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À la mémoire d'un Ami/ Par Med BRADAI

Alger

45 ans déjà passés, on avait à peine 15 années de notre âge, de mes souvenirs d'enfance. Je me rappelle ces visites effectuées à un ami qui nous était cher à tous. Nous faisions en ce temps un groupe d'amis que même l"éloignement nous était indifférent.

On se débrouillait un peu d'argent et avec le peu qu'on ramassait, on se retrouvait à la Place des Martyrs au lieu des stationnements de taxi d'El Khemis juste au dessus de la pêcherie.

La SNTV n'était pas encore née, et aux premiers jours du bus de la SNTR, il ne faisait qu'un aller retour Alger-Oran par jour et son retour d'Oran vers Alger se faisait le soir. Par train, le trajet était long et pénible même si on vous dit que c'est le RAPIDE.

Le groupe était composé de ceux qui étaient encore au lycée, un de l'école des cadets de Koléa, un autre du lycée El idrissi d'Alger. Notre ami lui était à Alger, il a abandonné ses études du collège Ben-Badis à la fin de sa troisième pour une formation de technicien à la R.T.A. Ce centre était situé aux confins des quartiers de Bab-El-Oued.

Il logeait chez une tante à lui à la Cité Mahieddine, un lieu surplombant ce terrain autrefois vague d'où la salle El Harcha et le complexe sportif furent construits dans les années qui marquèrent une page inscrite dans l'histoire sportive du pays.

Pour les plus jeunes, ils y accédaient à cette cité par un endroit formant un passage qu'ils devaient escalader, il menait à cette cité historique par sa peuplade et la simplicité de la vie des locataires. Il régnait une certaine fierté parmi ses habitants d'où chacun se préoccupait aussi de cette propreté qui nous manque bien de nos jours. La descente était l'idéale pour les habitués et les retardataires pour arriver à prendre à temps le bus aux Champs de Manœuvre à divers direction de la capitale.

Dans ces lieux aussi, un peu moins loin de ces arcades privilégiées aux arrêts des bus de la RSTA d'antan dans un espace aménagé fut lancé la première quinzaine commerciale d'Alger, on se souvient toujours de cette chansonnette de Boudjemaa el ANKIS " AH YA ANTIA "qui depuis l'ouverture jusqu'en fin de soirée, son air ne cessait à longueur du temps, qui résonne peut-être encore chez certains nostalgiques de cette époque.

De ces visites parmi tant d'autres à cet ami, une nous a vraiment marqué. C'était pendant les grandes vacances, ces retrouvailles habituelles entre nous. Après avoir parcouru toute la journée les rues de la capitale à la recherche des salles et d'un bon film. A la fin de notre parcours et épuisés, notre choix à prendre était divisé entre deux films. Le premier à la cinémathèque le film Z de Costa Gavras avec Yves Montand et Irene Papas la salle un peu loin, et le film Les Risques du Métier avec Jacques Brel à la salle Roxy de Belcourt avec tous les hôtels qui grouillent pour ces gens du marché des Halles. Le choix s'est enfin fixé sur le film le plus proche des hôtels de notre ami et c'était les risque du métier. C'était un très beau film, l'histoire d'un instituteur et cela nous n'avons point regretté le choix de ce film.

Notre joie pour cette fin de journée fut de courte durée. Tous les hôtels aux alentours ne veulent nous héberger pour la nuitée. Soit qu'ils sont complets, soit qu'ils ne peuvent entraver le règlement en nous refusant l'hébergement faute de présentation d'une carte d'identité. Aucun de nous ne possédait cette pièce, on ne savait même pas son utilité. Donc, il nous était inutile de chercher plus un lit entre quatre murs, notre ami nous proposa des lits gratis sans matelas ou nous pourrons admirer la beauté des étoiles scintillant dans le ciel. Ce qui faisait notre admiration entre nous c'est cette entente quand quelqu'un de nous prend une décision on le suivait même yeux fermés. Il nous emmena vers cette hauteur de la cité Mahieddine bien connue de lui et là chacun était libre de choisir un endroit à sa guise aussi large qu'il en pourra prendre.

Un endroit bien tranquille qu'il nous avait choisi mais Il y avait plein de moustiques que cela nous empêchait de trouver le sommeil. Alors, il prit une décision cruciale pour lui et nous annonça qu'il va nous héberger chez sa tante et que nous passerons la nuit dans la petite piaule qui lui est réservée. Chemin faisant, il nous recommanda de ne point faire de bruit et surtout à retenir les rires de nos malices si elles viennent à se reproduire.

On arriva devant la porte, souliers et savates dans nos mains il nous montra le couloir à emprunter qui mène droit à sa chambre, à le faire dans le silence absolu. Notre ami nous guidait de la porte d'entrée jusqu'à sa pièce en faisant le va-et-vient pour chacun et nous comme des larcins apprentis suivions où chaque pied posé par terre sur le carrelage valait son peson d'or. L'étape s'est déroulée dans le noir et le silence des morts.

Au dernier, il ferma la porte et alluma la lumière, il fallait nous voir en ce moment, chacun tenait sa bouche bien serrée d'une main de peur de ce fou rire qui peut engendrer le réveil du vrai locataire. Chacun prit place dans un coin qu'il préférait et tous s'éloignèrent de la porte de peur d'être un premier à encaisser une raclée.
Au coin de la pièce se trouvait une machine à coudre "Singer" et l'un de nous prit sa pédale pour adoucir sa tête. Au cours de son sommeil chaque fois que sa tête changeait de position, un coup lui était fatal. On entendait ce "AIE " sortir de sa bouche qu'il ne pouvait retenir tellement la douleur lui faisait mal. Pour camoufler nos rires qui s'échappaient malgré l'aide de nos deux mains, notre ami commençait à tousser comme s'il était atteint d'une bronchite inguérissable.

Au matin juste avant l'aube, il nous réveilla. Il fallait sortir avant que le mari de sa tante nous trouve comme invités d'honneurs de notre ami, en ouvrant doucement la porte, il trouva la lumière déjà allumée dans le couloir. Quelqu'un est bien réveillé avant nous. Se tournant vers nous, notre ami par des gestes nous indiqua de nous coller dans un coin. Il ouvrit la porte tout grande et se plaça au milieu de la pièce là ou l'on peut le voir à partir du couloir. C'était le mari de sa tante qui se promène de la salle de bain à la cuisine à la recherche de l'eau pour ses ablutions. La prière du «Fadjr» est proche. Notre ami était là immobile pantalon à la main et dès qu"il le voit au couloir, laisse son pantalon glisser par terre, n'ayant pour habit qu'un large caleçon lui descendant aux genoux, il recommençait cette stratège à chaque apparition de notre bonhomme au couloir. Il savait que le mari de sa tante en homme pieu et par pudeur ne peut s'avancer en le voyant dans cet état. Et nous blottis dans un coin nous attendions le moment propice. Ce moment ne tarda guère, à la première parole prononcée de la prière « AALLAH OU AKBAR » l'assaut fut donné comme ces soldats qui sautent de l'avion en parachute par suivant guidés et jetés au dehors dans l'air par leur chef, nous en fîmes autant à partir de cette pièce où notre chef d'ami nous lançait : Allez c'est ton tour fais vite le temps presse.

L'air frais du dehors nous frappa, nous étions libre de nos mouvements. Un café bien chaud avec croissants et tranches de pain beurrées nous attendaient, il fallait descendre vite pour une autre randonnée dans les rues jusqu'à Bab-El-Oued, là on laissera notre ami pour une visite prochaine...

Commentaires

  • Med.Bradai
    • 1. Med.Bradai Le 21/08/2023
    voilà je viens de relire mon histoire.Une histoire lointaine qui rappelle de vieux amis,parmi eux il y a ceux qui ne sont plus de ce monde. Mustapha Benai Allah yarmou qui etait bien pour moi comme un frere . Nous avions connu Alger,lui et moi depuis notre tendreenfance l'école . Tout jeunes Nos parents nous y amenaient .Et puis c'est devenu par la suite une habitude pour nous de nous debrouiller seuls. On prenait le train à chaque periode de vacance , On avait chacun une carte d'abonnementet et qu'on ne payait que 50 % du tarif. Arrivé à Agha gare ,on prenait le troley bus et on s'en allait lui chez sa tante à la Cité Mahiedine et pour moi un peu plus loin c'etait à Cervantes Belcourt.Mais je descendais à la station du telepherique et de là je prenais les escaliers.C'etait un peu fatigant la montée mais c'etait une joie pour moi en ce temps de me trouver à Alger. IL y avait tant deB.D au marché d'el akkiba à acheter et à lire .Pour les autres amis, il y avait ,Djillali Bouzidi et Kamel Zouaoui des amis d'enfance depuis le primaire jusqu'au lycée . Allah yarhamoum.
    le quatrieme etait celui qui se tapait la tete la machine pour dire "AIE" à chaque fois .Le cinquieme etait celui qui etait à l'Ecole des Cadets il vit en Francemaintenant je l'ai rencontré dernierement.Nos visage ont bien changé ,on voit qu' on a tous bien changé , le sixieme etait au Lycée EL IDRISSI CHamp de manoeuvre,il vit maintenant à la campagne loin de la ville .LEseptieme c'etait moi tout simple. je crois que je vous ai tout dit sur mes copains d'antan.
  • LABDI Ahmed
    LABDI Ahmed. 03/05/2015. Bonjour tout le monde, grands zé petits. Grands pour les anciens ferroukhis et petits pour ceux qui sont encore jeunes, ceux dont leurs souvenirs sont en train de se faire pour des retrouvailles dans le futur.
    J'ai fait un rêve. I have a dream comme disait Martin Luther King avec le même genre d'espoir et de confiance. "Je me voyais en train de remplir une grille de mots croisés. En cruciverbiste attentif, j'étais en terme de la parfaire quand la dernière définition retint mon attention. Et vite, bien sûr, la solution de la devinette me vint à l'esprit. Il me restait 5 cases dont la deuxième et la troisième case étaient respectivement un O et un R et la cinquième un A. La définition du mot est la suivante :
    "C'est une machine informatique formée de godets attachés à une longue chaîne sans fin, plongeant renversés dans les mémoires des ferroukhiens et des abdounettes et remontant pleins de souvenirs."
    Mais oui ! Bien sûr ! C'est ça ! M'écriai-je, tout heureux de joindre le bon à l'agréable.
    Merci Noria...
    Une petite énigme pour terminer ma petite contribution. Chercher le sens de ce rebut sous forme d'une locution disant "chimico-mathématico-alphabétique" : {Fe v X}
    Ahmed le bourlingueur.
  • ahmed
    15ans déjà après sa disparition Mustapha Benai est tjrs là pour ses intimes Allah yerhmou
    C’était un ancien du lycée M.Ferroukhi Après trois ans comme ingénieur à Antenne 2 en France il était revenu à la RTA.il est mort à 5 mois de la retraite en 2000. C était l'ami et le collègue de ' inspecteur Tahar Allah yerhmou lui aussi, Il a terminé comme ingénieur en Vidéo magnétoscope. Il a enseigné à l'école des cadres de la RTA de Muhammed 5 à Alger. Il a été l'un des bâtisseurs des stations TV d' Oran et d'Ouargla.
    ''inna Lillahi wa inna ileihi radjioune''
  • L'Amiye
    • 4. L'Amiye Le 28/08/2013
    Très émouvant d'autant plus que cet ami n'est plus de ce monde, Allah yerhmou, ta façon de relater les choses m'ont plongée dans le contexte, j'ai aussi rigolé merci Bradai, je suis allée très vite sur youtube et j'ai écouté ya'ntya de B.El Ankis,
    Tu écris trop bien, tu devrais rassembler tous tes souvenirs dans un recueil!
    L'Amiye,
  • benai
    • 5. benai Le 04/04/2012
    j'ai lu et relu ce texte des centaines de fois ,et à chaque lecture c'est la meme émotion .la meme sensation .la meme douleur .Allah yarhmou ,mustapha était un grand .merci moha .
  • Farah
    • 6. Farah Le 05/07/2011
    Très beau souvenir Mr Bradaî,vous nous rappelez l'Algerie douce et sûre,ce n'est plus le cas maintenant malheureusement.Des souvenirs comme ça chacun de nous en a un peu enfoui dans sa mémoire ce serait bien si on les partage avec tous via ce site!

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