Le Mimosa, l’autre témoin d’une vie scolaire/ Par Med MIDJOU
Il est une pratique cérémoniale souvent associée à la nature aux fins d’immortaliser un quelconque évènement qui par l’importance des faits et des lieux en fera date dans l’histoire et l’on retient par considération éthique la solennité de l’action pour les impératifs chronos de la commémoration et de l’actualité. Inspiré de cette logique de forte moralité, le CIO, par attachement à son environnement scolaire a programmé lors des retrouvailles, la réimplantation d’un mimosa au même endroit que son aîné, meurtri par les aléas de la vie.
Des anciens élèves, fiers de leur appartenance à ce noble temple dont la côte ne cesse de s’amplifier par l’énergique volonté de rassembler sous peu, les leurs dans une ambiance des grands jours, cheveux poivre émus sur le perron, se remémorent toujours l’espace récréatif de leur tendre et innocente enfance, une cour bitumée plantée en bordure par deux vieux platanes, un châtaignier sauvage et un mimosa. Des arbres aux tentacules filantes à la verticale, qui ont vu défiler nombre de promotions, regroupées en classe ou par secteur géographique sous leur feuillage, par temps frisquet ou ensoleillé, discutant des succès, des échecs dans la bonne et mauvaise humeur, se consoler en jeux, des photos, autant de souvenirs, de secrets enfouis dans les troncs cicatrisés portant des marques indélébiles de leur frivolité sous le regard tenace des surveillants.
L’opération de recherche des amis s’est enclenchée via le net sur site Alger-Miliana et à tâtons, par surprise à travers les vastes contrées de la région, la Sapie, Vialar, Lavigerie, Changarnier, Château Romain, Vesoul, Duperré, Voltaire, Novy pour ne citer que ces agglomérations en souvenir d’une lointaine appellation. Depuis l’ère du lycée, beaucoup d’eau a coulé sous le pont, si ce n’est pas ce même pont qui s’est effondré et emporté par les torrents, le niveau social terni, les liens amicaux, fraternels ayant perdu leur raison d’être, la méfiance dénaturant l’existence et ce n’est que pur miracle si l’on croise sur notre chemin une vieille connaissance que l’on ne peut identifier spontanément, un effort de mémoire nécessaire pour se fixer réellement sur cette trouvaille. En parcourant des ruelles, des ilots sur informations soutirées à quelques étrangers abordés, le comité s’emploie, l’espoir triomphant, à l’appui quelquefois d’une vieille photo, une orientation fuse, une direction prise avec au bout, une rare surprise. Soit, vous êtes par chance, en face de celui que vous cherchiez en maintenant le regard fixe jusqu’à ce que, de joie, vos yeux explosent de larmes et de rougeur dans un mutisme total suivi d’un entrelacement musclé, froissant d’étreinte, digne des grandes batailles quand les héros sont de retour au bercail. Le revers, c’est quand un proche d’un ami perdu de vue, d’un copain de table ou de dortoir, vous annonce, avec hésitation, qu’il n’est plus de ce monde, là, vous ne trouverez ni le courage ni le mot pour lui faire part de votre compassion. Vous demeurerez groggy un bon moment en s’accusant parfois d’avoir mis assez de temps pour agir.
Au niveau de Gouraya marine, bon nombre de ces anciens ont émergé des profondeurs dont l’un garde pour précieux souvenir, toujours des feuilles sèches du châtaignier meublant jadis le coin nord-ouest de la cour, dans un livre tenu avec soin. Une manière pour les bouquinistes de l’époque de les utiliser comme repère de page dans la lecture. En vous les présentant intactes après toute une vie, vous saurez apprécier l’amour voué au lycée et ses contours sentimentaux, l’esprit amical tissé par ce brassage de tous les horizons et surtout, encourager ceux qui tentent tant bien que mal à vous raviver le passé en excusant leurs maladresses involontaires pour cette première expérience. Le châtaignier n’étant plus, remplacé par un palmier, il y aurait une vive recommandation au prochain comité de faire plaisir et honorer notre ami par un autre reboisement. Aimer son prochain, c’est le faire serein de son vivant, s’enquérir de sa santé à chaque instant, sans attendre cinquante ans pour lui dire tout content en ce mois de Mai, de bonheur et de floraison, il fait, pour la circonstance, beau temps.
En ce jour prédit de grande affluence, de congratulation et de pardon, un envahissement de cette même cour par un contingent de têtes grises ou dégarnies est perceptible au vu des inscriptions et de la médiatisation induites par la rupture languissante. Cela augure à notre connaissance un esprit plus que jamais solidaire dans l’évolution de la situation, celui d’œuvrer contre l’oubli, d’instaurer un pôle d’entraide sociale aux galériens, de se consoler fraternellement en remontant le temps, de décider collectivement d’un meilleur lendemain, le tout serait de préserver, la notoriété de l’établissement acquise assez tôt par l’engagement indéfectible des encadreurs et autre corps professoral qualifié depuis son fondement pour faire de vous, une élite toutes branches au service de la république. Aussi, l’occasion de se recueillir à la mémoire des disparus ayant fréquenté l’édifice baptisé dignement au nom de l’illustre diplomate et valeureux Chahid Mustapha Ferroukhi en saluant respectueusement sa fille, venue toute fière, fêter avec vous l’évènement en partageant de forts moments historiques et euphoriques des retrouvailles de ce troisième millénaire.
_______Chaleureusement, Mohammed Midjou_______
Commentaires
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- 1. un lecteur Le 17/05/2013
Le Mimosa.
En plus d'une année j’en ajoute aussi seize lunes à ma vie,
C’est pour dire seulement aux amis que j’ai un peu grandi
Peut être que vous vous dites que la vie d’un arbrisseau est faite ainsi
Mais moi,J’ai tant attendu de vous mon jour d’anniversaire comme pour un ami
Une Promesse dite à mes pieds rappelez-vous après m’avoir quitté
Où peut être Suis-je pour vous arrivé à l'âge d’être abandonné
Mais à tous Je dois vous le dire, Il me manque tant de vous un sourire.
Comme ce 1er mai de l'an passé jour de vos souvenirs -
- 2. REMMALI Le 03/05/2012
Bonsoir à tout le monde et en particulier aux responsables du lycée Mustapha FERROUKHI .Voilà le MIMOSA est là ,remplaçant son précédent ,aujourd'hui il ne demande que protection et entretien, donc EL-AMANA est entre vos mains et c'est comme un BEBE, à vous de l'entretenir et de le faire grandir.En espérant le voir l'année prochaine bien développé ,en bonne santé phytosanitaire et phytotechnique . Bon courage à tout le personnel . -
- 3. Tadrent Mohamed Le 22/04/2012
Mr Med Midjou;
La force de votre verbe,la teneur et le raffinement de votre style,tout en honorant la Langue de Molière, sont à faire palir de jalousie un auteur de polars.
Effectivement,je conserve toujours,blottie au sein de mon cahier de souvenirs de l'année 73,cette feuille de chataignier,relique d'une époque lointaine,oh! combien regrettée, quoique fanée,toujours verte et ne portant pas la moindre trace de la patine des ans. Ma façon à moi de perpetuer le souvenir d'un arbre si cher car inèxistant sur les décors cotiers de Gouraya.
Réspéctueusement TADRENT.
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