L'internat au lycée Mohamed ABDOU - Miliana/ Par Noria
Parfois les mots roulent, blessent, parfois ils s'apaisent, les souvenirs se mélangent, les bons et les mauvais, certains nous font sourire, d'autres nous serrent le cœur, les personnes qu'on a rencontrées et qui ont marqué cette période avec de bons et de mauvais moments nous sont restées chères. Le passage de l'enfance à l'adolescence dans l'indifférence totale. Les rêves d'évasion, un sentiment de vide permanent accentué par des crises d'angoisse, l'autorité, la discipline, les surgés, la peur, l'oubli ... 7 ans d'internat, 7 ans d'une vie, loin de toute affection, difficile à supporter.
Tout a commencé pour moi en 1971, (sixième), nous étions nouvelles, les anciennes étaient déjà dans leur univers, nous sommes entrées dans cette cour, le lycée fascinant, studieux, paraissait immense et la visite interminable. Deux surveillantes générales, nous impressionnaient par leur autorité. Nous sommes passées d'abord par la lingerie, une belle dame Mme O, nous accueille pour trier le linge qu'on devait garder et qu'elle devait garder aussi, nous avions intégré un grand dortoir, avec de grandes fenêtres, des lits superposés, une belle jeune fille se tenait devant la porte de la cabine, c'était bien la maîtresse du dortoir. Quelques consignes furent données concernant les règles de fonctionnement. Les horaires du dortoir et des repas devaient être respectés, la montée au dortoir, les douches, le lever du matin, l’extinction des feux etc...
Les emplois du temps étaient assez chargés, du Lundi au Samedi de 8h à 12h et l’après-midi jusqu’à 17 heures, nous avions une demi-journée libre «le Mercredi». Mes profs : en sciences POPODINA, une Russe avec un accent de l'Est, je n’aimais pas beaucoup, en français Mme RICHARD, Michel BIENVENU en mathématiques, un prof qui savait se faire écouter, l’admirable BAKHTAOUI en sport, KACIMI en arabe, M.FERHAOUI en dessin et en couture Mme BENABDELWAHEB qui était d’une douceur étincelante.
La pause entre 12h00-14h est consacrée au déjeuner, une courte récréation puis une demi-heure d’étude. Les cours reprennent de 14h à 17h. À la sortie des classes de grands paniers contenant notre goûter, pain et chocolat, après un moment de défoulement dans la cour, nous retournions dans nos classes d'étude pour nos devoirs jusqu’à 19 heures, surveillées par une maîtresse d'internat, au fond des classes nous avions des casiers pour ranger nos Affaires.
À l'heure des repas, le réfectoire était grand, nous étions 10 par table, chaque table se devait de regrouper assiettes, verres, couverts, khalti Yamina, cette grande dame si gentille, faisait la réception des plats en rapportant le chariot. Les repas tellement conviviaux avec cet esprit lycée chaleureux, ancrés en nous à jamais. Une petite demi-heure de récréation suivie d'une 2ème étude surveillée.
À l'heure du coucher, nous suivions notre maîtresse en file jusqu'au dortoir. À l’entrée plus de 20 lits superposés, des draps et couvertures brodés aux lettres Lycée, des placards pour nos effets vestimentaires, une salle d'eau et des lavabos communs. Nous devions nous dépêcher pour la toilette et aller nous coucher. Les lumières doivent être éteintes à 22h30. Discrètement, on finissait nos devoirs sous la lumière d'une lampe de poche, nous n'avions pas le droit de lire des livres extérieur au lycée. La surveillante patrouillait dans le dortoir à la lueur d'une veilleuse. Très souvent, nous entendions des rires étoufées et la maîtresse vociférait de sa chambre.
Pénible était le réveil matinal fixé à 6h, mais devant l'ultimatum annoncé par la surveillante, nous nous devions de rejoindre au plus tôt le réfectoire, lits faits, affaires rangées, on s'empressait de descendre les escaliers pour le petit déjeuner, café au lait chaud accompagné de tartines beurrées.
Á 7h45 dans la cour nous attendions la reprise des cours et retrouvions les externes pour les petits bavardages du matin. Le lendemain, la routine continuait sans qu’on puisse profiter de notre temps libre qui était inexistant. Nous n’avions qu’un court moment pour discuter entre nous.
Le stade se trouvait derrière le lycée avec quelques vestiaires et tous les instruments nécéssaires à la pratique sportive. Saut en longueur, en hauteur, lancé du poids, grimpé de corde, course à pieds.
Le lycée disposait aussi d'une salle de gymnase bien équipée, elle servait aussi à réunir les internes pour des soirées pyjamas les week-end et les soirées ramadanesques, chants, danses, bouqalettes. Je me souviens aussi de la Soirée MALGLOIRE : Concert de Jean-Claude MALGLOIRE. Cette salle était bien unn espace de détente très convivial.
Au dernier étage, une infirmerie avec des lits pour accueillir les malades, une infirmière présente H 24.
Le Mercredi après-midi libre, nous n’avions pas beaucoup de loisirs. les dortoirs étant ouverts et surveillés entre 13h30 et 17h00. Heures de douche, pas plus de 10 minutes, le calvaire quoi ! Surtout pour celles qui avaient les cheveux longs. Une fois par semaine les internes déposaient leur linge à laver et le récupéraient une semaine plus tard.
Des promenades étaient également possibles, encadrées par le personnel du lycée. Contrairement à mes camarades, je participais rarement à ces sorties, très souvent consignée pour tout et pour rien. Les raisons sont multiples, 1- Pour avoir lâché mes cheveux. 2- Porté une chaussure à talons. 3- Pour un petit tour du côté de la balustrade (interdite pour moi). 4- ou tout simplement, pour avoir porté le tablier under the sweater...
En somme, une vie de peine et d'ennui. Je n’ai certainement pas prié pour toute cette souffrance.
Commentaires
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- 1. noria Le 11/03/2024
Cher Nadji,
Ton message empreint de nostalgie résonne profondément. Cet amour, bien que sincère, conduit parfois à des choix qui ne sont pas toujours simples.
Il est compréhensible que les événements de cette époque aient laissé une empreinte durable avec des répercussions profondes. Cependant, il est essentiel de reconnaître que chaque étape de ce voyage a contribué à forger la personne que tu es aujourd'hui. . Ton affection pour ton pays demeure, malgré les chemins sinueux empruntés.
Avec toute mon affection -
- 2. Nadji Le 11/11/2023
Il me semble connaître une petite parcelle de toi maintenant ! Je réalise aussi le réservoir de souvenirs que j'aurai pu accumulé dans mon pays natal pour mon vieil age mais que cet amour insensé que je portais à Houria, si bien peinte dans le blog de Mohamed BENCHICOU, qui a mal tourné, a endigué mon existence vers d'autres cieux et un autre destin. -
- 3. Kéryma KAOUAH Le 05/11/2023
Ma très soeur Noria,
Tu sais combien tu m'es très chère, ton récit est palpable, au point où je peux percevoir, ta joie (pas trop exprimée) tes peines, sont-elles nombreuses?
Cette histoire d internat, dont tu parles si clairement et en détail, bon tu oublies de me dire à moi hihihii, si, vous mangiez bon à la cantine, mais comme tu le dis si bien : "convivial". Donc ton histoire vraie et vécue m a beaucoup touchée et que surtout j ai imaginée! Je n' ai jamais vu ce lycée, mais quand je lis..je vois chaque coin et recoin, les filles qui courent , crient puis se taisent d'un coup la surveillante arriiive!! Enfin, une vie dans un internat pour filles comme un autre,
J 'ai lu jusqu'au bout, la fin prête à croire et dire que là : tout fut bien et n' eut pas une très belle fin! Mais la vie continue depuis...tu es imperturbable : sans rancoeur et résiliente!
Boussa kbira
Kéryma -
- 4. Cherifa Benrabah Le 24/10/2023
Je profite de cette passerelle pour saluer mes anciennes camarades de la promotion 1972. Je suis une ancienne interne du lycée. Mes meilleurs souvenirs de lycée se sont déroulés dans ce lieu, une bonne ambiance entre élèves, des professeurs géniaux et des pionnes sympathiques.
J’adore ce lycée, il m’a apportée beaucoup de choses que je ne regrette pas. Merci pour ce travail de mémoire qui nous fait revivre des moments pleins de bonheur. -
- 5. MERAIMI ASSIA Le 18/06/2012
Que de bons et mauvais souvenirs.
Je rends un hommage à ma belle soeur BAYA BELOUAZANI décédée à l age de 39 ans laissant 4 enfants et qui faisait partie des meilleures et brillantes élèves du lycée Med ABDOU.
Dans l espoir de se retrouver. -
- 6. banach Le 03/05/2012
je me souviens comme si cela datait d'hier -comme disait Mouloud Feraoun...ça me fait rajeunir de 35 ans .c'etait merveilleux et poutant a l'epoque on s'ennuyait beaucoup.hehe
merci infiniment Noria -
- 7. Latifa Le 08/04/2012
je suis contente de lire ces commentaires à propos de l internat et la surveillance elles etaient severes autoritaires mais je pense pour notre interet et puis c'est du passe' -
- 8. zarat saliha Le 08/07/2011
J'ai les larmes aux yeux, j'ai passé 3 ans dans ce lycée et je m'en souviendrai toute ma vie malgré que j'ai 45ans.
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- 9. fazin16 Le 02/10/2010
salem à toutes celles pour qui le lycée Mohamed Abdou est synonyme de jeunesse insouciante,de moments de joie et de bonne humeur malgré l'odieuse présence de Hamraoui-Khebizi(cette complexée car fille défavorisée)et de Said.Je reste trés nostalgique de cette période de ma vie car ça a été une des plus merveilleuses .Je resavoure chaque seconde passée dans cette forteresse si belle dans mes souvenirs,Au lycée ABDOU je dis merci pour ces inoubliables moments! -
- 10. Talbi Le 02/10/2010
"hier au soir dans les premiers dortoirs les malfaiteurs ont semé la terreur et la surgée toujours bien amusée à coller des affiches sur les carreaux cassés..."Qui se souvient de cette merveilleuse époque? je suis de la promo de Tachenouit,des 2 Benbouta,de Sahraoui Nabiha,deOuadia dont j'aimerai tant avoir de nouvelles,de et de...Quelle nostalgie! -
- 11. moses Le 02/10/2010
je tiens à remercier du cœur Mme Noria... de ce grand service aux gens qui surfent sur le net.. et je tiens à vous inviter au lycée M.Abdou cet année si vs voulez. je peux même vs envoyer d'autres photos du lycée des élèves en cours.. avec leurs profs... au moins pour montrer combien nous aimons nous aussi notre lycée et notre pays, amicalement le Proviseur du lycée/ M.M - MERCI- -
- 12. moses Le 09/04/2010
je suis content de voir 1 site sur le lycée m.abdou de miliana... je voudrai bien vous envoyer des photo du lycée... et de miliana... c est 1 initiative que j encourage... je suis prés de vous autant que proviseur du Lycée - amicallementM M.Moussa -
- 13. BAHO HALLOUMA Le 01/04/2010
En decouvrant le site grande fût ma joie.J'avoue que l'internat pour moi a été très bénéfique et instructif en même temps.Ce fût l'école de la vie,l'échange,le plaisir de partager ,de donner et de recevoir.Les emotions etaient présentes aussi petites ou grandes fûrent-elles sans pour cela exclure l'apprentissage.Cela me fera un énorme plaisir de retrouver les anciennes élèves du lycée .Je suis de la promo 1970-1973 .Je salue toutes celles qui me reconnaitront.
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- 14. kika47 Le 25/03/2010
Cher Noria
Malgré que tu aies l'age de mon fils ce que tu
as raconté sur le lycée n'a pas changé d'un pouce,tu m'as fait revenir 30 ans en arrière,
moi j'y etais dans les années 58-59
A bientot. -
- 15. seg Le 29/06/2009
bonjour,
oui Noria, tout cela est vrai.
mais, peut être est ce bon pour notre formation?
moi, bizarrement, je n'en ai pas souffert. je n'ai jamais détesté le lycée. la rentrée au lycée, je l'attendais et j'y allais avec plaisir. l'enfermement ne m'a jamais pesé; d'ailleurs, c'est simple, je ne me sentais pas enfermée. il faut dire que je jouissais d'une grande liberté chez moi. donc, peut être que cela a joué. à présent j'ai beaucoup de nostalgie et aucune amertume ni rancune même envers la plus sévère des surveillantes ( je nomme Khebbizi).
nous sommes allées, quelques copines et moi, à Med Abdou en 1986/87, et nous avons cherché à voir Mme Aliousallah, malheureusement, elle était absente.
à bientôt. avec beaucoup de tendre nostalgie. -
- 16. Mona Moor Le 28/06/2009
Bonjour ou plutôt Bonsoir Noria,
Ton témoignage est poignant! je trouve choquant l´attitude de certains adultes vis-à-vis des enfants. Ce n´est pas tout d´avoir des postes de RESPONSABILITES , mais il s´agit surtout d ´ETRE responsable et AIMANT envers les enfants que vous l´on confie.Ce qui me rend triste c´est le manque de formation et l´absence de maturité de certaines surveillantes générales!!!je parle à l´époque bien sûr, maintenant je ne sais pas comment ca se passe mais je ne me fais aucune illusion, malheureusement..., moi j´etais externe mais j´ai trinqué pas mal à cause de surveillantes, j´avais du caractère et elles n´aimaient pas ça.
Mais la plus terrible d´entre toutes, en tout cas pour moi, ça restera HAMRAOUI-KHEBIZI, puis vient melle SAID Fatima qui osait nous flanquer de ces gifles!!! je me souviens qu´en plus, elle portait des bagues et ça faisait très mal!!!
Certaines, je dirais, avait un côté tortionnaire, et avec du recul, je pense que c´étaient de grandes frustrées de la vie, je suis un peu dure mais elles l´auront été plus!
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