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Le Poids du Passé

  • noria
    noria
    Modérateur

    le 15/04/2025 à 09:55

    Il est des époques qui marquent l’histoire de manière indélébile, et la guerre d’Algérie fait incontestablement partie de ces tragédies qui ont sculpté notre destinée. Pourtant, 63 ans après la fin de ce conflit, il est plus que temps de nous interroger : pourquoi persister à vivre sous l’ombre de ce passé, alors que tant d’autres nations, confrontées à des souffrances coloniales similaires, ont su avancer et se reconstruire ?

    Ailleurs, les peuples se sont relevés. L’Inde, colonisée pendant des siècles, a tourné la page sans renier son passé. Le Vietnam, après des décennies de guerre, a su trouver le chemin de la reconstruction. L’Égypte a transcendé ses blessures. La Grèce, berceau de civilisations conquises et reconquérantes, a su renaître plusieurs fois. Tous ont pleuré, tous ont résisté, mais aucun n’a choisi de vivre éternellement à l’ombre de sa douleur. Pourquoi l’Algérie s’accroche-t-elle, comme si elle craignait que l’oubli du sang soit un crime plus grave encore que l’immobilisme ?

    Il ne s’agit pas d’effacer l’Histoire. Il ne s’agit pas de trahir la mémoire des martyrs, ni de minimiser l’ampleur du sacrifice. Bien au contraire : l’hommage le plus digne que nous puissions leur rendre serait d’accomplir, enfin, ce pourquoi ils se sont battus, une Algérie libre, debout, grande, ambitieuse, ouverte au monde et à l’avenir. Mais que voyons-nous ? Un pays englué dans une glorification perpétuelle du passé, où les titres hérités – fils de, petit-fils de – remplacent le mérite, où la mémoire devient justification à l’inaction, et où l’on agite les douleurs d’hier pour masquer les échecs d’aujourd’hui.

    La mémoire ne doit pas devenir une prison. Elle doit être un socle. Un point d’appui. Un élan. Nous ne pouvons pas continuer à bâtir notre identité uniquement sur une blessure. Une nation vivante ne se réduit pas à un monument aux morts. Elle pense, elle crée, elle ose, elle avance.

    Assez de commémorations vides. Assez de discours figés. Assez de vivre sous l’autorité morale d’un passé dont nous ne sommes pas coupables, mais que nous avons le devoir de dépasser. L’avenir n’attendra pas que l’Algérie règle ses comptes avec hier. Il est là, il frappe à la porte. Il exige des femmes et des hommes capables de construire, non de pleurer. D’innover, non de ressasser. De s’élever, non de se plaindre.

    Alors, tournons la page. Pas pour oublier, mais pour grandir. Pour donner un sens véritable à l’héritage que nous avons reçu. Pour que l’Algérie ne soit plus seulement la fille de son passé glorieux, mais la mère d’un avenir digne, lumineux, et souverain.

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