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Chroniques d'une enfance/ Par Med BRADAI

C’est triste parfois d’avoir à y revenir à un endroit familier. Penser à ce passé lointain où tout était beau à nos yeux d’enfants et que tout avait un goût de vie à l’époque,. Tant d’années se sont écoulées, que poussé par l’instinct de cette tendance naturelle, j’y suis revenu au lieu qui me rappelle notre maison où ma famille et moi avions habité. Mes années les plus douces des moins de dix, je les ai comptées à l’orée d’un village sur une rive à la bordure des eaux de cet oued du Chélif. Un endroit que je n’ai pu oublier. Le désenchantement fut grand quand j’ai vu l’état attristant de cette belle demeure de jadis qui n’a gardé de l’aspect de son vivant en ce lieu que le spectre d’une maison. En ruine, abandonnée aux quatre vents de la saison Il n’en reste hélas de ses murs qu’un pan qui résiste encore au temps.

Lavigerie/ Djendel


Et contemplatif, j’étais là, à me revoir tout gosse

De ce temps de mon enfance, bien des souvenirs en sont toujours gravés en ma mémoire. Autrefois dans ce jeu enfantin animé par des élans effectués en impulsion d’un va et vient, je m’amusais à voir sentir mon cœur se gonfler de joie dans les airs. Cela se jouait à l’ombre d’un grand feuillage d’arbres d’eucalyptus, où une corde nouée à une forte branche d’un arbre en guise d’une balançoire de fortune me le permettait. Le frottement continue de cette corde sur la branche faisait son abrasion et créait en même temps un bruit de grincement comme un crissement de criquet. Cela avivait le jeu par cette ariette qui plaisait à se faire entendre que pour rien au monde, même pas en rêve on ne veut céder la place au frère ou la sœur en attente d’un tour prochain.


Mes souvenirs d’enfant vont devoir aller encore plus loin dans le temps

Sur cette bordure de l’oued, où tant d’arbres en faisaient un bosquet, les oiseaux ne manquaient point de revenir chaque soir à leurs nids. Il y avait pleins de nids et le chant de leurs oisillons s’entendaient à constant en longueur de journée. Ce qui me donnait l’envie parfois de grimper aux arbres et à dénicher ces nids du haut d’une branche. Cela préoccupait mon temps et je manigançais mille et une astuces afin de me faufiler en douce de la maison, fuir la petite corvée quotidienne du sceau d’eau à remplir de l’oued. Les eaux de l’oued en ce temps coulant à flot été comme hiver étaient aussi claires mais on préférait y aller s’alimenter dans les sources encore plus limpides, jaillissant de sous terre en abondance à proximité du cours d’eau.

De toute la journée, on ne voyait presque personne dans les alentours, à part les quelques bergers qui venaient faire abreuvoir ou passer leurs troupeaux de moutons avec quelques vaches par le gué. Mais, dans un temps qui ne dépassait guère un mois, on voyait venir sans tarder en ce lieu jusqu’à nous l’habituel m’khazeni sur sa mule faire la tournée de collecte d’impôts si ce n’est pour une vache c’est pour une chèvre ou une poule mais pas pour l’eau . Mais ça n’empêchait nullement mon père de lui accorder l’hospitalité et à lui offrir un café bien chaud apporté avec un bon plat de « embesses » tout en cachant le chien hors de sa vue. Il était dit que notre chien n’aimait pas le noir, et le m’khazni ayant horreur qu’un chien lui aboie à sa face venait toujours vêtu de son burnous noir et coiffé en plus du turban noir enroulé autour de son tarbouche.

En été, sous l’ombre de ces arbres il y eut aussi une place au lieu dit à un repos des soldats au retour de leur randonnée dans les campagnes voisinant le village de l’autre rive ou après leur exercice de tir. Durant ce répit après leur longue marche ils s’empressaient d’enlever leurs chaussettes épaisses et leurs godasses cloutés et de se rafraichir les pieds dans l’eau glacée de l’oued. Ensuite, par petit groupe ils s’adonnaient à des jeux entre eux et à chanter à gorge déployée aux quatre coins du vent. En nous voyant arriver pres d’eux et très curieux à les regarder, ils faisaient le geste de nous appeler à les ’approcher en nous faisant montrer des caprices. On acceptait de leurs mains ces gros biscuits non sucrés de l’armée, qu’ils sortaient de leurs larges poches de pantalons, les bâtonnets bruns de chocolat qu’on trouvait très amer à notre gout ils les sortaient comme pour les cigarettes de la poche de leurs vestes.

A chacune de leur patrouille avant qu’ils ne décampent le soir à leur caserne, un spectacle inouï qu’on admirait se déroulera à nos yeux. Tous prés il y avait une côte avec une pente bien raide s’élevant plus que les autres et sa vue se dressait comme un obstacle à vaincre aux yeux du Lieutenant. Cela mettait en défi le lieutenant et son chauffeur de jeep. Les deux, ce lieutenant et son chauffeur n’en finissait pas à vouloir faire escalader la jeep à tour de rôle au sommet de la côte. Aucun d’eux n’y est parvenu à le faire, que de fois toujours à mi chemin ou presque les quatre roues au bout de leur peine, piétinaient sur place et le moteur en ronflant si fort ne tenant plus le coup lâchait prise. On voyait de loin que la jeep bien que puissante ne pouvait monter pour atteindre le sommet. Le retour se fera pour le bas de la pente en marche arrière à une vitesse prodigieuse sous les cris et applaudissements des soldats en spectateurs qui faisaient des paris sur leur solde.

Comme je me souviens encore du chemin que je prenais pour aller à l’école

Par temps pluvieux ou clément, que tôt le matin, comme tout écolier mon cartable sous le bras et une chéchia rouge sans crinière couvrant ma tête, je prenais le chemin de l’école. L’école du village était un peu loin, pour moi je devais manger mon bout de galette du matin en cours de chemin au pas de course pour y arriver avant que les huit coups de l’horloge de l’église ne se font tinter et que la cloche de l’école ne sonne et que la porte se referme. Sur les sentiers boueux de mon parcours, je m’y mettais surtout à ne pas faire souffrir mes espadrilles et les laisser propres comme tout élève de mon âge qui rentre en classe. Il m’arrivait dans ce parcours d’écolier que je devais contourner l’endroit en bas de la caserne militaire du village où se trouvait en guérite un soldat montant la garde. La peur en lui m’est arrivé ce jour, où me voyant arriver comme à mes habitudes il pointa son gros fusil dans ma direction et m’appela vite de le rejoindre. Me montrant un objet en forme d’une boite jaune et ronde attachée à une pochette de sa veste, afin de lui dire où est ce qu’on peut trouver ces jouets comme çà dans les environs. J’ai eu vraiment peur de lui et de son fusil, que des fois au retour croyant que c’était le même soldat je prenais un autre chemin ou à emprunter le chemin de l’abattoir du village avec les autres amis de l’école pour rejoindre la maison.

Une fois à la sortie de l’école j’ai perdu à jamais mon porte plume. J’étais de retour tout joyeux, gambadant en faisant mes cent pas et lancer mon joli cartable au ciel pour le rattraper avant qu’il ne tombe. Il n’y avait dedans qu’un cahier Rolangraphe 96 pages un cahier de dessin, une règle carrée, longue de 30cm qui était en bois pour ceux qui se rappellent, un livre de lecture et un porte plume. Par une fente ouverte en bas du cartable, le porte plume glissa et tomba. J’ai eu beau à le chercher dans les touffes d’herbe épaisses que j’ai dù rester bien tard pour rentrer à la maison. Le matin je me suis levé avant l’heure habituelle et pris mon chemin de l’école pour poser mon cartable prés de ceux de mes camarades qui seront entrain de jouer autour du monument aux morts. C’était plus facile de me payer un porte plume sans aller à Mme Caseau l’Epicière lui demander l’aumône de bon matin.
 

Notre voisinage et le temps d’une irrigation

Ce que je me rappelle de cet endroit c’est qu’aux alentours de notre demeure, le voisinage ici et là comptait quatre habitations. On les voyait éloignées les unes des autres et sans cheminées apparentes toutes bâties en chaumes. Tout autour d’elles des clôtures de fortune les protégeaient en limitant l’espace de leurs jardins plantés d’arbres fruitiers et aussi bien de légumes et plantes potagères qu’on cultive pour une subsistance. Chaque famille se suffisait de la parcelle de terre qu’elle possède grâce à l’’eau d’’irrigation en abondance. Il fallait à ces familles comme à mon père une autorisation d’irriguer qu’on devra acquérir auprès du « Dar Domine » (Les Contributions). Le mkhazni des eaux est chargé d’ouvrir les Grandes vannes à un endroit de distribution qu’on connaissait tous pour situer le lieu « fanettes Djenane Djano Rafel »( vannes du Jardin Jeannot Raphael).

A cet endroit je me rappelle, il y avait tant d’arbres aussi vieux que le temps. En les traversant pour aller au village on avait parfois peur quand on est seul, c’était tellement sombre, froid et humide que même le soleil d’été de midi ne les pénétrait à travers leurs feuillages denses.

Pour l’irrigation commune pour un soir à tous les voisins. La répartition à tour de rôle sera d’une heure de temps seulement. Chacun s’y mettra à irriguer l’espace cultivé de son jardin dans une folle course à la montre d’un temps où tout dépendra pour lui le moment de l’heure indiquée pour la distribution de sa ration éventuelle. La pente était l’idéale satisfaction à l’acheminement des eaux dans une folle et longue rigole dont sa forme est incontrôlée mais descend pour l’ensemble des voisins. Chacun à une propre ouverture d’eau tout au long de la rigole. Le soir à la tombée du jour, père s’installait à attendre devant cette ouverture notre tour pour détourner la quote -part d’eau, et c’est avec impatience qu’on verra apparaitre cette eau dégringolant la pente venant de loin jusqu’à nous. Au clair de la lune, toute la famille pioche, binette en mains ou à défaut à mains nues s’y mettait à la besogne et diriger au plus vite la direction de l’eau qui dévale et n’attendra pas pour arriver jusqu’aux plantes. Le temps comptait énormément dans ces moments.

Durant cette entraide toute la familiale se trouvait présente père ,mère frères et sœurs Tout un monde en ouvrage à crier ici et là pour une raison que ce n’est pas de sa faute si l’eau va vite et inonde de trop ce qu’il avait à surveiller. Mais c’est surtout du père qui comme toujours dirige l’opération d’irrigation qu’on entendra ses cries d’ordre du travail plus que nous tous ensemble. A la fin du temps accordé, sitôt que l’eau s’arrête d’arriver, on devra quitter notre lieu de travail et se laver les pieds et les mains de la boue. On ira tous raconter le déroulement de notre exploit de travail effectué dans une nuit noire autour de Grand mère qui sera là à nous attendre. Elle nous fera gouter son couscous aussi fin roulé le soir même de ses mains avec un délicieux petit lait qu’elle a déjà préparé et conservé dans l’outre à peau de mouton. On possédait une autre aussi, mais celle-ci est en peau de chèvre qu’on utilisait pour l’eau. En été l’outre mouillée et mise dans un endroit frais et humide, conserve l’eau en son intérieur qu’elle restera glaciale toute la journée.

Chez les voisins j’allais surtout chez quelqu’un habitant à une centaine de mètres de chez nous et qui m’aimait bien. Il avait pour nom Meharzi Mohamed mais on l’appelait Hamoud... Il venait parfois à chaque Samedi de la semaine chez lui, après avoir été sur ses bancs d' études à l’école des mines de Miliana, ( par la suite ce Monsieur bien distingué par tous eut le mérite d’exerçait la fonction de Secrétaire Général d’APC à la Mairie de Miliana). Il ne se lassait jamais envers moi de me donner chaque Samedi de son temps libre ainsi qu’au cours des vacances de Noël et de Pâques des cours d’apprentissage et en m’apprenant à lire sur un livre. C’est là par le temps, que j’ai appris à lire les bandes dessinées des fameux illustrés...Il en avait et il en conservait tellement dans des cartons que parfois en voulant choisir je n’arrivais pas à trouver l’illustré préféré.

A l’approche de l’hiver, aux moments des crues de l’oued le bruit grondant et incessant des eaux parvenait jusqu’à nous, que père restait parfois éveiller toute la nuit. A chaque soir venu par les temps pluvieux, il plantait des bâtonnets limitant la distance de notre maison et l’oued. Au milieu de la nuit père ressortait vérifier le niveau de l’eau grimpante et à quelle vitesse du temps elle nous rapproche où nous éloigne encore du danger.
Au matin après une crue et que les eaux ont repris leurs cours, père nous apportait dans un grand sceau des quantités de l’anguilles bien longues aux peaux visqueuses ayant échoué au rivage et n’ont pu regagner les eaux qu’il a réussi à attraper. De gros poissons avec de larges nageoires se comptaient aussi dans son butin de chasse.


La nuit de notre naufrage

Je me souviens encore de ce jour de forte pluie. Elle n’a pas cessé de tomber depuis la veille au soir. Père disait en regardant toujours l’eau tombait du ciel, autant que dure cette pluie à se verser, autant que les eaux de l’oued vont augmenter davantage de volume cette nuit. Et au cours de toute cette journée, anxieux mon père était aux aguets et à des allées en va et vient aux abords de la rivière. Au soir, les eaux de l’oued ont pris trop d’’ampleur. Beaucoup trop qu’à leurs habitudes dira mon père. Cela signifiait pour notre petite famille qu’on devrait quitter les lieux avant la nuit et sa tombée était là toute proche. C’était désolant en pensant un peu à ce temps là qu’il n’y avait pas d’autres alternatives à choisir pour notre père.

Comme il fallait quitter la maison dans ces moments et revenir un peu plus tard, on devrait prendre ce qui était nécessaire de prendre et aller chez une tante. Elle habitait un peu bien loin en haut du village. Je me rappelle que le seul bien que je possédais en ce temps était mon cartable que j’ai pris sous le bras sans oublier d’emporter aussi mon tablier noir, mes espadrilles, mon couvre-chef de chéchia et mon capuchon sans poches en forme de cape d’un curé long jusqu’aux pieds. Tout heureux, Je m’imaginais pour quelques temps prés de mon école comme tous les élèves citadins. Par contre père était un peu agité, pris par le courant du temps, il aura à charger sur sa tête le coffre que ma mère a eu comme dot. C’était un meuble en bois avec couvercle tout panaché de couleurs vives variées, où ma mère mettait à l’abri un grand » hembel de laine finement coloré en blanc, rouge et noir » (couvre lits traditionnels) fruit de son cadeau de mariage, ses beaux libess son haïk et un petit flacon de parfum dont une image de fleur lui est collée dessus dont je ne cessais de regarder quand il tombe entre mes mains par mégarde. Elle le cachait si jalousement parmi ses affaires comme la prunelle de ses yeux et ne le sortait que pour un événement où un jour quand mon père se rasait une fois la barbe pour aller en voyage, voir ses deux oncles lointains à Alger. Grand mère aussi en avait un coffre identique, un peu vieux et usé dont sa couleur est toute couverte par la poussière des ans. La serrure en bon état est actionnée par une clé, une clé bien façonnée qu’elle entourait fortement d’un foulard par deux ou trois nœuds pour plus de sécurité et à la dissimuler, enfouie dans le lieu de cache de sa poitrine comme pour un petit miroir ovale personnel qui ne la quitte jamais. Elle utilisait son coffre surtout pour mettre tout ce qui était provision à une année de crise « aawlat el am » café, thé, beurre, miel sucre et couscous c’est devenu pour elle la cambuse à utiliser dans le cas de besoin quand un invité d’honneur arrive à l’improviste. Comme grand mère ne pouvait supporter le transport de sa charge. On ne connaissait pas encore le plafond chez nous dans une maison dont la toiture en est couverte en chaume. Père eut l’idée préférable à l’accrocher fortement au long support du milieu de la toiture confiant que les eaux ne pourront l’atteindre si haut.

Et nous voilà prêt, en un peu de temps toute la famille est à pied ferme pour entamer sous une nuit pluvieuse une marche d’exode rural pour un temps de durée incertain. L’image de notre départ en est toujours gravé et triste dans mes souvenirs, où tout devant ouvrant la marche, je voyais mon père avec le coffre sur la tête, moi qui le suivait de prés le petit frère sur le dos de grand mère et la seule sœur qui est l’ainée encombrée elle aussi par un caisson sur sa tête la mère nonchalante et un peu souffrante qui suivait derrière terminait la marche. Une marche dans un silence en file indienne dans le noir des ténèbres.

Ma sœur marchant parfois côte à côte avec la mère parfois trainant le pas peinait à porter sur sa tête son caisson ou berceau du petit frère. Mais c’était plutôt un grand caisson de dattes en bois de l’époque que l’on peut trouver sur les étalages d’une épicerie et que mon père s’en est procuré un model en le confectionnant comme berceau. Il nous a bien servi à nous aussi en étant bébés un bon bout de temps, moi et ma sœur au moment où on ne connaissait de nutrition que le lait du sein de la mère. Quand je voyais ce petit frère entrain de pleurer et s’endormir aussitôt j’ai vu d’un coin l’astuce que mère utilisait pour ne pas se fatiguer à le porter constamment dans ses bras.

Sous des planches placées et mises côte à côte maintenues à la façon d’un échafaudage qu’on soulève juste un petit peu du sol faisait comme ça tout le confort d’un bon de lit. Pour nous, c’était là le lit des parents, par sa largeur il occupait la plus grande partie de la pièce de maison. Le dessous de ce lit était l’endroit calme et bien tranquille au berceau qui suspendu sous les planches en serait comme une balançoire à l’aide d’une longue ficelle qu’on devrait d’abord la lier au caisson, la mère que des fois même éloignée tout en étant occupée à pétrir une pâte de semoule ou à rouler son couscous pour un diner à l’aide de son pied fera le va et vient du balancement du caisson afin que son bébé en pleurs se tait, tout en restant loin assise à pétrir sa pâte de semoule ou faire une cuisson prés du feu.

Seul le chien qu’on ne pouvait emmener est resté de garde à la maison. Tout en nous éloignant de lui dans ce chemin d’exil, son aboiement nous parvenait et se faisait entendre petit à petit jusqu’à s’affaiblir pour ne plus l’entendre dans le noir. Il saura se débrouiller tout seul chez les voisins pour son ventre le temps de notre absence.

Le déluge passé, au matin de notre retour notre chien jappant et remuant sa queue à gauche et à droite de joie nous attendait à la porte de la maison. Dans la cour vaseuse c’était la désolation totale on n’avait pas où poser un pied. A l’intérieur on a constaté les dégâts causés à notre pauvre demeure qui étaient encore pires. Les eaux tellement boueuses ont laissées des traces sur les murs de leurs limites à plus d’une hauteur de mes genoux qui sont restés témoins de leur passage chez nous. Le reste des ustensiles à l’intérieur de la maison « djefna » cuillères marmite et casseroles mélangés avec la boue sont pour nous devenus méconnaissables. Mais les yeux de grand mère en arrivant, cherchaient un précieux trésor laissé au ciel de le garder. En le voyant et le trouvant intact, sans dégâts, elle s’empressa à louer Dieu à l’instant d’avoir épargné tout ce qu’elle possède de bien en ce monde. Telles furent ses paroles que j’ai entendu pas plus.


Le naufrage subit resta pour nous un mauvais souvenir

Dans ce temps passé, même en période d’été les eaux de l'oued ne pouvaient être traversées qu'à des lieux appelés « Gues ». Chaque côté de région des gens de la campagne de l’autre rive qu’on appelait « les gens du Gountass « avaient leur propre Gué à emprunter. Les passages à Gué du coté nord étaient connus de ces gens de cette campagne qui viennent vendre ou acheter leurs approvisionnements un jour de marché hebdomadaire du village. C’est l’occasion pour eux aussi ce jour de l’Arbaat Djendel , d’apporter leurs grains de blé à moudre aux deux moulins du village, on les voyait venir de loin par groupe qui à dos de cheval qui à défaut à dos d’âne, la plus part à pieds traverser l’oued avant le lever du jour et le soir refaire leur même chemin avec leurs charges de provisions.

Le jour de marché était journée de fête et journée d’affaires où venait siégeait pour la circonstance ce jour même un tribunal pour les affaires courantes et administratives de la vie ou pour toute transaction dans une salle appelée « Dar El Djoudje « la maison de justice. Le Marché de Djendel « Souk l’Aarbat Djendel » était connu et avait sa renommée jusqu’à blad el kebayle, Al Afroun et Teniet el Hadd sans oublier les régions proches Miliana, El Khemis, Médéa qui venaient acheter du bétail, des chevaux ou des mules pour les travaux de la terre.

Le lieu de notre demeure était approximé d’un de ces Gués où il était agréable de voir passer tout ce monde à la fois heureux de se rencontrer ce jour et de se parler un peu le temps d’arriver au village.
Aujourd'hui à le voir de prés, l’oued est à sec il n’en reste de ses eaux d’antan qu’un filet d’eau coulant sur des galets reflétant pour tout nostalgique un paysage qui inspire l’humeur mélancolique.


En chemin de noce

Et à ce souvenir du passé qui m’est revenu à penser comment s’effectuait cette marche en groupe avec la traversée d’un Gué a rappelé en moi un’ événement durant cette tendre enfance lors d’un mariage d’un proche voisin. La famille de la mariée habitait à l'autre bout de la rive de l'oued au-delà du versant en pentes. Comme dans une parade le cortège composé d'hommes d'un certain âge vêtus en burnous et gandoura blancs leur donnant des aires de conquérants ouvraient la marche devant, et quelques femmes surtout de vieilles parées de leurs plus effets vestimentaires en voiles de bakhnoug et foulards aux couleurs flamboyant ornant leurs têtes suivaient et terminaient la marche par un chant en chorale à rendre les âmes plus jeunes. Une vieille à la voix ténor gazouillait et les autres femmes entamaient la cadence du « medeh » en balançant de temps à autre en l’air leurs you you faisant rougir de joie les hommes qui sont au devant ouvrant la marche...

Enfant je faisais aussi parti du cortège. On m’a habillé en cette circonstance de mariage du plus beau costume de fête, gandoura blanche et serwal el makada et on m’y installa comme garçon d’honneur sur le bât du cheval conçu spécialement pour la mariée. Durant l’allée me voilà à monter seul le cheval de la marié. J’étais ce jour là le garçon d'honneur de la mariée, coiffé d'une chéchia rouge, neuve en cette circonstance avec sa crinière de fils noirs en ornement se soulevant et se rabattant au trot des pas du cheval je me croyais le prince cherchant à aller trouver sa princesse. Le guide tenait les rênes du cheval de peur qu’il emballe et j'étais sur que j'arriverai tout entier à destination.

Au retour derrière la mariée le même trajet que l'allée était à refaire. On m’y installa cette fois sur la croupe du cheval, le bât sera entièrement réservé pour la mariée. A la traversée du Gue (maktaa), il me fallait soulever le burnous couvrant les pieds de la mariée un peu plus haut pour ne pas qu’il se mouille. Chemin faisant avec chant et you you on sentait la joie envahir tout le monde. Il ne nous restait que quleques centaines de mètres, les hommes toujours devant, silencieux occupés à faire de grands pas pour digérer le bon plat de couscous dans leur marche et les femmes derrière avec chants et you you mais cette fois c'est deux vieilles qui se relaient une de la famille du mari et l'autre de la famille de la mariée.

Durant tout le trajet la mariée toute couverte d'un burnous blanc n’a cessé de pleurnicher, c’était une tradition pour ces jeunes filles mariées quand elles quittent leurs mamans. Ma tâche à moi derrière elle je devais lui tenir ce burnous blanc qui lui tombait jusqu’ 'aux pieds qui doivent rester couverts durant tout le trajet aux yeux des hommes. Dans notre chemin, on devait prendre un passage entre deux habitations et là personne n'a remarqué un fil de fer tendu entre deux maisons du chemin ce qui fit obstacle à hauteur du cou de la mariée et a failli l’étrangler ou à la renverser à l’arriére.

A l’endroit, en voyant ce danger qui se présentait il m'a bien fallu crier haut et fort, personne ne fit attention à mes cris de détresse. La mariée toute voilée ne pouvant même pas voir la lumière du jour se débattait pour ne pas étouffer. Le cheval, lui avançait toujours sans se soucier et le fil de fer à cette hauteur étranglait au fur et à mesure la mariée au risque de la faire tomber de cheval . Assis derrière c’est moi en premier lieu qui serait à terre avant la pauvre mariée. Les femmes derrière laissèrent leurs chants de côté et commencèrent alors à lancer des cris de détresse que la mariée va chuter et tomber de cheval !!!

Le pauvre guide tenant les rênes d’un main tête baissée et, ne s'étant même pas rendu compte que la précieuse mariée tant convoité allait rendre l’âme devant eux. Les premiers qui ouvraient la marche retournèrent sur leurs pas et accoururent pour arrêter le cheval. La mariée qui geignait auparavant avec le nez, commença a pleurnicher cette fois ci tout en sanglotant chaque fois je lui passais le mouchoir disponible dans mes mains pour qu’elle s’essuie les larmes de trop. Mais la peur au ventre de la voir tomber de cheval j’enlaçais la mariée oubliant de lui donner le mouchoir conventionnel qu’on m’a proposé de le lui faire passer pour qu’elle se soulage de sa peine des larmes versées. Tout rendra dans l’ordre et on continua le chemin dans une nouvelle joie. Hommes et femmes du cortège sont presque au bout de leurs peines à ramener dans le respect des règles d’hospitalité de mariage la mariée à son nouveau domicile.

Sitôt arrivé, qu’on fera descendre la mariée pied nu et qu’un nouveau burnous la couvre entièrement jusqu’au pied. Emmenée à l’intérieur, comme étant le seul gosse dans les environs et à voir la mariée sans risque on me fit appel et m’ont mit un morceau de sucre cristallisé dans la bouche. On m'invita par la suite en me montrant comment opter à lui enlever le burnous de sa tête d’un seul trait à l'aide de mes dents. En faisant ce qu’ils m’ont dit de faire, le burnous ne voulait s’enlever, et tout était de ma faute, en prenant avec mes dents le bout du burnous j’ai pris aussi un peu de ses cheveux en enfonçant un peu trop mes dents d’enfant et je tirais et la mariée criait et autant que je tirais fort autant que la mariée criait fort aussi. A ma dernière tentative, de toute mes forces je suis parvenu enfin à enlever ce burnous avec quelques cheveux comme trophée accompagné de pleurs supplémentaires de la mariée.

Ce fut un soulagement pour la mariée, qu’on s’empressa vite à lui donner du lait de chèvre et la contentait d'un peu de miel en attendant un repas bien plus copieux exceptionnellement fait pour elle comme nouvelle hôte de la maison. La fête cette nuit là continua au rythme du son d’une derbouka qui ne cessa que tard dans la nuit.

Le jour où l’armée gentiment nous pria de quitter notre Gite

Par une nuit d’Automne, l’armée de garnison du village eut un doute rapporté par ses indicateurs que des hommes qu’elle appelle « fellagas » vont traverser de nuit le Gué du Gountass et seront aux alentours du village. Dés la tombée de la nuit, du haut du village, les soldats à partir de leurs guérites de la caserne n’ont cessé d’envoyer des tirs à l’arme lourde de leurs mitrailleuses. Les slaves de leurs tirs venaient par intermittence en direction des environs du Gué et de notre maison. Je me rappelle bien de cette nuit qu’à travers les fentes de la porte et bien cachés, on voyait des braises de feu passaient au ciel au dessus de nous. Quelques unes d’elles finissant leurs courses sont tombées dans notre petite cour. Elles retombaient prés de nous et restaient un bout de temps brulantes comme les braises d’un feu tout rouge de couleur avant de s’éteindre. C’était des balles. Pris de peur, on n’a pas pu traverser la cour les quelques mètres nous séparant de Grand mère restée seule dans un coin de sa pièce en face de nous pour qu’on soient tous ensembles.

Et vint le matin tant attendu même un peu frais après toute une nuit passée dans une frayeur vive. A nos yeux tout autour de la maison on ne voyait que des soldats éparpillés les uns aux autres telle à une préparation de ratissage qui va se dérouler d’ici peu. Un Alftrack était là pointant le canon de sa grosse mitrailleuse en notre direction. Sur la cabine de l’engin, un soldat était là assis fumant tranquillement une cigarette. Au loin une jeep à son bord un soldat en tenue de para et portant une casquette était confortablement assis au siège avant prés du chauffeur. Sortant un pied comme prêt à sauter, il parlait aux soldats. La Jeep dont le ronflement parvenait jusqu’à nous tournait et tournoyait sans cesse d’un endroit à un autre. On voyait se déroulait cette scène sans sortir de la porte de notre cour de maison. Nous avions peur, même très peur. Ma mère avait mit à la légère une sorte d’étoffe lui couvrant seulement la tête comme le font toutes les femmes afin de cacher un visage à tout inconnu . Ma sœur prés de moi, à la robe de notre mère nous nous sommes accrochés comme pour être sûrs de sa protection si proche. Grand mère s’approcha et toutes deux se regardèrent pour se dire que tout ça ne dit rien de bon pour nous aujourd‘hui.

Père n’était pas là cette nuit. Absent depuis deux jours, il s’est rendu comme à ses habitudes à Alger,  la capitale avec une marchandise d’œufs et de volailles à vendre. Peut être que la providence l’a éloigné de la maison ce jour là. A la façon du parler du lieutenant à ma mère et Grand mère, il aurait pu être embarqué ou être abattu sans sommations sur place. Père avait une justification délivrée par la Gendarmerie du village. C’est, quand il devait s’absenter de la maison qu’il le signalait à leurs bureaux pour qu’on lui délivre un papier au nombre déterminé de jours, sorte de laissez-passer à porter sur lui qu’il aura à montrer à tout barrage...Mère et grand mère n’avaient pas à s’inquiéter pour lui d’être arrêté à son retour, à cela elles restèrent un peu confiantes.

La jeep venant de loin, arriva comme une trombe jusqu’à nous. Une poussière de sable se forma, le lieutenant en descendit tout essoufflé, ne connaissant pas l’arabe un soldat arabe l’accompagnait à l’arrière de la jeep. A son appel il se pressa de descendre aussi vite et se mettre au garde à vous. Le lieutenant tenait à chercher qu’on lui dise où se trouve le chef de famille. Non satisfait de la réponse de ma mère, il appela un autre soldat à aller vérifier de plus prés à l’intérieur.

Le soldat mitraillette à la main poussa la porte de la cour avec force de son pied et au moment de pénétrer qu’il entendit notre chien aboyer à sa vue . Le soldat ne se fit pas prier pour tirer et lui envoya une rafale de mitraillette dans le corps mettant fin à ses jours. Le chien se releva pour une dernière fois, se trainant tant bien que mal sur ses premières pattes et se fourra dans une touffe de plantes de roseaux. Et là, notre chien a choisi son endroit et s’endormit pour toujours. Au retour, le soldat rapporta à son lieutenant qu’il n’a rien trouvé.

Le lieutenant en colère dira quelques mots, comme des paroles de menace on reviendra ce soir et ce sera la fête dira-t-il . Laissant son lieutenant s’en aller et l’interprète arabe dira à ma mère ce qu’il avait entendu dire par son chef et ajoutant ceci à ma mère : « Il faut que vous partiez, ce soir ne soyez pas là ». Se retournant le lieutenant vit le soldat parlait à ma mère il l’appela aussitôt. Sans attendre le père, on a prit sur nos têtes ce qu’on a pu et comme des exilés on a prit le chemin du village. Cette fois on entendait point l’aboie du chien derrière nous.

Des gens nous ont dirigé chez un certain Bouchakor. Ce Monsieur possédait deux pièces vides en face du marché hebdomadaire tout prés du dispensaire civil du village.
Au retour de père de son voyage, quelqu’un l’arrêta en en chemin lui disant... «
Ne va pas chez toi, tu ne trouveras personne la- bas, ta famille est en bonne santé, ills sont tous au village ». Ce qui était bon à cette époque c’était cette solidarité qui unissait les gens dans leurs malheurs qu’ils se connaissent ou pas.


C’est tout simplement des souvenirs qui me rappellent une enfance que j’ai voulu écrire….

Commentaires

  • Miliani2Keur
    • 1. Miliani2Keur Le 08/08/2020
    Mohamed .... Tu reste un Anthologie
  • Belfedhal Abderrahmane
    • 2. Belfedhal Abderrahmane Le 06/08/2020
    Bonsoir a tous et a toutes
    A l ami bradai
    que de nostalgie ya si bradai ton commentaire a depasse en profondeur tes chroniques d enfance car dans ta vision enfantine tout etait beau et radieux et a l image du grand chelif la vie coulait paisiblement bercee et dorlotee par la desse des eaux charmantes dans ton commentaire la tristesse s est materialise a coups d emotions que les mots Jadis et ruines gardent encore leur impact intact
    ya si bradai quel noble sentiment de possession en parlant de ta maison bien que sous son toit vivait toute la famille et qu a cette epoque sous l oeil attentif de la tendre maman notre bambin bradai faisait ses premiers pas
    Si cette grande maison est aujourdhui en ruines rien ne pourra engloutir ses tresors imperissables car le bout de terre sur lequel la maison a vu le jour
    retiendra lui aussi son chant de coq et son soleil levant
    Si bradail la grande richesse de cette maison sans tuiles c est aussi le berceau d une fulgurante epopee qui avait inaugure le commencement d un grand cycle dans la vie de tous les jours bonne soiree
  • Bradai
    • 3. Bradai Le 06/08/2020
    bonjour à toutes et à tous
    Aid Moubarek .
    A l'Ami Abderrahmane Belfedhai.
    En ce monde la vie était belle dans un temps ,mais c’est quand on voyait aussi que le jour se lève au chant du coq. Mais On dit que le coq se montre plein d’orgueil de s’être levé avant le jour . Parfois elle est bien triste meme si le coq chante et le jour se lève. si cela se produit c’est lorsqu’ on s’aperçoit qu’on est bousculé Quand tout s´écroule Quand rien nous réussit alors’il arrive qu’on choisi de partir vivre quelque part ailleurs pour voir le jour se lever dans ses meilleurs moments .De la Je me suis vu un homme de voyage depuis pour voir le jour se lever ici et là et c’est dans ce temps que j’ai laissé loin derrière moi un jour un beau village là où ce jour se lève et un chant de coq ,.. Pour voir ce jour se lever plus meilleurJ’ai fait beaucoup d’arrêts.. Nul besoin de vous dire que le voyage entrepris n'a pas été tendre pour moi pour chaque jour . Mais même…
    Cher Ami Belfedhai, Si jamais un jour comme moi vous voyagez et vous êtes à un village du nom de Djendel , arrêtez-vous et voyez comment était mon beau patelin comme decrit dans votre beau texte en mon temps quand le jour se leve.
    On vous dira que ma maison est du côté nord, en bas d'une crête À seulement une distance ,la fraicheur d'un été venait d’un Oued qui jadis coulait à flot mais plus maintenant . Elle est la seule qui n’a plus de tuile maintenant elle n'est pas comme toutes les maisons qu’on voit aujourdhui ,parce qu’elle est en ruine . Mais elle voit encore son jour se lever pour elle. Merci encore cher ami pour m’avoir lu enfant sur une page d’enfance..
  • Belfedhal Abderrahmane
    • 4. Belfedhal Abderrahmane Le 05/08/2020
    bonsoir a toutes et a tous
    Mon cher ami bradai en lisant tes chroniques d enfance dans un fabuleux pelerinage vers un lieu familier
    qui a eveille en toi un moment de tristesse tissant une merveilleuse toile blanche selon l expression de notre artiste peintre SI FERHAOUI en commentant LE JOUR SE LEVE
    Le retour vers un lieu familier a inspire bien des poetes et j ai le plaisir de fleurir ton beau texte par un extrait de LAMARTINE
    A l heure ou la rosee au soleil s evapore
    Tous ces volets fermes s ouvraient a sa chaleur
    Pour y laisser entrer avec la tiede aurore
    Les nocturnes parfums de nos vignes en fleurs
    LAMARTINE a ecrit ce poeme en explosant ses emotions lors d un retour a la maison de ses pas premiers
  • M.Djellal
    • 5. M.Djellal Le 24/03/2014
    Mr Zouaoui
    Ravi de faire de faire votre connaissance, je vis quelque part dans ce monde loin des lieux de mon enfance mais le proverbe loin des yeux loin des coeurs ne s'applique pas a moi..........il est des heures a part, des instants tres mysterieusement privilegies ou mon enfance me revele,en une intuition subite,son ame,en quelque sorte son essence propre,ou j'en conceve une vision juste ,unique et que des mois d'etudes patiente ne sauraient plus ni completer,ni meme modifier . Cependant, en ces instants furtifs,les details m'echappent necessairement et je ne sauri appercevoir que l'ensemble des choses.
    Mon enfance a la vallee de chellif,fut pour moi une revelation complete,definitive de cette region apre et splendide , de sa beaute particuliere , de son immense tristesse aussi.......en traversant lentement et comme un reve ses vergers ombreux , ses cites coloniales,ses fermes caduques ensserrees autour de l'oued Chellif . Et,tout pres des villages , des tombeaux et des tombeaux ,toute une autre ville , celle des morts attenante a celle des vivants ........Mon enfance s'etait ecoule la,dans la ville verte ,la roumaine Sufasar ,perdue dans les champs des vignes ,ses vestiges emportes par les crues de Chelif, paricipant tout entiere de ses flamboyements et de ses paleurs............
    God Bless you all
  • ZOUAOU Imourad
    • 6. ZOUAOU Imourad Le 24/03/2014
    CHER MONSIEUR M.DJELLAL,
    VOTRE COMMENTAIRE RELATIF A VOTRE PASSE ET VOTRE ENFANCE
    M A BEAUCOUP INTERPELLE NOTAMMENT SUR LES DURES EPREUVES DE CETTE EPOQUE DIFFICILE AVEC LES AFFRES DE LA COLONISATION ET SES
    CONSEQUENCES ......
    DE TOUTE FACON ,JE SERAI TRES CONTENT DE FAIRE VOTRE CONNAISSANCE .
    MOURAD Z
  • ddeghrar djilali
    • 7. ddeghrar djilali Le 23/03/2014
    Chère Kéryma,

    le Football est un sport populaire, il est même pratiqué par les femmes, il est aussi notre fierté et notre seule vrai passe temps (coté loisirs ) C'est un sport envoûtant qui déchaîne les supporteurs.Il reste l'un des sports les plus fabuleux dans la planète terre.

    la qualification de notre team national aux joutes internationales nous donne cette ardeur et surtout cette fièvre qui nous fait oublier beaucoup de choses.

    Merci pour ton commentaire qui est franc et directe.

    Djilali.
  • ddeghrar djilali
    • 8. ddeghrar djilali Le 23/03/2014
    Cher Bradai,

    Ton histoire sur le passé enfantin est vraiment empoignante, elle recèle des passages encore gravés dans l'esprit et arbore certains témoignages encore vivant dans l'esprit.

    le bonjour de ma part à Bouzid Djilali et son copain dont je n'arrive pas retenir son nom, je crois que c'est Bouziane Bouziane.

    A bientôt, Djilali
  • keryma
    • 9. keryma Le 23/03/2014
    Bonsoir l'ami Bradai,

    Ce récit est très poignant, en le lisant , j'ai ressenti une douleur extrêmement grande, tu racontes ta vie passée dans un temps tellement difficile, tellement triste mais joyeux et heureux en même temps puisque dans certains passages je souriais ou je riais carrément, et d'autres ou il fallait que j'attende un moment pour reprendre la lecture... puis cette vie en famille dans la simplicité totale. En ce temps là un petit garçon ne demandait rien, rien d'autre que d'être entouré de ses proches, obtempérant avec joie et dextérité à chaque consigne et, cette grand-mère ce pilier indestructible du foyer mais ô combien éphémère... C'est une contradiction que je me permets de faire, car je me comprends!
    J'ai imaginé ce garçon au pied du platane debout, recevant l'annonce du décès de son cher papa puis tomber sur ses genoux la tête dans les mains, sanglotant tout doucement...

    Kéryma,

    NB: Mourad, Lecteur, Djellal merci d'avoir partager vos souvenirs respectifs avec nous. Par ailleurs, vous avez tous réussi dans vos vies, et c'est l'essentiel après tout ce que vous avez vécu dans les joies et les peines : Un mal pour un très grand bien! Bravo!
    Je n'en serais pas sortie indemne moi!
  • M.Djellal
    • 10. M.Djellal Le 23/03/2014
    Merci Mr Bradai
    vous m'avez fait visiter le passe lointain de notre region , ca me rappelle une enfance dure passe entre Dolfusville et Affreville dans les annees 70 ,une enfance marquee par la marginalisation et la pauvrete,un genre de gourbi isole loin de l'ecole,l'hiver glacial,la boue,les pluies torrentielles,la neige,ca me rappelle l'internat loin de la tendresse familiale,ca me rappelle le marche souk de vendredi ou des centaines de mulets et d'annes attaches au arbres pres de l'ex ferme Cluchier,ca me rappelle les carcasses de deux bus calcines par les moudjahines durant la guerre d'Algerie juste a la sortie du Souk bab hannacha,ca me rappelle les deux champetres sillonnant le village .Ca me rappelle le lieu ou j'avais ete eleve,un site funebre ou ,au sein de la desolation environnante ,flotait l'ame mysterieuse des millenaires abolis.Mon enfance s'etait ecoule la, dans les ruines grises,parmis les decombres et la poussiere d'un passe dont j'ignorais tout.De la grandeur morne de ces lieux j'avais pris comme une surchage de fatalisme et de reve.Etrange et melancolique,entre tous les garcons de mon age ....etait Moi . Les gourbis et les quelques haouchs de mon douar s'elevaient aupres des ruines roumaines de Sufasar au milieu d'une immence plaine verte ,semee de pierres sans age ,anonymes,debris dissemines dans les champs de vignes ,dans les verger d'orangers arroses par l'oued Chelif.Je passais mes journees de vacances pres de la fontaine Tatandjit,dans le silence menacant de la plaine ,sans soucis,sans pensees,poursuivant des reves vagues, indifinissables, intraduisibles en aucune langue humaine.
    De passage , je salue tous mes instituteus de l'ecole primaire Hocine Belfarsi qui ont fait de moi ce que je suis maintenant,en particulier mon instituteur de francais Mr Koriche Belkacem ,mon institutrice d'arabe Madame Boukhallou ......merci infiniment mission accomplie
    Good Job and great respect
    rabi yedjazikoum
    M. Djellal
  • ZOUAOU Imourad
    • 11. ZOUAOU Imourad Le 22/03/2014
    MON CHER MOHA/BRADAI,
    LA PAGE QUE TU AS ECRITS CONTIENT UN TEMOIGNAGE VERIDIQUE
    ET UNE SOURCE D EMOTION.L ALGERIE DONT LES HOMMES DE TOUS
    BORDS SONT AUJOURDHUI FIERS ,L ALGERIE DU COMBAT FORCE LA
    SYMPATHIE.ET SON COURAGE SUSCITE TOUJOURS L ADMIRATION
    UNIVERSELLE.
    L ALGERIE DE 54 A MARCHE NOBLEMENT ET TOUJOURS AUX BUTS QUE SES HOMMES SE SONT PRESCRITS.L INTELLIGENCE A ORGANISE .LA VOLONTE A DECIDE.SEULE LA LIBERTE A INSPIRE.ELLE A INSPIRE LES VALEURS LA GRANDEUR ET L AMOUR DE LA PATRIE.ELLE A RECOMMANDE LA PAIX.
    MAIS L INDEPENDANCE A COUTE UN PRIX CE SONT LES SOUFFRANCES.
    AUJOURDHUI ,AVEC L OUVERTURE DES ARCHIVES FRANCAISES LIEES A LA GUERRE DE LIBERATION NATIONALE ,DU MOINS , D UNE PARTIE
    D AUCUNS Y VOIENT UNE OPPORTUNITE POUR APPORTER UN ECLAIRAGE DECISIF SUR CERTAINES ZONES D OMBRES DE CETTE GUERRE D INDEPENDANCE .CES ARCHIVES TRES EXPLOSIFS DONNENT
    PARAIT IL UNE IDEE TOUT A FAIT DIFFERENTE DE LA REVOLUTION .
    C EST POURQUOI JE PENSE HONNETEMENT QUE LA MISSION DU FLN
    AVAIT PRIS FIN LE 6 JUIN 1962 ET QUE LE FLN APPARTIENT AUJOURDHUI A LA MEMOIRE COLLECTIVE ET DE CE FAIT ,JE CONSIDERE QUE SON SIGLE NE PEUT PAS ETRE UTILISE PAR UN PARTI
    POLITIQUE ACCUSE MAINTES FOIS D ETRE HEGEMONIQUE ET D AVOIR
    EMPECHE L EMERGENCE DES LIBERTES DEMOCRATIQUES ET DES LIBERTES CULTURELLES DE S EXPRIMER DANS NOTRE PAYS.
    LE CHANGEMENT DANS NOTRE PAYS DEVRA DONC PASSER PAR LA DISSOLUTION DU FLN ET AINSI ACCEDER A LA FONDATION D UNE
    2 eme REPUBLIQUE.

    MERCI MOHAMED POUR TON TEMOIGNAGE.

    MOURAD Z
  • bradai
    • 12. bradai Le 22/03/2014
    A l'ami Mourad.

    Voyage dans mon enfance.
    La rue de la cave ,ça rappelle à nous gamins « shâb la cave »de l'époque, un certain après- midi de l'année 62 . Cet après midi là, , il allait faire presque soir à l’heure qu’il était en ce mois de janvier. Pour nous ce peu restant du soleil qu’on voyait au ciel son profil moribond va nous concéder encore le temps à terminer notre jeu et à chacun de nous après serait heureux de rentrer chez soi pour un devoir à ou une leçon à apprendre. Mais le soir là, de cette fin de journée s’approchant et qui se voit terminer pour nous fut sans qu’on puisse le savoir l’un des moments de terreur et de frayeur pour notre âge enfantin et aussi un deuil tragique pour deux familles de notre paisible village..
    Dans cet endroit de rue préféré pour notre jeu, on se donnait là rendez-vous chaque jour qui se faisait dans nos habitudes de temps libre après l’école .On se dévouait sans répit à une passion du jeu. Je me rappelle qu’à chaque période d’un temps de l’année on avait un renouveau de jeu. Cette fois ci en ces moments d’école c’est un jeu de pelote fumée. Une balle de jeu de fortune q’on confectionnait avec des chiffons et de la ficelle à défaut d’une vraie balle de tennis qui se joue à deux groupes se composant chacun au nombre de trois à cinq morveux que nous étions . Et dans ce jeu il y a ceux qui lancent la balle et frappent leurs objectifs et sont heureux de le faire et ceux qui reçoivent et subissent les coups de balle surtout à leurs flancs et font tout pour ne pas en gémir de douleur. Les Gauchers de la main ont le lancer frappé très dure qu’il fallait les choisir toujours dans le propre groupe. Au cours du jeu, on évite pour le mieux d’être la cible dans leur ligne de mire. On jouait ce jeu aussi devant l’école entre midi et treize heure juste avant l’entrée en classe..
    Ce soir là, c’était dans l’ambiance enfantine et l'insouciance de la peur ,qu’ on jouait à ce jeu etqu’ on était au terme de le quitter quand des coups de feu crépitèrent et se firent entendre à nos oreilles habituées à les entendre parfois mais venant de loin.On croyait d’abord ’ que c’était de la caserne militaire des Dragons implantée au beau milieu du village que les détonations venaient comme cela se faisait de temps à autre. Mais Cette fois, On avait cette certitude ça venait d’en bas à deux endroits différents du village. Juste peu après ces coups de feu, un vrombissement de moteur se fit entendre, s’approchant de notre coté.de la rue.. Une voiture surgit à nos yeux comme un bolide. C’était une voiture Simca une P60 une marque de voiture de couleur blanche.
    On la voyait virer à notre direction pour prendre cette rue plus grande où nous jouions qui la mènerait tout droit à la sortie du village vers la route de Médéa. La voiture dans sa lancée roulant à toute vitesse, prise dans son élan en voulant tourner a failli se déverser dans le grand bassin à raisin de la cave.
    Elle est bien passée devant nous avec ses occupants armés.

    Pris de panique, presque nous tous, avions trouvé refuge chez une famille toute proche dont la porte nous a été ouverte. Ammi Ali rabi yarhmou) dans sa kachabia sans demander l'âge à personne nous pressait d’ entrer au plus vite .Ses trois enfants étaient parmi nous dans cette rue.Pour Ammi Ali. pourvu pour lui que tout le monde soit à l'abri.

    la nouvelle se répandit très vite dans tout le village.

    La main de L'O.A .S venait de frapper en cette fin de journée.
    Le père d’un de nos camarades de jeu et d’école a été assassiné dans son bureau de la mairie de Djendel Lavigerie et un autre d’une autre famille bien connue en plein centre du village.
    Parmi nous ce jour là ,ce camarade était là et a bien vu cette ignoble voiture passer devant lui; mais ignorait que parmi ses occupants se trouvait quelqu'un d’assassin qui à bout portant a tiré une balle fatale pour son père.
    Son frère plus âgé que lui interne au lycée Mustapha Ferroukhi de Milana sera averti le matin même au pied de l’arbre d’un platane de la cour par un maitre d’internat que son père venait de décéder. Et qu’il doit se préparer pour rentrer …
  • un lecteur
    • 13. un lecteur Le 07/03/2014
    Une petite légende pour cette vieille photo aimablement publiée par notre Noria .
    La photo qu'on voit tout en haut est celle d'une très vieille photo du village(Djendel ex Lavigerie) et on ne sait comment remercier Noria d'avoir pensé à publier celle ci aux nostalgiques et que sa prise de vue est celle d'un temps passé vécu par d'autres et qu' eux ils n'ont pas connu .
    Sa vue représente le centre du village,on voit tout au fond ce qui était une boulangerie dans le temps et juste à sa gauche à la deuxième tache noire représentant une porte l’épicerie du village de la vieille Mme Caseau .
    On voit aussi Le jardin public avec ses arbres et sa clôture en bois avant sa construction en ciment et là juste où on voit ce vieux descendre aidé de sa cane il y avait une fontaine publique.l'habitation au dessus du vieux est celle d'un entrepreneur qui a contribué aussi par ses camions à bennes à la construction des sept ponts de la route d'Alger entre Oued Djer et Bou Medfaa

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