À la mémoire des absents/ Par Med BRADAI
Cette année là, la 5è AM3 a eu un nouveau professeur d'éducation physique. Il venait interrompre une période creuse d'un temps d'absence, remplacer un collègue français, ancien prof de sport du lycée que nous avions eu l'année dernière. On souhaitait tous avoir Mr LANDJERIT comme prof mais c'était dire que le chiffre 3 de notre classe toujours à la queue ne devait pas choisir et devait se contenter du peu de ce qui reste de la lie au fond d'un seau.
Cette dernière catégorie du chiffre 3 dans le rang de cette classe a toujours su gardé un visage fier et hautain tout le long de son périple de distribution de profs. Ce nouveau prof bien arabe, algérien de source, mais à l'entendre croasser, ne parle que français avec ce "R" qu'il n'aime pas rouler, façon à lui de ne pas s'exprimer comme nous, presque jamais un mot d'arabe sauf quand il a envie de dire "bismilah-l'hamdou lilah", c'était tolérable à ses lèvres pour commencer et finir ce qu'il y a mieux à digérer au moment du manger.
À sa première apparition il nous fut présenté par le Surg "Abdelwahab", vêtu d'un survêtement qui lui allait de taille, bien rare ce costume d'entrée, qui fut un luxe dans le temps pour nous élèves sportifs. Un survêtement tout en noir même pas un décor dessus en blanc. À l'instant même l'état civil du lycée sis classe 5è AM3 lui choisit son nom. Ainsi il fut baptisé suivant les rites du lycée comme tous ceux qui franchissent le seuil de son entrée afin que la famille se distingue qui est le maitre et qui est l'élève. On ne pouvait espérer mieux ce jour là comme providence pour chercher et trouver ce nom, le dictionnaire, tout lexique confondu du groupe était présent et en fut chargé du minutieux travail demandé, il se donna un peu de mal mais trouva ce qu'il fallait et ce qu'on voulait, il proposa le nom d'un oiseau illustre au même titre que son croassement, à l'unanimité, il fut accepté.
Les jours et les mois passèrent et on s'est habitués à sa méthode de sport, comment nous faire bouger du sol sans qu'il y est parole de lui mais à coups de sifflet, comment monter une corde sans l'aide et au moyen de nos pieds, comment sauter une corde en prenant soin de ne pas faire tomber celui qui la tient, il commença petit à petit à nous connaitre un à un du plus naïf au plus malin, et à connaitre mieux ce petit groupe de la 5è AM3 qui commençait lui aussi à l'aimer.»
Un jour par une matinée glaciale, par amour à ses élèves, il nous emmena à ce prestigieux stade du lycée ou le vent du Zaccar dans toute sa douceur matinale nous accueillit dans son berceau en nous envoyant son petit bonjour à petit souffle, et notre corps si tendre recevait en tendres baisers d'intervalles adoucissements de son joli versant de flanc. À contre cœur et avec regrets, nos vêtements se détachaient de notre corps laissant au frais notre peau changer de physionomie en chair de poule.
Dans ces moments de grelotements, on faisait nos mouvements de jambes sans qu'il nous ai donné ses fameux coups de sifflet et nos bras s'entrelaçaient entre eux pour ne pas qu'on perde l'équilibre, chacun en pratiquait à sa guise cette nouvelle méthode non programmée. Au premier coup de sifflet de notre.....On devait le suivre au pas, faire un tour d'honneur au terrain de ce stade avant d'embrasser son sol.
Au miracle de ses sifflets qu'il ne cessait de répéter à nous faire entendre nos joues devinrent bien rouges et bien gonflées, à nous voir après un soufflement, on les prendrait pour des croissants sortis récemment du four. Agacés en cette période de froid, par les bienfaits du Zaccar, il nous fallait bien trouver une solution pour garder sur nous, nos vêtements. Le tour d'honneur et les mouvements habituels terminés, il nous restait cette partie de ballon, faire circuler cette balle d'un bois à l'autre pour faire bien plaisir et entendre les applaudissements et encouragements d'un seul supporteur mais neutre dispensé du sport c'était l'élève HACHEMI RADOUANE "Rabi yarhmou".
De loin il applaudissait tout action d'un élève dribblant ce pauvre costumé en noir, alors l'idée est venue il fallait renforcer l'équipe des gradins, un cri et deux mains ne suffisent pas à eux seuls.
Dans le trio de la ligne de défense de notre camp, je m'y trouvais et avec moi les nommés Bouzidi et Adib tout court de taille mais il a été choisi pour arrêter et stopper des plus costauds que lui, quel malheur après, pour notre équipe de nous avoir choisi tous les trois, rien qu'à nous voir discuter entre nous au point de penalty et laisser l'adversaire seul, libre au gardien de faire ce qu'il pourra avec lui, mettait nos camarades hors d''eux, le gardien ne pouvait rien, le but a ete marqué : 1 à 0. Pour le deuxième but, il y avait ceux qui pleuraient et ceux qui riaient, sauf notre prof je ne sais pas pourquoi il s'est mis à terre à penser.
Le trio de défense adopta une autre tactique, nous nous sommes placés en file indienne et devons contempler l'adversaire en possession du ballon qui venait le laisser passer devant nous, le regarder faire et laisser le gardien se débrouiller seul. Et là, c'en est trop pour notre prof, il nous appela tous les trois, en nous disant " vous n'êtes pas fait pour le ballon, je vous prie de bien déguerpir de ma vue". De ce jour, ce n'était plus un qui applaudissait les exploits de dribles que subit notre bourreau du carton rouge mais quatre assis sur ce mur qui longe le terrain. Pour bien nous éloigner, il nous donna un ballon de volley en nous priant d'aller jouer un peu plus loin au lieu de les déranger. Ainsi fut pour nous le soulagement et le soin de ne plus nous déshabiller en plein air.
À toute cette classe de 5èAM3 qui se souvient de ces sorties à ce magnifique stade du lycée, de notre rencontre dès fois en plein hiver des trois bonhommes qu'on trouve coucher à même le sol couvert de neige et qu'en ouvrant leurs yeux ils nous font signe d'un petit bonjour, et de nous souvenir encore, de ces petits godets de gland qu'on achète avec les quelques sous restants aux fonds de nos poches juste à cette entrée du stade.
« À la mémoire de ceux qui ne sont plus de cette classe inoubliable, ils seront toujours présents dans nos cœurs.
Commentaires
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- 1. miliana Le 23/06/2012
JE SUIS VRAIMENT PEINÉ PAR CETTE TRISTE NOUVELLE CONCERNANT LE DÉCÉS DE MONSIEUR BOUCHAKOUR ERRAHMANI HOCINE ALLAH YARHMOU.INA IL ALLAHI OUA ILAYHI RADJIÜN.C'ETAIT QUELQU'UN DE MA GÉNÉRATION BIEN QUE NOUS NE FUMES PAS DANS LA MÊME CLASSE,MAIS NOUS NOUS CONNAISSIONS TOUS.ALLAH YARHMAK KHOUA EL HOCINE.
CHENGAB KHALED. -
- 2. benchaiblarbi ( abdelkader ) Le 22/06/2012
salam à tout le monde , je viens d'apprendre par la presse que Bouchakor Rahmani Hocine nous a quittés ; C'est un ami de longue date puisque nous avons fait ensemble la maternelle , l'école Maubourguet , le lycée Ferroukhi et la Fac de Benaknoun . Père de famille exemplaire , brillant gestionnaire à la Cnep , il était modeste , gentil et brave .Rabbi yarrahmou ;inna lillah wa inna ilayhi radji3oune. -
- 3. miliana Le 21/06/2012
BONJOUR,IL EST VRAI LARBI QUE LES ANECDOTES ET LES EVENEMENTS QUE RAPPORTENT LES INTERVENANTS TEMOINS DE LEURS ÉPOQUES RESPECTIVES, DOUBLERAIENT EN INTERET S'ILS ETAIENT ACCOMPAGNÉS D'UNE DATATION,ET D'AUTRES PRECISIONS QUI NE POURRAIENT QUE RAVIR LE LECTEUR.J'AI MOI MÊME FAILLI INVOLONTAIREMENT A CETTE OBLIGATION DANS MES HUMBLES CONTRIBUTIONS,NON PAS PAR SOUCI DE NE PAS HEURTER LA SUSCEPTIBILITÉ DE CERTAINES PERSONNES CAR LES NARRATIONS DANS LEUR ENSEMBLE NE SONT QUE CE QUE RETIENT LA MÉMOIRE AFFECTIVE DE BON ET DE PLAISANT AVEC SOUVENT EN FILIGRANE UNE POINTE D'HUMOUR.MAIS PLUTOT PARCE QUE JE PENSAIS QUE LES LECTEURS IDENTIFIERONT L'EPOQUE A TRAVERS A LA FOIS LE NOM,ET LES QUELQUES DETAILS QUI CONSTITUENT LA TRAME DU RECIT.DEMARCHE QUI PEUT PARAITRE A LA FOIS PRETENTIEUSE ET SURTOUT INCOMPLETE DANS LA MESURE OU ELLE NE S'ADRESSE QU'A UN CERTAIN NOMBRE DE LECTEURS AYANT ÉVOLUÉ DANS LES MÊMES CLASSES ET A LA MÊME ÉPOQUE.JE FAIS LA MON MEA CULPA.S'AGISSANT DES INTERNES,JE PENSE QUE LEURS TEMOIGNAGES EN RAPPORT AVEC L'INTERNAT BRASSENT BEAUCOUP PLUS LARGE DANS LA MESURE OU AU MOINS SEPT CLASSES SUCCESSIVES ONT VÉCU A CHAQUE FOIS QUASIMENT LES MÊMES SCENES AUX MÊMES ENDROITS.
CHENGAB KHALED. -
- 4. benchaib larbi ( abdelkader ) Le 21/06/2012
salam à tous , loin de moi l'idée de donner des leçons , mais relater un fait , un événement ou un souvenir doit impérativement être fixé dans le temps .j'ai fait la 5ème 3 en 69/70 au lycée Ferroukhi et ça m'intéresse de savoir de quelle 5ème3 parle Med Bradai .Une évocation , tout comme une belle histoire si on perd les références du livre qui la raconte , elle meurt .C'est pourquoi j'invite - avec la permission de Mme Noria - les intervenants à donner des dates , des lieux , des noms entiers , en sachant que si beaucoup d'entre nous ne réagissent pas directement , il me semble qu'ils éprouvent au moins du plaisir à lire les anecdotes du passé.
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