Les troupes de Baba Salem/Par Farida LARBI
Où sont passées les troupes de baba Salem qui déambulaient et animaient fréquemment les ruelles d’Alger à l'approche du mawlid Ennabaoui ? Ou encore le son de la derbouka qui résonnait dans toutes les maisons et ces chansons qui ont accompagné notre enfance et qu’on répétait, des jours durant, pour souhaiter la bienvenue au mawlid Ennabaoui ?
Ces chants nous ont tellement bercés que nous les avons appris par cœur et les récitions avec fierté à l’approche du jour de la naissance du Prophète. La commémoration de l’événement a évolué, aujourd’hui, et les enfants célèbrent à leur manière cette fête religieuse. En effet, les pétards, les bombes… ont remplacé ces chants évocateurs de notre Prophète (QSSSL). Si ce n’est les quelques efforts consentis par les mères de famille pour sauvegarder un tant soit peu les traditions propres à cette fête. Fort heureusement, on prépare encore un repas très spécial... des bougies partout... B’khour, encens, Djaoui et Ambar embaument nos maisons, plus tard thé accompagné de fruits secs et frais, dans une ambiance pleine de douceur. La plupart des familles algériennes procèdent durant la nuit du Mawlid Ennabaoui à la circoncision de leurs enfants qui sont vêtus de costumes traditionnels pour la rituelle cérémonie du henné à la lumière des bougies.
Le Mawlid Ennabaoui est pour nous une occasion de célébrer l’envoyé d’Allah. Bien que nous prions sur le Prophète tous les jours, le jour du Mawlid est une occasion spéciale pour nous d’exprimer notre affection et notre amour profond au plus noble des envoyés. C’est aussi une occasion en or d’intéresser les enfants à cet événement, de replonger dans la vie du Prophète et de ses compagnons, ce qui nous permet de mieux vivre nos épreuves au quotidien et d’en tirer les enseignements. L’intérêt ne réside donc pas dans la manière de célébrer cet événement mais dans la concrétisation de la sagesse du Prophète par rapport à notre vie.
Autrefois, on invitait nos voisines dans la cour de notre maison pour entamer, dès les premières lueurs du jour, la préparation de mets les plus délicats en quantités abondantes, notamment Ethrid et Chekhchoukha. Une partie de ces plats était conservée et l'autre était donnée en aumône. C'était souvent de larges Gassaas (grands plats en bois pour six personnes) de Chekhchoukha, chargées de viande et de légumes qui prenaient le chemin des mosquées ou qui étaient servies devant les entrées des maisons aux passants démunis. Dans l'après-midi, la maison était soigneusement nettoyée et parfumée d'encens et de musc, laissant le temps aux femmes de se parer de leurs plus beaux atours en prévision de la veillée d'El Mawlid.
Les veillées se terminaient par des Qaadate autour des grands-mères qui relataient, en brillantes oratrices, les histoires fabuleuses de Sidna Mohamed. Beaucoup d’Algériens s'attachent toujours à fêter l'anniversaire de la naissance du Prophète de l'islam selon des traditions solidement ancrées, même si le cérémonial de la célébration semble, aujourd'hui, bien différent de celui d'antan.
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