Les Mines du Zaccar/Par Mohamed LANDJERIT
Miliana se raconte...
Miliana surprend les familiers des paysages miniers. Pas de terrils, pas de tours d’extractions, aucune de ces super-structures gigantesques dressant leur masse métallique sur les plaines désolées.
A chaque tournant, la route de montagne surplombe la plaine du chéliff, après avoir gravi le chemin en crémaillère qui serpente à travers cette déclinaison. Un rideau d’eucalyptus borde le ravin.
Dans la paroi rocheuse, un trou de deux mètres de diamètre vous invite à pénétrer dans la mine. Des lampes se balançant dans la nuit, éclairant une galerie au boisage grossier qui aboutit à un puits d’une quinzaine de mètres de profondeur.
Faute d’ascenseur, on y descend par une minuscule échelle, vers une nouvelle galerie flanquée d’étroits boyaux qui sont les chantiers de taille.
Des ouvriers déblaient des tas de blocs grisâtres= le minerai que des manœuvres chargent sur des wagonnets dont ils font basculer le contenu dans une fosse sans fond ouvrant sur la montagne.
Le minerai dévale la pente, pour être recueilli sur des terrasses en contrebas. La mine employait jadis jusqu’à 2000 travailleurs soit à peu prés un membre sur quatre de la population active de la ville.
Beaucoup commençaient dés l’âge de 15 ans comme « mousse » portant de l’eau et des outils, certains deviendront pousseurs de wagonnets.
Un mineur, comme son nom l’indique, ça pose des mines, lesquelles déposées dans des chantiers de tailles, pulvérisent la roche et dégagent le minerai, plus tard, bon nombre de ces mineurs sont devenus les meilleurs artificiers des maquis de la Révolution de Novembre.
Boq Lermiz (La sirène de la remise)
A versé dans le silence, il rythmait la vie de la mine du ZACCAR. Il s’annonçait dés 06h30 pour les mineurs de fond, puis à 14h45mn pour les libérer. C’était si MOHAMED CHERCHALI qui, à partir de la centrale électrique l’actionnait.
Niché tout en haut d’un ensemble métallique, juste après la pierre noire vers les belles sources, dressé vers le ciel, Boq lermiz, comme se plaisent à le nommer familièrement les Milianais, est en fait une sirène réglementant les entrées et sorties des différents chantiers des mines.
Perché donc tel un aigle dans son nid à plus de 15 mètres de haut dans un fouillis de poutrelles, ce gardien du temps n’impose pas à première vue sa taille. Si l’on entend ses rugissements à plusieurs kilomètres à la ronde, cet animal n’est pas plus grand qu’une grosse cocotte minute.
Depuis combien de temps régente-t-il la journée de tous les habitants ? Nul ne le sait ! Interrogés à ce sujet les rares quinquagénaires ayant exercé à la mine ne s’en rappellent plus, ils se plaisent à dire qu’ils l’ont toujours entendu. Se pourrait-il qu’il soit centenaire ? Peut être ! Car mine de rien, le voilà faisant partie du patrimoine local.
A quinze heures moins le quart, après avoir sonné le rappel général des mineurs de fond, Boq était fier du haut de son piédestal de voir défiler des centaines et des centaines de mineurs, fourbus, harassés mais heureux de rejoindre leur gîte familial.
Boq lermiz continuera sa mission en intervenant plusieurs fois par jour bien après l’indépendance nationale ou il s’annoncera encore de plus belle comme libéré d’un sordide carcan.
Il battra fidèlement le rappel des troupes jusqu’au 31 Décembre 1975, année de la fermeture définitive des mines du ZACCAR, Après avoir été de toutes les saisons en intervenant dans la vie paisible qui s’écoulait alors. Hélas ! Tout à une fin, ainsi ne se sentant plus concerné, Boq lermiz se taiera cette fois-ci définitivement.
Par une nuit glaciale du 24 décembre 1994, à la stupeur générale, les habitants d’abord médusés puis inquiets l’entendirent rugir de nouveau. Se pourrait-il ? Est-ce possible ? Après une vingtaine d’années de silence ! Quel drôle de père noël s’annonçait ! Mais quelque chose clochait, son appel venait de plus loin que d’habitude pour ceux qui le connaissait bien, il semblait gémir et lançait des S.O.S, des appels de détresse en somme !
Courageusement et inlassablement sans faiblir, malgré son âge avancé, ses lamentations retentissaient de plus belle en déchirant le ciel passablement nuageux. Mais diable ! Que voulait-il nous dire et d’où cela provenait-il ?
Ce n’est que le lendemain aux premiers rayons d’un pâle soleil que les Milianaises et Milianais apprendront avec stupéfaction la triste nouvelle. Boq lermiz, installé depuis, à l’usine de la société nationale METAL, située à environ 02 kilomètres à l’est de la ville, s’était réveillé. Sentant un danger imminent, pour prévenir d’une attaque terroriste ayant pour but la destruction totale de cette usine.
Ainsi, pressentant une horrible catastrophe et malgré ses rouages usés par le temps, il remplira admirablement et avec panache une des ces multiples missions, la dernière peut être, en sauvant de la mort certaine des dizaines de vies humaines tout en préservant intacte l’infrastructure industrielle.
Sacré Boq lermiz, tu mérites une médaille ou pourquoi pas un repos bien mérité au musée de la ville où les passants de tout bord viendraient faire ta connaissance. En tout cas merci à toi de nous avoir fait rêver, les anciens ne t’oublieront jamais ! Et …….. Chapeau Bas !
Commentaires
-
- 1. Mohammed Midjou Le 24/10/2023
Mr Mathieu Minfray, bonjour
En réponse à votre demande relative à la publication de photos des machines à air comprimé que vous semblez connaitre techniquement, nous sommes au regret de vous signaler que la mine n'est plus en service depuis un demi siècle et que les équipements des ateliers ont été désinstallés et transférés ailleurs au lendemain de sa fermeture. Bonne réception. -
- 2. MATHIEU MINFRAY Le 21/10/2023
Bonsoir Monsieur,
Merci pour votre site très intéressant.
Je suis passionné d'histoire industrielle et en particulier des machines d'air comprim, je suis à la recherche de photos de la salle des compresseurs d'air de la mine du Zaccar.
cette dernière était équipée de compresseurs de marque Spiros (usines à Saint Denis), de gros 4 cylindres en Vé de 2000 m3/h chacun.
Avez vous des photos de cette partie de la mine?
Bien cordialement
Mathieu Minfray -
- 3. OUDJIDA AZIZ Le 08/01/2021
Nous avons un ami en commun je crois, Bachir Rezzoug, Allah Yarhmou, qui est de Teniet El Haad, village d'ou je suis aussi. Bachir et mon frère ainé Mahfoud nés en 1941, sont restés amis d'enfance. J'ai toujours gardé le contact avec Bachir et j'avais passé beaucoup de temps avec lui, quelques années avant sa mort en 2008. J'etais à l'époque, basé à Amsterdam et à chaque fois que je venais à Alger, ma première visite était pour lui. Je me souviendrai toujours des innombrables discussions avec lui et je savourai toutes ses paroles. Des anecdotes qu'il me racontait, notamment ses interview avec les grands de ce monde, une véritable encyclopédie, un seigneur. Qu'il repose en paix Inchallah. -
- 4. BENCHICOU MOHAMED Le 03/01/2021
Chers amis,
Bonne année 2021 et sachez que je ferai souvent ds virées par votre site.
Med Benchicou -
- 5. Aziz Le 01/01/2021
Monsieur Benchicou
Content de vous lire sur notre site et merci encore une fois à notre amie Noria pour ce superbe job dans ce site.
J'ai un ami algérien, retraité et ancien professeur aux Universités d'Alger et de Toulouse, qui est une source intarissable et très fiable sur les aspects techniques des mines en Algérie et ceci inclut les mines du Zaccar mais aussi sur leur background historique. En assumant qu'il serait disponible, je pourrai éventuellement le contacter si toutefois vous jugez utile.
Amicales salutations depuis Londres, j'ai lu vos livres et je m'impatiente déjà de lire le nouveau. -
- 6. noria Le 31/12/2020
Bonjour Mr BENCHICOU, votre intervention sur le site nous honore. Merci d'avoir pris le temps de nous écrire. J'espère que vous allez continuer longtemps à nous faire ce plaisir.
Le Site est à votre disposition pour tout complément d'informations et vous souhaite plein succès pour votre nouveau roman.
Cordialement -
- 7. BENCHICOU MOHAMED Le 31/12/2020
Bonjour, Je suis Mohamed Benchicou, ancien directeur du journal Le Matin et je vous suis reconnaissant de graver dans les mémoires l'histoire de notre chère ville natale et notamment celle du Zaccar. C'est un travail précieux qui restera dans le temps.
Je suis en train de rédiger un roman dans lequel Miliana est fortement présente, et notamment les mines du Zaccar. est-il possible de reprendre certaines informations de votre site ? Merci. Bon courage dans votre noble travail. -
- 8. aziz Le 05/12/2019
Amies et Amis,
Je sais que notre bon ami Mohamed Landjerit ne consulte pas souvent ce site mais est ce que je peux demander a l'un d'entre nous de le contacter physiquement et de lui demander s'il peut entrer en contact avec Mr. Etievant Christophe, via ce meme site. Mr Etievant est en train de faire un travail historique sur les mines de fer de Miliana pour une revue scientifique Rail et Industrie. Il me tarde personnellement de lire le résultat de son travail et cela contribuera grandement a mon humble avis, et dans ce cas précis, avec l'apport des deux cotés de la Méditérannée, a une écriture conjointe d'une partie de l'histoire des mines en Algérie. Merci -
- 9. ETIEVANT CHRISTOPHE Le 01/12/2019
Bonjour
merci pour votre aide, pouvez vous me mettre en contact avec Mr Mohamed Landjerit ? je vous tiendrai au courant des avancés de l'article. Très cordialement Christophe -
- 10. noria Le 15/11/2019
Bonjour à toutes et à tous,
@ Mr FERHAOUI, vous n'avez pas besoin de mon accord, le site vous appartient.
Je reste à votre disposition.
Djoumouâa Moubaraka -
- 11. yahia1930 Le 15/11/2019
je ne peux être d'une grande utilité pour mes chers collègues ayant fait ou ayant un lien d'une manière ou d'une autre avec la ville de Miliana, j'étais adolescent, j'avais fait le lycée de Miliana. Nous étions une génération qui n'a pas su exploiter les informations nécessaires au moment voulu et de la bonne manière, il nous faut des rencontres bien organisées où on pourrait se voir se concerter où on pourrait exploiter le peu que chacun a de la bonne manière.asseyons d'organiser des rencontres pour concertations, pour se voir, se concerter, démarrer de la bonne manière pour rattraper le temps et rattraper le temps. Ne laissons pas au temps, temps de nous s'assommer, l'avantage du temps, c'est qu'il se permet d'avoir du temps d'assommer autrui. -
- 12. ferhaoui Le 13/11/2019
la toile en question sera publ ,sur le site algermiliana... il s"agit en réalité d'un transfère seule mon amie noria ,est habilité à le faire dés que, j aurai son accord ... -
- 13. ferhaoui Le 12/11/2019
bonjour tout le monde ou que vous soyez. mon cher ami etievant, j'ai lu vos textes et votre idée m'intéresse d'une facon ou d'une autre j' habite oran et nous sommes en 1969 j'ai été muté à miliana ,au lycée mustapha ferroukhi, au sujet des vestiges je me rappelle comme si c'était hier: wagonnets train et le paysage environnant c'est dire c'est presque du "zola" dans germinale c'était trop beau de ne pas en tirer une toile ou deux en ma qualité d"artiste peintre chose faite une véritable révélation..., j'ai immortalisé cette scène ou ces objets étaient là presque comme le besoin d'un tournage de film n'ayant rien à voir avec ceux d'aujourd'hui de plus ils s'offraient à mes yeux sachant avec le temps et les années tout allait surement changer le mieux serait de tirer une toile pour l'histoire de miliana, et des mines de la ville des cerises.ce serait bien d'inclure cette toile pourquoi pas, entre autres doc. à mon tour cher ami de vous remercier pour ce travail de mémoire collective. -
- 14. Aziz Le 03/11/2019
Bonsoir Mr Etievan,
Pour les photos contenues dans le site, je pense que mon ami Mohamed Landjerit, auteur de l'article ci-dessus et des photos qui y sont apposées serait la personne a contacter et qui pourrait vous etre beaucoup plus utile que moi-meme. Il est aussi auteur de plusieurs ouvrages sur la ville de Miliana et son histoire et pourrait aussi etre une très bonne source d'information sur les mines du Zaccar. De plus mon ami Mohamed Landjerit a eu la sagesse et l'intelligence de rester au pays et a Miliana, ce qui malheureusement n'a pas été mon cas. J'ai non seulement quitté Miliana, la ville de mes ancetres mais aussi le pays depuis bien longtemps mais mon coeur y est toujours.
Essayez aussi de surfer sur le net de l'Ecole des Mines de Paris, Fontainebleau, je crois savoir si mes souvenirs sont bons, qu'ils ont des archives sur les Mines du Zaccar. -
- 15. ETIEVANT CHRISTOPHE Le 02/11/2019
Bonjour Mr Oudjida Aziz.
Je vous remercie grandement pour votre réponse, et vos pistes.
Il me sera difficile de venir sur place, faute de moyen, ce que j'aurai aimé faire bien sur. Je vais tenter ma chance quand même en écrivant au ministère et à l'université. Concernant les photos utilisées sur le site internet serait-il possible, avec l'accord des détenteurs, d'en obtenir des numérisations de bonnes définitions afin de les joindre à l'article en préparation ?
Et pour finir d'abuser avec votre gentillesse, savez vous si il y a eu un ouvrage localement traitant des mines de Miliana ou de la région ? Etes-vous de la région de Miliana car je sais qu'il existe un locotracteur en monument et je n'ai pas de photo contemporaine. Peut-être qu'il existe aussi des vestiges de cette page d'histoire ? Ou connaissez-vous quelqu'un qui pourrait mes faire ces photos ?
en vous remerciant
très cordialement
Christophe Etiévant -
- 16. Aziz Le 31/10/2019
Monsieur Etievant Christophe,
Le mieux serait de se rapprocher du Ministère de l'industrie et des Mines, 2 Rue Ahmed Bey, Immeuble les Colisées, El Biar, 16000, Alger ,Algérie. Tel: 00213 021 740 681; Fax: 00213 021 239 428; Web: http://industrie.gov.dz. Alternativement ou mieux en parallèle, approchez l'Université d'Alger, département des Sciences de la terre et des Mines. Mais mon expérience personnelle est qu'il serait préférable de rencontrer les gens ''face to face'' sur place. Incidemment le minerais de fer des mines du Zaccar, Miliana a largement été utilisé par Eiffel pour construire la tour, ceci du a sa composition minéralogique/chimique, le fer extrait étant plus flexible et plus adapté a une oeuvre d'art de la sorte, permettant une certaine flexibilité aux vents. Bon courage pour votre recherche. Aziz Oudjida -
- 17. ETIEVANT CHRISTOPHE Le 29/10/2019
Bonjour
dans le cadre de la rédaction d'un article sur les mines de fer de Miliana pour la revue Rail et Industrie, serait-il possible d'être mis en contact avec des spécialistes sur ce sujet, en ce qui concerne des témoignages, documents iconographiques et vestiges actuelles.
Je pense notamment aux photos des trains diesels dans la rue.
je vous remercie d'avance de nous aider pour ce travail bénévole que nous accomplissons pour ne pas oublier l'histoire.
Ajouter un commentaire