Tartarin de Tarascon/ Extraits choisis par Meskellil
Enfin, il arriva, le jour solennel, le grand jour. Dès l'aube, tout Tarascon était sur pied, encombrant le chemin d'Avignon et les abords de la petite maison du baobab. Toute cette foule se pressait, se bousculait devant la porte de Tartarin, ce bon M. Tartarin, qui s'en allait tuer des lions chez les Teurs.
Pour Tarascon, l'Algérie, l'Afrique, la Grèce, la Perse, la Turquie, la Mésopotamie, tout cela forme un grand pays très vague, presque mythologique, et cela s'appelle les Teurs (les Turcs). Tartarin de Tarascon, en effet, avait cru de son devoir, allant en Algérie, de prendre le costume algérien large pantalon bouffant en toile blanche, petite veste collante à boutons de métal, deux pieds de ceinture rouge autour de l'estomac, le cou nu, le front rasé, sur sa tête une gigantesque chéchia (bonnet rouge) et un flot bleu d'une longueur !... Avec cela, deux lourds fusils, un sur chaque épaule, un grand couteau de chasse à la ceinture, sur le ventre une cartouchière, sur la hanche un revolver se balançant dans sa poche de cuir. C'est tout...
Aux premiers pas qu'il fit dans Alger, Tartarin de Tarascon ouvrit de grands yeux. D'avance il s'était figuré une ville orientale, féerique, mythologique, quelque chose tenant le milieu entre Constantinople et Zanzibar... Il tombait en plein Tarascon... Des cafés, des restaurants, de larges rues, des maisons à quatre étages, une petite place macadamisée où des musiciens de la ligne jouaient des polkas d'Offenbach, des messieurs sur des chaises buvant de la bière avec des échaudés, des dames, quelques lorettes, et puis des militaires... et pas un Teur!... Il n'y avait que lui... aussi, pour traverser la place, se trouva-t-il un peu gêné. Tout le monde le regardait. Les musiciens de la ligne s'arrêtèrent, et la polka d'Offenbach resta un pied en l'air.
Voici quel était son plan : sortir de la ville sans rien dire à personne, se jeter en plein désert, attendre la nuit, s'embusquer, et, au premier lion qui passerait, pan ! pan !... Déjà les maisons se faisaient plus rares, les passants aussi. La nuit tombait, les objets devenaient confus... Tartarin de Tarascon marcha encore une demi-heure. A la fin il s'arrêta... C'était tout à fait nuit. Nuit sans lune, criblée d'étoiles. Personne sur la route... C'était un grand désert sauvage, tout hérissé de plantes bizarres, de ces plantes d'orient qui ont l'air de bêtes méchantes. Sous le jour discret des étoiles, leur ombre agrandie s'étirait par terre en tous sens. A droite, la masse confuse et lourde d'une montagne, l'atlas peut-être !... à gauche, la mer invisible, qui roulait sourdement... Un vrai gîte à tenter les fauves.
Un fusil devant lui, un autre dans les mains, Tartarin de Tarascon mit un genou à terre et attendit... Il attendit une heure, deux heures... Rien !... N'ayant pas de chevreau, le Tarasconnais eut l'idée d'essayer des imitations, et se mit à bêler d'une voix chevrotante : " Mê ! Mê !... " Maintenant on voyait très bien ses quatre pattes courtes, sa formidable encolure, et deux yeux, deux grands yeux qui luisaient dans l'ombre... En joue ! feu ! pan ! pan !... C'était fait…
Le tueur de lions, stupéfait, se frotta les yeux... Lui qui se croyait en plein désert !... Savez-vous où il était ?... Dans un carré d'artichauts, entre un plant de choux-fleurs et un plant de betteraves… Son Sahara avait des légumes..."Un lion, parbleu !..." Non ! Un âne, un de ces tout petits ânes qui sont si communs en Algérie et qu'on désigne là-bas sous le nom de bourriquots…
Tartarin donna deux cents francs; l'âne en valait bien dix. C'est le prix courant des bourriquots sur les marchés arabes. …Puis on enterra le pauvre Noiraud au pied d'un figuier, et l'alsacien, mis en bonne humeur par la couleur des douros tarasconnais, invita le héros à venir rompre une croûte à son cabaret, qui se trouvait à quelques pas de là, sur le bord de la grande route…
Les lions sont dans le Sud, pensa le héros; eh bien! J’irai dans le Sud… Tartarin étant monté, l'omnibus fut complet. Il y avait au fond, le nez dans son bréviaire, un vicaire d'Alger à grande barbe noire. En face, un jeune marchand maure, qui fumait de grosses cigarettes. Puis un matelot maltais, et quatre ou cinq Mauresques masquées de linges blancs, et dont on ne pouvait voir que les yeux. Ces dames venaient de faire leurs dévotions au cimetière d'Abd-el-Kader; mais cette vision funèbre ne semblait pas les avoir attristées. On les entendait rire et jacasser entre elles sous leurs masques, en croquant des pâtisseries. Tartarin crut s'apercevoir qu'elles le regardaient beaucoup. Une surtout, celle qui était assise en face de lui, avait planté son regard dans le sien, et ne le retira pas de toute la route. Quoique la dame fût voilée, la vivacité de ce grand œil noir allongé par le khol, un poignet délicieux et fin chargé de bracelets d'or qu'on entrevoyait de temps en temps entre les voiles, tout, le son de la voix, les mouvements gracieux, presque enfantins de la tête, disait qu'il y avait là-dessous quelque chose de jeune, de joli, d'adorable...
Une à une, empêtrées dans leurs grands pantalons et serrant leurs voiles contre elles avec une grâce sauvage, les Mauresques descendirent. La voisine de Tartarin se leva la dernière, et en se levant son visage passa si près de celui du héros qu'il l'effleura de son haleine, un vrai bouquet de jeunesse, de jasmin, de musc et de pâtisserie… Le Tarasconnais n'y résiste pas. Ivre d'amour et prêt à tout, il s'élança derrière la Mauresque...
Dormez sans peur, grands lions roux ! Le Tarasconnais cherche sa Mauresque…
Le terrible c'est que, sous leurs grands masques blancs, toutes les Mauresques se ressemblent; puis ces dames ne sortent guère, et, quand on veut en voir, il faut monter dans la ville haute, la ville arabe, la ville des Teurs.
Un vrai coupe-gorge, cette ville haute. De petites ruelles noires très étroites, grimpant à pic entre deux rangées de maisons mystérieuses dont les toitures se rejoignent et font tunnel. Des portes basses, des fenêtres toutes petites, muettes, tristes, grillagées. Et puis, de droite et de gauche, un tas d'échoppes très sombres où les Teurs farouches à têtes de forbans - yeux blancs et dents brillantes - fument de longues pipes, et se parlent à voix basse comme pour concerter de mauvais coups.…
Huit jours durant, l'intrépide Tartarin ne quitta pas la ville haute. Tantôt on le voit faire le pied de grue devant les bains maures, attendant l'heure où ces dames sortent par bandes, frissonnantes et sentant le bain ; tantôt il apparaissait accroupi à la porte des mosquées, suant et soufflant pour quitter ses grosses bottes avant d'entrer dans le sanctuaire. Parfois, à la tombée de la nuit, quand il s'en revenait navré de n'avoir rien découvert, pas plus au bain qu'à la mosquée, le Tarasconnais, en passant devant les maisons mauresques, entendait des chants monotones, des sons étouffés de guitare, des roulements de tambours de basque, et des petits rires de femme qui lui faisaient battre le cœur.
« Elle est peut-être là ! » se disait-il. Alors, si la rue était déserte, il s'approchait d'une de ces maisons, levait le lourd marteau de la poterne basse, et frappait timidement... aussitôt les chants, les rires cessaient. On n'entendait plus derrière la muraille que de petits chuchotements vagues, comme dans une volière endormie. " Tenons-nous bien ! pensait le héros. Il va m'arriver quelque chose ! " Ce qui lui arrivait le plus souvent, c'était une grande potée d'eau froide sur la tête, ou bien des peaux d'oranges et de figues de Barbarie... Jamais rien de plus grave... Lions de l'Atlas, dormez !....
A Milianah, Tartarin de Tarascon descendit, laissant la diligence continuer sa route vers le Sud. Il se dirigea donc à travers les larges rues de Milianah, pleines de beaux arbres et de fontaines; mais tout en cherchant un hôtel à sa convenance, le pauvre homme ne pouvait s'empêcher de songer aux paroles de Bombonnel... Si c'était vrai pourtant ? S'il n'y avait plus de lions en Algérie ?... à quoi bon alors tant de courses, tant de fatigues ?...
Soudain, au détour d'une rue, notre héros se trouva face à face... avec qui ? Devinez... avec un lion superbe, qui attendait devant la porte d'un café, assis royalement sur son train de derrière, sa crinière fauve au soleil. " Qu'est-ce qu'ils me disaient donc, qu'il n'y en avait plus ?" s'écria le Tarasconnais en faisant un saut en arrière... En entendant cette exclamation, le lion baissa la tête et, prenant dans sa gueule une sébile en bois posée devant lui sur le trottoir, il la tendit humblement du côté de Tartarin immobile de stupeur... Un arabe qui passait jeta un gros sou dans la sébile; le lion remua la queue... alors Tamarin comprit tout. Il vit, ce que l'émotion l'avait empêché de voir d'abord, la foule attroupée autour du brave lion aveugle et apprivoisé, et les deux grands nègres armés de gourdins qui le promenaient à travers la ville comme un Savoyard sa marmotte...
Le lendemain, dès la première heure, l'intrépide Tamarin et le non moins intrépide prince Grégory, suivis d'une demi douzaine de portefaix nègres, sortaient de Milianah et descendaient vers la plaine du Chéliff par un raidillon délicieux tout ombragé de jasmins, de tuyas, de caroubiers, d'oliviers sauvages, entre deux haies de petits jardins indigènes et des milliers de joyeuses sources vives qui dégringolaient de roche en roche en chantant... Un paysage du Liban…
Pendant un mois, cherchant des lions introuvables, le terrible Tartarin erra de douar en douar dans l'immense plaine du Chéliff, à travers cette formidable et cocasse Algérie française, où les parfums du vieil orient se compliquent d'une forte odeur d'absinthe et de caserne…Notre héros se réveilla, et dès qu'il eut acquis la certitude que le prince et le magot étaient réellement partis, partis sans retour; lorsqu'il se vit seul dans cette petite tombe blanche, trahi, volé, abandonné en pleine Algérie sauvage avec un chameau à bosse simple et quelque monnaie de poche pour toute ressource, alors, pour la première fois, le Tarasconnais douta. Il douta du Monténégro, il douta de l'amitié, il douta de la gloire, il douta même des lions; et, comme le Christ a Gethsémani, le grand homme se prit à pleurer amèrement.
Or, tandis qu'il était là, pensivement assis sur la porte du marabout, sa tête dans ses deux mains, sa carabine entre ses jambes, et le chameau qui le regardait, soudain le maquis d'en face s'écarte et Tartarin, stupéfait, voit paraître, à dix pas devant lui, un lion gigantesque s'avançant la tête haute et poussant des rugissements formidables qui font trembler les murs du marabout tout chargés d'oripeaux et jusqu'aux pantoufles du saint dans leur niche. Pan ! pan ! ffft ! C'était fait... Le lion avait deux balles explosives dans la tête...
Ô misère ! C'était le lion apprivoisé, le pauvre aveugle du couvent de Mohammed que les balles tarasconnaises venaient d'abattre.… Ce fut une longue et terrible procédure !
Il fut établi que si, d'une part, le lion avait été tué sur le territoire militaire, d'autre part, Tartarin, lorsqu'il tira, se trouvait sur le territoire civil. L’affaire se jugea donc au civil, et notre héros en fut quitte pour deux mille cinq cents francs d'indemnité, sans les frais.
Le malheureux tueur de lions fut donc réduit à vendre la caisse d'armes au détail, carabine par carabine. Il vendit les poignards, les kriss malais, les casse-tête... Un épicier acheta les conserves alimentaires. Un pharmacien, ce qui restait du sparadrap. Les grandes bottes elles-mêmes y passèrent et suivirent la tente-abri perfectionnée chez un marchand de bric-à-brac…
Une fois tout payé, il ne restait plus à Tartarin que la peau du lion et le chameau. Aussi notre héros n'hésita pas : et navré, mais point abattu, il entreprit de faire la route à pied, sans argent, par petites journées. En cette occurrence, le chameau ne l'abandonna pas. Cet étrange animal s'était pris pour son maître d'une tendresse inexplicable, et, le voyant sortir d'Orléans ville, se mit à marcher religieusement derrière lui, réglant son pas sur le sien et ne le quittant pas d'une semelle. Il lui criait :" Va-t'en ! " en lui jetant des pierres. Le chameau s'arrêtait et le regardait d'un air triste, puis au bout d'un moment, il se remettait en route et finissait toujours par le rattraper. Tartarin dut se résigner… "Emmène-moi, semble dire son œil triste, emmène-moi dans la barque, loin, bien loin de cette Arabie en carton peint, de cet orient ridicule, plein de locomotives et de diligences, où - dromadaire déclassé - je ne sais plus que devenir. Tu es le dernier Turc, je suis le dernier chameau... Ne nous quittons plus, à mon Tartarin...
Barque et chameau viennent ensemble se ranger aux flancs du paquebot. - A la fin, il me fait peine ce dromadaire ! dit le capitaine Barbassou tout ému, j'ai envie de le prendre à mon bord... En arrivant à Marseille, j'en ferai hommage au jardin zoologique.
D'heure en heure, par les hublots de la cabine où il mettait le nez quelquefois, Tartarin vit le bleu du ciel Algérien pâlir; puis enfin, un matin, dans une brume d'argent, il entendit avec bonheur chanter toutes les cloches de Marseille. On était arrivé...
Notre homme, qui n'avait pas de bagages, descendit sans rien dire, traversa Marseille en hâte, craignant toujours d'être suivi par le chameau, et ne respira que lorsqu'il se vit installé dans un wagon de troisième classe, filant bon train sur Tarascon... Sécurité trompeuse ! A peine à deux lieues de Marseille, voilà toutes les têtes aux portières. On crie, on s'étonne. Tartarin, à son tour, regarde, et... qu'aperçoit-il ?... Le chameau, monsieur, l'inévitable chameau, qui détalait sur les rails, en pleine Crau, derrière le train, et lui tenant pied. Tartarin consterné, se rencogna, en fermant les yeux. Après cette expédition désastreuse, il avait compté rentrer chez lui incognito. Mais la présence de ce quadrupède encombrant rendait la chose impossible.
Quelle entrée il allait faire ! Bon Dieu ! Pas le sou, pas de lions, rien... Un chameau !... "Tarascon !... Tarascon !... "
Il fallut descendre... Ô stupeur ! À peine la chéchia du héros apparut-elle dans l'ouverture de la portière, un grand cri : "Vive Tartarin ! " fit trembler les voûtes vitrées de la gare. " Vive Tartarin ! vive le tueur de lions ! " Et des fanfares,… tout Tarascon était là, chapeaux en l'air, et sympathique. Voilà le brave commandant Bravida, l'armurier Costecalde, le président, le pharmacien, et tout le noble corps des chasseurs de casquettes qui se presse autour de son chef, et le porte en triomphe tout le long des escaliers...
Mais ce qui mit le comble à la joie populaire, ce fut quand on vit un animal fantastique, couvert de poussière et de sueur, apparaître derrière le héros, et descendre à cloche-pied l'escalier de la gare… Tartarin rassura ses compatriotes.
- C'est mon chameau, dit-il. …
- C'est une noble bête !... Elle m'a vu tuer tous mes lions.
Là-dessus, il prit familièrement le bras du commandant, rouge de bonheur; et, suivi de son chameau, entouré des chasseurs de casquettes, acclamé par tout le peuple, il se dirigea paisiblement vers la maison du baobab, et, tout en marchant, il commença le récit de ses grandes chasses : " Figurez-vous, disait-il, qu'un certain soir, en plein Sahara... "
Commentaires
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- 1. BELFEDHAL abderrahmane Le 06/06/2021
Bonsoir à toutes et à tous
Bonsoir meskellil
Merci pour le choix des extraits de l’œuvre d’Alphonse Daudet qui me renvoie à mes lectures des temps jadis Aussitôt la lecture terminée je me suis proposé de faire un tour d’horizon chez les critiques littéraires et voir de près leurs analyses autour de l’œuvre en question et marquer un temps d’arrêt pour mieux saisir les caractéristiques du grand chasseur des lions cependant au lieu de prouesses et de chasse au lion il ressort une grande dimension de la morale faisant de tartarin de Tarascon une source pleine d’imagination à faire envier les amateurs des aventures à aller au-delà des frontières du réalisme et pourquoi ne pas tenter de courir après un lion même au prix de revenir en compagnie d’un chameau bienfaiteur Alors sans tarder à mon tour de partager avec vous les contours de la dimension de la morale dans l’œuvre d’Alphonse Daudet très bonne lecture a toutes et à tous :
La dimension morale du roman
L’interprétation de Tartarin de Tarascon reste ouverte, mais le récit comporte assurément de nombreux enseignements. D’abord, Daudet touche à la question de la subjectivité propre aux récits que l’on peut faire d’événements. Son personnage, Tartarin, voit les choses non pas telles qu’elles sont, ou telles qu’elles se sont produites, mais uniquement « comme il veut qu’elles soient ». Ainsi, à ses yeux : un âne devient un lion, une femme bien différente de celle qu’il recherche finit par lui correspondre dans son esprit, et un traître à l’affût de la moindre occasion de sévir paraît un prince toujours obligeant.
« Au premier abord, elle parut au Tarasconnais plus petite et plus forte que la Mauresque de l’omnibus… Au fait, était-ce bien la même ? Mais ce soupçon ne fit que traverser le cerveau de Tartarin comme un éclair. »
Un autre exemple est le voyage à Shanghai de Tartarin, qui n’a jamais eu lieu, mais chacun, à Tarascon, a su se convaincre de sa réalité à force d’en parler. Ainsi, le roman condamne le comportement qui consiste à s’infliger une cécité volontaire lorsque l’imaginaire ou les apparences se conforment mieux que la réalité aux aspirations qu’on a pour soi-même.
Un autre thème abordé par le roman est l’orgueil. Si Tartarin est livré à de nombreuses misères pour lesquelles il n’est que trop mal préparé, c’est parce qu’il est sensible au regard que ses voisins tarasconnais portent sur lui. C’est donc une amère leçon d’humilité que Tartarin reçoit lors de sa chasse au lion. Malgré son orgueil et la confiance qu’il a en ses compétences, il n’est pas capable de se montrer à la hauteur de ses ambitions. Il s’agit là de savoir admettre les limites de ses possibilités et la réalité telle qu’elle est.
Mais encore, le roman est une mise en garde contre les propos prétentieux qui ne correspondent pas à la réalité. Tartarin se retransforme après son retour à Tarascon en mythomane et enjolive à nouveau le récit de ses aventures.
« Et déjà sous l’influence du soleil tarasconnais, ce beau soleil, qui fait mentir ingénument, il ajouta, en caressant la bosse du dromadaire :
– C’est une noble bête !… Elle m’a vu tuer tous mes lions.
Là-dessus, il prit familièrement le bras du commandant, rouge de bonheur ; et, suivi de son chameau, entouré des chasseurs de casquettes, acclamé par tout le peuple, il se dirigea paisiblement vers la maison du baobab, et, tout en marchant, il commença le récit de ses grandes chasses :
– Figurez-vous, disait-il, qu’un certain soir, en plein Sahara… ».
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