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Le colonel De Salles visita la Manufacture d’armes de l’Émir Abdelkader/ Par Benyoucef ABBAS-KEBIR

 

Quand  le colonel De Salles visita la Manufacture d’armes de l’Emir Abdelkader

En 1839, lorsque le colonel De Salles, gendre du maréchal Valée est venu à Miliana  pour négocier avec l’Émir Abdelkader certaines modification du traité de la Tafna, il profita de ce séjour pour visiter la manufacture en compagnie du valeureux calife  Ben Allel.De Salles

 Le petit groupe descend à travers les cerisiers jusqu’à la manufacture. Avec ses 25 mètres de large, sa façade à arcades triplés et ses 5 fourneaux à la catalane, le bâtiment est imposant. Terrifiant presque, tant il contraste avec le calme paisible des jardins et des vergers qui l'entourent. Des bouffée de chaleur s’échappant de l’intérieur à chaque coulée de métal, un fracas infernal retentit chaque fois le grand  martinet s’abat sur l’alvier en fusion. L’Oued El Anasseur qui dévale de la montagne  fournit la force motrice, les denses forêts environnantes  le bois pour la forge et les mines du mont Zaccar du minerai de fer.
 

   - Monsieur De Salles, je vous présente monsieur Case qui dirige cette manufacture. Elle produit des fusils et des baïonnettes. Plus de 20 ouvriers venus d’Europe travaillent sous sa direction et n’ont point pas à se plaindre des 3000 francs de solde  que je leur verse.
  Puis se tournant vers Ben Arrach, resté jusque là silencieux, il demande :

- As-tu pu engager de nouveaux ouvriers pour la manufacture lors de ton séjour à Paris et à Marseille ?

- Mon beau père m’a parlé de cela. Il m’a dit qu’il autorisait les ouvriers à venir travailler chez vous. Mais à ce sujet, il faut que je vous entretienne d’un document qu’a signé Miloud Ben Arrach à Alger et qui motive ma visite.

- Nous converserons de ça ce soir, venez plutôt admirer les fusées que prépare monsieur Caze. Ce sont les mêmes que celles que l’anglais Congreve avait inventées pour combattre votre Napoléon. Monsieur Caze avait quelques difficultés à trouver le bon dosage de poudre. A la première démonstration à laquelle il m’a invité, l’engin a explosé à quelques mètres de moi  et j’ai failli y laisser la vie. Mais il a fait à présent. Mais il a fait de grands progrès et nous aimons tirer ces engins pour célébrer les naissances, les circoncisions et les mariages. Car il n’est pas question de guerre entre nous, n’est ce pas monsieur De Salles...

 Extrait du livre de Ahmed Ben Allel  «La tête dans un sac de cuir »

 

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