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Sadek BRAHIM-DJELLOUL

Commentaires

  • Meskellil
    • 1. Meskellil Le 20/03/2015
    Célébrer à nouveau les femmes en cette date du 19 mars ! Quel bel hommage ! Merci cher ami Sadek pour ce rappel attentif et attentionné que je saisis pour laisser la parole aux concernées.

    PAROLES DE FEMMES

    Extraits : commentaires de M. Korso « La mémoire des militantes de la guerre de libération nationale » et témoignages de militantes.

    …Aussi loin que remonte la mémoire, les femmes se sont toujours battues. La lutte des femmes algériennes ne date pas d'aujourd'hui. Même si les formes changent, même si la participation est indirecte, la femme a toujours combattu.

    Cette gêne qui procède de la pudeur, s’apparente à un refus intérieur de se dire, de se remémorer un passé intense plein d’espoir mais douloureux ; refoulé sous la pression d’un quotidien difficile à assumer trente années après l’indépendance. Mais cette gêne est vite dépassée, le sens du devoir l’emporte. »

    Témoigner ce n’est pas seulement se dire, parler de son expérience même de la manière la plus objective qui soit, mais c’est aussi faire acte d’un devoir de mémoire envers la jeune génération. »

    Si les archives, la presse sont nos instruments de travail préférentiels, elles ne véhiculent pas, malgré les descriptions la charge émotionnelle du témoignage ; témoignage porté par une voix, un rictus, une larme, une phrase que coupe une gorge nouée pour mille et une raison que la raison ne saurait expliquer. Le texte d’histoire reste un texte figé, froid quel que soit l’effort de celui qui fera l’effort de l’humaniser.

    De ces années de lutte et de souffrances, leur mémoire garde des séquelles physiques et psychologiques. Leurs témoignages empreints de pudeur et de modestie, leur fait dire : « mais je n’ai rien fait », ou bien :
    « Se raconter au présent, sans penser aux frères et aux sœurs qui ont offert leur vie à la fleur de l’âge ; se raconter à présent avec ce que nous vivions à l’heure actuelle est très douloureux »

    Un autre témoignage « Il est extrêmement gênant de parler de soi, alors que des milliers et des milliers de frères et de sœurs ont donné le meilleur d’eux-mêmes, sans parler de ceux qui, allant jusqu’à l’ultime sacrifice ont fait don de leur vie pour que vive l’Algérie »

    « S’il me fallait indiquer des dates significatives, je citerai d’abord et sans hésiter le 08 mai 1945,… J’avais alors 8 ans. Le 8 mai 1945 a été le grand événement de ma vie de futur enseignement pour l’enfant que j’étais : on venait arrêter mon père. J’ai alors assisté à une scène qui m’a marquée à jamais : des Français ont fait irruption chez nous. Ils ont tout chambardé, tout fouillé, tout renversé. Ils cherchaient quelque chose mais je ne savais pas quoi. Et, je me souviens d’une chose très précise : ma mère avait une machine à coudre « Singer »… Ces hommes qui bousculaient tout mon petit univers ont fracassé le tiroir. Je venais d’assister à ma première perquisition. Par la suite, j’en ai connu bien d’autres. Elles se ressemblaient toutes par leur sauvagerie »

    « Nous avons participé, parce qu’il fallait participer. Nous étions politisés, nous connaissions Mai 1945 »

    « J’étais enfant en 1945, une date qu’aucun Algérien ne peut oublier, nous savions que la répression a été féroce »

    Les femmes s'occupaient du ravitaillement et du refuge dans le "merkez", elles étaient agents de liaisons, guides, collectionneurs de médicaments, de fonds. Au maquis, elles étaient infirmières ou secrétaires, en ville poseuses de bombes… Elles avaient pour nom Djamila Bouhired, Djamila Boupacha, Zhor Zerrari, Baya Hocine, Zohra Driff, Hassiba Benbouali, Fadéla Mesli, Meriem Ben Mihoud, Malika Gaïd, Ourida Meddad… Mais aussi ces milliers d'Algériennes anonymes: les pétrisseuses de pain, les couturières de tenues militaires et de drapeaux, à qui la plate-forme de la Soumam rend un vibrant hommage (août 1956):

    "Nous saluons avec émotion, avec admiration, l'exaltant courage révolutionnaire des jeunes filles et des jeunes femmes, des épouses et des mères, de toutes nos sœurs moudjahidate qui participent activement et parfois les armes à la main, à la lutte sacrée pour la libération de leur pays."

    Une militante, moudjahida, me parlait de son vécu avec une rage au cœur, qu'elle traîne avec elle jusqu'à présent: "J'aurais voulu naître homme!" me disait-elle. Elle était infirmière au maquis. L'inégalité dans la répartition des tâches, dans les responsabilités entre hommes et femmes, lui posait problème. Cette moudjahida était douée d'une capacité de travail, d'une endurance et d'un courage tels qu'il lui était arrivé d'aller récupérer sur le champ de bataille les corps de ses propres compagnons d'armes, morts sous le feu de l'ennemi.

    « La vie au maquis ne se raconte pas facilement ; il est impossible de raconter ce que peut vivre un maquisard ou une maquisarde puisque nous vivions sans aucun espoir de survie ou d’une vie meilleure. Nous étions sûrs qu’un jour ou l’autre, nous serions indépendants, mais au maquis nous ne pensions pas survivre et voir cet événement. »

    « Barberousse restera à jamais gravée dans nos cœurs, Barberousse, c’est les exécutions, les angoisses, la peur, ces longues nuits dans l’attente des aubes meurtrières ».

    « Cette solidarité étroite, ce soutien vigilant des unes aux autres, c’était notre pain quotidien qui nous permettait non seulement de survivre, mais de vivre à travers la tempête de nos existences saccagées, de nos frères massacrés. »

    « La prison n’est jamais la même ; elle évolue avec le nombre car c’est le nombre qui nous a rendues fortes ; plus nous étions nombreuses et plus nous étions imbattables. »

    A Barberousse, et dans les autres prisons, chaque 1er Novembre est fêté par des chants patriotiques.

    Le 1er Novembre 1957 a été fêté à grands bruits … Tout a commencé par des chants qui provenaient des condamnés à mort. Tous les quartiers de la prison se sont mis à chanter à l’unisson :

    « La prison a alors craqué, la prison a croulé sous les applaudissements de milliers de mains, c’est en cela qu’une prison est vivante ou du moins que les détenues politiques sont vivantes ».

    « Je crois qu’il est du devoir de chacun de nous de léguer aux générations futures tout ce que nous savons sur la période de la colonisation, sur la lutte armée et sur toutes les formes de combat du peuple algérien »

    « Il faut dire aux jeunes, les conditions dans lesquelles on a obtenu notre indépendance et vous les jeunes vous devez vous battre pour garder, pour préserver ces acquis parce qu’il n’est pas sûr qu’on va les garder »

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