Hassi Messaoud/Par Med BRADAI
Je me rappelle
Aujourd'hui Hassi Messaoud n'est plus ce qu'elle était de ces années 70 que j’ai connu. Un lieu de grandes bases autrefois et de points de relais entre le nord et le sud. Maintenant elle est devenue une ville à l'image des grandes villes d'Algérie même si elle s’est faite dans un manque total de planification urbaine organisée ou doit cohabiter une population venue des 48 wilayas du pays pour une importante zone industrielle du pays.
Les pionniers qui furent de cette grande étendue de sable à la recherche de l’or noir dont j'ai eu le privilège de côtoyer ainsi que de travailler avec eux et dont j'ai écouté avec admiration leurs récits inouïes qu'ils nous contaient alors qu'ils n'avaient pas encore 20ans. Bien de ces pionniers ne sont plus de ce monde, ils se sont tant sacrifiés. Je n’oublierai cette décision d’un ingénieur formé à ses débuts de formation par ces mêmes illettrés. Devenu par la suite cadre dirigeant il regroupa tous ces chefs chantiers illettrés, ces mêmes chefs de chantier qui ont eu le mérite de prendre en mains la destinée du pays dans les années 70. Il les regroupa dans un camp de vie comme dans un camp de concentration en leur enlevant toute responsabilité. Parfois la folie des grandeurs rend certains ambitieux d’être aveugles. Je me rappelle de ce responsable les propos qu’il a tenu à mon encontre en me disant suite à un désaccord « Je vais faire arrêter le rig 181 ,et tu le payeras cher »je savais qu’il irait loin en sa qualité de haut responsable . J’avais le choix prendre mon cabas ou me soumettre. J’étais jeune et j’avais la tête aussi dur que du bois .Il ne pouvait savoir que j’étais un entêté quelque soit la conséquence. Tout ce qu’il a pu faire avec la complicité du syndicat m’administrer 03 jours de mise à pied pour un ordre que je voulais nullement l’exécuter parc qu’il était en erreur.
A ces premiers vieux foreurs qui avaient pris en mains la destinée d’un pays de ces années 70 dans les confins du désert. A leur souffrance, ils se rappelaient de l’endurance des conditions de travail pour grimper d’échelon d’un poste d’ouvrier de plancher à celui d’accrocheur jusqu’à être chef de chantier. A leur bouffetance, il fallait dégager au devant de leurs bouches une nuée de mouches pour se satisfaire d’une cuillère d'haricots ou lentilles.
Pour un repos ils n’avaient pour toit que des tentes. Le soleil tapait si fort même aux premières heures de la journée, et le soir d’un mois de décembre bien froid comme sur un pic de montagne.
De ce qu'ils ont enduré dans leur vie pour que Hassi Messaoud aie une renommée de ville pétrolière. Ça a été formidable d’avoir vécu cette période de nos vies avec eux. Notre séjour de travail durait 06 semaines pour 02 semaines de congé. Malgré les risques du métier nuit et jour la vie était pleine d’aventures. De cette vie en collectivité, on se rappellera de ces appels radios qu’on devait passer à la base le matin, pour avoir un contact choisir la plus haute dune et communiquer à tous les recoins du Sahara où un appareil de forage est implanté jusqu’à Adrar. A Jouer les mots croisés avec un type qu’on ne connait qu’à travers sa voix par le seul moyen de radio quand on avait rien à faire. Mettre un responsable hors de lui par radio et le suivre à toutes les fréquences pour ne pas le laisser passer son rapport. Chercher dans toutes les fréquences de la radio si quelqu’un descend dans les jours qui viennent à la base et lui indiquer dans un lieu de parcours l’endroit de rencontre. C’était ça parfois notre passe temps dans un chantier de forage devant le seul lien de contact à des miles à la ronde.
En ce temps, on trouvait ça normal on ne se plaignait pas. De nos jours ça a beaucoup changé. On ne peut reprocher à La vie d’avoir été comme ça de notre temps, ni nous d’avoir choisi ce chemin de la vie. Je suis parti dans ce sud du pays bien jeune comme eux avec l’intention de faire un peu d’argent et chercher l’aventure dans un temps qui ne sera pas au-delà de quatre ans. Je me suis trouvé à 8 fois plus comme bien d’autres comme moi. L’aventure et le travail qui nous plaisait nous menaient vers des lieux inconnus où un simple vent de sable peut vous désorienter à ne pas trouver votre chemin.
Une fois je me rappelle d’une de nos périples mission à la base. Après qu’un vent de sable eu duré toute une nuit, une dune de sable haute de plusieurs mètres s’est formée sur un trajet qu’on devait emprunter au cours de cette nuit à un endroit étroit. Arrivé à ce lieu où des deux cotés de la route il y avait une pente vertigineuse, il nous fallait passer, il n’y avait pas d’autres chemins ou bien faire le chemin du retour au camp notre lieu de départ. Après un temps bien écoulé à nous faire un chemin pour avancer les roues à pas de fourmis on y est arrivé, le sable était froid. Au retour du soir, chacun de nous pensait à cet obstacle comment passer en plein nuit. La visibilité du jour n’est pas comme de nuit. Arrivé à cet endroit la piste était entièrement libre, plus de dune. Le vent a balayé la montagne de sable. C’est la loi de la nature. Au cours d’un vent de sable vous pouvez perdre la boussole et tourner des heures au même endroit.
Hassi Messaoud, ma première déscente au Sud
Nous sommes Mardi 13 Septembre77, l’avant dernier jour en ce mois de carême de l’année. L'heure indiquait 14h à ma montre et l’avion un BOEING 737/200 de la compagnie AIR ALGERIE venait d’atterrir sur la seule et longue piste de l’aéroport de Hassi Messaoud. La température dehors est DE 42° C, le Steward venait de nous l’annoncer avant l’atterrissage. Le voyage d’une heure de vol écoulée étant mon premier en avion. Sur la piste l’avion terminait encore sa course que mon visage était toujours collé au hublot, je contemplais ahuri la piste et l’allure de la vitesse de l’avion. Lorsque d’un coup le réacteur sur l’aile à mon coté s’ouvrit derrière complètement tout béant identique à un parachute ouvert au vent trainant son homme au sol. J’ai cru cela à une catastrophe Quelle fut ma peur. J’ai failli crier en cet instant.. Sauter et fuir vers n’importe où en voyant cela, si ce n’est cette ceinture que je n’ai pu ouvrir qui me retenait à mon siège. Les autres passagers habitués étaient bien paisibles à leurs place, ce qui a peut être dû m’encourager à retenir ma frayeur jusqu’à l’arrêt complet de l’appareil. Ainsi fut mon premier vol et ma première descente au Sud.
Ce jour là, mon arrivée n’était pas prévue mon premier vol je l’ai raté. A l’arrêt total des moteurs de l’avion, la portière arrière s’ouvrit destinée pour la seconde classe des travailleurs de Sonatrach. La porte d’avant est appropriée aux officiels et hauts cadres de l’entreprise. Cette entreprise Sonatrach à laquelle je dois me présenter à sa direction du DISTRICT SUD pour une éventuelle affectation sur un chantier de forage. La passerelle ne tarda pas à arriver tirée par un mini -tracteur ; sitôt placée, qu’on nous invita à descendre. Une chaleur ardente nous accueille aux visages. C’était un air sec et chaud .Non habitué, j’ai bien senti cette première sensation de chaleur me frappant pour la première fois aux yeux. A pied on devait rejoindre la sortie. Je suivais derrière la file de passagers avec lenteur ceux qui par habitude même tête baissée comme des robots savaient ou ils allaient. Au loin on voyait un flot de passagers qui attendait sous un soleil de plomb .Il n’y avait aucun abri, seule la tour de contrôle s’élevant un peu plus haut indiquait l’emplacement d’un aéroport au milieu de ces dunes de sables .Aujourd’hui c’est jour de rotation de la semaine. Il y a plusieurs vols affrétés le jour d’un mardi .Jour de rotation. ALGER- ORAN et CONSTANTINE .Tous des vols pour le personnel Sonatrach. la Base Irara avec toute sa verdure d’arbres la cernant comme d’une foret qui entoure sa clairière. L’avion devra maintenant prendre les passagers de Constantine pour revenir prendre sa dernière cargaison de retour vers Alger.
L’aéroport parait bien désert à part un camion citerne peint en rouge celui de la protection placé en dehors de la piste prêt à intervenir. Un autre camion-tracteur peints en blanc trainant une citerne au sigle de Sonatrach de la Division Commerciale s’approcha très vite de l’appareil pour le plein en kérosène.
En dehors de la limite de la piste, il n’y a rien qui vous retient ni clôture ni porte de sortie. Au loin un ou deux policiers somnolaient à L’ombre du mur des baraques qui les protégeait du soleil .Aux alentours de la bâtisse de la tour de contrôle on peut distinguer trois baraques blanches bien vieilles et usées par le temps. Quelques retardataires pour un billet d’accès sont là à attendre devant leurs portes le retour de l’agent relex .A quelqu’un que j’ai questionné, j’ai su que c’était là les bureaux Relex( bureaux de voyage) de la Sonatrach et ALFOR une autre société mixte de forage.
Sonatrach avait deux Directions. La Direction Production «SH DP» implantée à la base du 24 Février et à la base IRARA et la Direction Forage Travaux Pétroliers «SH DTP» implantée à la Base Nord et à la Base Sud.
Dans l’étendue qui reste une piste à moitié goudronnée mène à l’aéroport. Quelques véhicules des Land Rover stations-wagons et pick up sont stationnées. Elles attendent là pour prendre leurs personnels,. Prêtes à partir rejoindre leurs chantiers éloignés. Un bus marque Berliet, ancien modèle peint de deux bandes noires et oranges sera notre moyen de transport jusqu’a la Base résidentielle. Il était là portes et glaces ouvertes à cause de cette chaleur étouffante à nous attendre. Le chauffeur, un chèche lui entourant la tête ou seuls ses yeux apparaissent nous attendait. A le regarder impatient, on sent qu’il est bien pressé de partir afin de regagner sa petite chambrée qu’il trouvera bien climatisée en ce jour bien chaud du Ramadhan. Le trajet jusqu’à la base Nord dura environ une demi heure. la réception est à l’entrée de la base à attendre ouverte H/24 .
Mon affectation
La réception est là devant moi, il suffit pour moi d’entrer et de me présenter. Une baraque en bois comme toutes les autres que composent cette base de vie appelée la Base Nord. En franchissant le seuil, on doit fermer automatiquement la porte, une fraicheur vous rencontre. A l’intérieur à part le ronflement de deux puissants climatiseurs qui donnent l’ai frais règne un calme de mort. Dans un coin les unes sur les autres des sacs, des cabas de toutes dimensions sont empilés, laissés là par ceux qui font escale décoraient la salle ; dans un autre coin des tas de journaux et revues. Me présentant au réceptionniste debout derrière son comptoir, je lui remis ma lettre que j’ai conservée entre mon corps et ma chemise. je n’avais pas de poche ou la mettre. A cause de la sueur de mes mains et de peur qu’elle soit froissée je ne voulais ni la tenir ou plier ni la mettre dans le sac que j’avais comme seul bagage. Il me remit la clé de chambre en m’indiquant le numéro et l’emplacement du bloc. Avant de le quitter il ne manqua pas de me dire à me présenter au bureau auquel je dois remettre ma lettre.
Le bloc passager n’était pas bien loin. Les chambres sont numérotées, j’ai vite trouvé celle que je cherche. L’intérieur est bien propre .il comporte un lit métallique, une table de chevet une chaise et un placard encastré. Une paire de drap propre avec oreiller, une couverture sont là posés sur le lit.
Il me reste qu’à déposer mon sac, mettre en marche le climatiseur et partir au plus vite déposer ma lettre au bureau qu’on m’a désigné. C’est bientôt 16h, la rupture du jeun est proche. Les bureaux vont être fermés d’ici peu. Celui que je dois joindre est tout à fait au fond d’un couloir long dont j’ai frappé à quelques portes pour l’atteindre. Le responsable est toujours là dans son bureau. Il me reçoit gentiment, me questionnant sur la cause de mon retard. La Direction des travaux Pétroliers Sonatrach de la Côte Rouge de Hussein Dey lui a annoncé par Télex mon arrivée Samedi. Des questions qui pleuvaient et que je dois répondre Est-ce que j’ai été bien reçu à la réception. Si la chambre convenait à mon gout. Dès que passé l’entrevue du travail, il revient avec un autre sourire sur d’autres questions qui l’intéressaient, sur la vie quotidienne d’où je viens, qu’est ce je faisais, le mouvement de vie qu’on passe dans les soirées au nord durant ce mois de Ramadhan. On dirait d’après sa discussion bien calme qu’il cherche tout à savoir et qu’il y a bien longtemps qu’il a perdu les notions de la vie quotidienne du nord.
Tout en me parlant, Il griffonnait sur un dossier déjà préparé devant lui et signa ensuite dessus en bas .Il prit une enveloppe me remit le tout en me disant et précisant que c’est mon affectation, tu en gardes l’originale et tu remettras le double au chef de chantier. Il rajouta, que Je dois regagner demain mon nouveau chantier d’attache un véhicule tout terrain sera mis à ma disposition. Ça a été une joie pour moi intérieurement de l’entendre dire çà. Je suis désigné à travailler bien loin de la base, dans un chantier de forage gouter l’aventure et voir ce grand désert.
Une soirée à l’intérieur de la base en attendant le matin
A peine sorti du couloir des bureaux, que je pressai le pas pour aller loin de cette chaleur torride dans ma chambre en attendant l’appel du muezzin. Le soir, après le f ‘tor la base grouillait de monde. c’était jour de relève. ils étaient là au Foyer à regarder un programme »Ramadhan » en noir et blanc à la télévision en attendant les dernières nouvelles du J.T DE 20H.La télévision couleur en ces temps là n’existait pas. Au grand foyer on voyait les gens Par petit groupe autour des tables le jeu de belote, de dominos battait son plein. C’était formidable. Une ambiance folle régnait parmi ces travailleurs qui le soir en ces moments là se passaient des nouvelles de leurs familles et de leurs collègues. Il y avait ceux qui se pressaient d’aller à la prière des Tarawihs une baraque aménagée en mosquée faisait l’affaire. En ce temps de ma jeunesse je ne savais pas ce que prière voulait dire.. Je disais en moi-même, que plus tard quand je serai vieux je me consacrerai à la prière. Je vois maintenant que j’étais bien dans l’erreur absolue de cette idée de jeunesse. Ce qui m’étonna durant cette présence d’une soirée c’est que Là ou tu rencontreras quelqu’un il dira à ton encontre un salem ; c’était un lien de fraternité qu’on ne rencontre nulle part ailleurs qu’en ces lieux avec ces gens de ce grand Sud. Des gens bons et serviables de nature d’une simplicité sans égale.
Aujourd'hui d’après les gens de la Base il n’y aura pas film à voir. C’est ce qu’on appelle jour de relâche. Des films qui n’ont rien à envier des grandes salles de la capitale d’après certains. La projection se fait en plein air. Un mur en brique peint en blanc fait guise d’écran. Un cinéma au milieu d’une Base de vie ou pour toute chaise qu’on trouve est ce sable doré qu’on s’étale dessus. Jour de relâche comme tous les Mardi. Les gens se contentent ce soir là de faire des réunions de retrouvailles. J’ai vécu bien après avec eux ces moments de plaisir autour d’une préparation d’un thé.
Dehors, à l’entrée de la Base des gens par groupe discutaient de la vie ou ceux qui revenaient de congé apportaient des nouvelles de famille. Une ambiance qu’on en trouve que dans les jours de fête. IL y a ceux qui avec un poste cassette à la main écoutaient leur musique ou chanteurs favoris. J’étais émerveillé de la gaieté de tous ces gens que je rencontrais sur mon chemin malgré qu’ils soient à des centaines de kms de chez eux. La joie de se retrouver pour une nuit les rend fou de joie. Demain ils seront à des centaines de kms éloignés les uns des autres chacun dans un chantier où tout dépendra d’une affectation qu’ils trouveront à la réception comme à un jeu de hasard.
Les Douanes Algériennes sont justes en face de la Base Nord. Une vieille voiture calcinée est là abandonnée au soleil témoin de leur travail de saisie. Des petits feux de bivouac aux alentours de l’entrée de la base, donnaient un autre air de soirée pour les gens du sud habitués à leur thé traditionnel. C’était une autre vie en ce temps là , bien différente de notre temps actuel. On peut pas dire qu’elle était meilleur qu’aujourd'hui. Elle était si simple pour chacun. On l’a vécu ce temps là comme si chaque jour il y a un renouveau à vivre. Après le s’hour fixé à minuit, qui se contente de couscous de lait et dattes les gens regagnent leurs chambres j’en fis de même. Demain sera un autre jour pour moi.
Le départ vers l'inconnu
Le matin de bonne heure j’étais debout à circuler le soleil était bien haut dans le ciel.Le bureau du chef de District Sud Mr Brahimi Mohamed était dans un des blocs en préfabriqué à l’entrée. Une personne rencontrée a bien voulu aider ma curiosité en me disant que le matin on ne peut le trouver qu’à la Base Sud distante d’un kilomètre d’ici seulement. Lieu du service forage ou tous les rapports journaliers des 24 H qui ont écoulé de tous les appareils en activité doivent arriver tôt le matin par radio pour être retransmis par télex à Alger. Ces rapports doivent parvenir au Chef de Département Forage de Sonatrach de la Côte Rouge. Son nom Morsli Hannachi était bien connu. A cela il n’ajouta plus un mot et continua son chemin. Mon intention fut attirée par une grande ouverture en forme de garage long en hauteur à leur proximité. Un gros camion s’y trouvait là si ce n’est un engin entrain d’être réparé. Ses roues dépassaient la hauteur d’un homme normal. A le voir, il ne peut circuler dans nos rues du nord. M’approchant un peu plus de lui ,son seul ronflement m’a incité à faire boucher mes oreilles. C’est un camion conçu pour des charges gigantesques. D’autres comme ce même engin sont stationnés en ligne tous de la même taille de grandeur et tous peints en rouge. Curieux j’ai demandé à un graisseur leur utilité. Il m’expliquât que c’est des Ken Wort, ils peuvent soulever du sol et décharger des charges inimaginables sans l’aide d’une grue, les transporter à n’importe quel endroit du Sahara. Ces gros camions servent pour le déménagement des appareils de forage et du transport de trois baraques ensemble d’un camp de vie. Je suis resté là perplexe devant ces engins à admirer leur structure de forme .Bien plus tard j’ai vu des citernes volumineuses à boue attelées à ces camions. Des citernes qui ne peuvent être tirées que par ces genres de camion KenWort. Une Land Rover Station wagon apparue et stationna devant la réception. C’est pour moi peut être me suis-je dit.
Le chauffeur en chèche et lunettes noires descendit et resta là prés de son véhicule à attendre. C’était à moi de me diriger à lui et de savoir. Un simple bonjour entre nous, s’assurant que c’est bien moi le passager à prendre et voilà que mon sac de voyage saute à l’arrière. En route pour une destination que lui seul connait.
L'arrivée au camp de vie
Nous sommes Mercredi 14 Septembre l’Aid el fitr n’a pas été encore annoncé. Ce jour là, tout ce qui comptait pour moi, voir un chantier de forage. Dans cet itinéraire de sable qui nous menait, il me semblait interminable .Tout le long de son parcours je pouvais lire au passage des plaques mises là pour indiquer une orientation. Des plaques réglementaires comme ceux qu’on trouve au nord. Ils portent comme noms : la Patte d’oie, le Chapeau de Gendarme Hadouza les puits ,MD20 ,HASSI EL GASSI des noms qui ont leurs secrets mais indiquent un lieu ,une direction à prendre dans ces endroits désertiques et dépourvus d’âmes . On continuait toujours, pour le chauffeur c’est une mission qu’il effectuait comme tant d’autres vers un lieu connu. Pour moi, c’est des espaces et étapes inconnus que je découvre .Il est 10h, le soleil commençait à taper fort. En cours de notre route, le chauffeur me lança comme s’il faisait une excuse, me disant qu’on va virer vers un chantier déposer une pièce urgente et terminer notre chemin.Arrivé, je vois pour la première fois un Rig comme ils le disent c'est-à-dire un appareil de forage. Le chauffeur descend avec un papier à la main me laissant là à admirer ce tas de ferraille donnant une tête comme un chapeau au ciel. Le bruit à entendre est fracassant, des bruits secs, précis qui se renouvellent à chaque descente d’une longue tige de plus de 20m. Et à la remontée d’un crochet suspendu à de gros câbles, se fit entendre le ronflement des moteurs de la longueur d’une locomotive d’un train. A chaque vrombissement une échappée de fumée noire sortait de leurs gigantesques tuyaux d’échappements. Un travailleur s’approcha, sourît à ma direction avec un hochement de la tête comme bonjour, ouvrit la portière arrière de la land rover et tira vers lui la pièce de métal. Des gestes de travail faites par des mains gantées, à croire que la pièce est délicate. Mais il n’en est nullement.
La sécurité du travail oblige. Le chauffeur revient avec sa feuille qu’il classa dans une chemise et nous voila repartis laissant derrière nous tout ce boucan sonore de métal. Des pipes traçant leurs couleurs noires traversant les dunes de sable, allaient parfois en triple position vers des centres de pompage. Une autre demi-heure s’écoula toujours le même paysage.
Au loin apparue une tache blanche .Le chauffeur pour avancer plutôt que prévue ma joie, me dit avec un sourire aux lèvres contente toi lança t il à ma direction. Nous sommes arrivés à notre bout de chemin. Tu vois là-bas en me montrant du doigt, ce point blanc à gauche c’est le campement des appareils en montage. Un camp de vie comme une oasis au milieu de dunes. Quelques kilomètres et nous voila aux portes de notre destination.
Il est 11h30 presque Midi .Pas âme qui vive au dehors, tout parait silencieux si ce n’est le ronflement qu’on entendait des climatiseurs provenant des chambres et le groupe électrogène au loin. Les baraques étaient disposées en forme de « U », d’ autres au nombre de 7 étaient disposées au devant.Toutes leurs portes donnant à l’accès du camp mais ils diffèrent des autres baraques. les 2 salles de restauration entre elles la cuisine, le frigo, la cambuse et la buanderie. Un peu loin une cabine douche collective avec lavabos. L’infirmerie est disposée à l’écart.
Cette forme de campement était générale à tous les camps de vie de la société Sonatrach. On n’en trouve pas un qui diffère des autres. C’est un plan standard. Ceci donne d’avance à tout venant l’ordre établi d’organisation de cette grande Entreprise. Une porte entr’ouverte dessus un écriteau indiquant le bureau de l’intendant du camp. Sac de voyage et affectation en mains, le cœur battant je me dirigeais vers cette porte qui va plonger ma vie dans une aventure de table de rotation qui tourne nuit et jour à la recherche des profondeurs de la terre aux quatre coins du Sahara.
34 ans après le 30 Juin 2011 à minuit, j’ai pris le retour cette fois en autocar reliant Hassi Messaoud à Djendel. J’avais peur de prendre l’avion.
Une autre aventure que je ne m’attendais nullement va commencer pour moi. Celle de retrouver de vieux copains de classe. le 29/11/2011 après que le site Alger Miliana ai publié quelques pages de mémoires d’un temps passé au lycée Mustapha Ferroukhi. Un copain de classe a trouvé son nom inscrit parmi tant d’autres vieux copains et a voulu les réunir. Une fille, huit garçons et un prof de sport que le destin a voulu rapprocher auront à défier le temps de l’oubli et une date qui restera historique fût choisie….
Commentaires
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- 1. raypoussin Le 25/12/2018
bonjour à tous ceux qui ont connu Hassi Messaoud. Personnellement je l'ai connu de 1957 à 1958. Maison Verte etait son nom et c'était le début des forages par la repal et la CFPA (Algerie). Moi aussi j'ai connu la tente pendant une semaine en attendant de me voir installer dans un Nordin avec son confort et surtout la douche et le climatiseur. Bien sur à cet époque les Français géraient la cie. En ce qui me concerne j'etais en charge de la gestion du personnel local (personnel temporaire) et entre autre 'autre de l'embauche dans les oasis (Ouargla Touggourt etc..) puis de la paye. Dans mon equipe de gestion du personnel j'avais avec moi Boussiha moussa (il avait 17 ans) et il avait un statut de interimaire. C'était un bon garçon, compétent. Je ne suis resté qu'un an. J'ai quitté pour embrasser une autre carriére. Cela me fait chaud au cœur quand j'entends parler de hassi Messaoud qui a surement bien changé. Pensez donc 1957. Je suis peut être le papy d'un grand nombre d'entre vous. A propos existe t-il un association des anciens qui aurait son siége en France. Bonne chance à tous. -
- 2. bradai Le 26/01/2018
Bonsoir Monsieur FERHAT
On aura bien de souvenirs à évoquer incha Allah à notre prochaine rencontre mais tu ( voilà que dejà je vous tutoie monsieur Ferhat ) c'est que tu dois m'excuser au cas où je prononcerais mal mes mots et que tu ne peux comprendre un mot de mes souvenirs , il me manque maintenant tant de dents que je ne peux synchroniser mon souffle tout comme avant pour former une parole.
je ne sais si sur la photo souvenir du chantier vous aviez pu reconnaitre quelqu'un de votre region.Le 2eme qui est accroupi il s'appelle Said Tolbi il est de M'daourouche entre 90 et 98 il etait chef de chantier avant d'etre superintendant je crois qu'il occupe actuellement le poste de Directeur des Operations forages moi je suis juste à coté de lui le 1er accroupi
Au plaisir de vous rencontrer Mr Ferhat. -
- 3. taha Le 26/01/2018
Bonsoir Si Mohamed
Le hasard fait bien les choses!
J'ai fait le secteur pétrolier à Hassi-Messaoud de 1982 à 1998 en passant par l'ENTP entre 1990 et 1998 en ayant occupé les postes de Directeur central de la planification et du contrôle de gestion (DPCG) et aussi directeur central des ressources humaines DRH basé à Hassi-Messaoud dernier poste que j'ai occupé avant celui de PDG de l'Entreprise Nationale des Sels ENASEL (1998-2009)
Taha-Hassine FERHAT -
- 4. Bradai Le 19/04/2015
Salut AHMED
En premier lieu SH DTP a été dénommée ENTP (Entreprise Nationale des Travaux aux Puits) filiale à 100% à la société mere Sonatrach ..
Son siege social est à Hassi messaoud . sise BASE INDUSTRIELLE HMD;
(la Base Sud'forage n'existe plus maintenant ,la Base Nord n'a plus son aspect d'antan )
Si tu habites Alger ou les environs l'entreprise(ENTP) à ses bureaux situés à l'adresse suivante :
les vergers BIR KHADEM ALGER;
je te donne mon n) de tel dans le cas ou tu auras besoin d'autres renseignement .
05 54 23 81 80
Med Bradai -
- 5. Bousemacer Ahmed Le 19/04/2015
Bonjour à tous,
Ayant déjà travaillé au sud Période 1973 à 1978 et j'étais rattaché à la DTP située à cote rouge Hussein dey qui n'est plus aujourd'hui.
Alors et afin de compléter mon dossier de retraite j'aurais besoin de quelques documents qui sont au niveau de cette direction et je ne m'y arrive plus ou m'adresser.
Merci. -
- 6. bradai Le 26/03/2014
Un bonjour à vous Mr Khodja.
Je vois que que vous aviez fait 2 chantiers qui me rappellent mes débuts de sudiste dans ces années 70.
C'est le SH 184 qui etait du groupe des cinq derniers appareils Oil Well acquits et que je me voyais parmi ce personnel de toutes nationalités à avoir fait leur montage sur le lieu même de l'implantation du puits à forer chose qui ne se fait plus maintenant .
et le SH 162 juste après le départ des espagnols je me rappelle de ce temps où le boueux prenait ses repas sur les bacs et qu'une file de camions KenWort chargés de 40 tonnes chacun de produits à boue attendaient qu'on les decharge à dos comme on le fait au temps des moissons de grains au nord.il y a avait peu de moyens de manutentions sur chantier. Le coeur au travail y etait. "Quelle belle epoque c'etait" comme vous le disiez.
Et ça me rappelle toujours ces descentes de mission et de congé qu'on effectuait dans le rire et la joie et parfois dans le pire...
Nous sommes un lundi soir, demain c’est jour de rotation d’une semaine complétant les cinq précédentes bien remplies. Pas mal de gars du chantier vont devoir rentrer chez eux pour une détente méritée après une présence de 42 jours .Chacun devra passer chez l’intendant du chantier prendre son titre de congé et déposer en même temps sa clé de chambre il la reprendra à son retour. Peut être que vous risquez de vous perdre Prenez’ en une provision nécessaire d’eau avec vous avant de partir on ne sait jamais avec le temps qui court en ce mois de mars, c’est la période des vents de sable et il sera bien prudent de vous assurer encore plus dans toute cette étendue de sable. C’était le chef d’unité qui comme à ses habitudes chaque lundi soir donne conseil pour tout chauffeur missionnaire venant à prendre son ordre de mission .ce chauffeur sera chargé d’une mission ce jour là. Faire une navette d’un va et vient pour le transport d’une équipe complète de forage allant du chef de poste de son assistant ,d’un accrocheur de trois ouvriers de planchers ,d’un mécanicien et d’un électricien .il sera en outre chargé d’apporter le courrier administratif du chantier, les journaux et revues ainsi que le quota de films qu’il a intérêt à ne pas oublier. Parfois le chauffeur en connaisseur de cause choisira les plus beaux films qui circulent en vision dans les salles d’Alger la capitale. Le véhicule à prendre est déjà prêt ,un « tout terrain » Une land rover surnommée par tous dans ce grand Sud « la gazelle des sables « cela suffisait me suis-je dit .il y avait parmi nous ceux partant en congé et devraient arriver à l’heure avant le décollage prévu de l’avion et de jeunes techniciens stagiaires regagnant leur centre de formation après un séjour de pratique professionnel chacun dans sa spécialité mécanique ou forage . On nous changea le chauffeur habituel à la dernière minute .Le chauffeur est un nouveau venu et prétend connaitre la région comme le savent les anciens. IL n’oublia point en outre d’apporter son fameux transistor à cassettes, utile lorsqu’on aura plus de salive au bout des langues pour parler, et lorsqu’on se sent sur le point qu’on parle sur le même sujet durant des heures et des heures de route. Ce jour il y eut au cours de notre parcours sans qu’on s’en doute un vent de sable qui dura des heures et des heures. Il fut à notre nouveau chauffeur très difficile de se retrouver dans cette subite tempête de sable .Les rafales de vent venant à notre direction emmenaient leurs grains de sable fin. Des kilomètres passèrent sans que nous sachions dans quel direction nous nous dirigions. Toutes les anciennes pistes visibles à l’œil nu auparavant ont été effacées .disparues en un seul trait comme par miracle du terrain de notre circulation.Le vent de sable à pris de l’ampleur, beaucoup trop à ces habitudes.Le chauffeur constata en ce moment là que Nous tournions, depuis un bon bout de temps en rond. On se retrouvait presque à notre même place. C’était chose possible dans ces circonstances .On ne voyait pas plus loin que le bout du capot de notre véhicule. Les vagues de vent venaient et disparaissaient vous donnant juste le temps d’une vision à voir que vous naviguez dans le néant. Dans ce cas par prudence, le mieux à faire pour nous est de s’arrêter, de ne plus continuer. La radio dans ces moments là ne sert plus à rien. Elle devient comme une boite muette à tout appel de secours.
Plusieurs personnes ont disparu, notamment à cause de l’aveuglement d’être trop confiant à leur expérience, jusqu’au bout, se croyaient protégées et ont refusé de reconnaitre leur faiblesse devant un vent qui dure parfois une éternité avant qu’il s’arrête. C’est précisément l’inconscience qui aurait entraîné l’homme à se confronter davantage à la supériorité de la nature.. -
- 7. khodja Le 03/02/2014
merci pour votre ecrit.vous m'avez donné la volonté décrire ma belle aventure a entp.ou j'ai travaillé de 1977 a 1984 dans les chantiers de forage en qualité d'infirmier et ADG.il y'a beaucoups de tres belles choses a raconter et meme beaucoups de blagues. j'ai travaillé a base nord.tp162 tp 147 tp 159 tp 102 tp 103 tp131 tp 136 tp 195 tp 188 tp161(quelle belle equipe ) et enfin tp 184 -
- 8. Bradai Le 07/06/2013
Cher Aziz,j'ai passé 7 ans à Rhourd Nous J'ai assisté du 1er jour à l'erruprion de RN 36 çà a durée 45 jours.On a utilisé les baraques du chantier où je travaillais.
On a fait appel à Mr Brahimi Mohamed le Red Adair algerien. -
- 9. aziz Le 07/06/2013
Ya Si Mohamed Bradai,
Que de souvenirs qui me rappellent mon epopee personnelle. J'ai fait mon stage de sonde, en tant qu'eleve ingenieur sur Rhourde Nouss RN 101, en Fevrier 1972 en meme temps que mon ami Madjid Attar (qui est devenu PDG de Sonatrach puis Ministre de l'hydraulique). J'ai aussi bien connu Brahimi Mohamed et Morsli Hannachi (qui a fait l'ecole des mines de Miliana). Oui les conditions de vie sur chantier etaient penibles mais il a fallu des hommes pour faire ce boulot, forer, decouvrir, exploiter et extraire ce petrole et ce gas qui ont nourri et continue de nourrir tout notre peuple. A ces hommes et femmes, bien souvent oublies, nous disons grand merci avec beaucoup de gratitude et de reconnaissance.
j'ai fait moi meme beaucoup de chantiers en mer et sur terre mais un peu partout dans le monde dans des conditions de travail plus ou moins similaires, j'ai souffert aussi des grandes chaleurs mais surtout du grand froid pour avoir passer 3 ans en Alaska et 1 an en Siberie. Aujourd'hui, l'age aidant,je suis beaucoup plus souvent devant ma station de travail, dirigeant ces chantiers depuis le confort de mon bureau a Amsterdam, avec de courtes visites d'inspection de ces chantiers, laissant l'initiative aux jeunes ingenieurs en leur rappelant de temps a autres que j'etais la avant eux. -
- 10. Bradai Le 07/06/2013
A Mme Talbi et à Orchidée que je salue .
Je peux m'avancer et dire que le temps a évolué de nos jours au Sud et qu'il y a plus de commodité qu'avant si ce n'est l’éloignement . la radio moyen de communication n'est plus que souvenir comme la Land Rover qu'on ne trouve plus sur les pistes.
L’Entreprise s'est dotée actuellement d'une technologie des plus récentes pour l’activité de son forage et du work over..
Il y a moins de risque d'accident sur chantier,bien rares des accidents mortels .
Pour ceux qui sont interessés par la lecture voici un journal Entp .
le lien :journal entp n 74.www.entp-dz.com › Actualités › Journaux
(On peut reconnaitre sur une photo Mr Melfouf Ahmed ancien éleve du lycée M.Ferroukhi Wali en visite sur chantier).
les autres journaux sont en PDF.
taper le lien: www.entp-dz.com/index.php/actualites/journaux -
- 11. Orchidée Le 06/06/2013
Bonsoir à tous,
J'ai lu le récit avec grand intérêt,il est vrai que les conditions de travail ne sont guère aisées au Sud,alors que bon nombre de gens "travaillant" au nord,dans des endroits climatisés trouvent le moyen de rechigner.On devrait les envoyer passer quelques temps juste pour savourer leurs conditions de travail,et être plus performants.
Tout comme Mr Bradai je voudrais partager avec vous une merveilleuse"aventure" qui m'est arrivée ce matin,tout simplement je suis passée à l'hosto pour donner un peu de mon sang. Beaucoup de patients ont besoin de transfusion sanguine. -
- 12. TALBI Samia Le 04/06/2013
Bonjour à tous!Merci mr BRADAI pour ce voyage virtuel hors du temps,très belle aventure que vous m'avez fait partager et je l'ai vécue comme si c'était moi qui faisais le voyage et ce grace à vos dons de narrateur exceptionnels,merci pour tout cela.Ah que peut receler un"Ténor sans voix"!!Un esprit aventureux ne restera jamais sans aller de l'avant vers d'autres aventures qui seront inchaallah toujours palpitantes , toujours fructueuses et que nous aurons à partager avec vous à travers vos émouvants récits.Bonne journée à tous!
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