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Jardin Marengo (Jardin de Prague)/ Article de Théo Bruand d’Uzelle

Jardin Marengo

Jardin Marengo

Le Jardin Marengo (Jardin de Prague, Bab-El-Oued), fut aussi le Jardin des Condamnés puis la Promenade d'Orléans. Il fut aménagé vers 1839 sur l’emplacement du cimetière de Pachas dont l’unique vestige est le mausolée de Lalla Aïcha, fille de Sidi Abderrahmane. Des travaux furent exécutés par des condamnés qui encombraient les prisons, sous la houlette du colonel Marengo. D’ailleurs, ce jardin porta d’abord le nom de jardin des Condamnés, en référence à ces prisonniers puis celui de colonel Marengo. A l’indépendance, il prit le nom de jardin de Prague. Lors de la construction du lycée Bugeaud (ou Émir Abdelkader) on a du abattre de nombreux arbres et plantations pour dégager un maximum d’espace.

Tombeau de la Reine, mausolée construit en 1848 à la mémoire de la reine Amélie, femme de Louis-Philippe. Le 14 Juin, création au jardin Marengo de la Colonne de la Grande Armée, le 27 Juin, le Jardin Marengo est remis à l'autorité civile.

« La colonne du Jardin Marengo. » (5 Novembre 1911)
Consolidation de la colonne élevée à la mémoire de la Grande Armée.La colonne de la grande armée À la suite d’un affaissement partiel de la masse schisteuse qui supporte le monument, les pierres du piédestal s’étaient disjointes, la base de la colonne s’était fendue et le fût monolithe menaçait de s’abattre.
Le monument dut être complètement démoli. Les fouilles, exécutées à cet endroit, ont fait découvrir, près du mur de soutènement de la plate-forme où s’érige la colonne, des tombes arabes dont la maçonnerie  avait empêché l’écoulement des eaux, qui par une stagnation prolongée, avaient amolli et fait jouer le sous-sol.
Bien d’autres tombes avaient été antérieurement retrouvées en ces lieux. Le kiosque d’émail construit plus haut jadis, pour abriter un buste de la reine Amélie, n’est autre chose que la reproduction du tombeau d’un médecin attaché à la personne du dey, qui fut inhumé près de Sidi Abderrahmane.

On découvrit encore, dans la maçonnerie du piédestal, une plaque de marbre assez curieuse. Une inscription s’y trouvait, œuvre sans doute de l’un des « chamborans » du colonel Marengo, à en juger par sa facture naïve. C’était d’abord :


Au dessus d’un «N» de haute dimension, traversé par le légendaire petit chapeau, une banderole avec ces mots : « Empereur des Français et Roi d’Italie
Au dessous, ce distique :

Autrefois le petit chapeau                  Sous le patronage
Pour le soldat était un drapeau        D’un vieux grognard

Puis, plus bas, ce texte :

Monument élevé à la mémoire        Marengo, Colonel
du grand Capitaine                            Commandant la place d'Alger

Les dix-huit dernières lettres que l’on n’eut pas le temps de ciseler sur le marbre, étaient simplement indiquées au crayon. Quant à la  date, pour laquelle la place manqua, elle fut inscrite sur une petite stèle arabe en ardoise, qu’on déposa près de ce marbre. Sur cette stèle apparaît, au milieu d’une floraison de tulipes, le millésime 1846.

Mise en place de la colonne : 14 Juillet 1847.

Réfection terminée : 30 Octobre 1911. (in Feuillets d’El Djezaïr.n° IV. (1912) Henri Klein. pp. 97/98.) Rappelons que cette colonne taillée en un superbe bloc de Carrare et très finement ciselée, fut élevée sur l’initiative du Colonel Marengo. L’artillerie procéda à son érection, le 14 Juin 1847.

Un parchemin datant des derniers jours de 1852 et provenant d’une boîte en plomb fut retiré de l’intérieur du monument décorant autrefois le Jardin Marengo.

Voici le texte qu’il renferme : « Empire Français.

« L’an mil huit cent cinquante deux, le douze du mois de Décembre de l’an 1er du règne de Napoléon III, Empereur des Français, à deux heures de relevés,
« M. Leroy de Saint Arnaud, maréchal de France, sénateur, étant ministre de la guerre,
« En présence de M. le Général de division, comte Randon, Gouverneur Général de l’Algérie ;    
   M.Latour Mézeray, préfet du département d’Alger :
« Nous, Lechêne, maire de la dite ville, chevalier de la Légion d’Honneur… avons procédé à « l’inauguration, sur la principale (sic) allée du jardin communal de cette ville, dit Jardin Marengo, du « buste de sa Majesté Impériale et Royale  Napoléon 1er, dont la munificence du Gouvernement de « S.M.I.Napoléon III a doté la capitale de l’Algérie…
»
Jardin Marengo

Dans l’après-midi du 12.12.1852, tous les assistants se rendirent au Jardin Marengo, sur la terrasse qui domine la colonne actuelle.
Au cours de cette cérémonie, que présidait le Gouverneur, fut chantée une Cantate à l’Empereur dont les paroles étaient de l’Officier Descous, et la musique du baron Bron, chef de cabinet du Préfet… (in les « Feuillets d’El Djezaïr » n°IV. Henri Klein  (1912 ) pp 55/56.)

L’Akbar, en date du 15 Septembre 1842, quatre jours après l’inauguration du Marabout d’Orléans, écrivit un article qui fut consacré à S.A.R le duc d’Orléans :

«Monument à la mémoire de S.A.R le duc d’Orléans, inauguré le 11 Septembre 1842, au jardin Marengo».
Un élégant marabout, dont les parois extérieures sont garnies en carreaux de faïence de diverses couleurs, s’élève auprès de la promenade d’Orléans. L’intérieur est décoré de peintures à fresques, relatives à la circonstance douloureuse que le monument rappelle. Au fond s’élève une colonne en marbre blanc, d’ordre dorique, surmontée du buste du duc d’Orléans, de ce même buste  que le Prince envoya au colonel Marengo, en août 1841, pour décorer la promenade qui porte son nom …
( in les « Feuillets d’El Djezaïr » n°.V. Henri Klein ( 1913 ) pp.33/34. )
        

koubba

 

Bien avant que le jardin Marengo ne fut, la dite koubba existait déjà et faisait partie intégrante du cimetière du marabout, où dorment, on le sait, des savants de l’Islam et plusieurs deys. Elle y fut élevée au XVème siècle. Pour abriter la dépouille de Lella Âïcha, petite-fille du célèbre docteur inhumé là, que les musulmans tenaient en profonde vénération.

Vinrent les évènements de 1830, à la suite desquels se produisent tant de bouleversements dans El Djézaïr. Le beau cimetière des pachas fut détruit pour l’établissement de l’esplanade Bab-el-Oued. Peu après, en 1833, le Colonel Marengo faisait donner les premiers coups de pioche sur le coteau voisin, parsemé de stèles et de mausolées, pour la création du jardin qui porte aujourd’hui son nom.
Le tombeau de Lella Aïcha et le terrain d’alentour furent englobés dans le périmètre consenti à l’œuvre horticole nouvelle. Ce dernier monument fut toutefois respecté.
(in les « Feuillets d’El Djézaïr » n°VII. Henri Klein (1914) pp.20/21.)

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