journées de canicule, qu’Il fut bon signe encore pour moi à mesure que le temps passe et que la quantité de journaux sous le bras s'amincie et diminuait de son poids. Parfois satisfait d’avoir épuisé mon stock, que dès fois, lorsqu’il en restait pas grand-chose à vendre il m’en coutait encore de courir jusqu’à entendre ce son de cloche de l’horloge.
L’entendre c’était voir mon travail terminer. Il fallait pour moi se rendre à cette ’évidence que seul l’horloge peut me dicter l’heure de liberté. Il m’était résolu d’attendre et d’entendre le seul coup de cloche de l’après-midi de l’horloge. Il l’annonce au village qu’il est 13 heures de l’après midi. En été c’est pour annoncer que la sieste est finie, c’est le temps du boulot. Pendant l’école il nous annonçait que c’est le temps de rejoindre les bancs de nos tables d’encrier.
Mon heure de travail se termine même si avec quelques journaux qui me restent sous le bras. A cette heure de l’après midi concernant ma tâche, tout abonné au village a eu avec régularité les nouvelles du jour.
Il me restait qu’à rentrer au bercail, mais avant il me fallait remettre ce qui ne m’appartient plus. Vider toutes mes poches, rendre compte qu’il n’en manque pas un sou au compte. Ensuite empocher mes maigres sous et partir. Comme dès fois, il arrive que tous les journaux ne soient pas vendus pour une raison telle, qu’au moment du passage les abonnés ne soient pas chez eux. Le journal non livré leur sera remis le lendemain ou les jours d’après au même prix sans ristourne.
Du paquet à distribuer à remettre, il ne sera fait exception qu’au seul considéré rebut. C’est un journal froissé par l’emballage qui ne se vendait pas. Au lieu de le jeter à la poubelle ou le vendre pour un emballage, on me l’offrait pour s’en débarrasser. Petitement, je l’acceptai pour ma mère. Elle me le demandait toujours avec son petit mot « n’oublie pas mon papier ». Pour que je n’oublie pas c’est en me remettait le morceau de galette avec ma pomme de terre bouillie, que parfois aussi avec un surplus de deux œufs durs, qu’elle me le disait. C’était tout ce que je prenais pour un repas. Ce papier de journal tout abimé lui servait pour essuyer plus facilement ce qui se compose après chaque soir sur le verre à “quinquet”. Nous avions trois à la maison et à leur consommation c’était ce « Nouss Ritla », le demi litre qui suffisait en attendant s’il y avait à vivre un autre jour, c’était idem pour le demi litre d’huile que nous achetions. Minutieusement la petite cuillère faisait une précision de dose pour tout repas. Ce temps est si loin de nous et le relater c’est dire que nous vivons l’EDEN dans nos jours. Le papier journal qu’elle demandait avait plus de commodité que le turban “étoffe du couscoussier appelé ‘’ katal ‘. Tel un turban autour d’une tète, elle l’enroule entre la partie supérieure et inférieure du couscoussier. Avant d’utiliser le journal, ce ‘kefal‘ avec une tige lui servait souvent la première fois à rendre plus clair le verre à quinquet. Le reste du journal sera mis pour la décoration de l’âtre de notre cheminée. Pour le temps qu’il faut le napperon de fortune va orner toute la longueur de l’âtre de la cheminée. A l’aide de ciseaux de fines et petites coupures en zig zag, aux bordures seront faites pour faire jolie et beau à voir. Sur cette nappe on y trouve mieux exposé pour bien éclairer à tout temps notre quinquet. A tout entretien pour le ménage et propreté, mère trouvait à faire sans frais des astuces de nécessité. Quand dès fois elle n’a rien à faire, je la vois nettoyer son seul plat en cuivre qu’on possède et la théière d’argent qu’elle ne sortira que pour les invités. Elle frotte fortement d’abord avec de la cendre, les lave ensuite à l’eau de pluie qu’elle a si bien conservée pour un linge ou cette « haidoura » (peau de mouton) de l’Aïd. Après leur lavage, elle les essuie non pas avec un tissu mais de ces fragments de papier du napperon qu’elle ne jette jamais par-dessus le marché. Pour la levure de galette qui marque une consommation journalière à la nourriture d’un pain quotidien, on ne l’achète jamais. C’est mère à la fin après avoir pétri ses galettes qui la façonne et la prépare d’après une recette propre à elle. Une fois notre galette fut cuite sans levure, père en a été bien furieux pour ça. Mère lui a dit « ya radjal » (homme) ou tu manges ce qui est préparé ou bien tu achètes pour ce que tu veux mieux manger. Mère n’a jamais appelé père par son nom et père n’a jamais appelé mère par son nom devant nous, ça a été pour eux toujours de dire ’ya radjal’ (homme)‘’ ya mra ‘ (femme). Parfois père appelle mère par le nom de ses parents « ya bent flen’’. (fille de...et là il cite le nom de ses parents).
Au problème de la levure pour père, il était simple. Père n’avait pas ce jour là à chercher dans ses poches. Elles étaient vides de tous pièces pour un quelconque achat. Mais comme elle l’ignorait et ne le savait pas, mère avait cependant dit à père, si ce n’est ces « malaikates» (les anges c’était moi et ma fratrie) qu’on mangera dorénavant dans cette maison de cette galette sans levure à notre bouffetance jusqu’à ce que tu l’achètes. Elle avait dit cela pour inciter mon père à être plus compréhensible avec elle. Bien des jours pour notre nourriture, avec la mauve que tante cueillait des champs et nous l’apporter avec en plus une semoule d’orge (tchicha), mère nous faisait régaler avec toute une marmite pleine. Autour de notre meïda, on mangeait dans uns une seule assiette, sauf pour le plat de « mardoud » du riz, c’est autour d’une ‘djefna en bois’ ce grand plat en bois.
Le soir quand la lumière du quinquet est à son extrême il et qu’il fait sombre pour voir si un morceau est plus grand qu’un autre, on se contentait du bruit de la cuillère qui atteint le fond de la djefna pour dire qu’on a bien lavé notre djefna pour notre mère.
Son plat préféré et sa spécialité a été toujours le couscous. Elle le roule le soir même pour le diner. Parfois elle se voit à sacrifier de sa basse cour une poule qui ne pond plus. Parfois on se contente d’une sauce avec navet et carotte. Le plus bizarre en ce temps, même dans une cuisson avec une viande de poulet le navet ne se mangeait pas. Chacun l’écartait, mais on nous obligeait à le manger et là c’était bien difficile à supporter son goût pour le faire passer jusqu’au pharynx et l’avaler...
Aimée par tout le village, ceux de mon âge me parle d’elle et disent que tel ou tel jour ils ont bien mangé à leur faim; d’autres me diront qu’elle était généreuse à chaque fournée de pain qu’elle faisait cuir, il y avait une part de galette qu’elle offre pour un passant. Elle dit toujours en me remettant une khobza ftir à distribuer toute chaude du tajine pour des gamins jouant devant la maison. Elle me dit que l’aumône aux petits parvient aux parents défunts. Tout en invoquant abondamment Allah en leur faveur et en L'implorant de leur pardonner comme toutes les fois avant de lui remettre son journal, dans un coin je m’asseyais mais dans mes mains son papier de journal tout froissé. Je faisais semblant d’être absorbé de lire et ensuite de tourner et de tourner les pages. Ainsi mère dira à père que je savais comme tous les grands lire un journal. C’était une réalité qui était en ce temps que si un petit peut lire un journal c’est que son certificat d’études primaires était assuré. Ce qui nous été inculqué que le collège ou lycée pour certains au village était encore un rêve pour un indigène. Et j’ai su cela aussi bien après que pour avoir à compléter un trousseau du simple mouchoir jusqu’au costume avec cravate il faudrait bien vendre une vache et son veau.
Commentaires
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- 1. Bradai Le 09/04/2021
Salem Si Belfedhal
Merci pour ce partage cher ami.
Cette fois je vais vous raconter l'histoire de "quedideche oil ghoula", c'etait notre Tante qui nous disait cela .Elle etait formidable dans ses histoires qu'elle nous racontait de Si moha bel abid et tant de vieux contes.Et si elle venait de temps à autre nous rendre visite ,c'est aussi que de fois on l'a suppliée et qu'elle accepte de rester .Cette fois et comme toutes les fois ,elle allait nous endormir avec une de ses belles histoires .Le soir elle prenait place au milieu et nous on se mettait autour d'elle. Entre freres et soeurs on se bataillait pour la bonne place tout pres d'elle.Ceux qui sont à l'extreme auront tout le long de la narration cette peur non pas au ventre mais au dos. Les histoires se faisaient surtout en hiver, on se blottissaient . La natte en doum comme couchette nous laissera ses marques à admirer le matin .ILn'y a que ceux qui sont au milieu qui n'auront pas froid la nuit.Pour les deux extremes ils seront toute la nuit à batailler pour avoir une part de ce" henbel' (couverture )qui changera de place durant toute la nuit. Le feu du foyer de cuisine nous laissera le temps de nous regarder avant de sombrer dans un profond sommeil avec ce "ghoul" qui a été vainu par quedideche. -
- 2. Belfedhal Abderrahmane Le 09/04/2021
BONSOIR A TOUTES ET A TOUS
BONSOIR SI BRADAI
Dans la chaumiere qui avait pris le pli de s'accomoder au rythme du quinquet habitué à se ressourcer au compte de noss-litra, capable de maintenir le reve jusqu'aux rivages du réel, l'enfant qui a grandi se rappelle des moindres details, des moindres mouvements et jusqu'aux sensations que livraient ces ustensiles faconnes de terre cuite. Cette atmosphere ainsi décrite me projette dans mon petit temps à moi où le quinquet, la boujie et le brassero, la main dans la main, me conduisaient vers une longue nuit aux silouettes dansantes.
SI BRADAI,nous avons toujours ete attiré par les flammes dorées qui se degagent en pleine nuit à la fois pour nous rassurer des tribulations d'el ghoula et faire de nous des héros, priant le narrateur de bien vouloir poursuivre, pour nous ,les prouesses et les peripeties tant que le noss-litra ne rendra pas sa reverence au profit d'une nuit d'encre noire ,nous obligeant à nous endormir. Le narrateur des temps nantis continuait à observer et a fixer les petites lueurs qui se consument doucement, c'est alors le temps des retrouvailles , le temps de savoir jusqu'où irait la complainte de l'un et de l'autre.
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