La Rue Eugène Robe/ Par Didine
La Rue Eugène Robe…
La Rue Eugène Robe, désormais Rue Mustapha Allouche, est l’une des rues les plus animées et commerçantes du quartier Nelson. Elle prend naissance depuis la DGSN ex-Caserne Pélissier jusqu’au Bd Guillemin, l’actuel Bd Taleb Abderrahmane. Elle se situe entre la Rue Borély la Sapie, Mohamed Seghir Saïdaoui par le bas, et l’Avenue de la Marne, Avenue Mohamed Boubella par le haut.
Bordée d’arcades, de véritables arcades, pas comme celles du Majestic, dial brikoulage, on y trouve de tout dans les commerces. D’abord, la petite boutique d’articles de pêche du regretté Ammi Mohamed Korchi, puis le Café du Brésil. Un meurtre avait eu lieu en 1964/1965 vers 11h00 (apparemment le patron du Café, gisant sur le trottoir dans une mare de sang. Probablement un règlement de comptes). Une petite pompe à essence BP-Shell y était implantée près du café-bistrot.
Une plaque astiquée en cuivre à l’entrée de l’immeuble mitoyen indiquait ‘’Dr Alain Dendale’’. Le toubib dial houma comme Dr Gilles Barcelo à l’Avenue de la Bouzaréah. Le cercle sportif de l’USM Alger se situait au premier étage. Juste à côté, la Pompadour, un salon de coiffure pour dames. Un magasin de meubles faisait l’angle avec la Rue Guillaumet. Sid-Ali Louz avait repris la Pâtisserie qui est toujours en activité gérée maintenant par notre ami Hamid.
Ammi Mouloud le bottier avait cédé sa petite boutique à Zoubir le coiffeur. Le Navigateur était un bar tenu par Kader, l’agence d’assurances SAA était à l’époque un autre bar (Le Cristal) puis transformé en salon de thé (Le Châlet) dont le regretté Boualem Buvetta (Amoura) en était le patron. Le Cardinal aimait venir siroter un café mais refusait d’écouter ses qçidat enregistrées sur bobinettes étaient diffusées sur de grosses baffles. Ammi Rachid Doucanef (Lee Marvin) et Ammi Mohamed Boumendjas (Jean Gabin) étaient parmi ceux qui fréquentaient l’établissement.
La Petite Marmite était un petit restaurant géré par Ali Jijli puis par Salah Lebraidji. A présent, c’est un tabakh qui fait office de fast-food. L’actuelle superette était en fait un grossiste, Lakrouz, où venaient s’approvisionner les petits détaillants. On traverse la Rue Delacroix en longeant le Marché Nelson toujours en rénovation.
Sur le trottoir d’en face, d’autres commerces, laitier, bijoutier puis taxiphone de feu Saïd Medjkane, un magasin de cuir et simili, l’ancienne poissonnerie de Bouchali où le rejoignait son compère Moh Bab El-Oued (Arezki Nabti) tricot bahri pour une bavette. Puis Qahouat El Kamel, la boucherie de Mustapha Lemdani, puis celle des mozabites boucherie Nelson, la boulangerie Toumi transformée en papeterie et le billard baby-foot devenu magasin de machines surjetteuses des frères Magraoui.
On arrive Qahouat Khelifa où chaque vendredi matin se rencontraient en matinée des sportifs, des intellectuels, des chanteurs châabi. Rachid le laitier puis ammi Saci, marchand de volaille et de pastèques (une pensée au mostghanmi Bambara) avec le sieur Deraoui (Lindochine), père de notre ami Mustapha, goléador de l’USM Alger. Bien sûr, le Café de l’Union faisant angle à la Rue Géricault, géré par Slimane et ammi Amar Ouadouri.
Une quincaillerie de mozabites devenue bonneterie, Hadj tablati, vendeur d’œufs toujours branché sur son transistor écoutant les reportages de l’USMA, content que son club hanoune ait remporté une victoire, l’ex-magasin de vins et liqueurs devenu épicerie Derraji le jijli, puis le café maure. Vers la fin de cette artère, le magasin de cycles et motocycles et enfin, le Royal Bar du sieur Arab.
Sur le trottoir d’en face, Ali loubia le gargotier-bourakiste, avec un plat de batata chlada dans la vitrine ainsi que de la friture de mchati sardines, Joël Bar et le cinéma Les Variétés, Chouli le marchand de meubles et au bout de la rue, Said tailleur. On traverse la Rue Lestienne pour arriver chez Larbi Bijoutier, Mustapha le boucher et l’ancienne Paroisse Saint-Vincent de Paul, actuellement Djamâa Taqwa dans les années 1980 après accord de l’Archevêché d’Alger.
Voilà donc grosso modo ce qu’était et ce qu’est devenue cette rue commerçante, si belle, si calme, si attirante, devenue méconnaissable. Les ablutions se font à même le trottoir, des étals de fortune sales, dégoûtants, sont dressés de manière anarchique. Chaque vendeur a délimité son périmètre squattant trottoir et chaussée à l’aide cartons de bananes vides. Pfff ! On se croirait dans une autre planète. Al hassone.
_Il était une fois la Rue Mustapha Allouche…_
Commentaires
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- 1. Bouchali Mehdi Le 17/07/2022
Bonjour
Vous évoquez la poissonnerie de mon grand oncle Youcef Bouchali
Merci pour ce voyage ! -
- 2. Ghania Boucetta Le 04/03/2022
J'aime beaucoup cette rue où j'ai vécu plusieurs années, une vraie vie de quartier y régnait. Merci pour ce beau texte à tenir vivant notre quartier d'enfance.
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