Mustapha CHERIF, la voix du juste milieu
- Par algermiliana
- Le 14/02/2018
- Dans Le Coin de Mustapha CHERIF
- 2 commentaires
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Mustapha Cherif, la voix du juste milieu
► Entretien réalisé par Rachid Ezziane
Avec amabilité et un sens de l’écoute digne d’un philosophe que le professeur Mustapha Chérif nous a accordé un entretien pour nous parler de l’idée de la « wassatia » en Islam, idée qui lui est si chère en tant qu’intellectuel engagé pour la paix et le vivre-ensemble, aussi, pour expliquer, à l’Occident et au monde, que la voix, (et la voie) du juste milieu, principe fondamental de l’Islam, peut devenir, pour le bien-être des hommes, une conviction universelle.
Ci-après, l’intégralité de l’entretien accordé à notre journal.
Crésus : Professeur Mustapha Chérif, vous qui sillonnez le monde pour expliquer l’Islam du juste milieu, où en êtes-vous depuis… ce temps-là ?
Mustapha Cherif : C’est un travail de conviction et de longue haleine. Il s’appuie sur une série d’activités culturelles et scientifiques, notamment la production de livres et la tenue de conférences pour faire reculer l’ignorance, favoriser l’interconnaissance et donner à penser. La voie du juste milieu est universelle, elle permet de conjuguer unité et diversité, et le permanent et l’évolutif. Elle est d’actualité et notre pays est une terre du juste milieu, carrefour des civilisations et de l’ouverture sur le monde. Je continue à y puiser mon inspiration et à creuser ce sillon.
Crésus : Y a-t-il un écho favorable à vos appels de paix et du vivre-ensemble, malgré tout ce qui se passe dans le monde ?
Mustapha Cherif : Les peuples à travers le monde sont à l’écoute, en attente d’un monde moins violent, à la recherche d’un ordre juste, de paix et une existence qui ait du sens. Comme vous savez, l’Unesco m’a attribué, en 2013, le prix du dialogue des cultures et d’autres distinctions internationales m’honorent. Ce qui m’encourage c’est aussi le soutien des citoyens et de mes lecteurs qui savent qu’il n’y a pas d’alternative raisonnable au dialogue des civilisations, des cultures et des religions. Sans naïveté, nous devons sans cesse œuvrer pour le rapprochement entre les peuples et le respect mutuel. L’Algérie peut donner l’exemple. L’exceptionnel discours du Président de la République monsieur Abdelaziz Bouteflika à l’occasion de la semaine sur le Coran, en décembre dernier, sur le thème du juste milieu, a bien montré que c’est la voie pour se prémunir contre les excès, les abus et le fanatisme.
Crésus : Les chevaux de Troie, comme vous dites, usurpent le nom de l’Islam aujourd’hui, pourquoi à votre avis et que faut-il faire pour nous en débarrasser ?
Mustapha Cherif : Le désordre politique et géopolitique du monde, les manipulations et l’ignorance sont parmi les causes des injustifiables extrémismes.
L’usurpation du nom de l’islam suscite l’inadmissible islamophobie, l’amalgame et des catastrophes. L’obscurantisme et la propagande du choc des civilisations sont voués à l’échec. A juste titre, Ibn-Rochd disait : « L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. » Voilà l’équation. Reste donc à tarir les sources des problèmes, par l’éveil des consciences, le savoir et la démocratisation, c’est une responsabilité collective, du secteur éducatif, des médias, de la société civile, des institutions, des entreprises, des mosquées et des intellectuels. L’Algérie a une expérience qui ne peut que se renforcer. Le monde musulman doit retrouver la voie civilisée du juste milieu, faire son autocritique et corriger ses faiblesses et dérives, pour ne pas prêter le flanc, sortir de la crise relever les défis de notre temps, redevenir une nation de justice et d'équité et contribuer à forger une civilisation humaine, fondée notamment sur l’ouverture d’esprit et l’économie du savoir.
Crésus : Professeur, vous n’êtes pas très présent sur la scène nationale, sauf aux « Dourous el Mohamadia d’Oran », est-ce par manque de temps ou bien un choix délibéré ?
Mustapha Cherif : Je reste présent sur la scène nationale en continuant à enseigner, à publier mes livres et à participer à des colloques scientifiques. Les enjeux culturels et éducatifs retiennent mon attention. Il est vrai que de nombreux lecteurs souhaitent me voir encore plus, je les remercie. La scène internationale demande beaucoup d’énergie vu les enjeux de la mondialisation et du vivre ensemble. J’essaye de concilier les dimensions du local et du global qui sont liées.
Crésus : Qu’est-ce qu’un philosophe aujourd’hui, et vous sentez-vous dans la peau d’un philosophe tel qu’il est défini dans les livres anciens ?
Penser, réfléchir, s’interroger, rechercher le vrai, le beau et le juste pour élever la condition humaine, est une tâche qui concerne tout être. C’est est un devoir qui exige de l’humilité, de la patience et du savoir. Nul n’a le monopole de la Vérité. Socrate disait « Ce que je sais, c’est ce que je ne sais pas ». Abu Hamed al Ghazali, avant René Descartes, proposait la méthode de l’introspection et
de l’interrogation constructive pour se connaître,vérifier les connaissances, démontrer des hypothèses, réaliser la sagesse et maîtriser le réel. Philosopher est une vocation et un métier universitaire, avec ses exigences. Un philosophe doit être à l’écoute du peuple et de l’État, pour contribuer à l’unité, au progrès et à la diffusion de la culture de la paix.
Crésus : Ne pensez-vous pas, professeur, qu’aujourd’hui, les prédicateurs religieux en Islam, appelés « oulémas » (et dont la majorité n’a d’érudition que dans le fikh), accaparent l’espace intellectuel en faisant l’ombre aux vrais philosophes ?
Mustapha Cherif : Toute société a besoin de tous ses enfants, de toutes les compétences et bonnes volontés, en respectant la division du travail. Il est vrai que le savoir traditionnel de certains oulémas, faute d’ijtihad et de tajdid suffisants, est en crise, avec des courants tentés parfois par le rigorisme qui est néfaste. Le sectarisme doit être réfuté. Il faut être vigilant et refuser les idéologies importées, notamment celles qui ne sont pas conformes à notre personnalité nationale. Ce qui compte est de s’inscrire dans la modération et le patrimoine du juste milieu. Il faut se garder des excès et articuler authenticité et progrès, origine et devenir, par le dialogue et le respect des hautes valeurs anciennes et nouvelles. Il est possible de forger un citoyen éveillé, équilibré et une société de la connaissance pour notre temps, tout en restant fidèle à nos valeurs ancestrales.
Crésus : Dernière question professeur : j’ai lu dernièrement un livre qui parle de l’agonie de l’humanité et de la fin de l’histoire, qu’en est-il au juste, selon vous ? Et merci pour votre disponibilité.
Mustapha Cherif : Ce n’est ni l’agonie de l’humanité ni la fin de l’histoire, mais notre époque est celle d’une fin de civilisation, d’une crise multiforme qu’il faut dépasser et résoudre par le dialogue des civilisations et la primauté du droit, au lieu de la loi du plus fort. Nul ne peut arrêter le progrès et la mondialisation, mais sans éthique et juste système mondial ce sera l’impasse. Malgré les difficultés, l’humanité est capable de retrouver le chemin de la sagesse.
Commentaires
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- 1. Chantal Le 06/02/2017
Merci Rachid Ezziane pour cette interview de Mustapha Cherif dont je suis une "inconditionnelle" tant ses paroles et ses écrits sont apaisants ! C'est un semeur de paix et d'espoir. Je suis en train de terminer la lecture de son dernier livre : "Education et vivre ensemble" et c'est un vrai bonheur.
Je ne connais rien à l'Islam et, en ce qui me concerne, peu m'importe la religion de celui (ou celle) qui s'exprime. Que celui-ci (ou celle-là) soit musulman, israélite ou chrétien, ce n'est certainement pas le plus important. Par contre, ce qui me semble essentiel c'est le "contenu" du message si tant est que celui-ci symbolise la paix et le "vivre ensemble".
Il y a dans le monde certains Chefs d'Etat qui gouvernent en semant le doute, la peur, voire la terreur et qui, selon le vieux proverbe latin, divisent pour mieux régner. La religion est souvent mise en cause par ces Chefs d'Etat. Pourtant, appartenir à une religion et en parler avec éloquence ne signifie pas pour autant faire du prosélytisme car chacun, selon moi, doit être libre de croire, de ne pas croire et de penser selon ses propres convictions. Par contre, je suis totalement convaincue que le partage des cultures et des savoirs, quels qu'ils soient, est d'une richesse incommensurable pour tous et le socle indispensable pour l'avenir de notre humanité. -
- 2. G.M et Fiston Le 06/02/2017
-G.M, et si on jouait juste un peu avant de dormir j en ai tant envie ce soir.
- Vu mon âge, Je n’ai plus maintenant cette capacité calorifique à ton égale Fiston, mais à quoi consiste t il ce jeu en plein nuit.
-C’est à ce fameux jeu qu’on jouait ensemble que j’y ai pensé si tu te rappelles encore G.M , quand tu m’emmenais aux eaux de l’oued pour me rincer cette grasse de poussière de trop que j’avais en moi. C’était ce jeu où chaque fois que tu essayais de m’attraper je glissais entre tes doigts grâce à ce savon de Marseille que tu m’étalais sur tout le corps et qu’une fois libre dans l’eau comme une anguille j’allais à l’autre rive de la rivière te regarder .. Pour toi Les eaux si classées même quand le soleil était à son zénith t’en faisaient un obstacle comme un mur entre nous t’obligeant à ne pas les traverser. A chaque fois de notre jeu Tu n’as jamais pu me rattraper
- Rappelle moi encore ce jeu sinon donne moi son exemple, je te suivrai si ton idée mon Fiston va dans les règles des gens normaux.
- Mais Tu dois t’en rappelais au moins G.M.
- Mon pauvre Fiston , même si je me rappelle nous sommes en pleine nuit et dans une pauvre cabane d’où je ne vois aucune goutte d’eau qui puisse te mouiller et à moi de te rincer par-dessus le marché.
- Tu me fais toujours rire G.M quand je sais que je vais t’embêter un petit peu. Voilà le jeu consiste ici à me cacher quelque part et l’obstacle pour toi sera alors non pas de m’attraper mais pour me toucher au moins une fois si tu peux avec cette balle que j’ai en mains et que je vais te la remettre.
-Mais dis moi Fiston où espères- tu te cacher dans cette pièce qui n’en fait que trois enjambées entre ses murs ou même pas où il n’ya même pas un meuble je vais te toucher à chaque coup que je lancerai cette balle.
-Quand tu lanceras ta balle, fais en sorte qu’elle ne doit nullement aller en direction ou à travers le trait d’un mur qu’on appellera le mur « TROMPE »que je vais tracer entre nous
Je ne vois pas où je dois lancer la balle si tu traces un trait qui ne sera en réalité pour toi qu’ un mur imaginaire et inexistant, mais dans notre imagination un mur que tu appelles « trompe » que tu veux qu'il existe reellement.
-Je vois que tu as compris mon jeu G.M Dis-moi que tu vas jouer G.M et tu verras de tes propres yeux que tu ne pourras me toucher aussi facilement que si tu enfreints la loi du jeu .
-Et que dit cette loi dans ton jeu.
-Le règlement de cette loi G.M ,stipule qu’une fois rentré dans le jeu …On …ne….ON.. NE…
-D’accord Fiston, d’accord avec tes bégaiements qui viennent soudainement n’en dit pas plus j’ai compris ton jeu mais pour cette nuit seulement pour qu’il ne devienne plus une habitude durant toute une année.
-G .M, Tu me rends à l’instant toute cette liberté d’avoir un espace de jeu que je ne croyais plus le récupérer mais avant il faut que je trace ce trait DE MUR de tout le long bien au milieu de notre endroit. Tu auras ton espace où jouer et moi l’autre partie qui me sera toute propre à faire ce que je veux. Et pas un autre que nous n’en seront aptes à poser ses pattes.
- Fiston je t’ai suivi jusque là dans ton idée vague , Mais tu sais bien que nous ne sommes pas seuls ici. Qu’il y a bien aussi un autre être bien malheureux qui vit avec nous.
-Tu veux encore m’en parler G.M de ce migrant de chat, et pour le défendre et le protéger jusqu’à dire de lui un »ETRE » . ilfaut que je te le dises G.M , il n’a plus maintenant sa place entre nous depuis qu’il a essayé de faire du mal à mon beau pinson des arbres qui est bien plus sociable que lui. Moi je le considère comme terroriste, un vrai terroriste d’ailleurs. G.M n’as-tu pas vu et constaté ses moustaches ainsi que sa queue quand elles prennent leur forme de combat. Que Je suis même allé à donner cette liberté à mon pinson de peur qu’il soit victime d’un acte récidiviste de ce migrant de chat . Ce mur de « trompe » nous éviterait un massacre probable dans notre logis. .
-Fiston, je ne suis pas tout a fait d’accord avec toi , tu commences à prendre des ailes depuis que j’ai fait de toi dans mon testament le seul et propre héritier de mes biens avant ma mort . je vois que Tu t’égares trop de ce droit chemin de la vie ‘du vivre ensemble » que nous menions avant l’écriture de ce testament.
-Ecoute G.M, pourquoi parler d’un droit que tu m’ en as déjà donné de tout ton plein gré , on ne fait que jouer pour le moment et si on appellera ce trait du milieu qui va nous séparer , le mur « trompe « c’est dans mon droit
-Non Fiston , je ne joue plus à ce jeu quand tu dis que tu fais un mur seulement qui « trompe » pour ça je ne te fais plus confiance tu vas aller plus loin jusqu’à me chasser comme ce chat que tu appelles dejà dans ton langage migrant terroriste.,
- G.M,le testament est bien en règle dont j’ai une copie ne peut laisser la justice s’opposer à mon mur « trompe » pour donner raison à ce migrant de chat venir à sa guise Jouer dans mon domaine.
- Fiston Demain daredare j’irai voir ce que peut faire la justice pour en faire un nul et non avenu de mon testament ou à faire un avenant pour ce pauvre chat que tu considères déjà comme un débarqué de migrant terroriste..
- G.M, je m’y connais bien dans la vie civile, je ne pense pour cela qu’on te donnera raison dans la loi civile pour ce chat.
La loi est une seule loi qui existe et elle est bien au dessus de tout pour tous elle te fera rendre cette raison d’être pour un vivre ensemble.
Le jeu n'a jamais eu lieu entre la G.M et son fiston ,comme le trait du mur "trompe" n'a jamais été tracé .La G.M eut gain de cause de revenir et d'invalider son testament au profit du chat .De ce jour le fiston s'est contenté du peu et de frapper à la porte avant d'entrer où le chat bien dans coin du feu se sentait vivre dans un juste milieu pour un vivre ensemble.
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