Regain d’un passé composé
- Par algermiliana
- Le 06/12/2024
- Dans Le coin de Med BRADAI
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Il était plus difficile pour moi à trouver la façon de raconter une histoire de mes souvenirs sachant que ne disposant que d’une mémoire moribonde pour la relater. Le seul fil conducteur en ce sens c’est où chacun a vraiment en cache sa propre histoire et que dans la vie il lui arrive pourtant un jour ou l’autre à se la raconter pour lui-même tout comme elle fut vécue au cours de sa jeunesse.
Il m’est arrivé à me servir de ce fil d’Ariane pour guide et à ne pas me perdre dans un dédale . J’étais heureux d’etre de retour à mon village,heureux encore de vivre en famille.J’étais assis dans un endroit ,il faisait un soleil magnifique et là j’ai revé à cette idée du passé qu’Il y a Bien longtemps j’ai écouté une chanson. En musique celle-ci n’étant accompagnée, que d’une simple gamme de cordes de guitare . C’est l’histoire de “ l’Ode de Billy Joe ” . Dans le temps elle avait prit une place au hit-parade. Des années sont passées depuis .Et il arriva alors qu’un jour ,J’ai réécouté et put lire encore cette histoire …. . Très difficile à ne pas la réécouter. . Le récit est à la fois simple, poétique et d’une infinie mélancolie. Une histoire en outre captivante à lire comme tant d’autres.
Dans toute sa structure, l’histoire se raconte dans un lieu dit de campagne. C ‘est à travers une pertinence de l’ordinaire d’un quotidien d’une vie de famille simple qui avec des voix qu’on élève pas mène un comportement habituel. Et,c’est aussi avec des errements que dans la famille chacun cache en soi une tristesse ,un angoisse ,des remords ou encore des secrets .
L’histoire qui se dit est narrée par une jeune paysanne. Elle raconte que par un jour poussiéreux de juin, après avoir travaillé aux champs durant la matinée avec son frère, elle rentre à la ferme familiale pour le repas. Entre une injection à s’essuyer les pieds et une demande de passer le pain, la nouvelle du jour que rapporte la mère est qu’un garçon nommé Billie Joe s’est jeté du haut du pont de leur village. Billie Joe était connu au village. Mais on n’en savait rien de lui qu’il aimait une fille et qu’une fille l’aimait . Leur rencontre fortuite n’en a été que sur un lieu du pont du village . Le pont a sù toujours garder leur secret. Le père prononce en quelques mots l’oraison funèbre en déclarant, entre deux bouchées et deux évocations des travaux des champs ,que Billie Joe ne valait pas grand-chose et ne serait de toute façon à rien de bon dans la vie. Le frère de la paysanne semble pour sa part, avoir été autrefois un copain de Billie Joe et rappelle à sa sœur le jour où lui et Billie avaient glissé une grenouille dans son dos. La mère constate que sa fille n’a pas d’appétit, et n’a rien mangé. Puis la mère déclare que quelqu’un lui a raconté avoir vu la veille, Billie Joe sur le pont .Il était avec une fille qui lui ressemblait étrangement, et tous deux ont jeté quelque chose dans les eaux boueuses de la rivière du village. On a jamais su après ce jour là ,ce qu’ils ont vraiment jeté dans les eaux de la rivière.
Un an après ce repas. Elle nous raconte que son frère s’est marié, a quitté le foyer familial pour ouvrir une boutique avec sa femme. Le père est mort au printemps d’une mauvaise grippe. Quant à la mère, elle semble désormais désemparée et abattue. Elle clot son histoire en nous apprenant qu’elle va désormais souvent à un endroit pour y cueillir des fleurs qu’elle jette ensuite du haut du pont sur la rivière.
Pour mon histoire à raconter elle n’est pas identique mais, je vous la raconte...
Quand j’ai écouté ”l’ode de Billy Joe” ,la triste et belle chanson de cette histoire, elle fut dans ce bien lointain passé des années 60 .. Après bien un temps passé en la réécoutant aussi l’émotion fut bien aussi grande.C’est comme, lorsqu’ un REGAIN qui revient . Cette seconde herbe qui repousse dans les prés ,après qu’on l’est fauchée. à l’improviste, sans précipitation, Ce regain apparaît, meme à un moment de la vie et à la hâte arrive toujours. Alors dans ce moment , je me suis penché bien plus à l’écoute de cette bien vieille chanson“ Ode À Billy Joe” qui dans son temps relate l’authenticité de l’histoire. Et ce, tel le refrain, qui flâne sans cesse, qui se répète à chaque fois dans un poème pour qu’un lien s’enchaîne et s’accroche entre ses strophes ;cette mélodie vocale m’a fait revivre des événements d’un temps de jeunesse et au mieux pour moi à me souvenir d’un passé.
Et pour son histoire, elle reste à tout moment une histoire de douceur, de tristesse d’un sentiment d’affection et d’attachement, une scène de vie familiale qui rappelle une valeur essentielle dans une vie rurale bien plus qu’une forme d’existence. C’est dans cette valeur de vie rurale que je me suis toujours senti. Villageois et rural ; malgré que trop longtemps j’étais à errer entre d’interminables dunes de sable encore bien loin d’un paysage rural .Et c’est de ces endroits là éloignées ,que parfois à leurs moments de solitude ’qu’on se sent plus approché des lieux et des personnes qu’on a aimé et chéri le plus. C’est qu’à cette mélodie, Je n’ai pu résister à l’entendre aussi et la réécouter encore ce jour. Que même, si elle n’y est qu’un air de musique réaliste au lieu d’un romantique elle évoque encore ces moments inouis d’une époque pour moi. Et ce qui fut le révolu d’un passé composé d’une jeunesse dans mon village est encore pour moi le mémorial écrit dans ma mémoire. Et J’ai toujours pensé qu’on ne pourrait facilement oublier un concept lié au temps .Cela, m’a emporté à revoir encore le recto de ce passé et ainsi l’écrire aussi en concomitance avec celui de mon histoire qui vont ensemble.
L’histoire de ]” l’Ode de Billy Joe ” me rappelle encore ce temps lointain dans mon coin de quartier du village .Là où tout adolescent que j’étais , j’y ’habitais Et c’est devant chez moi que je restais des heures à lire tout sorte de lecture entre Bd et livre de poche .J’avais en plus dans ma poche ’un petit jouet appelé harmonica, un mini transistor trimballait avec moi quelque fois .C’était au temps à 10 H et à 15 H on était à l’écoute de « Ma etloubouhou el moustamioune » , et à 16 H et 17hSud Radio RADIO Luxembourg ,Monté Carlo ,Europe1 avec Salut les copains. Avec en plus des histoires fantastiques et légendaires à écouter telles Pancho Villa kais oua leila et bien d’autres récits..Alors, de mes souvenirs de ce quartier qui oscillent entre la tristesse, le regret et l’ennuie, il arrive que leurs images me plongent momentanément dans un état nostalgique. Et ce sont ces années là qui pour moi sont émotionnelles à chaque recoin, à tout endroit tout autour qui me paraît familier.Incessamment parfois ils reviennent dans mes pensées. Tout comme à cette ’ Ode de Billy Joe nous sommes au mois de juin dans ces années soixante . Tout bonnement pour moi l’histoire commence par un jour paisible de ce mois de juin.
L’été est là ,le soleil commençait à taper fort .Les classes ont dù fermer leurs portes. Et les grandes vacances ont bien commencé partout. L’école pour tous est finie. Le jeu pour tous était des parties de ballon dans des endroits restreints ou des terrains vagues,parfois non labourés. Je me rappelle que dans ces années soixante dans notre quartier du village en dehors de l’école on ne pouvait rencontrer une fille pas loin de chez elle . Rares sont celles sont celles qui viennent prés d‘une fontaine puiser de son eau . Une fontaine publique où toute ame et bete assoiffée n’a peur à troubler à autrui un breuvage aussi pur . Mais trouver une fille dehors c’est pour la voir jouer de la corde ou à la marelle mais qu’après avoir puisé, rempli et apporter l’eau nécessaire à la maison de la source proche. Apporter l’ eau vitale à la maison n’a été qu’une petite corvée qui se faisait tous les matins par les filles . Le garçon à la maison et surtout l’ainé est exempté de cette besogne par respect à sa fine moustache.
Il m’arriva qu’un jour, que tout prés de chez nous et tout prés encore d’une fontaine je me trouvais. Et ce jour là c’était par une des belles matinées d’été. À un fait qui sort de l’ordinaire naturel, dans un ciel bleu au-dessus de nos tetes on y voyait passer un vol de cigognes pour aller ailleurs . C’était chose curieuse et d’ inhabituel malgré qu’il n’y est ni froid , ni vent ni mauvais temps apparent.Et l’on dit souvent ,quand passent les cigognes c’est un signe de chance et de bonheur . Et comme à tout hasard le bonheur parfois des uns fait l’aigreur des autres. Ce matin là de ce jour ,J 'ai vu et pu rencontrer la fille dans son habitude venait au matin à cette fontaine toute aussi proche de chez elle . Elle arriva son sceau à la main La fille était tellement fétiche qu’on ne peut pas la voir passer sans lui parler. À cet endroit habituel elle venait pour un temps remplir son sceau, bien confiante de ne rencontrer personne aux alentours.
Et avec l’immense plaisir de jouer seule avec l’eau . Tranquillement les pieds dans l’eau de la source ,elle était là le matin de ce jour de nos vacances, Et c’est ’ainsi que tout prés d’elle dans un espace limité à la fontaine se confina aussi le garçon que j’étais . J’ai toujours été intrigué par son comportement. Peut-être que pour cela il aima s’approcher d’elle-même si cela lui était difficile d’etre accepter par elle.Il voulait comprendre et cela l’a poussé à faire sa démarche. Son petit bonheur à lui parler fut dans ce moment opportun. Une frimousse fraîche paraît facétieuse pour lui. Allégrement tout heureux de décrasser de bon matin ses poumons à l’ air limpide . Un harmonica lui embellissait la bouche. son jouet préféré à l’époque.C’était un instrument bien joli enfouie entre ses mains. Et c’est avec, à qui veut l’entendre, il aspire l’air et souffle continuellement dedans, pour en faire entendre ‘une délicieuse musique .qui Tantôt triste, tantôt gaie . Parfois, l’air d’une musique indou de ce film de l’époque Mangala fille des Indes .Mais ce jour là, sa musique était toute différente aux précédentes. Un air nouveau flottait au vent. Allègrement, le garçon soufflait un air mélodique qui sortait de son harmonica .Il jouait une chanson nouvelle .Une mélodie de « la Poupée qui fait non ‘’. Un tub tout nouveau sorti en cette année 66, en plein succès au hit parade de ‘ Salut les Copains.
Là tout prés au pied du socle le garçon voyait de plus prés la belle jeune fille avec son sceau. Et ce qu’il voyait devant lui était pour lui des plus merveilleux .. Le son du mélodique harmonica s’arrêta brusque L’’accessoire en est resté coller à ses lèvres.Aucun souffle ne sorti de sa bouche.
Pour l’âge le garçon que j’étais n’avait pas plus de quinze ans. L a fille paraissait moins agée que lui .Le garçon s’approcha encore un peu plus de la jeune fille et que même encore lui adressa un Bonjour. Mais pour elle, il était l’importun à fuir .Avec plus de honte à supporter que la peur en surcroît, la belle jeune fille cacha son visage comme toutes les filles à tout étranger font ce geste à l’époque bienséant avant, Le garçon devint du moins après laconique. Ils étaient voisins sans jamais se parler auparavant ,la fille ne le connaissait que de nom, tout comme il ne la connaissait avant que de vue sans jamais l’avoir approchée . La fille lui répondit enfin à son bonjour.
La conversation se fit entre eux . Ce fut un bonjour bref comme un murmure. elle l’entendit et se retira un peu pour laisser l’endroit .Peut etre aussi vite encore. Peut être a- t-elle eu peur à voir le garçon trop s’approcher de la fontaine. . Elle lui montre tout prés la porte de sa propre maison«pour une eau plus pure qu’il ne pourrait en trouver mieux que dans cette outre suspendue à sa porte d’entrée. .Et Tout comme le sage désigne la lune ,l’ignorant regarde le doigt » Le garçon voyait cela comme un refus, dira aussi : « jeune fille je vous donnerai mon jouet , vous pourriez toujours vous en souvenir de moi ‘’. Mais ce jour là, à son gentil geste la fille refusa et s’en alla aussi vite avant que ses frères ne puissent la voir en mauvaise compagnie. La fille emportant avec elle son sceau à moitié plein s’en alla aussi vite. Pour elle le silence a été la meilleure réponse. Jour après jour ,il eu envie de revoir encore la fille à la fontaine .C’était incroyable que la fille eut à accepter de revenir remplir chaque fois son seau.
Il fut pendant tout un bon bout de temps que le garçon et la fille ,qu’ c’est là à cette fontaine qu’ils se sont toujours revus après. là, où leur belle histoire fut pleine de fraîcheur auprès de cette fontaine qui resta pour eux témoin. Et vint un jour, pour élargir un peu la route aux villageois qu’on décida la destruction de leur fontaine. Ainsi L’ histoire de « Kais oua Leila » cessa donc contre toute évidence . La fille au sceau,prés de la fontaine et du garçon à l’harmonica se termina.
Et tout comme l’histoire à ‘’l’Ode A Billy Joe ‘’, Les années passèrent, la fille a grandi et qu’on a voulu la faire disparaitre quelque part ’ailleurs pour fonder un foyer . Leur histoire fut bien finie dans ce temps du passé. La fille avait prit son chemin ,le garçon le sien aussi.
Le garçon garda en lui toujours ce sentiment de voir quand passeront les cigognes et d’ offrir une fleur ou à dire un mot gentil à la fille pour effacer tout regret d’un bonheur. Mais il ne la reverra plus jamais . et chacun en a eu son destin entre les mains .Pour lui, Il ne retourna à son village que bien des années après où radicalement tout a changé pour lui. Oubliant le passé,j’étais là encore assis à penser longuement . J’ai alors pensé,’ à ces tant d »années d’isolement de chez moi, à toutes ces longues pérégrinations dans des endroits lointains et à mon retour. Et réfléchis à ce que j’ai laissé de si précieux loin de moi, et que tout finalement je suis de retour trouver ce que je désirais comme chose.
Commentaires
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- 1. Miliani2Keur Le 21/12/2024
Bonjour le Site
L'Hemingway du site ne s'est caché que pour mieux redémarrer!!!
Quand BRADAI reprends du clavier c'est pour du lourds et pour des confessions très très intimes...
c'est très généreux Mohamed de nous partager tes précieuses mémoires!
J'espère cher maître que tu me permette de recomposer ton sublime texte pour une meilleure lecture ...
Au Passé recomposé
Il était difficile pour moi de raconter mes souvenirs, sachant que ma mémoire était moribonde. Le seul fil conducteur est que chacun cache en lui sa propre histoire, et qu’un jour ou l’autre, il lui arrive de se la raconter comme elle fut vécue durant sa jeunesse. J'ai utilisé ce fil d'Ariane pour ne pas me perdre dans le dédale des souvenirs.
J’étais heureux d'être de retour dans mon village, heureux de vivre en famille. Assis au soleil, j'ai rêvé à cette chanson que j'avais écoutée il y a longtemps : "L’Ode de Billy Joe". À l'époque, elle avait fait son chemin dans les charts. Les années ont passé, et un jour, je l'ai réécoutée. C'était difficile de ne pas la redécouvrir. Le récit est à la fois simple, poétique et d’une infinie mélancolie, captivant comme tant d’autres histoires.
L’intrigue se déroule dans un cadre rural, où la vie quotidienne d’une famille simple révèle des voix élevées et des comportements habituels. Chacun cache en soi une tristesse, une angoisse, des remords ou des secrets. L’histoire est narrée par une jeune paysanne qui raconte qu’un jour poussiéreux de juin, après avoir travaillé aux champs avec son frère, elle rentre à la ferme pour le repas. Entre le moment de s’essuyer les pieds et celui de demander du pain, sa mère annonce qu’un garçon nommé Billie Joe s’est jeté du haut du pont du village.
Billie Joe était connu, mais peu savaient qu'il aimait une fille et qu'elle l'aimait en retour. Leur rencontre s'est faite sur le pont, qui a su garder leur secret. Le père prononce l’oraison funèbre en déclarant que Billie Joe ne valait pas grand-chose et ne ferait rien de bon dans la vie. Le frère de la paysanne se souvient d'un jour où lui et Billie avaient glissé une grenouille dans son dos. La mère remarque que sa fille n’a pas d’appétit et révèle avoir vu Billie Joe sur le pont avec une fille qui lui ressemblait étrangement. Ils ont jeté quelque chose dans les eaux boueuses de la rivière, mais on ne saura jamais ce que c'était.
Un an après ce repas, la jeune fille raconte que son frère s’est marié et a quitté le foyer familial pour ouvrir une boutique avec sa femme. Leur père est mort au printemps d’une grippe sévère, tandis que leur mère semble désormais désemparée. Elle termine son récit en annonçant qu’elle va souvent cueillir des fleurs qu’elle jette ensuite du haut du pont sur la rivière.
Quant à mon histoire, elle n’est pas identique mais mérite d’être racontée... Quand j’ai écouté "L’Ode de Billy Joe", cette belle chanson des années 60 m’a émue profondément. C’est comme un regain qui revient : cette herbe qui repousse après avoir été fauchée, sans précipitation ni hâte. Dans ce moment-là, je me suis penché à l’écoute de cette vieille chanson qui relate l’authenticité de l’histoire.
Cette mélodie m’a fait revivre des événements d’un temps révolu et m’a rappelé une valeur essentielle dans la vie rurale : douceur, tristesse et attachement familial. C’est dans cette valeur que je me suis toujours senti chez moi, villageois et rural, malgré mes errances entre des dunes de sable éloignées des paysages familiers.
Parfois, dans ces moments de solitude, je me sens plus proche des lieux et des personnes chéries. À cette mélodie, je n’ai pu résister à l’entendre encore ce jour-là. Même si elle n'est qu'un air réaliste plutôt que romantique, elle évoque les moments inouïs d'une époque révolue pour moi.
Ce qui fut le révolu d’un passé composé d’une jeunesse dans mon village reste gravé dans ma mémoire. J’ai toujours pensé qu’on ne peut facilement oublier un concept lié au temps. Cela m’a emporté à revoir ce passé et à l’écrire en parallèle avec ma propre histoire.
"L’Ode de Billy Joe" me rappelle ce temps lointain dans mon quartier du village où j'étais adolescent. Je passais des heures à lire tout type de livres entre bandes dessinées et livres de poche. J'avais aussi un petit harmonica dans ma poche et parfois un mini transistor avec moi. À 10h et 15h, nous écoutions "Ma etloubouhou el moustamioune", puis "Sud Radio", "Radio Luxembourg", "Monte Carlo" et "Europe 1" avec "Salut les copains".
Ces souvenirs oscillent entre tristesse et ennui, me plongeant parfois dans un état nostalgique. Ces années-là sont émotionnelles pour moi ; chaque recoin me paraît familier. Incessamment, ils reviennent dans mes pensées.
Tout comme "L’Ode de Billy Joe", nous sommes au mois de juin des années soixante. L’histoire commence par un jour paisible où l’été est là et le soleil tape fort. Les classes ont fermé leurs portes ; les grandes vacances ont commencé partout.
Je me rappelle qu'à cette époque dans notre quartier du village, il était rare de croiser une fille près de chez elle. Peu s’aventuraient près d’une fontaine publique pour puiser son eau pure. Trouver une fille dehors signifiait souvent la voir jouer à la corde ou à la marelle après avoir rempli son seau.
Apporter l’eau vitale à la maison était une petite corvée quotidienne pour les filles ; les garçons étaient exemptés par respect pour leur statut d'aîné.
Un jour d'été magnifique près d'une fontaine, alors que je profitais du ciel bleu au-dessus de nos têtes, j'ai vu passer un vol de cigognes : un signe de chance selon les croyances populaires.
Ce matin-là, j'ai rencontré une fille qui venait remplir son seau à cette fontaine proche de chez elle. Elle était si fascinante qu'on ne pouvait s'empêcher de lui parler. Elle remplissait son seau en jouant seule avec l’eau.
Tranquillement immergée jusqu'aux pieds dans la source, elle profitait du matin pendant que je restais là à quelques pas d’elle. Intrigué par son comportement, je voulais m'approcher malgré ma timidité.
J’étais heureux de jouer avec mon harmonica ce matin-là ; c’était mon jouet préféré à l’époque. Avec lui entre mes mains, j'aspirais l'air pour jouer une douce mélodie tantôt triste tantôt joyeuse.
Ce jour-là, je jouais une nouvelle chanson : "La Poupée qui fait non", un tube récent au hit-parade de "Salut les Copains". En voyant la belle jeune fille devant moi avec son seau, tout semblait merveilleux.
Mais soudainement, ma musique s’arrêta brusquement ; mon harmonica resta collé à mes lèvres sans un souffle sortant de ma bouche. J'avais environ quinze ans ; elle semblait plus jeune encore.
Je m'approchai un peu plus pour lui dire bonjour mais elle me considéra comme un importun à fuir. La honte m'envahit plus que la peur ; elle cacha son visage comme toutes les filles le faisaient alors face à un étranger.
Nous étions voisins sans jamais nous parler auparavant ; elle ne me connaissait que par mon nom tout comme moi je ne connaissais son visage sans jamais avoir osé m’approcher.
Elle finit par répondre brièvement à mon bonjour avant de se retirer rapidement pour quitter les lieux peut-être par crainte que ses frères ne me voient trop près d’elle.
Elle désigna alors sa maison en disant qu’elle avait accès à une eau plus pure que celle-ci ; tout comme le sage qui désigne la lune pendant que l’ignorant regarde le doigt.
Je vis cela comme un refus ; je lui proposai même mon jouet pour qu'elle se souvienne toujours de moi mais elle refusa gentiment avant de partir rapidement afin que ses frères ne puissent pas la voir en mauvaise compagnie.
Chaque jour suivant je souhaitai revoir cette fille à la fontaine ; c’était incroyable qu’elle revienne remplir son seau chaque fois.
C'est ainsi que nous avons continué à nous croiser là-bas ; notre belle histoire fut pleine de fraîcheur auprès de cette fontaine devenue témoin silencieux.
Mais vint un jour où on décida d’élargir la route pour les villageois en détruisant notre fontaine… Ainsi prit fin notre histoire semblable à celle de "Kais oua Leila".
Les années passèrent ; la fille grandit tandis qu'on voulait l'éloigner pour fonder un foyer ailleurs. Chacun prit alors son chemin : le garçon garda toujours en lui le désir d’offrir une fleur ou dire un mot gentil pour effacer tout regret mais il ne revit jamais cette fille.
Chacun avait son destin entre les mains ; il retourna chez lui bien des années plus tard où tout avait radicalement changé pour lui.
Oubliant le passé, j’étais là encore assis à penser longuement aux années d’isolement loin chez moi et aux longues pérégrinations jusqu’à mon retour.
Je réfléchis alors à ce que j’avais laissé si précieux derrière moi et réalisai finalement que je suis revenu trouver ce que je désirais vraiment.
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