La vache suisse et le pétrole arabe
- Par algermiliana
- Le 22/02/2024
- Dans Le coin de Slemnia Bendaoud
- 5 commentaires
La vache est pour la Suisse ce que le brut est pour tous les Arabes. A chacun d'eux sa propre richesse. D'où découle d'ailleurs l'essentiel de son économie. A chacun donc son métier et les vaches seront certainement bien gardées, dit la sagesse.
Pour l'instant, leurs maitres incontestables ce sont donc les Suisses. Puisque les arabes, eux, s'intéressent toujours et sans vergogne au pétrole. Les vaches Suisses ont depuis longtemps envahi les guichets de l'état civil helvétique. Leur recensement les évalue à présent au nombre de six cents mille bêtes. Toutes domestiques ! Toutes minutieusement identifiées. Et toutes détentrices d'un passeport national et d'un autre, le cas échéant, de type international, commun à toutes les bêtes du monde, en cas de voyage au-delà des frontières de ce petit, beau et tranquille pays.
Ce que pourtant l'on refuse manifestement à certains êtres humains des pays arabes (le cas typique de cette minorité du Koweït, en l'occurrence !) est donc devenu un droit indéniable ou absolu accordé à ces bien heureuses vaches Suisses.
Ces bêtes-là sans distinction de race ou d'espèce bovine- voyagent toutes, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de ce tout petit pays helvétique, munies de documents identitaires très officiels : le titre de voyage local pour l'une ou le passeport international pour l'autre.
Dans ce pays de la technique de précision, tout est donc bel et bien réglé à l'avance comme les aiguilles d'une montre qui marque l'impact indélébile du temps qui s'écoule ou celui qui manifestement nous écule.
Les vaches Suisses, sans être confondues dans le rôle de ces bêtes à la stature très religieuses de l'Inde, jouissent toutes et sans exception de ce haut standing et statut très relevé, tout ou très proche de celui purement humain.
A l'image du pétrole Arabe, elle est donc exportable. Seulement l'économie de ce petit pays au haut et très grand relief en dépend dans une très large mesure. Raison pour laquelle on n'en exporte pratiquement que l'excédent de son cheptel ou de son produit laitier et autre dérivé fromager. Sur les crêtes et autres nichés valons de ces hautes Alpes, le citoyen Suisse tient encore et toujours à sa vache, tout comme d'ailleurs cet Arabe qui s'accroche mordicus ou pour de bon à son baril de pétrole. Le premier cherche à vivre comme toujours des généreuses mamelles de son animal domestique pendant que le second pompe toujours ce précieux liquide de sa considérable énergie fossile.
Cependant, ce paysan des Alpages se dépense comme un nègre pour entretenir son animal et bovin laitier à l'inverse de ce bédouin Arabe qui pille et extirpe à longueur de temps ces indéniables richesses souterraines non renouvelables de son pays, afin de réchauffer avec cet occident qui grelotte de froid pendant la saison hivernale, moyennant ce gros pognon que draine cette grande énergie.
A l'animal domestique très généreux du premier correspond donc, de l'autre côté, ce très riche désert Arabe. Et pendant que celui-ci donne à manger à sa bête domestique, celui-là aspire et tire tout le temps et sans la moindre réserve sur les mamelles de cette très féconde terre Arabe, sans avoir à lui apporter la moindre contrepartie en matière d'effort physique, hormis celui de l'en déchoir de ses richesses fossiles.
C'est donc là où réside toute la grande différence au plan de la philosophie de la vie entre ces deux mondes, jugés bien distincts ou très éloignés l'un de l'autre.
Sans leur pétrole, tous les pays Arabes seraient, sans nul doute, déjà des nations très pauvres ou des pays mort-nés.
Nantie seulement de quelques villes de moyenne dimension comme Genève, Zurich, Bâle et quelques alpages en haute montagne, la toute minuscule Suisse arrive tout de même à bien se placer et durablement s'installer devant de bien immenses pays-continents comme l'Algérie, tenant surtout la dragée haute à de très grandes puissances économiques mondiales.
Et si ce petit pays helvétique est plutôt connu au travers de ses magnifiques montres qui régulent depuis des lustres déjà ce temps propre à toute l'humanité, il l'est également ou tout autant -sinon bien mieux considéré- au regard de l'élevage de son cheptel bovin laitier qui produit ce chocolat Suisse de grande qualité.
En dehors de sa neutralité politique avérée et de la grande assurance reconnue à ses banques, très anciennes et bien pérennes, la Suisse demeure ce grand symbole de l'usage du temps, tenant compte de cette grande précision dont elle garde si jalousement encore la bonne recette et qui défie la puissance astronomique des grandes nations du monde dans des domaines plus complexes et les mieux considérés.
Ce tout petit pays ne prétend jamais voir plus grand que son propre horizon. Il se contente seulement de ne rien ignorer ou mal considérer de ce qu'il voit ou entrevoit comme solution durable et acceptable en tout point de vue, à ses propres problèmes, dans la perspective de hisser davantage ce très haut relief parmi les nations les plus considérées de par le monde.
Depuis déjà très longtemps, la Suisse se maintient à ce statut enviable et très considérable de pays très tranquille, bien neutre, surtout très propre, et où il fait toujours bon vivre, malgré ses vents violents, ses interminables chutes de neige hivernale, ses pluies diluviennes, son cloisonnement et parfois même son obtus raisonnement.
Ainsi, la vache Suisse, pilier essentiel et donnée pérenne de l'économie helvétique, assure toujours une vie décente, heureuse et très colorée à ce peuple de montagnards et de très fiers campagnards, connus tous pour leur grande fierté et indéfectible dignité. C'est surtout- grâce à cela que la Suisse, chaque jour qui passe, avance d'un cran dans le concert des grandes sociétés et toutes développées nations. Son économie est des plus simples, sa recette-miracle des plus modestes encore.
Mais à la clef, il existe tout de même ce besoin impératif de conquérir ces hypothétiques espaces laissés entre-temps libres dont le grand profit scientifique ne peut être que des plus bénéfiques pour le futur de la nation et l'économie de la contrée.
Voilà donc maintenant vite refermée cette grande parenthèse consacrée à ce tout petit pays du vieux continent. Retenons, tout de même, que cette généreuse vache helvétique, encore bien gardée par ses pâtres des hautes Alpes, donne encore et toujours beaucoup de lait à plus de six millions d'habitants Suisses ainsi qu' à bien d'autres nations qui en sont dépourvues.
Elle demeure au cœur même de cette facile mais durable équation de l'économie helvétique dont elle en constitue d'ailleurs la donnée de base ou essentielle. Plutôt celle fondamentale et bien capitale.
A l'opposé, qu'en est-il de ce brut arabe ?
Tous les indicateurs montrent, à l'évidence, qu'il reste encore cette 'vache Arabe''. Celle qui leur fournira toujours du lait sans pour autant leur exiger en contrepartie la moindre botte de foin ou une quelconque ration de son en vrac ou cubé.
Quant à leur exiger du trèfle ou de la luzerne, c'est plutôt leur demander l'impossible au vu de toutes ces conditions climatiques très défavorables à la prolifération d'un tel aliment de bétail, pourtant très prisé pour les ruminants producteurs de lait frais.
Ainsi, ils obtiennent tous de cette terre pourtant aride et bien nue du lait à profusion, accompagné le plus souvent de toute la gamme variée de ses nombreux dérivés, gratuitement et sans faire un quelconque effort, hormis celui obligatoire de l'aspirer, à longueur de journée et sans discontinuité, les pieds dans l’eau, à partir de leur retraite dorée ou demeure huppée, de ses mamelles tentaculaires et qui leur arrive jusqu'au pied de leur lit, sortant en courant des fins fonds des entrailles de ce généreux sous-sol.
Seulement, à l'inverse de ce gentil et très éduqué peuple helvétique, chez les Arabes, ce sont toujours les mêmes personnes ou familles politiques qui tiennent encore entre leurs mains ces pis pulpeux et juteux d'où jaillit ce merveilleux produit (liquide) de la terre qui arrive à concurrencer tous les autres liquides réunis ou combinés à eux-mêmes. Disposer en permanence d'une telle vache, laquelle produit, en plus, ce liquide qui coule à flots au sein des entrailles de la terre Arabe n'est pas de nature à les réveiller de très tôt de leur profond sommeil pour se préparer à aller travailler.
Ils auront tous appris à longtemps vivre de cette indéniable ou supposée intarissable rente qui leur épargne même de réfléchir un jour aux grandes difficultés de la vie.
Pour preuve, munis de tout leur gros pognon qui ne profite qu'aux banques de l'occident, ils restent tous, bien incapables de créer le moindre produit industriel ou réflexion scientifique bien féconde ou très pratique dans le quotidien de leur vie.
Ils sont donc bons pour tout juste consommer ce que l'Occident, depuis toujours, ou l'Asie, à présent, ne cessent de produire pour eux en quantités industrielles.
Une donnée économique donc très naturelle dont les lois de l'économie elles-mêmes réfutent, récusent et refusent de l'associer à un quelconque raisonnement futuriste et salutaire pour toutes ces nations Arabes qui vivent l'attentisme comme une fatalité. Sinon telle une très grande qualité au vu de ces grandes découvertes du brut qui voient le jour ça et là au sein de ce grand Sahara Arabe. Et l'on arrive donc finalement ou bien fatalement à cette conclusion plutôt terrible du moment : puisque la seule vache Suisse défie tout le brut des Arabes ! Il n'y a qu'à consulter pour cela le classement mondial des nations pour s’apercevoir de cette différence terrible qui existe entre l’esprit qui guide cet animal et celui en vigueur au sein de tout cet immense désert Arabe !
Commentaires
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- 1. Meskellil Le 03/02/2015
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"Le malentendu est la forme la plus fréquente
de communication entre les hommes."
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car il annule toute possibilité de transformation."
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- 2. aziz Le 02/02/2015
Mr Slemnia
Vous écriviez que: ''Sans leur pétrole, tous les pays Arabes serainent, sans nul doute, déjà des nations très pauvres ou des pays morts-nés''. Moi je dirai: ''peut être bien que oui, peut être bien que non''. Le pétrole, tel qu'il a été utilisé, oui a été notre malheur et a fait de nous des handicapés physiques et mentaux, des asistés en subventionant tout ce qui bouge ou ne bouge pas autour de nous, des dépenses initules, sans retenue , sans vergogne et sans soucis pour l'avenir de notre pays et de nos enfants, des produits dans la pluparts des cas, sans necessité. Mais à mon humble avis, si ce gain facile nous avait été épargné ou mieux encore, puisqu'il était la, bien placé pour les jours difficiles de notre pays, la nécéssité et le besoin de subvenir aux siens en travaillant dur et en évitant ce gaspillage terrible aurait fait qu'on aurait travaillé beaucoup plus notre pays, et cela inclut nos vaches !
Bref, je prefere les vaches Suisses à notre pétrole ce qui me ramène à une histoire vécue. Je discutai avec un journaliste de la television suisse romande de Geneve, un économiste par back ground et on parlait du petrole et de son utilisation pour des pays émergeant comme le mien, l'Algérie. Et je lui avais fait la proposition vote eau en Suisse contre notre petrole en Algérie. Bien aimablement il a décliné l'offre et oh combien je le comprends, j'aurai fait exactement la meme chose si j'etais à sa place.
J'ai trainé mes guêtres pendant presque 40 ans dans les mutinationales, dans le Oil & Gas business, à travers ce bas monde et j'ai fait 4 ou 5 fois le tour du monde dans le cadre de mon travail mais au final, je dois confesser que j'aurai du rester dans mon Ouarsenis natal, dans mon village de Teniet El Haad, vivre au rytme de la nature, avec ce qu'elle veut bien nous offrir en la travaillant tout en la respectant, sans exces, ni gaspillage, comme ont faits nos ancetres qui eux ont travaillé tres dur, sans se plaindre et qui ont probablement vécu beaucoup plus heureux que nous et surtout sans ce m. pétrole qui nous a tous et toutes estropié, in my opinion -
- 3. Meskellil Le 02/02/2015
Bonjour à tous,
Merci M. Slemnia pour cet humour grinçant et incisif dont la portée est encore plus tragique ! Vache Suisse et pétrole arabe ou fable de la cigale et la fourmi ! Il fallait y penser comme le dit Chantal!
Merci à vous cher ami Mourad pour cet état des lieux rigoureux et cette analyse lucide et sans concession !
Englués au sol, le cerveau et le reste quasi totalement paralysés ! A quand la réforme des cerveaux pour amorcer enfin ce décollage tant espéré, tant attendu ??? !!!
PS: Je saisis cette opportunité pour lancer aussi un appel à M. Slemnia Bendaoud dont les écrits et analyses nous manquent!! -
- 4. ZOUAOUI mourad Le 01/02/2015
BONSOIR SI SLEMNIA BENDAOUD,
J’adhère à votre analyse critique sur le constat actuel des pays arabes qui montre que le pétrole a contribué effectivement au malheur de leurs peuples. Ce qu'il ne faut pas oublier c'est que le Moyen-Orient Arabe a toujours été une zone du monde, la plus convoitée de la géopolitique mondiale depuis la plus haute antiquité. C'est aussi un des carrefours géographiques le plus stratégique puisqu' il relie trois des cinq continents à savoir l'Afrique, l'Asie et l'Europe et il y a eu dans son histoire une importance militaire majeure avec de nombreuses batailles militaires célèbres depuis celles des Grecs et des Perses à Marathon dans l'antiquité jusqu'à la bataille des Dardanelles durant la première guerre mondiale. Le Moyen-Orient Arabe a eu aussi le privilège peu enviable d'avoir vu naitre les trois religions monothéistes et de ce fait, d’être doté de lieux saints disposant d'un prestige et une puissance morale dont il peut user et abuser à loisir. Le dernier malheur qui affecte le Moyen-Orient Arabe c'est la présence du plus grand réservoir mondial de ressources énergétiques pétrolières et gazières, ressources qui sont devenues au cours du dernier siècle, de par les transformations et progrès de la technologie, un élément de la puissance et de la richesse des nations. Il a fallu attendre tout récemment la découverte du gaz de schiste en Chine, en Argentine, aux États-Unis, en Algérie etc....que la pression commence un peu à diminuer sur cette zone du monde. Un autre phénomène non moins pervers, est celui de la consolidation des régimes autoritaires et dictatoriaux dans ces pays où le contrôle de la rente pétrolière est devenu un objet de luttes de pouvoir féroces et où la jeunesse arabe est sacrifiée sur l'autel de la démagogie et des discours triomphalistes sans ancrage sur la réalité sociale et économique. Dans cette vaste zone de déshérence, ouverte aux invasions, en situation de tensions permanentes et exposés à des conflits armés à répétition, il est difficile cependant de déterminer laquelle de ces trois caractéristiques cités plus haut, est la plus responsable de l’état volcanique dans lequel vit le Moyen-Orient Arabe depuis 150 ans au moins, soit depuis l'expédition de Napoléon Bonaparte en Égypte en 1798 et l'éclatement de la rivalité impérialiste franco-anglaise pour le contrôle de la région. La conséquence première à mon humble avis,est le renversement de tous les équilibres socio-économiques et politiques des sociétés arabes avec un développement de l'économie de rente. L’expérience historique montre à juste titre, que les systèmes démocratiques et les cultures politiques qui en sont issus se sont bâtis contre les bases de l'économie de rente et du féodalisme. C'est pourquoi, aussi longtemps que la rente pétrolière sera prédominante, il y a peu de chance de voir les régimes politiques arabes se libéraliser en profondeur.
Notre pays qui n'échappe pas à la règle présente lui aussi des indicateurs qui sont au rouge comme un développement inégal, taux élevé de chômage, pauvreté, corruption et népotisme endémique, liberté d'expression politique étouffée,abus de droit humain, jeunesse diplômée sans débouchés et une élite gouvernante parasitaire opposée à la construction d'un état de droit et à la consécration des libertés publiques et des droits de l'Homme et du Citoyen. Incontestablement le pétrole aura contribué au malheur arabe et non à l'amorce d'un décollage économique et social tant souhaité par les sociétés arabes. Pourtant la conquête musulmane s'est arrêtée à l'océan, qui était pour elle une limite infranchissable. Mais, alors, lorsque la philosophie occidentale de ' histoire se met en place, nait l'idée que la succession chronologique des civilisations, l'Orient, la Perse, la Mésopotamie, l'Égypte, la Grèce, Rome, l'Occident, cette succession suit le mouvement apparent du soleil. On trouve cela chez Hegel et dans un texte de jeunesse de Victor Hugo, qui prévoyaient même que le relais devait être passé à l'Amérique. Et le mouvement s’arrête là. La fin de l'histoire, c'est l'Occident. On voit comment cette philosophie de l'histoire contredit le schéma théologique précédent, selon lequel le sens était à l'Orient (il en est resté une trace dans le vocabulaire français lorsque l'on dit : " s orienter ").
Amicalement
mourad -
- 5. Chantal Le 10/07/2014
Félicitations Slemnia Bendaoud pour votre brillante et « ingénieuse » analyse comparative entre élevage des vaches laitières helvétiques et exploitation des hydrocarbures dans les pays arabes ! Il fallait y penser !
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