La Station d'Aïn N'Sour

Située près de Miliana, à une altitude de 1050 mètres, la station d’Aïn-N’Sour était un site naturel remarquable, encore méconnu de nombreux Algériens et métropolitains. Perchée sur les pentes du Zaccar, elle se distinguait par son air pur et vivifiant, ses paysages grandioses et sa végétation luxuriante. Ce cadre enchanteur, propice au repos et aux excursions, rappelait par certains aspects les Vosges ou les Alpes, avec ses forêts denses, ses sources cristallines et la douceur de son climat.

Dans une lettre datant de février 1936, le docteur Georges Aubry, professeur de clinique médicale et médecin des hôpitaux, témoignait de son admiration pour Aïn-N’Sour, qu’il considérait comme l’une des meilleures stations d’Afrique du Nord. Il mettait en avant la facilité d’accès de la station, la diversité des promenades qu’elle offrait et les bienfaits de son air pour la santé. Il soulignait également son potentiel en toutes saisons. En hiver et au printemps, la station était idéale pour les excursions et le ressourcement, offrant un climat sain et vivifiant. Toutefois, il constatait que la popularité des sports d’hiver détournait une partie de la clientèle vers des stations mieux équipées. Il suggérait alors de développer des infrastructures adaptées, notamment sur le Zaccar Gherbi, qui présentait un potentiel intéressant pour attirer les amateurs de sports de neige.

En été, Aïn-N’Sour accueillait déjà des visiteurs séduits par la fraîcheur de son climat et la beauté de ses paysages. Cependant, pour favoriser les séjours prolongés, le docteur Aubry recommandait d’améliorer le confort des infrastructures. Contrairement aux visiteurs hivernaux, qui pouvaient se contenter d’un hébergement plus sommaire pour quelques jours, les estivants recherchaient davantage de commodités pour apprécier pleinement leur séjour. L’amélioration des conditions d’accueil aurait ainsi permis d’élargir l’attrait de la station et de fidéliser une clientèle plus variée.

Au-delà de ces considérations pratiques, ce qui faisait le charme d’Aïn-N’Sour, c’était son cadre naturel préservé et l’harmonie de ses paysages. Autour de la station, des routes splendides serpentaient à travers des villages et des villes pittoresques, tandis que les vastes forêts qui l’entouraient offraient aux excursionnistes une multitude d’itinéraires pour des promenades inoubliables. Contrairement à d’autres stations qui devaient leur succès à une publicité agressive ou à un engouement temporaire, Aïn-N’Sour s’imposait par la richesse de ses paysages, la pureté de son air et l’authenticité de son atmosphère. C’était un lieu qui séduisait durablement les amateurs de nature et de tranquillité, un écrin préservé où l’on venait chercher la fraîcheur, l’apaisement et la beauté des grands espaces.

Dr Georges AUBRY,  Professeur de Clinique Médicale
Médecin des hôpitaux
20 Février 1936