Le collier de zéros
Après deux années de bons progrès en arabe grâce à Chikh Salama au CM2 et à Oustedh Bencheikh en 6ème, ne voila t'il pas qu'on nous débarque un prof de la ville du "bonheur" des Hauts Plateaux.
C'était l'année durant laquelle on instaura le "livret de correspondance" dans lequel nos enseignants portaient quotidiennement toutes les notes et observations nous concernant.
Il faut reconnaître que celles de la langue arabe n'étaient pas au top !
Ce que j'avais personnellement commencé à construire du point de vue connaissances en arabe se mit à s'étioler tellement les cours ne ressemblaient à rien. Le chahut était légion et les familiarités avec le prof une habitude.
Mis à part l'heure consacrée à "El Mahfoudhate", je ne me souviens de rien.
Je me dois d'admettre que j'étais partie prenante du chari vari et ne faisais aucun effort même en poésie !
Il y avait par contre quelques élèves qui s'arrangeaient pour se mettre à l'écart.
Elles se cachaient derrière leur mini cartable ( très à la mode en ce temps là) et on ne les entendait pas une seule fois.
Que faisait-elle derrière leur paravent ?
Elles lisaient! Elles en dévoraient des livres !
Une habitude qui finit par m'interpeler. Pourquoi ne ferais-je pas de même ?
J'ai fini par me joindre aux "liseuses" non sans me remettre à apprendre mes poésies et à les réciter vaillamment à mon professeur.
Quant à l'atmosphère de la classe, elle redoublait d'intensité à la séance de 16h à 17h.
C'était l'hiver, la saison des glands, qui ne manquaient pas dans la ville où j'ai grandi car elle se trouvait au pied du Zaccar et de ses forêts.
Une camarade avait débarqué avec une tonne de ces fruits !
Elle se permit de les proposer à notre professeur assis à son bureau et qui se mit à les distribuer à toutes celles qui avaient accouru pour en avoir...
Notre Oustedh était entouré d'élèves excepté une liseuse* et moi même.
Vers la fin de la séance, il appela nos deux noms pour nous donner "notre part". Ce que nous refusâmes.
Il nous enchaina un nombre de zéros proportionnel au nombre de glands qui trainaient sur le bureau !
Nous en eûmes 6! Ils décorèrent notre livret de correspondance !
Le lendemain, mon père alla signaler l'incident au Proviseur.
Celui ci débarqua dans la classe de 16h à 17h. On ne l'entendit même pas frapper à la porte !
Il trouva pratiquement toutes les élèves autour du bureau.
Il prononça mon nom, je me levai mais il ne fit aucun commentaire !
Je suppose que notre cher professeur a du recevoir des rappels à l'ordre en aparté.
Mr Benmoussa, notre imposant proviseur ne fit aucune allusion ni à mon père ni à moi!
Deux modèles de pédagogie à l'opposé l'un de l'autre !
Vous ne devinez pas qui était la deuxième liseuse ?
C'est Samia Talbi !
Commentaires
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- 1. ferhaoui Le 15/04/2015
bonjour tout le monde, bonjour safia, c'est un bien plaisir de suivre pas a pas votre aventure d'élève du coup vous me faites revenir en arrière c'est a dire dans ces années bonheur dans ce merveilleux lycée abdou, filles ou chaque salle de classe avait sa propre histoire avec un prof ou des profs...voire des anecdotes, diableries etc.. bref toutes ces choses donnent envie de broder une bande dessinée et ce a travers vos notes de témoignages en tout cas, c'est une idée qui mérite d'etre réfléchie pourquoi pas la matière première est là.. au reste, j'espère que mon portrait en voie de finition n'est ce pas! y a safia! bonne soirée l'ami ferhaoui, oran. -
- 2. belhocine safia Le 14/04/2015
Oui, Fazin , je n'ai juste pas voulu mettre le nom.
Comme nous l'avions dans l'enceinte du lycée, on n'avait pas la "chance" de lui faire le chantage de votre génération, c'est à dire les confiseries!
Ce qui est étrange, c'est qu'il me semble qu'il n'était pas resté longtemps. je l'ai eu en cinquième, en 1967/68.Est ce que ces dates coincident avec votre scolarité? -
- 3. noria Le 14/04/2015
Bonjour tout le monde,
merci Safia pour ces extraits de souvenirs d'antan. Exactement Fazin, j'ai pensé à ce prof d'arabe que j'ai eu en 6ème, une pagaille sans nom mais il était trop gentil ...
Le bon vieux temps -
- 4. fazin Le 14/04/2015
Bonjour Safia ,
J'ai bien ri en lisant vos '' mémoires '' et je vous remercie de nous transporter vers ce passe si lointain et pourtant si nostalgique .Le professeur en question ,ne serait il pas Mr Kassimi ? Car ,nous aussi nous l'avions comme prof d’Arabe et c’était la pagaille dans ses cours .Je me rappelle qu'on refusait d’intégrer la classe et qu'il était obligé de nous acheter des bonbons et des chocolats pour ça . Merveilleux temps .
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