Les Jardins de Miliana/ De MM. A.PRENANT et H.DELANNOY
Effets de la prolétarisation d’une banlieue maraîchère et fruitière
Cette communication expose les résultats obtenus en 1955 par H.Delannoy, remis à jour, à l'issue de deux brefs séjours à Miliana en Janvier et Avril 1960, par A. Prenant, avec l'aide d'un étudiant parisien, M.Levallois, et grâce à la compréhension et à l'aide apportées par les autoritées algériennes.
Comme pour la plupart des villes du Maghreb, la possession d’un riche terroir, offrant des possibilités d’irrigation et de spécialisations délicates, peut être considérée, à Miliana comme une des conditions de l’existence de la ville. Tous les textes, depuis El Bekri jusqu’à la conquête coloniale française, en 1840, attestent le rôle déterminant du revenu des jardins et vergers dans la fortune citadine.
Il y a autour de Miliana, des jardins et des vergers bien tenus, dans lesquels on trouve beaucoup de vignes, de cerisiers, de poiriers et de pommiers. (Dans la plaine), un grand ruisseau qui vient de Miliana (Oued Boutan) distribue ses eaux dans une infinité de petits canaux pratiqués exprès pour l’irrigation des rizières.
Des conditions naturelles favorables au jardinage
Dans l’ensemble, l’irrigation de ces deux terroirs a été, dans l’histoire, permise par l’abondance et la régularité relative (car elle subit d’importante fluctuations d’une année sur l’autre), des sources qui jaillissent, au contact des argiles formant les bas versants (en contrebas de la ville), de la masse karstique du Zaccar, dominant la ville de ses pentes rocheuses et abruptes. Le débit moyen de 452 litres/secondes permettrait théoriquement de distribuer une tranche d’eau annuelle de un mètre sur près de 1.500 ha. Traditionnellement, la fraction de ces eaux recueillie soit sur la principale ligne de sources, débitant les 9/10 des eaux de la nappe karstique (411 m3/sec) vers 740 m d’altitude, sur le contact calcaire/schistes, soit sur d’autres sources moins importantes et isolées, au pied des travertins ou même plus en aval, permet d’arroser, par un réseau de canaux recoupant obliquement les courbes de niveau. Les sols fertiles des interfluves, ou, comme à Hammama, d’alimenter des cultures ponctuelles, ou, comme à Aïn Bercouq et Zougala, de relayer le réseau général. Le surplus, prélevé, avant la période coloniale, à partir de barrages de dérivation établis sur l’Oued Boutan, servait à irriguer le terroir de plaine, aujourd’hui incorporé au périmètre du barrage du Ghrib.
La disposition des sources entraine, selon les quartiers, une inégalité dans la valeur d’utilisation des terres. Leur utilisation permet en effet actuellement d’irriguer la totalité des 36 ha d’Aïn Bercouq, 55% des 285 ha du quartier Annassers, contre environ 40% des 310 ha de Zougala, 20% des 410 de Hammama, 22% des 425 ha d’Oued Rihane. Ces surfaces représentent une masse irrigable de 406 ha groupés au Sud et à l’Est de la ville, et très secondairement à l’Ouest, que traduit dans le paysage. L’abondance des arbres, la multiplicité des banquettes découpant le versant et le semis très serré des habitations ; un îlot de 37 ha à 1 km au Nord-Ouest sur Oued Rihane, deux îlots groupant 34 ha à l’Est (Aïn Berda) et à l’Est-Nord-Est (Hammama) dans le quartier de ce nom ; soit en tout 477 ha sur les bas versants du Zaccar, aujourd’hui encore inclus dans la commune de Miliana.
Les densités de population (2.263, 1.530, 533, 247 et 371 habitants au kilomètre carré respectivement (pour Aïn Bercouq, Annassers, Zougala, Hammama et Oued Rihane) semblaient en 1954 traduire assez exactement l’inégale répartition des zones irriguées. En réalité, l’importance des facteurs étrangers à l’activité horticole laisse penser qu’il ne s’agissait là que d’un ajustement instable représentant une coïncidence momentanée.
Caractères de l’économie horticole précoloniale
En effet, les documents sur Miliana à la veille de la colonisation ne mentionnent aucun édifice extra-muros, hormis quelques moulins et les forges d’Abdelkader. Le séquestre établi alors ne porte, en ce qui concerne la propriété bâtie, que sur « 490 immeubles urbains » intra-muros.
Les biens fonciers séquestrés paraissent au contraire sous la forme de propriétés couvrant en général plusieurs hectares chacune, en partie dans la zone horticole, en partie dans la zone de culture vivrière sèche ou irriguée, autour d’El-Khémis, appartenant ou ayant appartenu pratiquement à chacune des grandes familles citadines. Celles-ci cumulaient donc la rente foncière, le produit de la production agricole de certains des leurs, et de l’activité commerciale ou artisanale des autres. Une partie du travail agricole était assurée, lors des gros travaux, par des ruraux venus en immigration temporaire des tribus voisines, en particulier des Righa, installés immédiatement à l’Est, et campant dans des tentes ou des gourbis provisoires. L’économie des jardins n’était donc pas autonome, et représentait un élément se combinant avec l’économie proprement urbaine d’une ville dont la population, estimée à 6.000 habitants ou peut l’être au minimum à 5.000 (pour un taux de 10 habitants par unité familiale occupant une demeure).
Deux conséquences de la colonisation sur la répartition de la population. Dispersion des citadins dans la banlieue et pourtant déruralisation.
C’est le fait colonial qui provoque la dispersion des citadins dans leurs jardins : dès 1844, sur 1.805 Musulmans présents, 972 (54%) sont dénombrés en banlieue : l’abandon de la ville. A l’approche des troupes françaises, l’achèvement de sa ruine par ces dernières, l’occupation par une nombreuse population coloniale d’immeubles urbains placés sous séquestre et non restitués à leurs légitimes propriétaires restés longtemps réfugiés dans la campagne, imposent cette mutation : intra-muros, n’étaient revenus, en 1843, que 110 Musulmans et 112 Juifs ; en 1844, 1.182 Algériens, dont 350 Juifs ; sur l’ensemble de la commune (Affreville compris), une population comparable à celle de 1840 (5.651 Algériens dont 847 Juifs). Cependant les Européens étaient passés, sur le territoire, de 324 fin 1843 à 1.278 en 1847, 1.418 en 1854, 2.172 (dont 1.598 intra-muros) en 1866, 2.242 (dont 1.662 intra-muros) en 1871.
Initialement, les citadins se muent en ruraux : en 1871, d’après des sondages dans l’Etat-Civil, le secteur d’activité agricole occupe 91% des Musulmans à Hammama, 89% à Aïn Bercouq, 88% aux Annassers, 84% à Zougala, 67% à Oued Rihane.
Par la suite, l’évolution du pourcentage d’actifs agricoles est résumée par le tableau ci-dessous :
Année | 1881 | 1901 | 1911 | 1921 | 1931 | 1948 | 1954 |
Aïn Bercouq | 100% | 78% | 90% | 90% | 82% | 79% | 54% |
Annassers | 87% | 80% | 70% | 46% | 43% | 40% | 27% |
Zougala | 84% | 82% | 77% | 90% | 62% | 81% | 61% |
Hammama | 100% | 100% | 100% | 86% | 86% | 55% | 22% |
Oued-Rihane | 100% | 100% | 75% | 78% | 88% | 77% | 41% |
En fait, la déruralisation, inégale et échelonnée dans le temps, qu’indique ce tableau, est d’autant plus sensible que le pourcentage des « journaliers », salariés susceptibles de travailler ailleurs que dans l’agriculture, par rapport à l’ensemble, sauf lorsque il est « épongé » par d’autres activités, dans une population numériquement stable :
« L’armée française trouve Miliana livrée aux flammes ; aux ravages de l’incendie vinrent se joindre d’inévitables dégradations, conséquences de l’abandon de la ville par ses habitants et des premières nécessités de l’occupation militaire. » (Tableau de la situation…, 1840).
% des journaliers, par rapport aux agricoles de : | 1871 | 1881 | 1901 | 1911 | 1921 | 1931 | 1948 | 1954 |
Aïn Bercouq | 38% | 38% | 38% | 46% | 33% | 64% | 42% | 30% |
Annassers | 23% | 31% | 53% | 43% | 58% | 63% | 70% | 50% |
Zougala | 11% | 11% | 9% | 33% | 33% | 33% | 40% | 60% |
Hammama | 20% | 30% | 33% | ? | 50% | 67% | 70% | 50% |
Oued-Rihane | 25% | 67% | 77% | 50% | 72% | 80% | 86% | 86% |
Ainsi, statiquement, la déruralisation s’est accompagnée d’une sous-prolétarisation et d’une prolétarisation.
Ces transformations se sont opérées d’abord dans les quartiers les plus touchés par la colonisation, Zougala et Annassers, à la fin du XIX siècle. Une deuxième étape, transformant Annassers en une zone d’allure suburbaine, se produit après 1911 ; puis c’est Oued Rihane qui est touché, une première fois, aussitôt après la première guerre mondiale, avant de subir, avec tous les quartiers, une péjoration après 1930 ; aussitôt avant, et après la deuxième guerre mondiale, ce quartier et celui de Hammama, jusqu’alors à peine touchés, subissent la mutation la plus spectaculaire, Zougala la ressent à un moindre degré. Aïn Bercouq, bien que niché immédiatement sous les remparts de la ville, y échappe seul encore aujourd’hui et reste presque exclusivement rural.
Cette inégalité de rythme est liée à la transformation progressive des quartiers de la banlieue horticole en zone d’acclimatation d’immigrants des campagnes : la population de la banlieue s’est globalement multipliée par 10 en un siècle (9.480 Algériens Musulmans en 1954 contre 972 en 1844), alors que la ville, intra-muros, n’arrivait qu’au chiffre de 3.032 (à peine trois fois le chiffre de 1844 moins qu’avant la conquête coloniale). Cet accroissement est plusieurs fois supérieur à l’accroissement naturel. Il s’est opéré au fur et à mesure des transformations des structures économiques et sociales dans les différents quartiers.
Ainsi, on peut estimer qu’Aïn Bercouq, la densité de population (9), de 1.200 hab/km2 en 1891, est régulièrement passée à 1.500 en 1906, 1.800 en 1936, 2.230 en 1054, selon une courbe légèrement décroissante supposant une émigration.
« La population des différents quartiers ne faisait pas l’objet d’une rubrique du recensement avant 1936. Elle a été évaluée à partir de l’Etat-Civil en admettant des conditions démographiques analogues d’un quartier à l’autre.»
Aux Annassers, par contre, la densité kilométrique de la population, passant seulement de 550 à 650 entre 1891 et 1906 bondit brutalement à 800 en 1911, se stabilise à ce niveau jusqu’en 1931, puis subit une nouvelle poussée atteignant 1.060 en 1936, avant de croître (jusqu’à 1.530), sans apport extérieur évident. Si l’accroissement du peuplement y concernait, jusqu’en 1911, l’importante minorité européenne, il s’est fait depuis en dépit de leur départ progressif, presque total aujourd’hui.
A Zougala, une première poussée de 1891 à 1906, pendant laquelle la densité passe de 270 à 470 environ, inexplicable sans une forte immigration, précède une longue stagnation, la reprise démographique postérieure à 1936 s’expliquant par le seul accroissement naturel.
A Hammama, de même, une première augmentation de la densité encore que moins marquée (de 120 à 150 entre 1891 et 1901), est suivie d’une stagnation jusqu’en 1936. Depuis cette date, au contraire, et surtout depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, l’accroissement implique une forte immigration, puisque la population double pratiquement en vingt ans.
A Oued Rihane, enfin, la densité de population, restée relativement très basse (autour de 70 au Km2) jusqu’en 1921, passe brutalement à 115 en 1926-1931, puis triple de 1931 à 1948, avant de subir la plus forte poussée depuis l’insurrection de 1954.
Des sondages dans l’Etat civil permettent de confirmer le rôle de l’immigration : ceux opérés pour l’année 1931 montrent, pour la population en âge de procréer, une proportion particulièrement faible (22%) d’originaires de la commune, à Oued Rihane ; particulièrement forte au contraire aux Annassers et Zougala (50%), et surtout en ce qui concerne ce dernier quartier où les étrangers sont principalement des Beni-Menacer, une immigration ancienne, plus constante et d’origines plus diverses aux Annassers, l’absence d’immigration dans les deux autres quartiers. Les données de 1954, pour les classes d’âge équivalentes (30% d’originaires de la commune à Oued Rihane, 40% à Hammama et aux Annassers, contre 44% à Zougala et 72% à Aïn Bercouq) montrent la nullité de l’immigration à Aïn Bercouq, sa faiblesse à Zougala, sa constance aux Annassers, et les nouvelles poussées affectant Oued Rihane et surtout Hammama.
Le poids des facteurs extérieurs à l’économie horticole
Ces transformations démographiques résultent évidemment de facteurs extérieurs à l’économie horticole, qu’elles contribuent à bouleverser :
- Autour de 1900, pour Zougala et Hammama, l’afflux de populations rurales touchées par la crise agraire dans le Cheliff en voie de colonisation apporte une modification des structures sociales, mais non de l’orientation agricole de ces quartiers.
- Autour de la deuxième guerre mondiale, l’ouverture des mines de fer détermine cette fois un changement fondamental d’orientation des Annassers : dès 1911, 2% des Musulmans, 54% des Européens de ce quartier travaillent à la mine ; en 1921, 10% des Musulmans, 10% des Européens, dont le nombre absolu diminue ; la stagnation démographique postérieure est liée à celle de l’extraction : en 1931, 10% des Musulmans, 50% des Européens sont encore des mineurs.
- C’est le même phénomène qui se produit à Oued Rihane au lendemain de la première guerre mondiale : la population non agricole y comprend alors presqu’exclusivement des mineurs, mais le réaménagement de l’irrigation, en 1923, entraine également la fixation de travailleurs agricoles.
- Les fluctuations de la production de minerai règlent désormais l’évolution des Annassers et d’Oued Rihane, notamment l’accroissement de leur population en 1936. Cependant, des phénomènes extérieurs, comme la crise agraire ouverte par la deuxième guerre mondiale, puis tout récemment, pendant la guerre d’indépendance, la création de zones interdites, le quadrillage, les regroupements accompagnés de la destruction de l’habitat rural, répercutent sur la banlieue de Miliana les mêmes phénomènes de déséquilibre des campagnes que dans les autres villes d’Algérie. Ce sont les quartiers où la densité de population, en particulier la densité agricole est la moins forte, Hammama et Oued Rihane, qui reçoivent tout d’abord ce surplus d’immigrants, en partie absorbés, professionnellement, par la mine, avant que les terres les plus éloignées de ces quartiers ne subissent à leur tour directement les effets de la guerre.
Ainsi, la mine est-elle devenue le principal facteur de fixation, comme l’indique un tableau du pourcentage des mineurs dans les différents quartiers lors des recensements de 1948 et 1954 :
Tableau : pourcentage des mineurs dans la population active et (entre parenthèse)
Dans la population active non agricole algérienne.
Quartier | Annassers | Zougala | Hammama | Oued Rihane | Aïn Bercouq |
Année | - | - | - | - | - |
1948 .... |
33% 55% |
5% 28% |
29% 65% |
10% 45% |
2% 9% |
1954 .... |
29% 36% |
14% 36% |
60% 75% |
25% 60% |
15% 31% |
Les salaires des mineurs ne constituent plus, dans trois des quartiers au moins, un seul appoint au produit du jardinage.
Celui-ci devient la ressource subordonnée, et les modifications survenues dans la structure de la propriété et de l’exploitation de la huerta ont enlevé son indépendance, dans la plupart des cas, à l’économie agricole.
La destruction de l’équilibre interne de l’économie horticole
Les premières atteintes à l’équilibre interne de l’économie horticole résultent de la colonisation ; c’est tout d’abord l’amputation de tout le terroir de plaine irrigué, livré à la colonisation pour la constitution du centre d’Affreville en 1849, et dont et dans les grandes pièces de terre contrastent aujourd’hui avec le morcellement des jardins du versant. Le remplacement, en 1923, des dérivations de l’Oued Boutan, traditionnellement consacrées à arroser ce terroir, par le prélèvement – de 125 1. /sec. – à la nouvelle source des mines d’Oued Rihane ne laissent que 327. /sec, pour l’irrigation des jardins.
C’est ensuite l’extension de la propriété coloniale, dans la huerta elle-même : initialement, 19 exploitations considérées comme beylicales, conservées au domaine à la suite du séquestre, louées, puis alloties à des Européens ; une population rurale européenne rapidement installée sur ses terres dans les jardins irrigués, représente en 1871 environ la moitié de la population d’Oued Rihane, le quart de celle de Zougala, le cinquième de celle des Annassers, 10% environ de celle de Hammama et de Aïn Bercouq. En 1917, l’enquête sur la propriété foncière en Algérie attribuait aux Européens 905 hectares sur 1.797 appropriés (plus de 50%), dont 537 sur 1.429 hectares de terres cultivées (37%). En 1954, à la veille de l’insurrection, 486 Européens, malgré un léger recul, se partageaient encore 820 ha, plus de 48% de la propriété privée de la commune bien que le nombre des agriculteurs résidant parmi eux ait considérablement diminué. Leur part de terre irriguée était presque aussi importante : 36% de la surface, entre les mains de 75 irrigants : 33% aux Annassers, 64% à Hammama, 30% à Zougala, 60% à Oued Rihane, 0% à Aïn Bercouq. C’est dire que, même dans la huerta, la population agricole algérienne n’avait pas conservé les 2/3 de ses terres, et de l’usage des eaux.
La désadaptation du réseau d’irrigation à cette nouvelle structure a constitué un autre facteur de déséquilibre ; confié après la colonisation, aux Ponts et Chaussées, puis concédé par un arrêté préfectoral du 16 Juin 1870 à un syndicat d’irrigants, le réseau, entièrement restauré à cette date pour la dernière fois, n’a pu depuis, être entretenu sérieusement. Composé de 30 km de canaux principaux, en demi-buses exposées à se disjoindre et à subir l’évaporation, alimentant eux-mêmes, par un système de vannes quelques 50 kilomètres de canaux secondaires desservant les jardins, il constitue par lui-même un système sans souplesse. Le mode de distribution aux membres du syndicat, attribuant, à raison de deux tours, l’un nocturne, l’autre diurne, dix minutes d’arrosage hebdomadaire pour cinq ares, rend aléatoire, en fonction des détériorations des canaux aggravant l’irrégularité du débit, l’irrigation des petites parcelles ; seules les exploitations disposant d’un bassin de retenue échappent à ce risque. En outre, la présence nécessaire aux heures obligatoires d’attribution impose aux irrigants ayant une autre activité professionnelle l’emploi d’une main-d’œuvre salariée, souvent très couteuse pour les petits exploitants.
La modicité des taxes d’irrigation (70 F par hectare en 1939, 2.600 en 1955) éliminait bien un obstacle financier pour les petits exploitants, mais constituait un apport insuffisant (1.200.000 F en 1955) pour permettre l’entretien du réseau : en 1955, 160,000 F seulement étaient consacrés à la constitution du Fond de réserve nécessaire, représentant la valeur formelle du réseau, soit 15 millions. A cette date, une subvention de 8à millions pour la réfection fut demandée au gouvernement général ; mais le conflit qui suivit immédiatement, l’abandon de nombreuses irrigations et mêmes de nombreuses terres, ne permirent pas de mener à bien cette tâche, et l’indépendance de l’Algérie a trouvé le réseau dans un état de dégradation accentué.
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