Pour une heure d'étude/ Par Fazin
Permettez-moi de faire partager cette anecdote, qui j'espère vous fera revivre le vécu des années d'internat où, loin du nid familial, nous nous sentions opprimées et nos amours propres piétinées par des pionnes et des surgés qui versaient dans l'excès parfois.
Mon histoire se déroulait juste avant que nous passions le bac, ce sésame qui allait nous délivrer des sempiternelles remontrances et nous ouvrir les portes vers plus de liberté et de savoir. La direction, soucieuse de nous voir réussir et pour pouvoir avancer dans nos révisions, nous accorda une heure d'étude en plus de l'horaire habituel. D'habitude je ne restais pas, n'étant pas incline à veiller. Paresseuse ? Non, plutôt couche tôt. Ce soir-là, parce que le bac approchait à grands pas et par envie, je décidais d'imiter les autres et restais. Mes camarades allaient bon train et révisaient studieusement, mais mes yeux se fermaient d'eux-mêmes. J'avais beau essayer de les garder ouverts, en vain. Les bras de Morphée se tendaient vers moi et me faisaient signe de m'y blottir. Comment ne pas succomber à cette douce tentation !!! En effet, très difficile de résister à l'assoupissement qui m'envahissait !!! Prenant mon courage à deux mains, je me dirigeai vers la pionne et la priai gentiment de me laisser filer. Sans rechigner, elle m'autorisa à quitter la salle d'étude en direction du dortoir. Je grimpai allègrement les escaliers, contente à l'idée de me retrouver dans mon lit douillet. Arrivée à la porte je la trouvai fermée. Une douche froide !!!! Quoi faire ? Retourner à l'étude ? Non et non je voulais dormir. Je sortis dans la galerie et regardai à droite, à gauche, de tous les côtés. Personne en vue, donc pas de danger. Je frappai à une fenêtre et demandai à ce qu'on me l'ouvrit. J'enjambais la fenêtre et comme j'allais me laisser tomber à l'intérieur, j'entendis une voix stridente, sortie de nulle part, m’interpeller par mon nom !!!! Oh mon Dieu c'était Mlle Saïd, la surgé. Où était-elle tapie quand je scrutais les ténèbres ? Sûrement derrière un arbre dans la cour. Elle m'avait aperçue quand j'avais quitté l'étude et elle suivait attentivement la suite des évènements. Comment ne l'avais-je pas repérée ? Mlle D. Une deuxième fois. Je sentis mon corps se glacer et mes pieds se dérober sous moi. Mais non, il ne fallait pas succomber à la frayeur. Allons allons me dis-je, courage et pesant le pour et le contre je pris une décision que je jugeais juste. Faisant la sourde oreille, je sautai, fermai la fenêtre et rapidement me dirigeai vers mon box où je me mis en tenue de nuit et me glissai entre les draps, sans songer à faire ma toilette, car j'appréhendais ce qui allait en résulter...Quelques minutes s'écoulèrent, le temps que la surgé a dû mettre pour grimper quatre à quatre les escaliers et la voilà qui tirait le rideau de la cabine en ricanant. Je fis semblant de me réveiller en sursaut mais c'était sans compter sur la perspicacité de la surgé. Elle me sermonna et me pria de la suivre immédiatement. J'enfilai ma robe de chambre et j'obtempérai aux ordres. Des questions me creusaient la tête. Où allait-elle m'emmener ? A son bureau, chez la directrice ?? Je n'en avais aucune idée et je n'osais même pas lui demander. Qui d'ailleurs aurait osé !!! Je la suivis docilement. Nous descendîmes les escaliers.
Je désespérais de connaitre ses intentions, mais la faculté de jugement me faisait défaut à ce moment-là. Et voilà, je réalisai qu'on se dirigeait vers la salle d'étude. C'était le comble. Arrivée devant la porte elle m'intima l'ordre de rentrer. J'étais toute penaude et confuse dans mon accoutrement, mais surtout malheureuse à l'idée que la pionne allait prendre un savon à cause de moi. Mes camarades, narquoises, ne cessaient de me lancer des regards pleins de sous-entendus et moi, toute petite dans mes souliers, ne savait plus ou me mettre. Puis elles éclatèrent de rire. C'était ça ma punition...La surgé fut indulgente cette nuit-là et ne blâma pas la pionne pour m'avoir permis de quitter l'étude. Heureusement... Je pris ma place sans broncher Adieu sommeil !!! Enfin c'était la première et dernière fois où je faisais l'étude de 9h à 10h.
Commentaires
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- 1. zethos Le 15/05/2015
SACRÉE FAZIN !!
TA MÉSAVENTURE EST INNOCENTE ET LA SURGE A ÉTÉ COMPRÉHENSIVE. TU AVAIS BESOIN QU'UN PEU PLUS DE SOMMEIL ............
mourad z. -
- 2. fatiha Le 15/05/2015
Que des bons moments et des bons souvenirs, nous ne les oublions pas. Ce site est très agréable -
- 3. Benyoucef Le 22/06/2013
Bonjour Fazin
Permettez de vous féliciter pour le style de narration que revêt le talent de vote plume en nous racontant cette histoire passionnante ou le sommeil et votre intrépidité étaient le fil du récit.
Encore une fois merci de nous offrir cette balade narrative abdoubate
Amicalement -
- 4. fb Le 13/06/2013
Il est vrai que Melle Saïd était redoutable. Très stricte sur le règlement. Elle se postait à l'entrée de la petite porte le matin (cette porte ne laissait passer qu'une voire deux élèves à la fois), les bras croisés, l'air sévère et nous scrutait une par une, à l'affût du moindre débordement: un trait de Khôl trop prononcé, une tenue un peu fantaisiste (en dépit de nos blouses), un rire un peu trop sonore, et elle apostrophait les "coupables", les rappelait à l'ordre, parfois les renvoyait! Melle Saïd était redoutée de toutes, et j'imagine bien la terreur et l'effroi que vous avez ressenti. C'était malgré tout une très bonne surveillante générale, consciencieuse, impartiale, et soucieuse que tout se passe pour le mieux pour les élèves. Elle savait aussi et heureusment être à l'écoute et faire preuve de bienveillance. -
- 5. Bradai Le 13/06/2013
A l’héroïsme de Fazin .
En voyant l’ossature surgir de la Surgé
J’ai dit voilà,je suis dans de beaux draps je vais être jugée.
Faisant la roublarde me suis-je dit ,il n’est point trop tard .
Comme une futée ,de ma cervelle j’ai œuvré tout un art .
L’astuce est d’en Fermer un œil et voir le bout par l’autre
Peut être que L’humour de la Surgé serait il comme le notre.
Hélas, et bien hélas C’était sans compter sur son œil de maitre.
C’est ce qui m’enleva de suite toute espérance .
Qu’est venue de mon intelligence
L’humour fut pour la Surgé comme le café : meilleur mais très noir.
Elle me fit descendre une à une les marches d’escaliers sans attendre.
En plus de ça comme punition en robe de chambre .
les larmes aux yeux , pour moi c’était si sombre.
Où va-t-elle m’emmener me suis-je dit encore.
C’est en étude pour terminer l’œuvre de mon rêve .
Le rire de mes copines sera pour moi une preuve
Que la Surgé voulait me faire voir où cela a mené ma manœuvre.
Meme si aucune sanction n’est venue de son autorité suprême .
L’ humour pour moi c’était d’entendre rire les gens qu’on aime.
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