La Milianaise/ Par Sofiane LA
Qui ne se rappelle pas de la fameuse boisson non alcoolisée "la milianaise" fabriquée par Allemany ?
Miliana exprimait sa réputation par cinq caractéristiques fondamendales : la ville est deux fois millénaire, elle possédait un riche potentiel en eau, Sidi Ahmed Ben Youcef, le patron spirituel de la ville y est enterré, l'Émir Abdelkader en a fait un bastion pour combattre les colonisateurs et enfin elle a offert à l'Algérie le héros de la bataille d'Alger mort en martyr.
Sa position structurale lui confère une attitude de vigie en train de scruter la plaine du Cheliff.
À tous les internautes qui me liront, notamment les milianais, je serais heureux de retrouver des anciens camarades de classe et d'avoir de leur nouvelles. Avant tout, je dois avouer que je découvre cette nouvelle technologie de communication. À Miliana, nous avons connu une jeunesse difficile, la plupart de nos parents étaient mineurs, la pauvreté touchait pratiquement tous les foyers quand ce n'était pas la misère qui atteignait certains d'entre nous, malgré cela, nous restions solidaires et unis grâce à notre fierté légendaire de montagnards. Je prie Dieu d'alléger les souffrances des uns et des autres en leur accordant un avenir meilleur. À cette occasion je souhaiterais fructifier mon capital audience afin de paratager la litière de l'amitié. Mon éloignement m'a presque effacé du paysage quotidien de ma ville natale, je demeure malgré tout homme de conviction de mes origines. Beaucoup d'entre nous, par nostalgie, continuent à entretenir des contacts. Il est vrai que nous avons en commun beaucoup de souvenirs de notre jeunesse à évoquer. D'autre part cela nous permet d'être informés sur n'importe quel évènement qui nous unis.
SCOLARITÉ
Primaire
Après une année d'école maternelle j'ai traversé la rue pour atterrir à l'école primaire Maubourguet appelée communément école indigène. Par la suite j'ai fait partie de l'effectif de deux classes mutées à l'école Charles Andreï réservée à l'époque aux Français. Ma préparation à l'examen de sixième s'est déroulée dans des conditions particulières. Nous étions quatre "indigènes" dans cette classe. Notre maître qui était en même temps directeur d'école, nous obligeait à accomplir tous les matins la corvée qui consistait à alimenter les poêles de toutes les classes en coke, nous empêchant ainsi à sécher légalement les cours. En fin d'année nous n'avions même pas eu droit à subir l'examen d'entrée en sixième (les biens faits de la colo). J'atterrissais en cours de fin d'études où j'ai pu améliorer mon niveau grâce à Mr Grides à qui je rends hommage. Il m'a bien préparé et j'ai pu accéder au collège directement en classe de cinquième après avoir subi l'examen d'entrée.
Collège de Miliana
Mon passage dans cet établissement à été plutôt éphémère A ma deuxième année, un mouvement de grève a été déclenché par la révolution en Mai 1956. Les collégiens que nous étions, l'avions suivi à l'unanimité. Beaucoup d'entre nous ont rejoint le maquis et malheureusement la majorité a péri au combat dans un total anonymat. La jeunesse algérienne et notamment milianaise allaient perdre leur élite, prédestinée à se sacrifier pour la patrie.
Année 1956-1957
Ce furent les années folles de la jeunesse milianaise en particulier. Tout le monde avait choisi de collaborer avec la révolution et nous étions à l'affut des exploits de nos ainés. Malgré notre jeune âge nous étions conscients de la situation et notre engagement était sans équivoque. J'ai connu deux brefs passages d'arrestation. La première au commissariat de police pour ramassage de plomb destiné à fabriquer de la chevrotine, nous étions toute une bande à subir quelques moments d'interrogatoire musclé. Nous en sommes sortis indemnes, en revanche notre receleur a disparu, probablement liquidé.
La deuxième fois ce fut à la caserne de Miliana aux mains du 2em bureau. À la suite d'une randonnée à vélo dans une zone presque interdite, nous étions trois. Il n'y avait pas âme qui vive, soudain, nous fûmes encerclés par une vingtaine de harkis, leurs armes pointées sur nous en quête d'exploit. Après un interrogatoire dépassant la mesure à Levacher, nous avons été menottés et jetés dans un camion GMC et acheminés vers la caserne de Miliana. Là, on a voulu nous faire avouer l'inimaginable. Parmi ceux qui nous interrogeaient il y avait entre autres des basketteurs pieds noirs ( JSM) reconvertis en flics et parmi nous, figurait leur coéquipier algérien dont le père était commandant en retraite de l'armée française. L'intervention n'a pas tardé à se manifester. Nous fûmes libérés dans la soirée grâce à un concours de circonstance. Parmis nous , Tadjedine A.B. qui était notre aîné, quelques mois plutard, rejoignit le maquis et mourut en martyr.
École des mines de Miliana
Promotion 1957-1960. Las d'être persécuté comme tous les grévistes, je décidais d'effectuer une scolarité dans cette école, après avoir subi un examen en deux étapes à Alger, l'un écrit et l'autre sportif au cours duquel il fallait montrer de grandes aptitudes physiques dans les différentes épreuves. Une fois introduit dans cet établissement j'ai ressenti un changement radical par rapport au comportement de la vie civile. Cela ressemblait plutôt à une vie de caserne. L'objectif de l'école était de forger les élèves à la discipline, à la rigueur, à l'endurance et à la souffrance. Outre l'enseignement général, quatre spécialités étaient enseignées : le forage pétrolier, la géologie minière, la topographie et bien sur la technologie minière. Chaque fin d'année était ponctuée par un stage pratique en plus d'un stage d'embauche en fin de cursus. Le trousseau était obligatoire avec tenue de ville identique pour tous (costume bleu, chemise blanche, cravate et la tête coiffée d'un calot). La tenue de travail devait comporter aussi un casque, des chaussures de sécurité et une lampe à carbure. Le travail dans les galeries était épuisant mais supportable par les élèves à cause de la sélection d'entrée.
Le début de la première année était difficile, il fallait affronter les traditions de l'école qui étaient à la limite du supportable. Quelques semaines après on s'y fait allègrement, la vie d'internat aurait été monotone sans elles.
Tous les matins à six heures il fallait se présenter au rassemblement en cuissette et le torse à moitié nu y compris en hiver où la neige était abondante. Plusieurs sports étaient pratiqués mais le quotidien c'était le cross. Au bout d'un certain temps, on affichait une forme éblouissante.
L'école était située en pleine campagne à environ trois kilomètres de Miliana. Nous n'avions jamais été inquiétés par la révolution, excepté en 1958 quand les élèves furent emmenés à Levacher pour manifester à l'occasion du 13 Mai. Sur la cinquantaine d'élèves de l'école, nous étions sept à huit algériens à refuser la ballade et le gueuleton. Ce refus nous a valu une punition corvéable assez pénible. Le retour des élèves a eu lieu vers 14 heures, ils étaient gais, un quartier libre leur a été accordé pour se rendre en ville. Malheureusement, en cours de route ils ont été mitraillés, il y eut trois blessés, heureusement sans gravité. Cette attaque a jeté l’émoi parmi les élèves. Peut être voulait-on leur faire payer leur participation à la manifestation du 13 Mai ? No comment...
Souvent à la tombée de la nuit nous entendions des tirs d’armes automatiques, quand ceux-ci se rapprochaient, on nous faisait descendre dans les voûtes où tout était barricadé.
Un jour les tirs ont eu lieu sous les fenêtres des dortoirs, c’était la panique pour l’accès aux voûtes. Notre pion, qui était un ancien para, se saisit de son arme de guerre (un garant) en prenant soin de me garder auprès de lui pour assurer le barreaudage des portes. Soudain, à travers une fenêtre nous aperçûmes, à une centaine de mètres, trois hommes portant une lanterne et se dirigeant vers l’école ; le pion voulait à tout prix tirer sur eux, j’ai mis du temps pour l’en dissuader. Le lendemain, deux cadavres de riverains ont été découverts sur la route juste sous les fenêtres du dortoir, en revanche, les porteurs de lanterne étaient tout simplement des membres de leur famille venus donner l’alerte. Je venais de leur sauver la vie.
Pour la bonne cause des Milianais cet établissement, unique en Algérie, avait commencé à connaitre une transformation en centre universitaire. Pour eux ce fut une lueur d'espoir . Malheureusement, sa destruction programmée a mis fin à leurs espérances. Ce n'était qu'une illusion éphémére. De sinistres crétins qui prétendent défendre l'Islam se sont acharnés avec sauvagerie sur ce temple du savoir abrégeant ainsi son destin prématurément. Quel triste constat, la ville venait de perdre son deuxième établissement scolaire après le déménagement de l'école d'enfants de troupes à Koléa. A mes profs: MM Béthier, Chancel, Meyling, Anglade, Lacour, Bourouiba, Djigouadi, Kacedali, Amrouche....et les autres qui ont su préserver la réputation de l'école. À titre indicatif voici quelques noms d'anciens élèves qui nous ont quittés: Boualem A. (promo 1956 -59 ) Mustapha B., Boualem B., ( promo 57-60 ) Ahmed F. Mohamed D. ( promo 58-61 )
Basket à Miliana
Une bande de copains a su créer un club de basket post indépendance, prenant en charge tous les frais y afférents pour le seul amour de leur ville natale qui coulait dans leurs veines (comparativement aux sommes dépensées de nos jours sans garantie de résultats). Nous avions consenti beaucoup d'efforts pour que ce club ait une réputation. Nous étions tous unis pour la même équipe à laquelle nous avions tout donné et autour de notre maestro AEK Belhadj qui fût la colonne vertébrale du club. En guise de reconnaissance, je souhaite à nos successeurs de défendre dignement le maillot du club pour que la réputation du basket à Miliana n'en soit pas ternie. Basketteurs d'aujourd'hui, blé en herbe de demain, ayez de la conviction envers votre équipe et construisez l'avenir pour un club encore plus fort. Soyez à la hauteur de vos ainés assurez la pérennité pour la promotion du basket à Miliana. Ceci interpelle l'ensemble de la communauté Milianaise qui doit polariser son attention sur ce sujet. Quelques photos ont été publiées pour immortaliser ce que nous avons construit à l'aube de l'indépendance (1963-1966).
Souvenirs
J'habitais au N°3 de la rue d'Arcole, les terrains où se pratiquaient les jeux de boules nous faisaient face. Notre rue était bordée par deux rangées d'arbres telle une perspective cavalière. Un rigole à fort débit ruisselait tout le long traduisant une richesse en eau de la ville. À partir d'une fenêtre de notre paisible appartement on pouvait entrevoir un va-et-vient vagabond de gens pauvres de Korkah. En été les vendeurs de figues de barbarie prenaient place au bord du ruisseau en utilisant son eau fraiche afin que les adeptes puissent savourer ce délicieux fruit et le déguster en toute sérénité. Les prix étaient si bas que nous remplissions de grands saladiers pour le déjeuner. À côté de ces vendeurs, les barbiers ambulants, en plus du rasage des barbes hirsutes, s'adonnaient à l'extraction de sang par le cou de leurs clients à l'aide de ventouses (hidjama).
À Miliana, après les études primaires, la majorité des élèves étaient orientés vers le collège, d'autres avaient la possibilités d'accèder à l'école des mines enfin quelques uns dont l'affinité répondait aux conditions pouvaient s'offrir l'école d'enfants de troupe. Cela donnait une certaine activité à la ville notamment au cours du cross annuel où l'émulation se manifestait avec enthousiasme. La ville était entourée par une grande muraille. C'était une architecture digne de l'histoire. Des meurtrières étaient intelligemment disposées comme pour préserver la quiètude de la ville. Des portes étaient érigées pour canaliser les entrées et sorties de la citadelle. Au printemps, de nombreuses sources d'eau apparaissaient au Nord de la ville au "champ des fous" notamment où de petits cratères se formaient pour laisser s'échapper le précieux liquide emmagasiné durant la fonte des neiges. Parfois, la puissance de la force ascensionnelle de l'eau traversait le bitume pour déverser son produit jusqu'aux confins de la ville comme pour confirmer sa généreuse présence.
Au mois de Juin , l'abondance de la cerise envahissait les étals. Elle reste toujours présente dans la mémoire collective. La cueillette des beaux bigarreaux qui avaient justifié leur renommée se faisait désirer pour annoncer la très convoitée fête des cerises. Tous les milianais dansaient, toutes les places publiques étaient bondées de monde, une joie indescriptible s'affichait sur tous les visages et la cerise ''coulait à flot''. Les potagers des Annassers et de Zougala etaient surchargés d'arbres fruitiers. La reine claude de Miliana était exportée vers l'étranger pour alimenter les conserveries. Que reste-il de tout cela ? La ville a subi l'érosion du temps, le boulodrome qui m'a accompagné dans ma jeunesse a été remplacé par de médiocres constructions et la rigole probablement tarie, a tout simplement été remblayée.
Les Milianais par la force des choses, ont été contraints à l'exil, beaucoup activent dans les grandes villes ou à l'étranger, la crème s'en est allée ailleurs grossir les rangs des Professeurs, P H D, Docteurs, Ingénieurs, Chirurgiens, Industriels, Gestionnaires, etc...et comme la nature a horreur du vide il y a eu un afflux de personnes des villages environnants dont le seul objectif était d'obtenir du boulot et un logement, réflexe de la société oblige. Ce flux migratoire, n'a pas été sans conséquence sur l'extension anarchique de la ville. Des constructions sans aucune esthétique ont succédé au côté pittoresque de la cité . D'autre part, le temps a eu raison des anciennes habitations du centre ville qui étaient à l'agonie et qui se sont écroulées les unes après les autres. Leur état de vétusté ne leur a pas permis de continuer à résister au rude climat du Zaccar qui leur a réservées une issue fatale. Que dire de la muraille qui jadis ceinturait la ville et que nous autres Milianais n'avons pas su préserver. Cette belle architecture avec ses blocs imposants et ses meurtrières qui offrait un cachet particulier à la ville, a subi une destruction partielle, à partir des années cinquante. Même ses imposantes portes n'y ont pas échappé. Les gestionnaires de l'époque avaient peut être leurs raisons, pour des commodités techniques ou autres, toujours est-il qu'ils ont profité de la naïveté de leurs administrés pour agir avec stupidité. Pour l'histoire, ils devront être comptables de leurs actes. Peut-on oublier l'abondance de l'eau qui faisait indubitablement la richesse de Miliana ? L'eau des fontaines publiques (Aîn el djemaa, Aîn el blança...) coulait à flot, et les sources des banlieues (Aïn esskhouna, Aïn el fkarène, Boutektoune ....) ne tarissaient même pas en Été. Les appartements n'étaient pas dotés de compteurs d'eau, les familles payaient un forfait pour leur consommation. Un jour, pour renflouer les caisses, la municipalité décida de placer des compteurs d'eau pour comptabiliser la consommation. Les gens, par souci d'économie, lésinaient sur l'usage de leur robinet, ce qui a entrainé l'éclatement de plusieurs conduites tellement la pression s'en trouva élevée. On avisa alors la population qu'il ne sera plus tenu compte des compteurs d'eau afin de soulager les conduites. Il est vrai que de nos jours la neige est moins abondante, toutefois, il neige parfois et la pluie enregistre des records de pluviomètrie non négligeables. Alors, où se trouvent les quantités d'eau de la nappe phréatique ? Pour le savoir, les autorités locales devraient envisager à déclencher une étude hydrogéologique en s'appuyant sur les conseils de la matière grise locale bien représentée. Cette étude, pourrait aboutir à déterminer si de nouvelles directions d'écoulement se sont mises en place. N'oublions pas que ces dernières années, la région a subi plusieurs mouvements tectoniques dûs aux tremblements de terre. Ces mouvements ont probablement participé à l'instauration d'un réseau de failles responsable d'une migration secondaire des eaux souterraines. Pour étayer tout cela, quelques forages à faibles profondeur seraient nécessaires dans le cadre de l'étude. Si les investigations s'avèreraient fructueuses, l'eau sera mieux captée et les volumes seront plus importants. Ainsi, les Milianais seraient relativement soulagés, et comme l'eau c'est la vie, s'il n'est pas trop tard, peut être que les potagers ressusciteraient de leur léthargie en s'abreuvant de ce précieux liquide.
Pointe des blagueurs
Je devais avoir une douzaine d'années, l'âge de l'inconscience, de l'insouciance d'un gamin attaché à sa montagne qui traine sa timidité et qui a peur de blesser la délicatesse des autres parce qu'il n'a jamais connu, rien d'autre, que sa ville natale. Un jeune qui a été élevé dans la modestie et l'austérité, soumis aux brimades comme tous les jeunes de son âge.
Nous étions au mois de Juin des années 1952-53, la fête des cerises battait son plein. Sa réputation était véhiculée à travers tout le territoire national grâce à la chaire ferme et sucrée de ses bigarreaux.
Un orchestre animait un bal en nocturne pour la population sur l'esplanade de la pointe des blagueurs. C'était une douce soirée de début d'été. Les tables et les chaises disposées autour de la piste étaient toutes occupées. Pour animer l'ambiance, l'alcool coulait à flot. Les couples de danseurs s'adonnaient langoureusement aux rythmes des tangos, valses, slows etc....
Ma curiosité juvénile, me poussa à observer de près ce merveilleux spectacle que je venais de découvrir d'ailleurs. Pour cela, je franchis la barrière du périmètre dressée par les tables pour me planter inocemment devant les spectateurs. Ma soif de connaitre venait de me propulser au-dela de la limite qu'il ne fallait pas franchir. J'étais emporté par la musique et commençais à rêver sans réaliser que j'obstruais le champ visuel de ces gens-là. Soudain une force occulte, accompagnée d'une douleur physique me fit soulever du sol en me projetant à terre. Quand j'eus repris mes esprits, j'aperçus l'auteur de ce geste Mr G. du haut de ses 1.90 m. Je venais de recevoir son 47 fillette au derrière. J'étais terrorisé et j'avais mal. Je me suis relevé difficilement. Toutes les familles qui ont assisté à la scène se gaussaient de la prouesse de ce stupide personnage qui entretenait la culture de l'agressivité et qui venait de corriger de fort belle manière d'ailleurs, le petit arabe en mal de méconnaissance de la pratique des usages de la société. Cette attitude hostile envers un gamin se voulait être une démonstration béate et illusoire témoignant d'un sentiment de supériorité. Cette conduite injustifiable qui n'était pas un acte isolé d'ailleurs, entrait dans le cadre de la fatalité de l'histoire. Elle ne pouvait pas ne pas nuire aux relations déja tendues entre les communautés. Cette agressivité gratuite dont j'ai fait l'objet fait encore partie malheureusement des souvenirs impérissables du troisième âge que je suis et que le temps n'a pu estomper.
Cette Pointe des blagueurs, baptisée aujourd'hui Amar Ali, alias Ali La Pointe, possède une énorme plateforme surplombant le quartier Zougala en offrant une superbe vue panoramique. Les gens peuvent se délecter d'un spectacle balayant une partie de la vaste plaine du chélif et la ville d'El Khemis. Durant les journées froides, elle est balayée par un vent glacial repoussant les plus téméraires à s'y aventurer. En revanche, quand le temps s'y prête, on aime venir admirer le paysage notemment quand il y a de la visibilité. Durant les nuits d'Été, les Milianais viennent y chercher la fraicheur nocturne. Cet endroit féerique si cher aux Milianais, a connu une effervescence spéciale au cours de l'année 1958 (ou 59). Après la fameuse bataille d'Alger, les parachutistes du colonel Bigeard étaient venus à Miliana pour s'emparer d'un bastion de l'ALN bien ancré grâce à une topographie mouvementée des monts du Zaccar. Ils se sont installés sur la grande plateforme de la Pointe qui a servi de support à leur artillerie lourde et à leurs blindés pour débusquer un commando de l'ALN planqué dans les conduits souterrains qui recueillaient les eaux usées de la ville. Une logistique impressionnante a été déployée en embuscade sur cette esplanade pour attendre une sortie éventuelle des membres du commando. On n'a jamais su ce qui s'était réellement passé dans ces mystérieux souterrains de la ville. Toujours est-il qu'à la suite d'une forte résistance, un terrible affrontement s'était produit dans les entrailles de la cité causant beaucoup de morts de part et d'autre. Des témoins oculaires attestent avoir aperçu des corps charriés par les écoulements de l'oued guergour. C'est ainsi que la Pointe des blagueurs fut témoin malgré elle de beaucoup d'évènements durant son histoire.
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