Le lycée Med ABDOU, le Temple où l'on peut se procurer la connaissance et le savoir/ Par Djillali DEGHRAR
Le lycée Mohamed Abdou ressemblait beaucoup plus à un édifice religieux voire un lieu privilégié, de par son calme et de par sa tranquillité qui y régnaient. Où incontestablement furent desservis la connaissance et le savoir. Un endroit petit, un véritable petit joyau au milieu d’un pâté de maisons de type coloniales avec les alignements et les décors y afférents. Petite demeure, parfaitement harmonisée où l’on s’abreuve des préceptes et doctrines distillées et fournies à cet effet. Son fort intérieur très exigu toutefois paraissant plus grand de par ses histoires, ses anecdotes et surtout son intimité. Son cachet intime, particulier et serein avait dépassé les abords des frontières de la ville de Miliana.
Les anciennes élèves (filles abdounettes) lorsqu’elles reviennent sur le site pour revoir et contempler cet édifice, elles pleurent par la sensation ressentie. La chair de poule envahie tout le corps et cela avec beaucoup d’émotions. Ce sont des moments très forts. Elles se rappellent de tout, des histoires, des anecdotes et en plus de ces graffitis sur les murs et les arbres. Histoire de se rappeler de certains souvenirs ainsi que d’authentiques passages intimes. Vivre trois ans dans ce temple équivaut à quelques semaines. L’oubli ou bien l’omission de cette grande demeure devient impossible voire impensable.
Par où commencer et par où débuter. Je n’ose pas écrire quoique se soit, La nostalgie est très forte. Le magnétisme et surtout l’attraction de ce sanctuaire nous impose le respect et la considération. Ce temple qui est le lycée Mohamed Abdou m’interpelle à chaque instant, il me fascine et me force l’attention et la retenue. Chaque fois que je réalise de faire quelque chose, d’autres faits m’emboitent le pas et me figent encore dans ma place.. Une sorte d’aimantation ou une attraction m’obligent à me prosterner et cela pendant un long moment, en signe de respect et de dévouement. Avant de se laisser glisser lentement pour s’engouffrer lentement à l’intérieur. Cette attente fut très significative et apporte pas mal de réconfort et de consolation. Celui ou bien celle qui l’avait surnommée ainsi ne sont guère trompés. Certes, c’est vrai, chaque fois que l’on approche de cette demeure on ressent les mêmes sensations et les mêmes perceptions.
Personnellement, je n’ai pas eu le privilège d’avoir étudié au milieu de ce bel endroit, donc, je ne peux ressentir réellement les mêmes sensations que ceux ou bien celles qui y étaient. Par contre, on percevait nous aussi ces sensations pas directement mais surement par une transmission de pensée avec nos sœurs abdounettes. Elles étaient belles et agréables à voir. Le lycée possédait un sens voire une signification peut être à cause d’elles. Elles étaient magnifiques et admirables à contempler.
L'historique du lycée Mohamed ABDOU
En 1876, 11 ans après la création d'une école normale de garçons, le gouvernement Français décide d'implanter en Algérie l'école normale pour jeunes filles. Il choisit comme lieu d’exécution du projet au niveau de la petite ville de Miliana. Le décret N° 3893 fût signé en 1874 par Mac Mahon, ministre de l'instruction publique, des Cultes et des Beaux Arts. Cette école va former des institutrices pour toute l'Algérie jusqu'à la création des écoles normales d'institutrices de Constantine et celle d'Oran.
En 1946, l’école Normale redevient un lycée ouvert aux jeunes filles, sous le nom * d'Alphonse Daudet*, c'est après l'indépendance qu'il sera appelé lycée de filles Mohamed ABDOU.
Le lycée Mohamed Abdou fût aussi collège de la 6ème à la terminale, il fût dirigé par Mme KASDALI Fettouma (Première Directrice de l'Algérie indépendante), des professeurs en majorité Français - Egyptiens et Russes, des maîtresses et deux surveillantes Générales d'internat et d'externat, en 73/74 l'établissement connut un changement de structures (suppression du cycle moyen) pour ne laisser place que le secondaire en internat.
La cour du lycée en 1912
Le lycée Mohamed Abdou avait connu la visite du président de la république Ahmed Ben BELLA en 1963, juste après l’indépendance. Ce fut un grand honneur et il s’est inscrit comme l’une des grandes visites depuis l’indépendance.
Mme Kasdali Fettouma en compagnie du proviseur Moussa Mokeddem
Première proviseur du lycée Mohamed Abdou, en visite au lycée après tant d’années. Un proviseur qui aurait marquée son temps et qui a eu l’honneur de recevoir le président de la République Ahmed Ben Bella en 1963.
Hommage aux anciennes élèves décédées
Lorsqu’on revient sur les lieux, on ressent beaucoup d’amertume pour nos camarades disparues, mortes dans diverses circonstances (Rabi yarhamhoum).Un grand hommage est aussi rendu à ceux qui faisaient partie du personnel. On se rappelle encore de leur nom, leur prénom et aussi leur voix.
La balustrade
La balustrade fut un souvenir très parquant dans notre vie. La balustrade, en elle-même, évoque beaucoup de souvenirs, celui des regards des amoureux du lycée voisin. Les anciens de Ferroukhi ont toujours eu de très bons souvenirs auprès de leur amies du lycée Mohamed Abdou.
Chaque objet, chaque mur, chaque façade, chaque fenêtre retiennent les retentissants moments inscrits dans le déroulement du temps.
Séance de spiritisme
Une dizaine de filles avec la complicité d’une maitresse d’internat se sont réunies autour de la grande table, les verres au milieu. Et autour de la table, sont desservies les 26 lettres de l’alphabet.
Quelles sont ces séances de spiritisme ? Et de surcroit à Miliana et précisément au lycée Mohamed Abdou ? Eh oui bien sur, il y avait eu une première séance de spiritisme dans le lycée et à minuit comme le veut la tradition !!!
C’était beaucoup plus un essai voire une tentative afin de satisfaire une curiosité qui se pratiquait uniquement dans le monde occidental. La peur de voir sortir un esprit les découragea beaucoup. Et ce fut, d’ailleurs, la dernière séance de spiritisme au niveau lycée Mohamed Abdou.
Le Flûteur, mystère !!!
Beaucoup d’histoires et de contes furent racontés sur ce notre mystérieux flûteur. Il était là chaque soir, il ne cessait de jouer des mélodies avec sa flûte pour les abdounettes. Il venait pour les bercer afin qu’elles s’endorment. C’était également doux de sommeiller grâce et à travers les sons de ces mélodies. C’était comme Ulysse avec ses sirènes dans l’épopée d’Hercule.
Chaque soir, à l’heure du coucher, notre ami, venait pour faire endormir ces charmantes belles filles. Mais lui (le gars à la flûte) avait, peut être, une raison particulière de venir chaque soir jouer à la flûte. Il venait comme pour montrer sa présence ou bien dire bonne nuit à sa princesse charmante. C’était sa manière d’aimer son amie. Rien ne pouvait le retenir ni le contraindre.
Le gars à la flûte fut bien sûr une énigme et ou un mystère. Personne n’avait su qui était vraiment ce mystérieux personnage qui à chaque soir enflammait les nuits, de par sa musique, tout autour du lycée Mohamed Abdou avec cet air de flûte et que certaines abdounettes avaient trouvé troublant et excitant. Il les berçait pour enfin les faire endormir comme une berceuse.» Sûrement, une abdounette d’entre elles savait parfaitement qui il était. Elle voulait, peut être, garder jalousement tout cela en secret.
Parce que cette discrétion donnait à son amour toute l’apothéose nécessaire et indispensable comme cela, toutes les abdounnettes pensaient que c’étaient pour elles, d’ailleurs, elles n’étaient pas jalouses mais conciliantes et aimantes.
Professeurs par décennie
On se rappelle toujours bien de ces professeurs de l’époque, et cela à travers les décennies qui n’ont pas cessé de nous emballer et nous réjouir par la qualité, la simplicité et surtout la manière dont sont dispensés les fameux cours de leçons. Des cours distillés avec une aisance particulière, les élèves qui comprenaient très vite parce qu’ils étaient devant des imminents professeurs.
Nous avons beaucoup appris d’eux, ce qui était important c’est que ces processeurs venaient de différents lieux, de différentes religions et de différentes cultures. Donc, nous nous sommes instruits beaucoup d’eux ; développer la culture générale ; connaitre des idées et passages propres à leurs vie, ils nous apprenaient comment était fait l’occident, l’orient et l’Asie. C’était, certes, avec beaucoup de diversifiés, mais nous, on adorait…Quelques noms de professeurs :
Piéri, Berthier, Stambouli, Ferhaoui et Miss Autin
Des professeurs d’arabes, ainsi que d’autres professeurs dont nous avons oublié leurs noms et prénoms, nous nous excusons auprès d’eux.et aussi auprès de nos amies abdounettes.i.
Visites importantes
Nota béné :
Nous avons su aussi, selon certaines sources, que les doyennes du collège en question en 1945 (parmi onze autres camarades françaises), furent :
· Madame Djoher Amhis-Ouksel.
· Madame Fatma Zohra (Tita) Fellague.
En dernier, nous n’avons pas la possibilité et le droit d’opter pour une conclusion. C’est en quelque sorte clore manifestement ce document sur l’histoire du lycée Mohamed Abdou. Nous préférons la laisser ouverte afin que d’autres histoires et souvenirs puissent être révélés aux anciens et aux anciennes.
Commentaires
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- 1. Chantal Le 15/12/2016
Une rétrospective tout à fait intéressante pour moi qui n'ai connu, en tant qu'élève, QUE le Lycée "Alphonse Daudet" sur trois années seulement puisque j'ai quitté Miliana en 1962.
Merci Djillali de nous faire partager votre culture.
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