Parade aux portes du Méchouar/ Par Mohammed MIDJOU
Différemment aux autres saisons et bien que le programme arrêté ciblait le palais de la culture, le Ministère a retenu par mérite les deux villes que sont Miliana et Cherchell en les invitant à rejoindre à la mi-février, la capitale des Ziannides pour l'ouverture des festivités dont Tlemcen y est désignée pour abriter la culture islamique de 2011 chargée d'accueillir une cinquantaine de délégations de par le monde. Encouragées par cette sollicitation importante dans la carrière de jeunes associations enclines à soigner leur palmarès, tous les ingrédients ont été apportés à la préparation technique pour une éventuelle participation en compagnie d'autres troupes et confréries habituées dans l'animation des artères au milieu des foules bruyantes telles Sidi Blel de Saida, Diwan El-Djazair, Blida, Sidi Belabbes et Constantine.
Seize heures sonnantes, sont regroupés, rutilants dans leurs habits aux vives couleurs, les animateurs sur la grande placette face à la vieille mosquée en attendant le signal de départ vers le Méchouar. Dans un exercice d'échauffement de musique confuse et de baroud des cavaliers aux montures trottant le pavé sous une pluie fine, la zorna, le bendir, les castagnettes, les refrains sur le prophète repris choralement au milieu d'une foule de plus en plus dense attirant journalistes et de nombreux amateurs de photos. Aux avant-postes les Aissaouas brandissant leurs sandjaks au vent, le cortège s'ébranle avec son charivari cacophonique, le groupe de Cherchell fermant la marche, à ses trousses, des grappes de tout bord se fondirent et s'engouffrèrent dans le boulevard au son des clameurs, des cris, des vociférations et youyous lancés des balcons. Comme d'habitude à leur passage, les M'narettes, à l'allure des Miss, offrirent mille et une fascinations, l'émerveillement de chacun est aussitôt immortalisé par flash quand d'autres vieilles personnes, nostalgiques des temps anciens, s'adressèrent par des encouragements et des remerciements pour la perpétuation de la tradition millénaire, le rappel de la ferveur et la mémoire religieuse.
Accueillant les participants à la parade commune, la Ministre sous un air opulent, entourée d'un panel important de la scène culturelle exprima ses réjouissances par le sourire suivi des applaudissements chaleureux de l'assistance aux exhibitions artistiques offertes respectueusement en ce jour de fête et de rencontre mutuelle et fructueuse. Du haut des vieux remparts du Méchouar, autrefois siège des Almoravides, un arsenal photographique professionnel et amateur cadrait et filmait l'euphorique folklore.
Milianaisement charmeuse par son décor, triomphante au milieu d'une symbiose née dans ses contours d'un teint chatoyant de cire et de toile, les arrières assurés par de blancs perchistes avançant d'une cadence mesurée, l'harmonie vestimentaire de ses encadreurs satisfaits jusqu'à arborer une mine joviale tous fiers de leurs racines, une humble sensation de défenseurs du patrimoine, un attachement fiable aux valeurs séculaires, une réelle image civilisationelle présente, tant de détails dignes et respectables puisés à l'aube d'une époque lointaine obligeant Son Excellence, d'une attitude clairvoyante et nullement fragilisée par le boycott, de se libérer momentanément de son siège pour saluer les ambassadeurs d'une culture spirituelle et croyante profonde en faisant partager la fiesta dans la liesse, avec les arabo-andalous que sont les Tlemcéniens et tous les gens en transit temporaire, les coutumes ancestrales qui se déroulent chaque année généreusement dans un esprit de communion au Mausolée de Sidi Ahmed Benyoucef El Youssoufi. C'était tout à l'honneur d'une cité enclavée, gisante au pied du Zaccar et que l'on disait d'elle, mourante, c'est compter sans la fougue énergique de ses habitants et la noble mission de réhabilitation des us et coutumes dévolue au plus haut niveau, à pied d'œuvre quoique l'on dise pour redorer le blason de sa dimension socio-culturelle. Un moment solennel devant une tribune pleine d'artistes connus du grand public, venus nombreux à l'ouverture de l'évènement religieux en l'absence de l'autorité locale, laissant de ce fait l'opinion générale avancer de folles rumeurs sur un bras de fer couvant au sein du cercle autoritaire. La presse rapporta en effet les faits sans en souligner les raisons, affichant le désarroi d'un public indulgent, anxieux par la tournure politique, et qui n'arriva pas à concevoir l'organisation d'une fête d'une telle renommée sans les proprios de la demeure. Une défection qui ne rend ni plus grand, ni plus fort ses auteurs et qui ne conforterai pas non plus, l'état d'esprit coopératif international dont le pouvoir en a consacré les grands moyens pour le rapprochement des peuples, le raffermissement des relations et la réussite de l'évènement...
A la fin de la cérémonie processionelle, les précieuses M'narettes rejoignirent un stand aménagé au centre culturel où la délégation officielle entama aussitôt la visite du labyrinthe paré de part et d'autre de manuscrits anciens et d'œuvres artisanales finement conçues à cette occasion mouloudéenne. La pluie battante dehors, l'animation distrayante à l'intérieur par la chorale féminine majoritaire de Béchar retint toute l'attention du cortège, la Ministre, élégante, exultant de bonheur, fit une entrée remarquable en rejoignant par le vocal, l'ensemble sudiste entonnant le sacré refrain du Nabi Sidi Mohamed dans son sillage une suite protocolaire de hautes personnalités. Nous étions les derniers à recevoir Madame, chef de tutelle toute rayonnante dans sa tunique traditionnelle captivante symbole de la haute Kabylie, le sourire éternel et une joie immense en ayant l'honneur d'allumer les premières cierges et bougies en récitant quelques invocations rituelles à la gloire du prophète QLSSSL et tous les saints bienfaiteurs précurseurs des confréries existantes, en invitant la présence féminine à électriser le moment par l'ambiance du Twelwill. L'illuminée restera exposée un mois chez les Banou Tachefine pour y répandre sa splendeur et transmettre aux visiteurs sa notoriété acquise depuis l'ère des ottomans. Sur le même site, des orchestres et autres individualités célèbres des planches et télé, présentes pour divertir les hôtes de leur savoir musical populaire de style chaâbi , hawzi et sketchs annonçant la couleur d'un riche répertoire prévu tout au long de l'année en cours.
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