Zorna ou Zornajiya
Miliana possède un riche patrimoine musical dont l'histoire remonte vers le début des années vingt. A cette époque, un groupe de zorna dirigé par cheikh Medjber Taib est composé de son frère Braham, Mohamed El Brazi, Abdelkader Abdessamed, Kaddour et Said h'lal (de Cherchell) se rencontraient fréquemment dans un café situé dans le quartier des anasseurs pour faire des répititions musicales. Ce groupe commença à jouer de la flûte (F'hel) avant d'utiliser la zorna turque.
Il interprétait alors plusieurs noubat dont "noubet essoltane" connue aussi sous le nom de "noubet soukout". Plus tard, il changea de lieu de répétition pour venir s'installer dans un nouveau local sis rue Pasteur, en face de hammam Zerrouk.
La troupe animait régulièrement les fêtes de mariage et de circoncision. Ainsi, les grandes noubet jouées aux sons de la zorna à l'occasion de célébration d'un mariage étaient les suivantes:
- -Noubet el hammam, trajet du marié vers le bain maure.
- -Noubet el haffaf, chez le coiffeur.
- -Noubet el wali, la visite à la mosquée de Sidi Ahmed Benyoucef.
- -Noubet rana djinek, arrivée au domicile du marié.
- -Noubet khoudh ma Attak Allah ya Arouss: la rentrée nuptiale.
Au cours d'une soirée musicale, la zorna relaie l'orchestre andalou jusqu'au lever du jour en jouant plusieurs noubet (modes musicaux) et tout en respectant les horaires de celles-ci. Vers la fin de la soirée, l'orchestre interprète à l'accoutumée «SallAllah alik ya Mohamed el-Arabi» une kassida de style «Beit ou Siyah» puis « Ebkaou Ala Khir ».
Pendant le moussem du pèlerinage, qui durait plusieurs jours à la mosquée de Sidi Ahmed Benyoucef, Cheikh Medjber et sa troupe avaient l'habitude d'aller accueillir les pèlerins à la gare d'Adelia. Le voyage vers Miliana s'effectuait à bord d'un petit train appelé "jardinière". Les wagons découverts en cette bonne saison et bandés de pèlerins, s'avançaient solennellement sous les sons de la zorna et des tambours. Après la rentrée du cortège par la porte du Zaccar, les visiteurs parcoururent les principales artères de la ville pour se retrouver tous dans la mosquée de Sid Ahmed Benyoucef.
Signalons que les pèlerins venaient eux aussi accompagnés de leurs troupes musicales dirigées par d'imminents chouyoukhs de l'époque tels que cheikh Mahmoud ould Sidi Said de Blida, cheikh Khelil de Boufarik, cheikh belloumia de Larabaa, cheikh Saïd el-Meddah , cheikh Ali Snitra, cheikh Abdelkader Kanoundji de Sidi moussa, cheikh Bourahla de Koléa, chouyoukh Dahmane Ben Achour, Benguergoura et Hadj El Mahfoudh tous de Blida, et sans oublier la grande et célèbre diva de l'époque cheikha Yamna Bent El Hadj El Mahdi de radio-Alger.
On raconte que vers les années 1930, lors de ce même pèlerinage, cheikha Yamna, satisfaite de la guérison de sa fille, Anima, en signe de reconnaissance au Wali de Miliana, deux soirées musicales dans l'enceinte de la mosquée, autour de la vasque; la première exclusivement pour les femmes la seconde, le lendemain, pour les hommes. Durant cette dernière, cheikh Medjber accompagnait modestement l'orchestre de la cheikha, qui, très éblouie par la virtuosité, vint le congratuler à la fin du concert.
Après la mort de cheikh Medjber, la relève fut assurée par son élève cheikh El Brazi, son orchestre était composé alors de Bekkoch Mohammed, Ali oussalah M'hamed, Djezzar Braham, Belfoul et Cheikh Abdessamed. Ce dernier prit à son tour le commandement de la troupe avec Sadek Sardoun et Ben hadj ameur Kouach. Leur lieu de répétition était situé dans la cordonnerie Abdessamed près du marché. A cette époque, cette troupe de zorna animait harmonieusement les cérémonies et les fêtes du mawlid Ennabawi en accompagnant les cortèges de m'naret vers la mosquée de Sid Ahmed Benyoucef.
Commentaires
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- 1. benyoucef Le 03/02/2014
Bonjour cher ami Remmali.
Merci pour l' invitation à l"agreable et conviviale soirée à laquelle on a été honorablement conviée à l'occasion du retour de ton voyage Omra des lieux saints .Presque tous les membres du bureau de l'ALMF étaient présents .Il y'avait de l'eau Zemzem qui coulait à flots, du couscous garni de viande et du thé,il ne manquait que la ZORNA.
Encore merci cher ami Remmali pour ta chaleureuse hospitalité et Omra Moubaraka inchallah
Affectueusement -
- 2. ferhaoui Le 28/01/2014
ma chère amie kéryma , bonjour je reconnais avec vous il y a toujours de la gaité dans vos commentaires...l'autre point à relever réside également dans votre charmante plume!j'adore aussi bien le mauvais temps et le beau temps du coup la facture change d'une toile a une autre si je ne me trompe c'est la nature de tous les artistes ainsi le jeu est sincère sans violence sera de tous les temps.les artistes et les rêveurs n'ont pas tort pour le moment...tant mieux faites l’expérience le soir descend plus vite que le peintre ne peint. comme on dit souvent: l' heure du berger compte ses lumières. un réverbère peut aider le peintre.ne pas s'attarder, les bleus deviennent noirs.hier j'ai été gâté ce fameux jour était de mon coté car une brise froide soufflait sur Oran en ces premières heures des nuits de janvier.le mois tirait à sa fin.mais cette ville Oran demeure singulière elle a été tant chérie par de grands artistes entre autres charef djilali le premier directeur ds beaux arts d’Oran année 1962 mort dans l'anonymat total!quand à votre 2 questions allons ,allons ma chère kéryma devant la toile il est nécessairement utile de faire les va et vient pour la réussite de l’œuvre ça fait partie du rituel artistique toujours avec un décor musical l'auteur en question que j'ai choisi la soirée d'hier un mélange classique et chaabi (pardonnez son nom m'échappe comme on dit chez nous) pour clore le tableau:. on ne présente pas Oran.elle se pressente et l'on salue. l'ami ferhaoui, oran. -
- 3. Meskellil Le 28/01/2014
Cher ami et grand frère bonsoir,
C'est vrai que regarder la pluie tomber par sa fenêtre est bien agréable et peut stimuler l'inspiration, mais quand on est obligé de sortir, qu'il pleut des cordes et qu'en plus il fait froid, là, c'est beaucoup plus crispant!
Vous êtes dans l'environnement que vous affectionnez le plus (je suppose) et vous écoutez une musique bien nostalgique, alors je comprends que tout ce qui peut se passer autour s'estompe, pour ne laisser place qu'à ce ruissellement de la pluie, au son de cette musique d'ailleurs, lointaine et si proche en même temps -
- 4. keryma Le 28/01/2014
Cher ami Ferhaoui,
J'interviens juste pour te dire que face à ta toile, il ne faut pas trop bouger avec la musique aussi entraînante soit-elle, n'oublie pas que tu risques de mélanger les couleurs sur la palette!!
Quoi que parfois le mélange donne un très bon résultat!
(Serait-il possible de connaître ce chanteur?)
Oran doit être très belle sous la pluie. (Mon pays me manque!)
Est-ce que la pluie est une bonne inspiration pour toi?
Amitiés colorées,
Kéryma, -
- 5. Chantal Le 28/01/2014
Bonjour Meskellil,
Merci d’avoir satisfait ma curiosité intellectuelle par ton savoir. Bien sûr, je suis allée sur le site que tu m’as indiqué et j’ai beaucoup apprécié cette vidéo. D’abord, pour la musique mais aussi pour l’aspect visuel de cette vidéo : les musiciens habillés d’une manière très élégante, de jolies tables sont dressées ce qui laisse à penser qu’une fête va avoir lieu, etc. Mais, le plus étrange pour moi, c’est qu’en visionnant et en écoutant cette vidéo, cela me dit quelque chose. Je pense que cette musique doit se trouver quelque part, enfouie au fond de ma mémoire, à une époque où j’étais sans doute trop petite pour mémoriser musique et lieu d’une manière consciente. Ce qui me laisse à penser également que mon attirance pour ce genre de musique a été acquise depuis ma plus tendre enfance. En tout cas, merci pour ces renseignements que je glane ici et là parce que dans ma famille - plus d’un demi-siècle après - l’Algérie reste un sujet totalement tabou. Ce qui, compte tenu de mon caractère, ne fait qu’amplifier mon souhait d’en savoir toujours davantage sur mon pays natal auquel je reste viscéralement très attachée quoi que l’on me dise et quoi que l’on fasse. Ce qui fait ma joie et qui compense le reste … c’est l’intérêt que porte mes enfants et petits-enfants à mon histoire liée d’une manière intrinsèque à l’histoire de l’Algérie. Bonne journée. -
- 6. ferhaoui Le 27/01/2014
bonsoir p'tit soeur meskellil, j'apercois de mon balcon que la pluie tombait en cascade pour un peintre c'est un cadeau du ciel oran fait une grande tache bleut', le jour comme la nuit j'ai pensé aux élèves et aux professeurs qui baillent devant ce spectacle merveilleux.au reste l' intérieur de l' atelier est vivable malgré que dehors ca caille j'ai tout! peinture,livres, musique, et qu'elle musique: yarab kalbi- mine sahibi nerde (mon dieu ou est le possesseur de mon coeur?) ... que de modes!! que de rythmes et d'alternances!!que d'émotions, au cours de cette soirée! promet certainement de l'inspiration. l'ami frehaoui, oran. -
- 7. Meskellil Le 27/01/2014
Bonsoir Chantal,
Bonsoir à tous,
La Zorna existe toujours et est jouée dans les fêtes évoquées (mariages, circoncisions...). Les Milianais me corrigeront si je me trompe. Voici un lien qui te donnera un aperçu de cette musique traditionnelle jouée par des Milianais je crois. Je pense qu'il doit s'agir d'un mariage. Bonne écoute, mais attention aux oreilles, c'est aigu. ça me rappelle Miliana d'antan, et les soirées de fêtes avec des groupes de musiciens et musiciennes jouant et chantant le patrimoine populaire. Ya hasrah!!! (qui pourrait être traduit par " Ah,le bon vieux temps")
Bonne soirée
http://www.youtube.com/watch?v=Lv03ewYq7eI -
- 8. Chantal Le 26/01/2014
Cet historique du patrimoine musical de Miliana est très intéressant. Est-ce que ce genre de musique a été reprise par la suite par d’autres musiciens et est-elle toujours jouée aujourd'hui ? Le cas échéant - si cette musique a été reprise - existerait-il des enregistrements puisque j'imagine qu'il n'en existe pas de cette époque-là ?
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