Les escaliers d’Alger/Party 3 et Fin/ Par Rachid BOUDJEDRA
Ces structures hélicoïdales qui mêlent l’ascension vers le haut et l’étalement dans l’espace obligent l’œil du promeneur à grossir les formes visuelles et spiralées et à » tirebouchonner » les éléments instables de la réalité.
Ces formes étagées criblent la vision et s’y implantent, nous empêchant alors de voir clairement ces obstacles dressés devant nous et happant l’espace qui devient complexe et parfois flou en fonction de la lumière.
En effet, il est très difficile de bien concevoir cet enroulement et cet amoncellement de la matière, qui tournent autour de leur propre circularité vertigineuse, criblant l’espace, fissurant les éléments urbains et répétant leur propre organisation spacio-physique; parce qu’ils sont le dedans et le dehors, le haut et le bas, l’infrastructure et la superstructure, la géométrie plane et la géométrie dans l’espace, tout à la fois. Sans oublier la créativité des sculpteurs qui ont façonné ces escaliers et surtout ces rampes d’escaliers et dont on ignore, souvent, jusqu’à leur identité.
Les escaliers d’Alger sont de véritables chefs-d’œuvre de sculpture, travaillés à partir de la fonte, du bronze, voire de bois rares (ceux-là sont aujourd’hui complètement disparus, rongés par la forte humidité qui baigne la ville et la hargne de l’incivisme algérois !!) et capables de transgresser leurs propres limites et leurs propres frontières qui forment leur rapport au temps et à l’Histoire..
Une telle organisation exige du passant qui les regarde de loin ou qui les emprunte dedans une certaine vigilance.
Sinon le danger du vertige est réel et capable de happer les habitants de ce conglomérat urbain appelé communément « VILLE ».
Sans les escaliers d’Alger, il serait impossible de plonger au plus profond de la ville (en descendant) ou de se hisser vers ses splendides hauteurs (en montant) ou de faire des raccourcis foudroyants qui nous font « escalader » une dizaine de strates en l’espace d’un laps de temps.
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