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Les aléas d'une pension...

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( Voici ici la mésaventure vécue d un vieux retraité s en allant toucher sa maigre pension le jour de la paie. )

« Tout travail mérite salaire » c'est un droit - ce qu’on ne cesse de nous l’affirmer tout le temps - mais…de là à percevoir sa maigre pension en espèce sonnante et trébuchante, il vous faut passer par des épreuves sans lesquelles vous risquez avec certitude de rentrer chez vous, anéanti et sans le sou ! Une fois à la maison, vous vous surprenez souvent à remettre en cause tous les « bons principes » ingurgités à fortes doses par tant d'années d'instruction et d'éducation. Se sont-ils flétris eux aussi comme le bon vieux temps ? Faut-il s'en rappeler, l'on se faisait un plaisir de vous payer…à domicile même ! Avec le « merci » et le sourire en plus ! Ah, que ne donnerais-je pour revenir à la pratique des « vieux mandats » ! Autre époque, autres mœurs, me diriez-vous !…Oui, je veux bien mais de grâce, réconfortez-moi ! Avec tous ces progrès, y a-t-il eu meilleures mœurs ? Et votre colère, longtemps introvertie, vous la broyez, progressivement et contre vous-même, vous la retournez puis…les contraintes de toutes sortes accomplissant leur travail de sape en parachevant les derniers îlots de votre résistance, vous perdez lentement votre propre estime…Alors, un jour, le plus mauvais et le plus triste sans doute, baissant les bras, vous confiez votre destin, celui de vos enfants et votre paie aux « aléas d'un jeu forcené » en vous courbant à ses humiliantes épreuves : 

            1ère épreuve : Faites la « chaîne » quelle qu’en soit la durée (des heures, des journées) sachant en plus d'un départ matinal, qu'il vous faut un corps d'hercule à l'ouverture des guichets pour se tailler la ou les première(s) place(s) et une super endurance morale pour arriver à bon port car le parcours est semé d'imprévus routiniers : Pas d'argent, panne d'ordinateur ! (Trop fier, trop délicat, "grande gueule", s'abstenir !)

 

            2ème épreuve : Si ce qui précède ne vous convient pas, et à la condition de mettre entre parenthèses tout scrupule, alors, sans avoir froid aux yeux, ni à la tête ni au dos ni ailleurs, sans qu'aucun atome de pudeur ne vous retienne, faites ce qui vous semble expéditif. « Brûlez » la chaîne et soyez-en presque rassuré – à l'exception tout de même d’un hochement de tête et haussement de ton de quelque audacieux « chaînard » au sang anormalement chaud - Vous l'empocherez finalement, cette fichue paie, mais à quel prix ? Il faut avoir vendu son âme…Conséquence intrinsèque : la chaîne s'échine et se « déchaîne » (dans les deux sens !)  Ce qui explique sans le justifier ce cas de figure.

 

            3ème épreuve : Si aucune des deux épreuves ne vous sied parce que la chaîne vous enchaîne et la « griller » vous gêne, par cette troisième, avec un peu de « veine » et un précieux « lien », tirez-vous de ce pétrin ! Et c'n'est pas rien, admirez-moi cette prestation à saisir ses relations ! Au vol, à plat ventre, en apnée, à l'arraché, à coups de « lamento », de mises en scène, en venir « au malade imaginaire », au pire s'il le faut et qu'en sais-je encore ? Pas de répit, pas de paix pour la bonne cause ! Aussi, le spectre d'investigation est large, à vous de miser sur le « tuyau salvateur » : Cela s'étend du simple agent au plus complexe responsable ! Sinon…tel « l'aigle baissant sa tête »…en piètre philosophe, en faux sage, en donneur de sermons, la rage au cœur, confiez votre frêle corps, avec l'énergie du désespoir qui en reste, à l'épreuve (1), celle du parcours du combattant et dégoulinez-vous de patience car il vous en faudra beaucoup ! (C'est d'ailleurs l'épreuve où se côtoient en gros deux catégories : la plus large, celle des « bras cassés sans épaules », et la plus bizarre parce que rare et en voie d'extinction par défaut de « candidature », celle des gens de caractère qui aiment leur souveraineté par respect à leur humanité, même au prix d'exclusion et de marginalité !).  A méditer ! 

                                            

           4ème épreuve : Répandue pour son pragmatisme concluant, loin d'être la solution, cette épreuve est la plus dévalorisante, la plus abjecte, la plus destructrice qui soit car elle vous érode, vous délabre, vous avilit de l'intérieur ! Elle vous met en condition de dépendance et en pareil cas, vous n'avez plus le droit de parler de justice et de droit. Vous êtes en défaut, car ce qui vous revient de droit, vous l'avez souillé en le négociant, en l'achetant sachant qu'on vous remet seulement ce que vous gagnez à la sueur de votre front ! Et en citoyen bien poli un « merci » aurait largement suffi ! Protéger ses droits est certainement la meilleure chose que puisse faire un homme normalement constitué. Personne ne le fera à votre place. Tout d'abord, avec du recul et du détachement, prenez beaucoup de souffle et commencez par donner un peu de considération à votre individualité et à ce qui vous appartient ! Ensuite, tous les points bien mis sur les « j », sur les « i » et les barres sur les « t » aussi, revendiquez vos droits bafoués et eux (pas tous, Dieu merci !) sinon la plupart qui sont derrière les guichets, sont tenus de s'acquitter enfin de leurs devoirs ! Ce n'est pas l'inverse ! 

 

Depuis la nuit des temps, de l'homme le plus primaire à celui qui nous ébahit aujourd'hui, un réflexe simple mais vital, civilisateur, lui a permis de réaliser de considérables progrès. Condensé en trois mots, le secret de cette émancipation que nous envions tellement aux autres, donne cette phrase simple mais en or : Faire son boulot ! Est-ce un miracle que de faire son travail ? On devrait là, remettre sur sa tête, la notion érigée en début pour réhabiliter le mot ultime : « tout salaire mérite travail ». Il nous importe d'être capables de mériter un travail, le salaire n'étant que le moyen d'y parvenir. La fin est dans l’œuvre d'abord accomplie, seul garant d'une réelle émulation ! Serait-ce trop demander si l'on devait retourner au banc de « l'école de la civilité » et réapprendre sans complexe aucun l'abécédaire du comportement en société, du respect de la citoyenneté, du sens de l'urbanité, du devoir, du droit, du labeur, qu'aucun diplôme si prestigieux soit-il ne pourra nous en faire bénéficier ?

Nous devons et sans plus tarder, dos à dos nous ressourcer auprès de nos bonnes vieilles racines, jadis universelles…

 

Par Said BELFEDHAL

Commentaires

  • said belfedhal
    N.B
    Tout en m excusant de ce léger retard, je souhaite à tout le monde un bon début d année avec cet espoir qu il nous fera oublier les contraintes et les difficultés de ces derniers temps.
    Croisons les doigts pour aspirer à un avenir meilleur !
  • Belfedhal Abderrahmane
    • 2. Belfedhal Abderrahmane Le 01/01/2019
    bonsoir said
    bonsoir meskellil et chapeau bien bas pour ton style toujours beau et succulent
    mon cher said sans intention de ma part je me suis retouve dans ton coin en train de commenter un commentaire tres profond de meskellil et cela s est produit au moment ou je lisais tes quatres travaux d hercule made in bled a l occasion du retrait de la pension des mout kaad suivant l expression du regrette si benmesbah
    allah yarhmou
    dans la nebuleuse regle des obligations mutuelles en droit et bien que la notion du devoir est directement liee a celle de HAK on te dira toujours qu il faut travailler d abord pour revendiquer un droit et quand l obligation du devoir est accomplie a ce moment la on te demandera de patienter allah ghaleb hadha kharej ala nitakina hadhi jet melfouk errizou rah ampane mouchkoul souyoula rak aref ou bien dirou el kola ya khi ibed ils se presentent tous youm el miad ctd le vingt six du mois et pas une seconde a perdre avec ces gens qui n ont rien a faire a longueur de journee le chemin accidente est en nous faut il prendre le pli de le suivre ou faire un effort de bonne volonte , cesser de faire de l esprit de facon gratuite et regarder la realite en face pour comprendre que rien ne se cree tout se transforme selon le celebre chimiste lavoisiller alors c est simple changeons nos habitudes saugrenues en rejetant l egoisme, le ANA, apres moi le deluge , ragda w tmangi ,koul ottla fiha kheir, ebras yemma ma ni khademha ETC ETC mon cher said on est victime du tawakoul dont le sens a ete deforme, donnant naissance a de mauvaises habitudes qui n ont pas tarde a tuer l initiative et le compter sur soi meme ahd el hadhana w tberbir intaha wa la kheir fi kaoum tatakel ala gheiriha fi koulli el omor notre pays est vaste et plein de potentialites allors ne perdons pas le sens de la boussole we allah el moustaane bonne soiree a tous
  • Meskellil
    • 3. Meskellil Le 01/01/2019
    Bonjour à tous

    Bonjour Abderrahmane, Bonjour Saïd

    Je vous souhaite à vous ainsi qu’à tous nos amis algermilianautes une très belle année haute en couleurs et illuminée par la lumière de l’espoir, de la santé, de la sérénité, et beaucoup de réalisations aussi minimes soient-elles, il n’y a pas de petits bonheurs.

    Nous voilà réunis autour d’un écrit pamphlétaire de haut vol, de haute facture à la lecture duquel on oscille tour à tour entre une grande admiration pour une plume, la tienne Saïd, et un malaise consistant, une consternation tant ce réquisitoire à charge et sans concession, cette indignation sont porteurs de mots forts, puissants qui claquent comme un fouet les consciences, ou comme ces points d’exclamation qui ponctuent chaque phrase ou presque du texte, un miroir tendu et sous tension dont toute complaisance, toute bienveillance sont évacuées, pour nous laisser face à l’image fort peu soutenable de ce que nous sommes devenus. Des questions lancinantes, douloureuses non formulées surgissent avec force pour interpeller, nous questionner sur les raisons de nos défaites : comment en sommes-nous arrivés là ? Comment en sommes-nous venus à quémander nos droits ? Quid de la dignité d’un peuple naguère pétri des valeurs ancestrales non négociables qui se retrouvent dénigrées au profit d’opportunités à saisir ou de silences résignés, de dignité bafouée par l’usure dûe aux aléas, et je trouve ce mot trop faible comparé à l’état des lieux que tu nous dépeins Saïd.

    Ton écrit Saïd est brillant, sensible, expressif et si imagé dans la description de situations que l’on pourrait retrouver dans maints secteurs autres que la pension. J’ai été saisie par sa force, sa profondeur et sa portée, et suis très admirative de ta maîtrise des divers registres d’écriture, alors je te dis merci beaucoup pour ces magnifiques expressions qui viennent toutes des profondeurs, des tripes dirais-je. On n’écrit pas ainsi quand on n’en souffre pas et une fois de plus tu nous as entraînés dans ta grande sensibilité, ta lucidité, et ton amour de l’Algérie, car, à nouveau, peut-on s’exprimer ainsi quand on n’aime pas ?!
    J’aimerais juste rajouter une note d’espoir qui est celle de ma confiance et ma conviction concernant le peuple algérien. L’Algérie qui a toujours su trouver les ressources puisées avec courage et détermination pour aller de l’avant pour surmonter ses profondes blessures, ses traumatismes, les affronts qu’on lui (a) faits. Le peuple algérien a cette résilience qui le maintient debout et digne même quand tout fout le camp autour de lui pour le dire plus familièrement. Merci beaucoup saïd pour ta sensibilité à fleur de peau, ta rigueur, ta profondeur. Je finis ce commentaire par un extrait de la conférence des oiseaux de Farid Al Dîn Attâr qui dit ceci et qui vaut pour l’Algérie : « Qui éprouve de la peine sur le chemin de l'élévation doit se rappeler qu'elle renferme un trésor pour lui. Quand on marche d'un pied ferme sur ce chemin, les dons du ciel ne sont pas sans nous demander quelques sacrifices. »

    Abderrahmane, je suis soulagée d’apprendre que ce sont juste mes impressions qui m’ont fourvoyée dans la lecture de ton commentaire de la page de l’albatros, je t’avouerai cependant que tes paraboles fleuries de références littéraires sèment quelquefois de la confusion dans mon esprit au point d’aller d’un extrême à un autre. Tu me demandes quelles étaient mes impressions en ouvrant cette lourde porte, en entrant dans bit skhoun, je te dirai simplement qu’à la lecture de ce texte, je me suis sentie propulsée dans mes années d’il y a longtemps avec l’image de mon père Allah yerhmou we iwessa3 a3lih, mais je crois que je l’ai déjà dit, revenant du hammam, qui sentait si bon et à qui on souhaitait bessaha hammamek en lui faisant une bise sur chaque joue, souvenir qui se prolonge avec mon propre vécu du hammam avec mes grands-mères Allah yerhamhoum, ma mère Allah itouel fi 3morha avec des montagnes de tendres et doux souvenirs. Je crois que cette réponse peut à elle seule exprimer toute la densité des sentiments et émotions complexes faits d’amour, de tendresse, de nostalgie, de joie, de bien-être et de manque aussi…

    Quant à l’albatros, et malgré tous les affronts qu’on peut lui faire subir, malgré ses ailes traînant piteusement par terre comme le dit en teneur Baudelaire, ne perdra jamais sa majesté, ni son aura, le poète ne meurt jamais, le dira-t-on jamais assez, et quand bien même il disparait, il laisse derrière lui une traînée d’étoiles et de lumière dont nous pourrons suivre la trace guidés par la lueur de ses pas, de ses envols même si momentanément on a du mal à voler soi-même. Merci beaucoup Abderrahmane pour ta magnifique plume aussi façonnée par ta belle sensibilité. Comme tu as évoqué Lamartine qui regardait la nature tantôt comme amie qui réconforte le cœur attristé par la solitude morale, tantôt comme un abyme, je dirais par la voix de Bay Juyi « Les routes les plus accidentées ne sont pas celles qui traversent les fleuves et les montagnes, mais celles qui sont dans le cœur des hommes. »
  • Belfedhal Abderrahmane
    • 4. Belfedhal Abderrahmane Le 31/12/2018
    bonsoir meskellil
    bonsoir a tous
    de mon cote j ai bien lu et relu ton commentaire qui me renvoie vers lamartine, ce dernier regardait la nature tantot comme une amie qui console le coeur attriste par la solitude morale,tout en gardant pieusement les souvenirs des temps jadis ,et tantot comme un abime ou s elabore la vie des mondes
    meskellil parlant de nature, elle incarne pour moi ce grand oiseau des mers qui s est traduit en un immense toit ayant abrite l une des plus belles romances dans le cycle des ages en ballade
    Meskellil ce ne sont que des impressions ce que tu viens de ressentir car l albatros avait depuis tres longtemps refuse le commandement de la mort et depuis six ans il avait maintenu son front audacieux haut libre et stoique different de l aigle victorien qui, face a la neige, avait pour la premiere fois baisse la tete
    Par ta plume enchantee, l albatros avant de rejoindre les echos d il etait une fois a survole l espace de miliana et par ta genereuse plume il a regenere le reste de ses plumes pour monter le plus loin possible narguant les hautes cimes que la neige des temps perdus avait blanchi comment peux tu rendre cet albatros porteur de grande tristesse alors que toi meme tu lui a reconnu une portee universelle ?
    meskellil avant de lire ton commentaire j avais deja envoye mon texte intitule el hakim ,texte base entierement sur l humour mais comportant aussi une motion speciale pour toi et ton albatros
    meskellil de tout ce qui a ete dit sur l albatros et sur sa tristesse poignante, le merite est vivant, il se traduit clairement dans sa portee litteraire sociale et geographique
    meskellil voila un nom qui sera si familier dans ton lexique courant et qui te rappelera la grande similitude entre le vol dans les espaces libres et la grande liberte d avoir pu laisser une page glorieuse, car meme ecrite et rangee dans la memoire d il etait une fois, on dira toujours qu il etait une fois un albatros issu d un petit village et qu avant de rendre son ame douce il avait eu le temps de s inscrire parmi les contribuables de l excellent algermiliana a l image du moutchou du hwenti du dentiste et autres personnages des temps nantis
    meskellil et si je te balances gentiment cette question quelle a ete ton impression en poussant la grande porte en bois? et qu elle a ete ton autre impression une fois ouverte en l honneur du moutchou,du kayasse, du masseur ,et tres bientot le dentiste en passant bien sur par l agreable plume de mon frere said mais sans attendre de reponse je dirais que tout cela s est concretise grace a toi
    que cette nouvelle annee soit pleine de sante et de reussite pour toi et pour tous les amis du site INCHAALLAH
  • MF
    • 5. MF Le 31/12/2018
    Salam,

    Certains passages m'ont soutiré des sourires malgré le désarroi bien narré de ces gens.
    OH que n'ai-je pas galéré pour retirer mon salaire,alors que j'étais en exercice mais depuis la retraite,je ne me rends au guichet qu'une semaine après la date du virement,pour m'éviter les épreuves sus citées.
    Certains acquis de nos attitudes, comportements, les difficultés de la vie font que nous rendons les situations plus étouffantes .
  • Chantal
    Bonsoir Said,

    Votre texte est émouvant et bouleversant d'authenticité. Vous employez des termes très forts et justifiés tels que : colère - humiliantes épreuves - parcours du combattant - exclusion et marginalité - épreuve dévalorisante - droits bafoués - etc. Et, malheureusement, ces termes ne sont pas des "clauses de style" mais une triste réalité. Ces retraités n'ont pas mérité cela et croyez bien que je comprends votre révolte et que je suis en totale empathie avec vous ainsi qu'avec tous les retraités algériens.

    Bonne soirée.

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